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Critiques de Jake Lamar (63)
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Viper's dream

Rentrée littéraire 2021 #30



On se croirait au ciné ! Façon Scorcese ! Un jeune afro-américain de 19 ans, Clyde Morton, débarqué à New-York de son Alabama natal, se rêvant trompettiste de jazz, devient un des gangster les plus influents de Harlem. Viper en surnom, dealer de marijuana craint de tous, costume impeccable, cheveux défrisés, fine moustache. Un destin raconté sur un rythme effréné, de 1936 à 1961, dans un récit empli de meurtres, de guerre de la drogue, de flics ripoux, d'avocats véreux et d'une femme fatale, celle que Clyde aimera toute sa vie, très romantiquement, malgré les secousses.



Le très grand plaisir du roman est de faire déambuler le lecteur dans le Harlem des clubs de jazz, du scat à la révolution Bebop, avec la Seconde guerre mondiale comme bascule. On y croise tous les acteurs importants de la culture jazz, Charlie Parker, Thelonious Monk, Dizzie Gillespie, Miles Davis notamment, ainsi que la baronne Pannonica de Koenigswarter qui accueille dans sa villa tout ce petit monde. C'est chez elle que Bird est mort prématurément à 34 ans, épuisé par l'héroïne, l'alcool et les excès en tout genre. L'atmosphère et l'évolution de Harlem sont très bien rendues. Le jazz est vraiment au coeur du roman, jusqu'au titre clin d'oeil qui fait référence à un morceau de Django Reinhardt ( lui n'est pas présent dans le récit ). La passion de l'auteur est communicative, même pour une non initiée comme moi.



La construction pivote autour d'une nuit de novembre 1961, chez la baronne Pannonica qui demande à Viper, comme elle le fait avec tous ses hôtes, de consigner pour la postérité dans un carnet ses trois voeux les plus chers. Il vient de tuer quelqu'un, pour la troisième fois dans sa vie. Mais au lieu de fuir, il laisse son esprit s'évader vers son passé et raconte les meurtres qu'il a commis tout en dévoilant ses voeux. Le procédé est sans doute un peu artificiel mais d'une grande efficacité. Jusqu'au double rebondissement final, très très réussi, qui révélera dans les ultimes pages l'identité de la troisième personne assassinée, donnant au roman des accents shakespeariens voire de tragédie grecque à la Sophocle.



Ce roman est extrêmement divertissant. Mais sans doute trop court. J'aurais aimé que l'auteur rallonge son récit d'au moins cent pages pour lui apporter la densité et la profondeur qu'il aurait pu avoir en creusant, notamment, la psychologie de son personnage principal qui reste très linéaire. Il y avait matière à encore plus régaler le lecteur. A noter que le roman est né d'un feuilleton radiophonique diffusé sur France Culture en 2019.
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Viper's dream

Un polar à l'ambiance jazzy avec pour originalité que l'on connaît dès le début le coupable. Ce que l'on ignore, c'est l'identité de la victime, et surtout de la troisième victime. Et il faudra attendre les dernières pages pour découvrir qui elle est, avec un double rebondissement final !



C'est donc à Harlem que débarque Clyde Morton, le futur Viper, un jeune perdreau émerveillé par ce qu'il découvre. Sa rencontre avec Mr O, après avoir abandonné ses rêves de trompettistes, le propulsera parmi les incontournables de la scène musicale mais pas derrière un instrument. C'est le deal de marijuana qui fait sa fortune. Avec un code d'honneur : de l'herbe pas de la poudre, Viper a eu trop souvent l'occasion de constater les dégâts de l'héroïne sur les musiciens accros. Birdy y a laissé la vie, et combien d'autres.



On comprend aussi que dans ce milieu la concurrence est rude et l'occasion de supprimer un concurrent ou un traitre ne peut manquer d'arriver un jour.



L'intrigue est très intéressante et le décor légendaire. Ces années qui ont vu l'explosion de musiques nouvelles ont quelque chose de mythique et les noms qui hantent les pages sont autant d'icônes inoubliables. du squat au be-bop, les génies se révèlent pour enchanter les oreilles des américains sous le charme.



Au coeur de l'intrigue une femme au teint de miel et aux yeux d'émeraude, dont la voix enchante Paris après New-York, avant que ses démons ne la consument.





Une belle réussite que ce roman noir. Excellent idée que de le traduire en français pour notre bonheur de lecture
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Viper's dream

Dans la famille « polar bien troussé que je n’avais pas du tout vu venir », ne cherchez pas trop longtemps la bonne pioche : foncez sur Viper’s Dream de Jake Lamar, traduit par Catherine Richard-Mas, qui inaugure de façon prometteuse la nouvelle collection New-York, made in France, de Rivages noir.



Comme Forrest avant lui, Clyde Morton a quitté son Alabama natal, laissant sur place une petite amie éplorée mais persuadé qu’une carrière de trompettiste l’attendait à NY. À la place, ce sera la rencontre rapide de Mary Warner, cette Dame Verte que d’aucuns appellent marijuana, découverte sur un toit de Harlem en 1936 alors qu’elle commence à y faire fureur, dans les milieux du jazz notamment.



