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Citations de James C. Scott (78)


On ne surestimera jamais assez l'importance de la sédentarité et de la concentration démographique qu'elle a entraînée.Cela signifie que presque toutes les maladies infectieuses dues à des micro-organismes adaptés à Homo Sapiens ne sont apparues qu'au cours des derniers dix millénaires et nombre d'entre elles seulement depuis cinq mille ans.Elles constituent un "effet civilisationnel" au sens fort du terme.
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l’usage du feu explique en bonne part notre succès en tant qu’espèce “envahissante” la plus performante du monde. Tout comme certains arbres, plantes, champignons, nous sommes des pyrophytes, une espèce adaptée au feu. Nos habitudes, notre régime et notre corps sont ajustés aux caractéristiques du feu, et, de ce fait, nous sommes en quelque sorte captifs des soins que nous devons lui prodiguer afin de l’alimenter et le préserver. Si le test décisif de la domestication d’une plante ou d’un animal est le fait qu’elle ou il ne puisse pas se propager sans notre assistance, alors, de la même manière, nous nous sommes tellement adaptés à l’usage du feu que notre espèce n’aurait aucun avenir sans lui
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Jusqu’en 1600 de notre ère, en dehors de quelques centres étatiques, la population mondiale occupaient en majorité des territoires non gouvernés, constituant soit des « barbares », c’est-à-dire des « populations pastorales hostiles qui constituaient une menace militaire » pour l’État, soit des « sauvages », impropres à servir de matière première à la civilisation.
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L’appétit dévorant de bois des États archaïques pour le chauffage, la cuisson et la construction est responsable de la déforestation et de la salinisation des sols. Des conflits incessants et la rivalité autour du contrôle de la main-d’œuvre locale ont également contribué à la fragilité des premiers États.
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Les populations sédentaires cultivant des céréales domestiquées, pratiquant le commerce par voie fluviale ou maritime, organisées en « complexe proto-urbain », étaient en place au néolithique, deux millénaires avant l’apparition des premiers États. Cette « plate-forme » pouvait alors être « capturée », « parasitée » pour constituer une solide base de pouvoir et de privilèges politiques.
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Entre 8000 et 6000 avant notre ère, Homo sapiens a commencé à planter toute la gamme des céréales et des légumineuses, à domestiquer des chèvres, des moutons, des porcs, des bovins, c’est-à-dire bien avant l’émergence de sociétés étatiques de type agraire. ..
....L’agriculture de décrue fut la première à apparaître, n’impliquant que peu d’efforts humains.
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Le fait que le progrès et le renouveau démocratique semblent plutôt nécessairement découler d’épisodes de profond désordre extra-institutionnel contredit violemment la promesse de la démocratie en tant qu’institutionnalisation du changement pacifique. 
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A l'origine, ni en Chine ni en Mésopotamie, l'écriture ne fut conçue comme un moyen de représenter le langage.
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Nos ancêtre n'ont sans doute pas manqué de constater à quel point les incendies naturels transformaient le paysage en éliminant la végétation antérieure et en encourageant la colonisation rapide des sols par une quantité d'herbes et d'arbustes, dont beaucoup étaient porteurs de graines, de baies, de fruits et de noix très recherchés. De même, ils ont sans doute observé que les incendies chassaient le gibier fuyant leur avancée, mettaient à nu les nids et les terriens cachés des petits animaux et, surtout, stimulait les espèces végétales et les champignons susceptibles d'attiser l'appétit de proies potentielles.
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Toutes ces techniques administratives [quantitatives] ont pour principal défaut le fait de fonctionner, au nom de l’égalité et de la démocratie, comme une gigantesque machine « antipolitique », balayant des vastes pans du débat public hors de la sphère publique pour les remettre entre les mains des comités techniques et d’administration. Elles entravent la tenue de débats potentiellement instructifs et vivifiants au sujet des politiques sociales, de la nature de l’intelligence, de la sélection des élites, de l’importance de l’égalité et de la diversité, et de la raison d’être du développement et de la croissance économiques. Bref, elles donnent aux élites techniques et administratives les moyens de convaincre un public sceptique (tout en l’excluant du débat) qu’elles ne font aucun favoritisme, n’entreprennent aucune action discrétionnaire obscure, n’ont aucun parti pris.
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J’avance ici l’hypothèse que les deux derniers siècles passés sous l’emprise de l’Etat et des économies libérales nous ont peut être socialisés de telle sorte que nous avons pratiquement perdu toutes nos habitudes de mutualité et que nous sommes par conséquent en danger de devenir exactement les dangereux prédateurs qui selon Hobbes peuplaient la nature à son état sauvage. Le Léviathan a peut être ainsi donné naissance à sa propre justification.
