Citations de Jacques Prévert (1288)
c'est fou ce que l'homme invente
pour abîmer l'homme
et comme tout ça se passe tranquillement
l'homme croit vivre et pourtant il est déjà presque mort
et depuis très longtemps
il va et il vient dans un triste décor
L'indignation perpétuelle est le masque de l'indifférence la plus étroite.
CONVERSATION
Le porte-monnaie :
Je suis d'une incontestable utilité c'est un fait
Le porte-parapluie :
D'accord mais tout de même il faut bien reconnaître
Que si je n'existais pas il faudrait m'inventer
Le porte-drapeau :
Moi je me passe de commentaires
Je suis modeste et je me tais
D'ailleurs je n'ai pas le droit de parler
Le porte-bonheur :
Moi je porte bonheur parce que c'est mon métier
Les trois autres (hochant la tête) :
Jolie mentalité !
CHANSON
Quel jour sommes-nous
Nous sommes tous les jours
Mon amie
Nous sommes toute la vie
Mon amour
Nous nous aimons et nous vivons
Nous vivons et nous nous aimons
Et nous ne savons pas ce que c'est que la vie
Et nous ne savons pas ce que c'est que le jour
Et nous ne savons pas ce que c'est que l'amour.
« Oui j’ai aimé quelqu’un
Oui quelqu’un m’a aimée
Comme les enfants qui s’aiment
Simplement savent aimer
Aimer aimer... »
« Je suis comme je suis
Je suis faite comme ça
Quand j’ai envie de rire
Oui je ris aux éclats »
La vie au grand air:
...et c'est toujours la lutte, parfois souvent heureuse, de ceux qui ont l'air de rien contre ceux qui veulent avoir l'air de tout. (p. 240)
L'être qui dort seul est bercé par tous les êtres qu'il aime, qu'il a aimés, qu'il aimera.
(Folio, 2011, p. 238)
Si la parole était d'argent et le silence d'or, le cri du coeur serait alors un diamant multicolore. (Folio, 2011, p. 236)
.... Mais que dirai-je de la poésie ? Que dirai-je de ces nuages, de ce ciel ? Regarder, les regarder, le regarder, et rien de plus. Tu comprendras qu'un poète ne puisse rien dire de la poésie: laisse cela aux critiques et aux professeurs. Mais ni toi, ni moi, ni aucun poète, ne savons ce que c'est que la poésie...
Frederico Garcia Lorca [Folio, 2011, p.151 ]
Le chat et l'oiseau:
Un village écoute désolé
le chat d'un oiseau blessé
C'est le seul oiseau du village
Et c'est le seul chat du village
qui l'a à moitié dévoré
Et l'oiseau cesse de chanter
Le chat cesse de ronronner
Et de se lécher le museau
Et le village fait à l'oiseau
De merveilleuses funérailles
Et le chat qui est invité
Marche derrière le petit cercueil de paille
Où l'oiseau mort est allongé
Porté par une petite fille
Qui n'arrête pas de pleurer
Si j'avais su que cela te fasse tant de peine
Lui dit le chat
Je l'aurais mangé tout entier
Et puis je t'aurai raconté
Que je l'avais vu s'envoler
S'envoler jusqu'au bout du monde
Là bas où c'est tellement loin
Que jamais on n'en revient.
Tu aurais eu moins de chagrin
Simplement de la tristesse et des regrets.
Il ne faut jamais faire les choses à moitié.
Imaginaires:
La bonne aventure:
- Et quand je serai grande, dit la petite fille.
- Tu resteras petite, dit le chat.
- Alors je serai naine, dit la petite fille inquiète;
- Non, dit le chat. tu seras reine, reine de tes rêves et tu deviendras une femme en restant une enfant.
- Je serai belle, dit la petite fille.
- Oui, dit le chat.
- Vous dites ça pour me faire plaisir, dit la petite fille.
- Non, dit le chat, mais cela te sera utile.
- Merci chat, je reviendrai l'année prochaine, dit la petite fille.
- L'année prochaine! Tu vois, c'est tout simple, toi aussi tu prédis l'avenir, dit le chat.
Le cique d'Izis:
Il suffit d'une toute petite pierre pour faire sur l'eau les plus beaux ricochets et, sur la plus pauvre petite place du plus pauvre des villages, il y aura toujours, ou longtemps encore - ce qui revient au même - le plus pauvre des petite cirques, enluminé de mille diamants: les éclats de rire des enfants.
