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Critiques de James Dickey (86)
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Délivrance

Soit quatre trentenaires tendance blasée, convaincus par l'un des leurs, Lewis, de partir dans une équipée aventureuse en canoë sous sa houlette. Il s'agit a priori d'un interlude rafraîchissant dans leurs vies, un petit goût de pionnier au coeur de splendides gorges à peine cartographiées, un défi à relever et un moment de camaraderie bienvenu.



"On la joue façon survie post-atomique, hein ?"



Mais en réalité, dès le départ, cette innocente escapade sent le plan foireux à plein nez. Et soudain, le périple bucolique bascule dans le drame et le thriller, installant son lecteur dans un malaise grandissant et un suspense intenable ; on halète en suivant les personnages qui, poursuivis, tentent tant bien que mal ... de sauver leur peau.



Prix Médicis étranger 1970, James Dickey maîtrise de bout en bout son récit, au sein du cadre époustouflant de l'Amérique grandeur nature (merci Gallmeister d'offrir ce regard sur le nature writing, à contre-courant des clichés). Délivrance est littéralement captivant, et son écriture, très cinématographique, vous plongera illico dans cette aventure macabre.



Une chose est sûre : vous ne ferez plus jamais de canoë de la même façon. Si vous avez aimé Délivrance, même esprit, même genre d'ambiance avec Le signal, de Carlson, déjà chroniqué.



"Je me sentais formidablement bien, et la peur était au coeur de cette sensation : la peur et l'anticipation. Aucun moyen de savoir comment ça finirait."
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Délivrance

Pour rompre la monotonie de leur existence et vivre des sensations fortes, quatre hommes décident de s'offrir une virée de trois jours en canoë sur une rivière vouée à disparaître sous un lac artificiel.

Ils pensent être prêts et vivre un moment franche camaraderie en communion avec la nature, c'est tout autre chose qui les attend, une nature à l'état sauvage dans laquelle toute la bestialité humaine se réveille et prend forme.

Dès lors, une seule règle s'impose à eux : survivre, à n'importe quel prix et par n'importe quel moyen : "J'en suis arrivé à la conclusion que la clé de la survie ne se trouvait pas dans les rivets et le métal, dans les doubles portes blindées et les billes de dames chinoises. Elle se trouvait en moi. Elle ne dépendait plus que de l'homme et de ce qu'il était capable de faire. Le corps est la seule chose qu'on ne puisse feindre; il doit être là, c'est tout.".

Ils sont maîtres de leur destin : "Le droit, ici, c'est nous.", sans doute pour la première fois de leur vie, mais ils vont devoir vivre et commettre l'inacceptable : "C'est lui ou nous. On a tué un homme. Lui aussi. Pour savoir qui s'en sortira vivant, il faut savoir qui tuera qui. C'est aussi simple que ça.".

Ce roman est dur et violent, certaines scènes sont à la limite du soutenable, mais c'est écrit formidablement, avec un suspens de chaque instant qui plonge le lecteur dans l'incertitude la plus totale.

James Dickey livre-là une analyse détaillée du caractère humain : ces quatre hommes blasés par leur vie quotidienne et leur petit confort partaient avec insouciance, ils vont vivre l'enfer et essayer de s'en sortir.

C'est un jeu terrible et cruel dans lequel l'auteur les a plongés, narré par la plume d'Ed Gentry, l'un des quatre hommes de cette expédition.

Eux qui trouvaient leur vie quotidienne intolérables vont finir par l'apprécier à sa juste valeur, mais par combien d'épreuves il aura fallu pour en arriver là.

Et puis, il y a aussi un autre personnage omniprésent : la rivière qui relie la petite ville d'Oree à celle d'Aintry, cette rivière qui va finir par faire corps avec le personnage d'Ed : "Je contemplais la rivière dans son puits de brillance glacée, dans sa rumeur et son indifférence lointaines, en bas, dans son ample boucle et dans ses minuscules éclats de lune, dans son long tracé sinueux, dans sa prégnance ébahie.", jusqu'à le hanter pour le restant de ses jours mais lorsqu'elle n'existera plus.