Devenant rapidement porte-flingues de Mr O, caïd blanc régnant sur le réseau black, Clyde devenu Viper grimpe les échelons, bien au-delà de ses espérances. Mais arrivé au plus haut, il doit affronter la concurrence de la poudre et la trahison de ses proches alors que l’amour le fuit et que le passé resurgit…



Dans un schéma somme toute assez classique d’ascension mafieuse, Lamar s’en sort brillamment grâce à une construction habile. En partant de la fin et de la réflexion introspective de Viper sur ses remords, il remonte le fil de son drame en mélangeant les époques, sans prendre la peine de les séparer en chapitres, faisant le pari du style simple et direct comme de l’intelligence du lecteur.



Il y ajoute une grande aptitude à donner corps et empathie à ses personnages : Viper bien sûr, mais aussi l’énigmatique Mr O, le trublion Peewee, le costaud Pork Chop ou la belle Yolanda forment une galerie de personnages qui, en quelques lignes seulement, te donnent envie de t’attabler au Peewee’s et d’en vider un ou deux avec eux.



Et puis il y a le jazz, omniprésent depuis le titre emprunté à Django, les légendes croisées au fil des pages – Charlie Bird Parker, Dizzie Gillepsie, Miles Davis, Thelonious Monk… - la présence romancée de Pannonica de Koenigswarter, muse et mécène du jazz de l’après-guerre, ou encore la bande son finale qui rappelle fort à propos que Viper’s Dream fut un feuilleton radiophonique avant d’être un livre.



Bref une jolie et inattendue réussite à laquelle il convient d’associer le personnage principal du livre : New-York, explorée avec amour et – un peu de nostalgie -, de Harlem à la 52e, le plus souvent de nuit, depuis une cave, un toit ou l’arrière-salle d’un commerce ou d’un club. Un regard qui augure bien pour une collection absolument à suivre !
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Viper's dream

"Herbe, dit MR O, cannabis, chanvre, foin, thé, kif, ganja, dame verte, verdure, Marie Warner, marie-jeanne. Il n'y a que les organes sexuels qui aient plus de surnoms que la marijuana".



Le jeune Clyde n'a qu'un rêve dans la vie : devenir trompettiste. Sur les conseils de son oncle, celui-ci prend un billet aller simple direction New-York, quittant ainsi son Alabama natal. Arrivé sur place, ses illusions s'envolent rapidement. Après avoir passé une audition, on lui fait comprendre qu'il ne pourra jamais devenir un jazzman. Pourtant, on détecte en lui un potentiel insoupçonné jusqu'alors, don qui va lui ouvrir les portes d'un puissant gang du quartier d'Harlem. Après une ascension fulgurante, Clyde Morton devient l'un des plus grands fournisseurs de marijuana du milieu du jazz. Pour y arriver, "Viper" a dû faire certains choix et prendre des décisions difficiles...



Plus qu'un simple dealer, Clyde Morton est l'exemple même du rêve américain dans le milieu du jazz New-Yorkais. Jeune noir subissant le racisme environnant, par sa rigueur, son déterminisme et sa droiture, "Viper" a su se faire une place dans le milieu.

À la lecture de ce livre, tout en écoutant les titres recommandés par l'auteur, je me suis imaginée en train de regarder un vieux film en noir et blanc.

Jake Lamar, sans trop donner de description a réussi à nous proposer un magnifique roman d'ambiance. Qui sait, peut-être qu'un jour un long métrage sera tiré de ce livre ?



#item 68
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Viper's dream

Clyde Morton est une vipère. « C'est le nom qu'on se donne, nous autres fumeurs d'herbe. À cause de ce sifflement qu'on entend quand on tire une taffe sur un joint. » C'est aussi un homme d'affaire d'autant plus avisé qu'il a lu Machiavel et compris qu'il fallait souvent choisir d'être craint plutôt que d'être aimé. Dans Harlem, « Viper » monte les échelons jusqu'au dernier et en 1960 il peut se vanter de fournir en marijuana toute la ville de New-York.

Mais même un gangster rationnel peut avoir des sentiments. Et Clyde Morton est amoureux. D'une femme fatale d'anthologie comme le veut le genre, mais surtout du jazz: et comme les musiciens qui touchent à l'héroïne la préfèrent finalement à la musique, Viper veille à l'intégrité morale de ses revendeurs: Oui à l'herbe, non au shoot.

« Viper's dream » joue ainsi avec les lieux communs du roman noir: un gangster qui a des principes, une garce , une fin et il pervertit aussi, tant qu'à faire, la première règle du whodunnit. Si l'assassin est connu, c'est l'assassiné(e) qui ne sera révélé(e) qu'à la toute fin.

Ajoutons à cela la chronique impeccable des rapports entre Noirs et Blancs au milieu du XX° siècle, mettons sur une platine quelques vieux standards de jazz et voilà de quoi occuper délicieusement un week-end pluvieux (malgré une fin bâclée, quand même. Non?)
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Viper's dream

Lors d'un salon, il y a quelques mois, un auteur avec qui j'échangeais sur nos lectures, me conseilla d'aller à la rencontre de Jake Lamar, un auteur de polar américain, installé en France depuis une trentaine d'années.

Bonne idée.

Je me suis régalé avec son Viper's dream.

Un roman noir, polar à l'ancienne, digne des grands maîtres du genre.

Bienvenue à Harlem.

1961, Viper est mal barré, ça sent la fin... il se remémore...