Barbara
Rappelle-toi Barbara
Il pleuvait sans cesse sur Brest ce jour-là
Et tu marchais souriante
Epanouie ravie ruisselante
Sous la pluie
Rappelle-toi Barbara
Il pleuvait sans cesse sur Brest
Et je t'ai croisée rue de Siam
Tu souriais
et moi je souriais de même
Rappelle-toi Barbara
Toi que je ne connaissais pas
Toi qui ne me connaissait pas Rappelle-toi
rappelle-toi quan d me^me ce jour-à N'oublie pas
Un homme sous un porche s'abritait
Et il a crié ton nom
Barba
E tu as couru vers lui sous la pluie
Ruisselantes ravie épanouie
Et tu t'es jetée dans ses bras
rappelle-toi cela Barbara
Et ne m'en veux pas si je te tutoie,
Je dis tu à tous ceux que j'aime Même si je ne les ai vus qu'une seule fois
je dis tu à tous ceux qui s'aiment
même si je ne les connais pas
N'oublie pas Cette pluie sage et heureuse
Sur ton visage heureux
Sur cette ville heureuse
Cette pluie sur la mer
Sur l'arsenal
Sur le bateau d'Ouessant
Oh Barbara quelle connerie la guerre
Qu' es-tu devenue maintenant
Sous cette pluie de fer
de feu d'acier de sang
Et celui qui te serrait dans ses bras
Amoureusement
Est-il port disparu
ou bien encore vivant
Oh Barbara
Il pleut sans cesse sur Brest
Comme il pleuvait avant
Mais ce n'est plus pareil et tout est abîmé
C'est une pluie de deuil terrible et désolé
Ce n'est même plus l'orage
De fer de feu d'acier de sang
Tout simplement des nuages
Qui crèvent comme des chiens
Des chiens qui disparaissent
Au fil de l'eau sur Brest
Et vont pourrir au loin
Au loin très loin de Brest
Dont il ne reste rien.
J'ATTENDS
J'attends le doux veuvage
j'attends le deuil heureux
Il a mis en veilleuse ma lampe d'Aladin
il m'a appelée menteuse
et je ne disais rien
J'attends le doux veuvage
j'attends le deuil heureux
En entrant au bordel
il a retiré son alliance
et là il a choisi
une femme à ma ressemblance
Et puis de tous mes noms
et prénoms et surnoms
fébrilement il l'a insultée
et subitement il l'a fouettée
Avec moi il n'osait
Tu es ma chienne
ton seul nom est Fidèle
et pour moi fais la belle
Voilà ce qu'il lui disait
J'attends le doux veuvage
j'attends le deuil heureux
Et puis
il s'est jeté sur moi
comme sur sa pire ennemie
et il m'a embrassée
et il m'a caressée
et j'étais pleurait-il
tout l'amour de sa vie
J'attends le doux veuvage
j'attends le deuil heureux
Déjà mon amoureux
lave le sang du meurtre
dans les eaux de mes yeux.
- Mon mari m'a perdue, qui jamais ne m'avait trouvée ! Il n'a pas de quoi se vanter. Même si c'était lui qui m'avait perdue, aurait-il jamais pu me sauver ?
"Comme cela se trouve"
le funambule Amour
danse sur la corde raide du bonheur peine entrevu
du bonheur jamais oublié
"La visite au musée"
Maintenant j'ai grandi
les idées aussi
mais ce sont toujours de grandes idées
d'idéales idées
Et je leur ri toujours au nez
Mais elles m'attendent
pour se venger
et me manger
un jour où je serai très fatigué
Mais moi au coin d'un bois
je les attends aussi
et je leur tranche la gorge
je leur coupe l'appétit.
"Maintenant j'ai grandi"
La malade sourit
tout heureuse d’être au monde sans demander pourquoi encore une fois toute neuve comme la première fois encore une fois vivante avec toute la vie.
(Extraits)
Le progrès: trop robot pour être vrai.
Avec mon salaire ils se paient ma tête (un manoeuvre)
Dans chaque église il y a quelque chose qui cloche.
C'est dans les bas-fonds qu'on pousse les hauts cris.
Si vous cherchez la petite bête, vous finirez bien par trouver Dieu. (Ste Coccinelle)
St Jean Baptiste: Ah mes salauds, c'est Salomé.