J'ai trouvé cet aspect de communion spirituelle entre la rivière et le personnage d'Ed très intéressant, cela donnant une dimension un peu mystique à tout ce récit et à ce qui s'en dégage.

Je n'ai pas vu l'adaptation cinématographique de John Boorman, il faut dire que j'ai été influencée par ce que j'en ai entendu dire : un film violent avec des des scènes crues, et que par ricochet, je tournais les pages au fil de ma lecture en me demandant ce qui allait se passer.

Après cette lecture, je suis désormais curieuse de voir l'adaptation qui en a été faite, j'ai en quelque sorte vaincu ma peur née de tout ce qui se dit autour de ce film.



"Délivrance" est un roman brutal qui ne laisse indemne ni les personnages ni le lecteur, décrivant une nature dans l'état le plus brut qui soit ainsi que le réveil du côté bestial de l'Homme qui peut en découler.

Un roman à découvrir qui s'inscrit dans la lignée éditoriale des éditions Gallmeister qui décidément publient des livres d'une qualité à chaque fois rare et en un sens unique.
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Délivrance

Le guitariste que je suis se souvient il y a bien longtemps d’un film où guitare et banjo se donnaient la réplique car pour moi, Délivrance a d’abord été un film culte des années 70. Mais je n’avais jamais lu le livre, ne sachant même pas qu’il existait !

Suite à une récente conversation avec Gwen21 qui préside aux hautes destinées du challenge Multi-Défis avec les 3 mousquetaires, cette dernière m’a donné envie de le lire et je remercie musaraneus et Roxanne78 de m’avoir accompagné dans cette lecture commune.



Allez, je sens que vous ronronnez entre métro, boulot et dodo, que vous aspirez à autre chose, à un peu de fantaisie dans votre existence, ça manque d’aventure, d’adrénaline, bref, vous avez besoin de changer d’air. Une descente en canoë sur les eaux tumultueuses de la Cahulawassee vous fera le plus grand bien (ne cherchez pas sur Google Earth, elle n’existe pas).



On part trois jours, j’ai tout organisé, en autonomie, dépaysement garanti au milieu d’une nature sauvage, vous allez recharger vos batteries que je vous raconte pas.



Oui, et ben non, comment dire, pas vraiment, peut-être que trois jours grasse mat, lecture et verveine menthe produiront un meilleur effet côté prévention du burn-out. Car il y a des fois où d’emblée, on le sent, c’est mal engagé et quand ça merdoie, ça merdoie si vous me permettez cette familiarité.



Nos quatre larrons vont s’embarquer sur leurs deux canoës pour trois jours mémorables.

Il paraît  que le mot équipe viendrait du vieux français « esquif », qui désignait à l’origine une petite embarcation. Vous allez voir comment ils font équipe...



Nature sauvage vous disais-je plus haut pour vous vendre mon projet de week-end détox. Sauvage, en effet !!



Challenge Multi-Défis 2023.

Challenge Totem.

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Délivrance

Un jeu, ni plus ni moins qu'un jeu...c'est comme cela que Lewis Meldock voit les choses, comme cela et pas autrement qu'il envisage cette descente en canoë de la rivière Cahulawassee (rivière fictive) avant qu'elle ne soit totalement inondée après la construction d'un barrage. Un jeu fou, un jeu empreint d'adrénaline, un jeu pour sortir du train train quotidien, pour renouer avec la nature sauvage, pour s'éclater entre potes, faire un truc sensationnel, inoubliable, grisant, puiser au plus profond de soi pour se retrouver, pour se confronter à la nature sauvage, l'apprécier et la subir ... vivre pleinement quoi ! Il embarque trois de ses amis, Drew, Bobby et Ed dans cette "joyeuse" aventure, une virée entre potes, feu de bois, guitare et alcool pour les soirées, oui "joyeuse" aventure, parce que même si ses potes envisagent les risques que cette escapade peut contenir, même si leur hésitation est palpable, ils éprouvent l'envie de suivre leur ami dans cette folle aventure, de sortir de leur quotidien, et se laissent convaincre; ça vaut forcément le coup !