En 1936, c'est là que débarque Clyde Morton, qui vient juste de quitter l'Alabama, la trompette de son père sous le bras et des rêves plein la tête.

Il va devenir un artiste adulé, il le sait.

C'est son oncle Wilton qui lui a dit.

Le voici donc à la conquête des clubs de jazz.

Première audition.

Le rêve s'envole.

Tu ne seras jamais jazzman, tu seras... balayeur...

Tu parles d'une descente.

Plus dure sera la chute.

Pourtant, à peine la blouse enfilée qu'il se retrouve déjà dans un autre costume, celui d'homme de main de l'un des pontes du monde de la nuit new-yorkaise.

Viper est né .

Petit caïd deviendra grand.

Autant aimé que craint.

Mieux vaut rester dans le rang, se faire discret, respecter les règles et c'est valable pour tout le monde, je dis bien...tout le monde.

Parce que, quand il faut remettre de l'ordre, comptez sur Viper et ses sbires, mais ne vous attendez pas à un excès de politesses, ce n'est pas le genre de la maison. C'est assez expéditif comme négociations.

D'ailleurs, qu'est-ce qu'il y a comme suicide dans leur entourage....

Il va vite grimper les échelons, se faire sa place dans le milieu.

Jusqu'à atteindre les sommets ?

J'ai aimé cette balade dans les nuits de Harlem, entre alcools et produits stupéfiants.

Au fil des pages j'ai croisé les artistes de l'époque, Charlie "Bird" Parker, Thelonious Monk, John Coltrane ou Miles Davis, entre autres (A noter que l'auteur, à la fin de son roman, glisse une playlist que les amoureux du jazz se plairont à écouter pendant leur lecture).

Lamar m'a fait entrer dans l'ambiance de ces clubs de jazz.

Je me suis glissé sur la banquette, aux côtés des protagonistes, et pendant qu'eux parlaient boulot, que la fumée libérait une odeur entêtante, que des jeunes femmes à la silhouette troublante proposaient leur charme à un public conquis, j'ai fermé les yeux et écouté le saxo de Bird ou la trompette de Miles...

Quant à Jake, il m'a réservé quelques surprises à la fin... c'est un malin, je ne l'ai pas vu venir.

"Wop bop a loo bop a lop bom bom !" Chantait Little Richard...
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Viper's dream

Clyde Morton, 19 ans, débarqué à New-York du fin fond de l’Alabama, la tête pleine de rêves de gloire, persuadé d’être un grand trompettiste de jazz. Pourtant, son rêve va s’écrouler dès la première audition dans un club de Harlem. À la place, il va devenir le maitre incontesté de la marijuana. La « viper », ainsi surnommée à Harlem, se répand à toute vitesse, que Clyde va renaître en un dealer de marijuana, en un gangster le plus puissant de Harlem.

On découvre, le destin d’un homme, d’une communauté, sur une période allant de 1936 à 1961, à travers un récit au rythme effréné, d’une densité incroyable, empli de meurtres, de drogue, de flics ripoux et d’avocats véreux.

L’axe narratif, tourne autour des trois vœux les plus chers de Viper, que la Baronne Pannonica, lui demande de consigner dans un carnet, alors que par cette nuit de fin novembre 1961, il vient de tuer pour la troisième fois. Son esprit se brouille, s’égare au gré des souvenirs, pour enfin révéler l’identité de sa victime.

La confession de Viper, emprunte de mélancolie, révèle, ces grands musiciens qui jouent avec la mort, mais aussi ceux qui succomberont à une consommation excessive de drogue ou de marijuana.

C’est roman policier dense, au goût âpre, à la plume rugueuse, qui met en exergue le milieu du jazz, la naissance du Be-bop, avec en toile de fond la Seconde Guerre mondiale, la place des afro-américains, mais surtout la société américaine en pleine évolution, c’est Harlem, ses boites de nuits, ses artistes, les jazzmen, ces filles offertes, jusqu’au bout de la nuit, au rythme du jazz.

Jusqu’à la fin, Jake Lamar brouille les pistes, pour finalement terminer en apothéose avec un excellent double rebondissement, dont on ne se doute pas, révélant un drame digne des plus grandes tragédies grecques.

C’est un roman trop court, dont j’aurais souhaité lire encore une bonne centaine de pages.

Au milieu d’une centaine de chats, on croise, Duke Ellington, Thelonious Monk et Charlie Parker, chez la baronne Pannonica De Koenigswater (baptisée Cathouse par les habitués), qui soutient les jazzmen et les accueille sur les bords de l’Hudson.

Jake Lamar, le plus Français des auteurs américains, inaugure avec ce livre, la série « New York Made in France » qui a connu une version radiophonique, réalisée par Laurence Courtois et diffusée sur France-Culture, que je vous invite à découvrir, tellement c’est immersif. 