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Pour qu'il y ait État, il doit y avoir contrôle de la population soumise, et seules les céréales le permettent : riz, blé, orge, maïs, sorgho, millet - les quatre première représentant aujourd'hui plus de la moitié de la consommation mondiale de calorie. Et être gouverné, (...) " c'est être, à chaque opération, à chaque transaction, à chaque mouvement, noté, enregistré, recensé, tarifé, timbré, toisé, côté, cotisé, patenté, licencié, autorisé, apostillé, admonesté, empêché, réformé, redressé, corrigé ".
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Ce que l'Etat a certainement inventé, ce sont des sociétés de grande taille reposant systématiquement sur le travail forcé et une main d'œuvre asservie.
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Mauvaises herbes, nuisibles, vermine et barbares - tous les non domestiqués - menaçaient les acquis de l'Etat céréalier. S'ils n'étaient pas domptés et domestiqués, ils devaient être exterminés ou rigoureusement exclus de la domus.
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"Qui a construit Thèbes aux sept portes ?
Dans les livres, on donne les noms des rois.
Les rois ont-ils trainé les blocs de pierre ?
Babylone plusieurs fois détruite,
Qui tant de fois l'a construite?"
-Bertolt Brecht
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Je suis tenté de voir la révolution néolithique récente, malgré toutes ses contributions à la formation de sociétés complexes, comme un cas de déqualification massive. Afin d'illustrer les gains de productivité autorisés par la division du travail, Adam Smith avait recours à l'exemple emblématique de l'usine d'épingles, où chaque phase de fabrication reposait sur une tâche infime exécutée par un ouvrier différent. Tout en exprimant sont admiration pour La Richesse des nations, Alexis de Tocqueville ne pouvait s'empêcher de remarquer : Que peut-on attendre d'un homme qui a employé vingt ans de sa vie à faire des têtes d'épingle?
L'on pourra juger trop sombre cette appréciation d'une percée historique à laquelle on attribue la possibilité même de la civilisation ; du mois pourra-t-on dire que la révolution néolithique a entrainé un appauvrissement de la sensibilité et du savoir pratique de notre espèce face au monde naturel, un appauvrissement de son régime alimentaire, une contraction de son espace vitale et aussi, sans doute, de la richesse de son existence rituelle.
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La domestication a changé la constitution génétique et la morphologie des espèces cultivées et des animaux présents dans l'espace de la domus. La cohabitation de plantes, d'animaux et d'humains qui caractérise les sites agricoles a engendré un nouvel environnement largement artificiel au sein duquel la pression de la sélection darwinienne a promu de nouvelles adaptations. Les nouvelles cultures sont devenues des espèces handicapées incapables de survivre sans des soins et une protection constante de notre part. Les moutons et chèvres domestiques ont subi le même traitement : tandis que leur taille diminuait et que leur dimorphisme sexuel devenait moins marqué, ils se faisaient plus dociles et moins conscients de leur environnement. N'est-il pas plausible que dans un tel contexte, un processus similaire ait affecté les humains ? Comment avons-nous été nous aussi domestiqués par la domus, par notre confinement, par une plus forte densité démographique et par nos nouveaux modèles d'activité physique et d'organisation sociale ?
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Le bien-être d’une population ne doit jamais être confondu avec la puissance d’un centre étatique ou palatial. Il n’était pas rare que les sujets des premiers États abandonnent l’agriculture et les centres urbains afin d’échapper aux impôts, à la conscription, aux épidémies et à l’oppression. Sous un certain angle, on peut considérer qu’ils ont ainsi régressé vers des formes de subsistance plus rudimentaires, telles que la cueillette ou le pastoralisme. Mais sous un autre angle, que je crois plus pertinent, on peut se féliciter qu’ils aient ainsi échappé au paiement d’un tribut en main d’œuvre et en céréales, survécu à une épidémie, échangé une servitude oppressive contre un surcroit de liberté et de mobilité physique, voire évité la mort au combat. En pareilles circonstances, l’abandon de l’État pouvait être vécu comme une émancipation. Il ne s’agit certainement pas pour autant de nier que l’existence en dehors de l’État était souvent à la merci de toute sorte de violences et de prédations, mais plutôt d’affirmer que nous n’avons aucune raison de supposer que l’abandon d’un centre urbain entrainât, ipso facto, une longée dans la brutalité et la violence
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Il existe clairement des « situations millénaristes » au cours desquelles une conjoncture exceptionnelle rend caduque le sens commun qui organisait jusque-là la perception du
comportement, du statut, de la sécurité, et de la façon dont une vie DIGNE DE CE NOM devait être vécue.
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(note en bas de page ... c'est moi qui met en majuscule ... ce qui est particulièrement actuel à cette date.)
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Si la logique de l’agriculture réelle s’apparente à une réponse pratique et pleine d’inventivité à un environnement hautement instable, la logique de l’agriculture scientifique consiste quant à elle à plier autant que possible l’environnement à ses formules centralisatrices et normalisatrices.
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