Un mauvais coup...cette virée n'aura plus grand chose de joyeux après la première nuit, elle va virer à l'horreur, se transformer en un drame hallucinant, en une traque sans merci, et d'une sauvagerie redoutable. Des éléments de la nature peu propices pour des amateurs «...il nous faut un peu plus que l'espoir. Il nous faut de la maîtrise...», une rencontre avec deux individus douteux qui débouchera sur un scénario catastrophe réglé à coup de flèches, une traque brillamment décrite «Je ne pourrais le tuer qu'à l'unique condition qu'il fasse le raisonnement que j'avais supposé qu'il ferait. Non pas à peu près : il fallait qu'il fasse exactement le même raisonnement. Il allait falloir que nos esprits fusionnent» ... autant d'éléments qui font de ce roman une aventure dont on ne ressort pas indemne. SURVIVRE, voila ce qui va occuper les quatre compères, et ce n'est pas une mince affaire, vous vous en doutez ... C'est absolument vertigineux, effroyable !



La scène du duo musical entre Drew à la guitare et un jeune gamin muet, jouant du banjo est géniale, elle nous transporte loin dans ces montagnes bleues, elle est belle, hallucinante, vibrante.



Et quelle extrême maîtrise de la narration ! Les descriptions de la nature, de la rivière et de ses bruits sont pointues et permet au lecteur de toucher du doigt cette eau froide, d'être immergée dans cette aventure hallucinante, glaçante, plongé dans une atmosphère oppressante, et de se tordre les boyaux bien comme il faut ! Un thriller palpitant.



Le film donne vraiment envie, et j'imagine bien retenir mon souffle durant toute sa durée !
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Délivrance

Partie de camping sauvage, au temps où les tentes Quechua et les téléphones portables n'existaient pas, avec en bonus la descente d'une rivière dans des canoës antiques.

Autant vous dire que c’est pas gagné, car les quatre gars qui s’embarquent dans l’aventure y vont un peu au pif. Sans trop savoir où il y a des dangers potentiels, avec pour survivre arcs et flèches et pas mal de bières.

C’est déjà une aventure pour eux, urbains, de se frotter à la population de bouseux où ils commencent leur descente.



Ne comptez-pas sur moi pour vous raconter la suite, mais c’est encore une fois un choix judicieux de l’éditeur Gallmeister, qui trouvent ces pépites comme une des plus récentes My Absolute Darling.

Des romans où les personnages sont confrontés à leur conscience, et surtout à une prise de conscience, face au regard de l’autre.



Alors faut-il le lire ? Oui. Le roman date de 1971 et avait même reçu le prix Médicis étranger, mais n’a pas pris une ride.

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Délivrance

Le roman se déroule dans la nature belle et sauvage de Géorgie.



Quatre amis trentenaires font une descente de rivière en canoë. Une mauvaise rencontre va transformer cette excursion passionnante en horreur. Ed, le héros du roman, se comportera héroïquement pour la survie de tous et la délivrance. Le gentil citadin se transformera en un impitoyable chasseur d'homme.



Un roman violent, angoissant, addictif, à lire absolument.

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Délivrance

Vieux roman, repris et retraduit par les éditions Gallmeister, Délivrance méritait amplement ses galons du genre nature writting, si cher à cette maison d’édition qui choisit avec soin ses textes et ses auteurs.



Suivons quatre copains qui décident trois jours durant, d’abandonner femmes, enfants et civilisation, pour être au plus près d’une nature, et de grands espaces qu’ils savent condamnés à brève échéances au nom du modernisme.