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Viper's dream

Au-delà des vengeances et de la montée en puissance d'un homme du Sud, musicien raté, ce roman noir est aussi une fresque du Harlem du siècle dernier, le quartier et la musique qu'il a vue naître évoluant au fil des pages, en toile de fond des meurtres mis en scène. Jake Lamar est ainsi parvenu à atteindre le juste équilibre entre trajectoire individuelle et destinée collective, (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2023/06/09/vipers-dream-jake-lamar/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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Viper's dream

Tous les décors sont propices pour mettre en scène une intrigue en lien avec la littérature noire, mais il faut bien convenir que le milieu urbain à longtemps servi de cadre idéal aux romans noirs et aux récits policiers. Parmi les villes emblématiques du mauvais genre, il faut citer New-York qui a inspiré une cohorte d'auteurs qui ont publié des ouvrages extraordinaires à l'instar de L'Aliéniste (Pocket 1999) de Caleb Carr, Bone (Rivages/Noir 1993) de George C. Chesbro, La Reine Des Pommes (Folio policier 1999) de Chester Himes, Nécropolis (Livre de poche 1979) d'Herbert Lieberman, Z'yeux-bleus (Folio policier 2002) de Jerome Charyn et Gravesend (Rivages/Noir 2016) de William Boyle pour n'en citer que quelques uns. On ne s'étonnera donc pas que les éditions Rivages/Noir lancent une nouvelle collection New York made in France qu'inaugure Jake Lamar avec Viper's Dream. Natif du Bronx et vivant à Paris depuis 1993, Jake Lamar est un romancier et journaliste afro-américain qui a travaillé notamment pour le Time Magazine avant de se lancer dans l'écriture en obtenant une certaine renommée avec Nous Avions Un Rêve (Rivages/Noir 2006), couronné du Grand prix du roman noir étranger de Cognac en 2006. Il est également l'auteur de Brother In Exile, une pièce radiophonique, réalisée par France Culture, évoquant le parcours des auteurs américains Richard Wright, James Baldwin et Chester Himes qui ont vécu, tout comme lui, à Paris.



New-York, 1961, au Cathouse, appartement de la baronne Pannonica de Koeningswarters, surnommée Nica, Clyde Viper Morton se remémore son passé. En quittant l'Alabama pour débarquer dans un club de Harlem afin de passer une audition, le jeune Clyde Morton avait la certitude de parvenir à ses fins en devenant un jazzman renommé qui ne manquerait pas de conquérir le public. Mais ses rêves de conquête s'arrête net lorsque l'on lui fait comprendre qu'il n'est pas doué pour la musique. Bien vite, il se découvre d'autres compétences, comme celle de distribuer cette marijuana que l'on désigne notamment sous le sobriquet de "viper" et qui se répand dans tout le milieu du jazz. Clyde Viper Morton devient ainsi le pourvoyeur de tous les grands noms du jazz en se faisant une réputation de gangster impitoyable qui ne supporte pas l'arrivée de cette poudre blanche tuant bon nombre de ses amis musiciens. Et un gangster qui a des principes peut devenir très dangereux. Trahisons et règlements de compte, l'héroïne n'en finit pas de tuer. Clyde Viper Morton en sait quelque chose.



Etrange parcours que ce roman qui a tout d'abord servi de base de travail pour une pièce radiophonique en huit épisodes diffusés sur France Culture en 2019 mais qui ne sont malheureusement plus disponibles à l'écoute. Vous trouverez tout de même le premier épisode ici, sur le site de l'auteur, afin de vous immerger dans l'ambiance particulière d'une ville de New-York imprégnée de jazz, durant la période située entre les années trente et soixante. Viper's Dream s'articule donc autour du personnage central de Clyde Viper Morton qui, en attendant que la police ne l'interpelle, trouve refuge dans l'appartement de la baronne Nica qui lui demande de rédiger les trois voeux qu'il souhaiterait voir se réaliser. C'est par le prisme de cette démarche géniale que Jake Lamar rédige ainsi le parcours fictif de ce gangster côtoyant toute une galerie de protagonistes réels à l'instar de Miles Davis, de Thelonius Monk, de Dizzy Gillespie et de cette fameuse baronne Nica considérée à juste titre comme une grande mécène du milieu du jazz. Véritable ode à la musique, Viper's Dream nous donne également l'occasion de découvrir le quartier de Harlem et plus particulièrement Lennox avenue par le biais des activités illicites de Clyde Viper Morton et de leurs évolutions respectives durant les trente décennies qui défilent à toute allure à l'image d'un morceau tonitruant de bebop. Avec une écriture efficace, très imagée, faite de sensations et bien évidemment imprégnée de musique, Jake Lamar nous invite également à découvrir cette 52ème rue, surnommée la Swing Street en raison des nombreux club de jazz qu'elle comptait. Typique du roman noir classique on perçoit ces rues mouillées, scintillantes sous l'éclat des néons tandis que les affaires sordides se règlent dans les arrière-salles de ces clubs où transitent tous les trafics. Mais avec Jake Lamar, il faut compter également sur tout ce qui a trait à la discrimination qui sévissait également au sein de cette ville et qu'il dépeint avec beaucoup de subtilité.



Véritable hommage au monde du jazz, Viper's Dream inaugure ainsi de manière spectaculaire cette nouvelle collection Rivages/Noir consacrée à cette ville emblématique de New-York que l'on ne finit jamais de découvrir.



Jake Lamar : Viper's Dream. Editions Rivages/Noir 2021. Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Catherine Richard-Mas.