Ils ont tout prévu, sauf l’imprévisible…



Par la voix d’Ed, l’un d’entre eux, c’est une épopée tragique qui nous est contée ; la cruauté humaine faisant violemment irruption, c’est à qui saura, et pourra faire ressortir son instinct de survie afin de revenir le moins mal possible de cette terrible aventure, et qui plus est, s’en sortir au regard de la loi.



Roman immédiatement prenant, Délivrance, magnifiquement écrit (et traduit), plonge le lecteur à l’instar de ces quatre compères au coeur de cette rivière, cinquième personnage du roman, tant elle est omniprésente et envoutante. La tension va crescendo ; l’angoisse finit par étreindre le lecteur qui n’a qu’une envie : connaître l’issue de l’aventure, et s’en remettre !!!



C’est beau à couper le souffle.

Cela donne furieusement envie d’aller s’isoler dans un tel endroit, d’y respirer, et de tout abandonner derrière soi.

Mais surtout, cela donne envie de revenir puiser dans le catalogue Gallmeister !!!


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Délivrance

Descendre une rivière sauvage vouée à un anéantissement prochain en canoë, tel est le défi que se sont lancés quatre hommes, quatre trentenaires inexpérimentés qui souhaitent se libérer des carcans d’un quotidien trop éloigné de la nature. La délivrance tant attendue ne pourra se conquérir qu’au prix d’une lutte acharnée contre la part sauvage et animale que la rivière et ses rapides vont venir réveiller en chaque homme.



« Délivrance » a été publié par James Dickey en 1970. Avant de devenir écrivain, il fut pilote de chasse pendant la Seconde Guerre mondiale et la guerre de Corée. Si cette œuvre date donc d’une quarantaine d’années, elle n’a pas souffert, pour autant, de l’écoulement du temps. Dès le départ, le lecteur est happé par la voix d’Ed, l’un des quatre aventuriers. Et quand débute l’aventure, au moment où les canoës sont mis à l’eau, on vogue aux côtés d’Ed et de ses trois comparses. Sa voix est vrillée de tension, à l’image du courant, dense et lourd qu’il sent sous lui. Elle suit le rythme de la rivière et quand elle commence à s’emballer, à devenir aussi confuse que les événements terribles et inattendus qui s’abattent sur eux, on ne peut plus quitter l’intrigue. Et l’on se crispe avec Ed, au fur et à mesure de l’escalade nocturne de la falaise à pic qui va développer son acuité tactile de manière inattendue, on vibre à l’unisson de sa montée, on saisit chacune de ses prises, et on tremble, à ses côtés. Ce passage est sans doute le fragment de l’intrigue le plus beau : l’angoisse et la confusion d’Ed sont rendues d’une manière poétique et humaine. Au fil des pages, les aventuriers, tout comme le lecteur, sont tendus vers l’issue, la fameuse « délivrance » promise : vers quelle fin coulera donc cette rivière traitre, tour à tour d’un calme majestueux, mais aussi pleine d’une violence inouïe que rien ne laissait présager sinon l’obscurité des berges qui l’enserrent ?

« Délivrance » est un roman magnifique duquel personne ne ressort indemne, un roman inoubliable qui a obtenu le Prix Médicis étranger.
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Délivrance

« C’est le vieux truc qui consiste à se dire qu’un de ces jours on va se remettre en forme. Il y en a bien qui courent un peu. Mais qui fait des sprints ? Qui descend des rivières ? Là, vous avez la possibilité d’en descendre une. »

Quatre copains vont se prendre au jeu et sans préparation aucune et sur un coup de tête, vont se lancer dans la descente de la Cahulawassee, évidemment rien ne se passera comme prévu.

Pas vraiment un livre d’action, plus une réflexion sur la survie,

La rivière, la forêt, la falaise sont des personnages à part entière,

Une évolution des personnages intéressante

Mais des poncifs, « Je me souvins que tous les hommes avaient d’abord été des petits garçons et que les petits garçons avaient toujours exploré toutes sortes de chemins pour devenir des hommes. »

Des réflexions datées (racisme sexisme et j’en passe),

Et la lenteur de la mise en place ont quelque peu gâché mon plaisir de lecture.