A lire en écoutant : Viper's Dream de Django Reinhardt. Album : Django Reinhardt (Mono Version). 1954 - BNF Collection 2014.
Lien : https://monromannoiretbiense..
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Nous avions un rêve

Melvin Hutchinson, district Attorney est un homme ambitieux et populaire, il faut dire qu'en instaurant des centres de rééducations pour les délinquants et en pratiquant la peine de mort par pendaison à tour de bras, retranmis en direct à la TV succès et audimat obligent, l'homme ambitionne de devenir le premier noir à un poste clé de la gouvernance. Mais un secret risque de tout faire basculer.

Polar mais aussi roman d'anticipation politique, Lamar réussit un formidable roman prophétique sur l'Amérique et ces démons, montrant que la célèbre phrase du Pasteur Martin Luther King, est malmenée quotidiennement dans un pays ou les haines, les violences, la ségrégation sont toujours très actives, Lamar renvoie dos à dos noirs et blancs, montrant une Amérique enfermée dans ces préjugés, réactionnaire et donneuse de leçon. Roman peuplés de personnages complexes, il nous passionne et nous glace devant un tel constat. Gros coup de coeur. Grand Prix du roman noir de Cognac en 1996.
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Viper's dream

Gros plaisir de lecture. Il n’y a pas eu de phase d’apprivoisement avec ce roman noir. Je me suis sentie immédiatement confortablement installée.



Quand Clyde Morton quitte son Alabama natal pour débarquer à Harlem, il est persuadé de devenir un futur grand trompettiste.

Du haut de ses 19 ans, il rêve de jazz, de succès. Sauf que Clyde Morton n’a aucun talent.

Son destin est ailleurs, à côté de la scène, dans la fumée de la marijuana.

En quelques années il devient Viper, le dealer le plus influent et le plus respecté, d’Harlem jusqu’à la 52ème rue.

Mais ce baron de la drogue a des convictions et il est bien décidé à ne jamais tremper dans le commerce d’héroïne.

Alors que les ravages de la poudre blanche commencent à se faire sentir dans le milieu du jazz en pleine mutation, Viper résiste.

Du succès, un certain sens de l’éthique, rien ne semble vraiment pouvoir l’arrêter. Seul son amour inconditionnel pour la sublime Yolanda pourrait le faire chuter.



Des années 30 aux années 60, on suit le parcours de Clyde « Viper » Morton. Dans son sillage on croise la célèbre baronne Pannonica de Koenigswater, fille de Charles Rothschild, et tous les grands noms du jazz : Miles Davis, Thelonius Monk, Dizzy Gillespie, Duke Ellington, Charlie Parker…. Suivre les aventures de Clyde c’est assister à l’évolution du jazz tout autant qu’à la transformation d’un quartier.

Jazz, amour, drogues, flics et truands. On se croirait dans un film, on visualise les décors, les costumes, on entend la BO.

Avec son personnage principal mélancolique très attachant, ce roman est parfait pour tous ceux qui aiment les histoires sombres, pour tous ceux qui aiment le jazz, pour tous ceux qui aiment New York.

En ce qui me concerne, j’ai maintenant très envie de lire « Les Musiciens de jazz et leurs trois vœux » de Pannonica de Koenigswarter.



Traduit par Catherine Richard
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Viper's dream

C’est un bon polar, un peu noir, très rapide (un peu trop même : on passe d’une audition ratée à un recrutement comme dealer presque dans la même phrase).

L’environnement est intéressant, on navigue dans le Harlem du jazz.

Un conseil : lire le roman en écoutant la playlist de fin de livre.
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Viper's dream

... de la fin des années 30's à l'orée des 60's: l'ambitieuse, irrésistible et fulgurante ascension au sein de la pègre newyorkaise d'un jeune afro-américain, 20 ans d'un règne sans partage, son déclin, sa chute ... le tout sur fond de lynchage, de jazz, de dope et de règlements de comptes sanglants, violents et cruels.



… du cinéma hollywoodien en somme : gangsters et petites pépées, gros calibres en pogne, couteaux à crans d'arrêt ; flics véreux, corruption à tous les étages, luttes de pouvoir …



1936. Clyde Morton, un jeune et naïf « péquenot » d'Alabama, qui à peine arrivé à Harlem, trompette sous le bras, auditionne pour un club de jazz. Il ne montre aucun talent, ses rêves de gloire musicale s'effondrent. Son destin sera autre. La pègre le phagocyte, le voilà tour à tour addict à la marie-jeanne, dealer généreusement rétribué, grossiste ambitieux, chef influent, riche, craint et respecté.



Son surnom, ‘'The Viper'', du sifflement que ses joints de Marijuana suçotés produisent en bout de lèvres. Un être implacable et inflexible, tout entier tourné vers l'argent et le pouvoir. Sa seule once d'humanité : il ne vend que de l'herbe copine, pas de l'héroïne tueuse, fait exécuter ceux de ses dealers qui en proposent en cachette.



A la périphérie de ses activités lucratives, une femme fatale, Yolanda DeVray, la pulpeuse créole, chanteuse de jazz, la femme de sa vie, celle par qui viendront les mensonges, les emmerdes et la violence.



1961. En fil rouge de flashbacks incessants, la baronne Nika Pannonica de Koenigswater. Ce fut (elle a réellement existé) une héritière Rothschild, une figure authentique du mécénat privé en faveur des jazzmen US. Dans le roman elle accueille un soir chez elle* un Clyde Morton inquiet, semble t'il aux abois. Traqué pour meurtre, il a trois heures pour se rendre, mais la baronne l'ignore. Etonnamment serein et fataliste, il accepte le jeu anodin, proposé par la baronne, des trois souhaits à se faire exaucer. Peu à peu révélés, ils rythmeront symboliquement les moments-clef du drame.



… La suite appartient au récit. Une vie, en flashbacks successifs, s'y déroule alors sous nos yeux, entre regrets, remords, amertume et nostalgie.



En toile de fond : un quartier newyorkais, celui d'Harlem la Noire. Un ghetto dans l'entre-soi racial. le blanc s'y encanaillant la nuit est accepté tant que son argent coule. Beautés noires aguichantes. Hommes portant beau, costards grand luxe, cheveux lissés et fines moustaches. Prophètes de l'apocalypse en coin de rues. Immeubles de brique rouge, escaliers extérieurs comme autant d'exosquelettes mobiles. Nuit et jour, bruits de rue, coups de klaxon, foule grouillante et bourdonnante. Eclats de jazz, de voix, de cris et de rires. Un brassage continuel de destins croisés. Richesse et misère côte à côte. Des lieux mythiques, des salles de jazz connues du monde entier, des clubs célèbres, des rues et des avenues entrecroisées … Jake Lamart, l'auteur, dresse d'Harlem une carte postale coup de coeur, colorée, bruissant de vie, nostalgique d'une époque révolue.



Le jazz est partout, de page en page, en background sonore omniprésent **. C'est la grande force du roman. Lamart rend un vibrant hommage à ses génies (Davis, Ellington, Gillespie, Armstrong, Coltrane … etc), à ses anonymes perdus dans les shoots d'héroïne, à ses temples ancrés désormais dans la postérité. Entrent en scène, sous le feu des sunlights, le swing puis le be-bop, les bigbands et les formations restreintes, les icones du scat, les crooners, les instrumentistes virtuoses, tout un monde de fééries sonores.



« Viper's Dream » c'est aussi le Harlem de la Marie-Jeanne qui inspire les jazzmen ; celui de l'héroïne qui les tue. Une époque charnière entre drogues douces et dures. Un avant, un après. Un pas de plus vers l'enfer des junkies.



Le roman revisite le thème maffieux du bad boy au grand coeur, celui que le lecteur adore détester ou déteste aimer entre empathie irraisonnée et rejet féroce et haineux. du tueur cruel et implacable à l'amoureux fleur bleue, transi et naïf, le héros de papier cousine avec son clone cinématographique. Déjà vu et déjà lu interfèrent, brouillent la perception du roman, en efface la singularité. Il y a mieux ailleurs ; mais le plaisir est toujours là, celui de replonger dans les archétypes d'un genre porteur et prolifique. « Viper's dream », n'est t'il pas, après tout, qu'un roman de plus sur le thème ?



Au-delà des personnages archétypaux, des scènes-type, des clichés réitérés d'un genre qui fit recette, « Viper's dream », en reprenant des ingrédients précédemment aux menus d'oeuvres romanesques et cinématographiques cultes, n'innove finalement que peu.



Je m'en fous, j'ai aimé. Encore et toujours …



« Viper's Dream » fut, de première intention, un feuilleton radiophonique quotidien. Diffusé sur France Culture en mars 2019, il comporte 10 épisodes d'une vingtaine de minutes**. le roman (2021) en est la novellisation, ce qui explique sa rapidité de lecture via la large place accordée aux dialogues. Peu de différences d'un média à l'autre : l'audio est en « je narratif », le roman ne l'est pas, les scènes ne sont pas chronologiquement agencées de la même manière. L'écoute vaut le détour mais spolie totalement l'intrigue.



* Elle habite « Cathouse », une grande maison où elle héberge une centaine de chats, des jazzmen dans la dèche pour une nuit, pour une vie (Thelonious Monk) ou pour y mourir (Charlie Parker).



**A noter qu'il existe une playlist sur "you tube" dédiée au feuilleton. https://www.youtube.com/watch?v=zre0u5XyNfY&list=PLXwzf1Pu1Z7QKXMh0t¤££¤46Yolanda DeVray14¤££¤



*** https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/serie-viper-s-dream-de-jake-lamar


Lien : https://laconvergenceparalle..
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Viper's dream

Bienvenue en 1961 à Cathouse, la maison de la baronne Pannonica de Koenigswater. Nous sommes en face de Manhattan et c'est dans cette grande maison pleine de chats que cette mécène accueille tous les jazzmen les plus brillants de leur génération.

Mais qui dit jazzmen dit marijuana, Mary Warner, herbe, cannabis, weed, dame verte, ganja ... bref vous m'avez comprise, cette drogue devait bien être fournie, en de grandes quantités, à tous ces musiciens!

C'est le rôle de Clyde "Viper" Morton, celui-là même qui au début du roman réfléchit à la question fétiche de la baronne : "quels sont tes trois vœux les plus chers?"

Clyde va donc remonter dans ses souvenirs, depuis son arrivée en 1936 à New York avec l'espoir de devenir un grand trompettiste, jusqu'à ce soir de 1961 où il a mis fin pour la troisième fois à la vie d'une personne.

Si cette question permet de structurer le roman, elle ne le limite nullement et c'est avec finesse que l'auteur va nous permettre de découvrir l'histoire d'Harlem sur 25 ans, de plonger avec délice dans le monde du jazz, de rencontrer des personnages attachants, mais aussi de comprendre pourquoi Clyde est si touché par ce dernier meurtre.

Une excellente lecture!

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Nous avions un rêve

Un polar certes mais aussi une dystopie au vitriol de la société américaine. Le titre résume bien le contenu "Nous avions un rêve", célèbre citation de Martin Luther King, qui presque 50 ans après n'a toujours pas de réalisation concrète dans un pays où la haine, la violence et la ségrégation sont toujours quotidiennes.



Melvin Hutchinson, le personnage principal, est actuellement ministre de la Justice ou attorney general. L'attaque cérébrale que vient de subir le vice-président pourrait même pousser McCracken, le président, à offrir sous peu le poste à Melvin, faisant de lui le premier vice-président noir de l'histoire des États-Unis. Il est très populaire car il a instauré des centres de rééducations pour les délinquants et encourage la peine de mort par pendaison, exécutions retransmises en direct à la TV.



Le roman est parsemé de personnages complexes, soulignant la complexité de la société américaine dans laquelle les Blancs se méfient toujours autant des Noirs, les Noirs en réaction se replient sur eux-mêmes, et ceux qui traversent cette ligne de démarcation invisible se retrouvent bien en peine pour se forger une identité propre.



Un enchevêtrement de personnages bien brossés qui nous emmènent dans une Amérique loin de l'American Dream, dans la cruelle vérité du quotidien.



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Postérité

POSTÉRITÉ de JAKE LAMAR

Mai 1940, Rotterdam est bombardée, la famille Versloot quitte son logement et sa librairie, Riet le père, Keetje la mère, Joop le fils et Femke la fille. La ville est en flammes , Femke dessine la destruction.

Mai 2001, Femke est interviewée par Toby qui veut publier un livre sur son œuvre, elle ne veut pas de biographie. Elle lui dit »l’impression d’avoir été exclue, ça a commencé pour sa première exposition solo en 1957, en rage, toujours d’ailleurs »

Entre ces deux dates, Femke a peint de grandes toiles, s’est mariée, a eu une fille, mais a eu peu de contact avec son frère resté au pays. Toby aimerait creuser cette relation avortée entre frère et sœur mais Femke refuse toute discussion sur le sujet alors qu’elle parle volontiers de ses relations avec De Koonig ou Pollock, d’ailleurs ce dernier ne l’a t elle point mis k o d’un crochet à la mâchoire? Que lui avait il dit au creux de l’oreille pour s’attirer l’ire de Femke, un rapport avec l’après Rotterdam pendant l’occupation allemande? Peut-être, en tout cas Joop le frère à l’intention de se manifester en profitant de la fête prévue pour les 80 ans de Femke.

Un livre intéressant qui traite à la fois du milieu de la peinture, des difficultés d’y être une femme, des critiques qui font les réputations et des marchands d’art, mais aussi des secrets de famille sur la guerre et ses suites. C’est très bien traité, comme une enquête policière qui va et vient à travers les années et un magnifique portrait de femme, Femke, qui trace son chemin contre vents et marées. Belle lecture.
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Viper's dream

Lu dans le cadre du Prix des lectrices Elle- sélection octobre 21.

Ambiance : Harlem, bar des années 40 empli de fumée de la Wood loco mexicaine, orchestre jazzy à ne plus s’entendre parler, verres d’alcool qui s’entrechoquent à gogo, gangsters plus ou moins dangereux, plus ou moins sympathiques, rires et règlements de comptes. C’est le gangsta’s paradise avant l’heure. Vous y êtes, ne bougez plus, profitez. Vous allez boire un verre avec Miles Davis, croiser Duke Ellington, rencontrer Thelonious Monk et bien d’autres, même la bienfaitrice de cette musique du diable : la baronne de Koenigswarter, alias baronne de Rotschild.

Et au milieu de tout ce bazar, Viper, le superbe Viper, qui pendant 20 ans va trafiquer, gagner, perdre, aimer et tuer sur ces rythmes endiablés, du jazz au rock n’roll en passant par le bebop. Mais qui a-t-il tué ? Et pourquoi ? Les couplets racontent une histoire addictive, sur fond de shoots, de poudre, d’herbes, de musique noire et de flics véreux, rythmée par des allers retours dans le passé, et le refrain viendra vous entêter comme il le fait pour Viper. Son refrain à lui s’appelle Yolanda, la douce, ténébreuse, fascinante, irrésistible et envoutante Yolanda.

Roman noir sur l’histoire du jazz avec en prime une discographie en fin d’ouvrage, celle qui a accompagné l’auteur pendant l’écriture.

C’est beau, c’est bon, plongez-y sans attendre, c’est une addiction.



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Viper's dream

En 1936, Clyde Morton, un jeune afro-américain , encouragé par son oncle et mentor musical , quitte définitivement son Alabama natal pour rejoindre New York. Ce faisant, il laisse derrière lui une mère, un frère ainé ainsi qu'une fiancée enceinte et désespérée. Muni de la trompette de son défunt paternel, il passe une audition dans un club de jazz de Harlem . Sa désillusion est grande lorsqu'on lui signifie une absence totale de talent. Le propriétaire du night-club , un gangster nommé Mr O, le prend sous son aile en lui proposant un job d'homme de main et de dealer de marijuana, substance dont l'usage est prisé chez les jazzmen. Manager impitoyable, n'hésitant pas à recourir au meurtre si nécessaire, il devient rapidement au sein de la communauté d'Harlem, Viper, celui qui est craint de tous, aimé de personne. Ce récit, qui s'étale sur deux décennies, est davantage la peinture d'une époque qui a vu émerger les grands noms du jazz, le parcours de vie d'un personnage pour lequel on peine à ressentir de la compassion, qu'un polar au sens strict du terme.
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Viper's dream

Jake LAMAR. Viper’s dream.



En 1936, Clyde Morton, un jeune homme noir de 19 ans, quitte Meachum dans l’Alabama pour New York, avec une petite valise et une trompette pour tout bagage. C’est un oncle qui lui a appris à jouer de cet instrument et qui lui a conseillé de rejoindre la grande ville, plus particulièrement le quartier de Harlem, temple de la musique, du jazz. Il passe une audition : il n’a aucun talent. Il va choisir une autre voie afin de devenir riche : dealer, gangster, assassin. Il va faire la connaissance, à son insu de Mary Warner. Qui est donc Mary Warner ? C’est le nom de la marijuana. Et il va plonger , non dans la musique mais dans le commerce de cette drogue, aimé des jazzmen. New York connaît toujours la ségrégation : les blancs sont des hommes riches, propriétaires des logements, des commerces, dirigeant toute l’infrastructure et les noirs constituent la main d’œuvre corvéable et serviable à volonté, la valetaille, au service de ces messieurs.



Dès son arrivée, il va trouver un emploi de coiffeur, barbier, cireur de chaussures. En peu de temps, il va devenir l’homme de main de Mr. O., Abraham Orlinsky, un juif qui possède des immeubles, des commerces et qui a la main mise sur le trafic de la marijuana ; C’est lui assure l’approvisionnement et la revente de la drogue, « la loco weed mexicaine », ou « viper ». Devenant le protégé de Mr. O, Clyde doit obéir à cet homme, au doigt et à l’œil ; il sera responsable de la livraison, de la réception de la marchandise, de sa distribution et de l’encaissement des sommes générées par ce business florissant. Bien que non autorisée à la vente et à la consommation, cette substance circule librement et à flots; les barons de la drogue bénéficient de la protection, des services policiers et des services juridiques. L’inspecteur Red Carney et de nombreux avocats gravitent dans l’ombre de ce trafic. Et Clyde, homme de main, sbire de Mr. O. devient un homme puissant craint et respecté. Les différents quartiers de New York dépendent soit de la mafia italienne, mexicaine, et autre. C’est la guerre des clans. Il faut s’enrichir, créer de la dépendance chez les clients, vendre encore et encore… et quel que soit le prix à payer, consommer jusqu’à la mort cette herbe dont l’usage conduit à tous les excès. Elle est source d’inspiration pour les musiciens qui plongent dans ces paradis artificiels.



Jake LAMAR nous conduit dans Harlem, berceau de la culture musicale du jazz. Nous rencontrons tous les grands musiciens qui flirtent avec la mort et un certain nombre d’entre eux succomberont à son usage intensif. Ce roman policier est dense, animé. Les évènements se succèdent. Les soirées ou plus exactement les nuits sont longues. Nous nous perdons dans la fumée de la came, reconnaissable à son odeur particulière. Nous buvons, dansons jusqu’à l’aube. Bien que nous ayons le nom de l’assassin dès le début du récit, nous ignorons le nom de la dernière victime inscrite au tableau de notre héros. Ce thriller est d’une bonne qualité au début. Il me semble que vers la fin, l’intensité diminue. Les personnages sont bien décrits et nous déambulons dans la ville avec notre costume trois pièces, taillé sur mesure, des chaînes en or au cou et des montres hors de prix à nos poignets. C’est Harlem en plein essor, ses boites de nuits, ses cabarets et ses artistes, jazzmen, escorts girls qui jouent et dansent jusqu’au petit matin. ( 25/09/2021)
Lien : https://lucette.dutour@orang..
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Confessions d'un fils modèle

"Longtemps j'ai fait comme si mon père était mort. J'aspirais à une vie neutre, une vie simple et ordonnée, à l'abri de toutes les turbulences que je lui associais."

C'est ainsi que Jake Lamar résume la relation qu'il a eu avec son père pendant très longtemps.

Puis atteignant l'âge adulte, la maturité et une certaine stabilité professionnelle, il revient avec nostalgie, sincérité mais aussi émotion sur son parcours.

Né dans le Bronx, de parents "migrants" du sud des Etats-Unis, il se souvient de la pression paternelle : il faut que tu fasses bien, mieux, que tu sortes de ce quartier et des clichés associés aux noirs.

Mais comment faire pour trouver sa place dans une société où les blancs dominent, demandent bien plus aux personnes de couleur qu'aux blancs, où les codes sont différents, où le fait de fréquenter des blancs entraine le possible rejet de la communauté noire, où même la bourgeoisie noire est très ambivalente?

C'est un récit émouvant, sincère, qui soulève le voile sur la difficulté de gravir l'échelle sociale pour les Afro-Américains (oui oui je garde l'image de l'échelle, il faut des efforts, encore plus pour eux, et pas seulement appuyer sur le bouton de l'ascenseur !)

Une lecture passionnante!
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