Lu dans le cadre d’une lecture commune, merci à Gwen21 pour la proposition et à musaraneus et Laurent81 pour leur éclairage.

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Délivrance

Peut-être avez-vous vu le magnifique film, réalisé par John Boorman en 1972, adaptation réaliste et somptueuse du roman de James Dickey : « Délivrance » racontait l’histoire de quatre hommes qui décident de descendre en canoé une rivière des Appalaches, avant qu’un barrage ne change la physionomie de toute la région. Burt Reynolds, John Voigt, Ned Beatty et Ronny Cox sont les héros de cette descente aux enfers. Beaucoup d’images sont très fortes. Comme souvent chez ce réalisateur, le souci écologique est présent et il nous fait partager son admiration pour la nature condamnée par la civilisation (cf. « La Forêt d’émeraude »). De « Délivrance », on retiendra aussi le superbe numéro de « Duelling banjos » où, au fin fond de la forêt, deux joueurs de banjo se livrent à une improvisation époustouflante sur « Yankee Doodle ».

Mais avant le film il y avait un roman : « Délivrance » de James Dickey, paru en 1970. Un chef-d’œuvre couronné par la critique et le public (prix Médicis étranger en 1971).

Ed (le narrateur), Lewis, Bobby et Drew, sont quatre copains, hommes d’affaires d’Atlanta (Géorgie). Ils décident de faire une virée en canoé sur une rivière qui descend des Appalaches, et qui est appelée à disparaître, car l’implantation d’un barrage et d’un lac artificiel va changer profondément le décor de la région. Une bonne idée, donc, au départ, écologique et tout. Surtout que les décors sont à couper le souffle, d’une beauté inouïe, la nature sauvage dans toute sa splendeur. Sauvage c’est le mot. D’agrément, le voyage se transforme peu à peu en aventure, et même en cauchemar. Il y a la nature elle-même, des rapides, des passages délicats, une végétation parfois hostile et dangereuse… Il y a les hommes : les gens du pays, souvent primitifs et violents, avec qui il va falloir en découdre. Et puis il y a eux-mêmes, quatre personnalités dissemblables qui affrontent la réalité différemment. Personne n’en reviendra indemne.

Le livre (comme le film qui en est tiré), peut être vu comme une allégorie : la lutte de l’homme civilisé contre la nature sauvage (celle-ci comprenant les hommes primitifs, peu ou pas civilisés). Il y a certainement une intention écologique de la part de l’auteur, qui multiplie les descriptions de la rivière et des décors traversés (Dickey est également un authentique poète), pour faire ressortir le mal qui vient troubler cette beauté et ce calme. Certains y ont vu la trajectoire du mouvement hippie, proche de la nature et plein de bonnes intentions, mais qui, au bout du compte, a tourné court, tué par la modernité et le conformisme.

Enfin, et c’est peut-être ce qui explique le titre, « Délivrance » est un récit initiatique : les quatre personnages, dans la matrice que représentent la forêt et la rivière, cheminent vers une « délivrance » au sens maïeutique de l’expression, mais cet « accouchement » se fait dans la douleur. La nouvelle vie qui les attend à l’arrivée, n’a rien à voir avec celle d’avant. Leur aventure les a changés, ce sont des êtres neufs, mais marqués à jamais.

Un livre à lire. Un film à voir. Impérativement.



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Délivrance

Je me rends compte, suite à cette lecture, que je n'ai jamais vu le film "Délivrance" de John Boorman, sorti en 1972. Je pensais que si... mais en fait j'avais juste en tête quelques photos du beau livre sur Boorman sorti en 1985, que m'avait offert mon futur mari (Merci Olivier). La seule chose que je savais, c'est que Charley Boorman jouait dans le film, comme dans tous les autres de son père John. Alors, lorsque j'ai lu ce livre, j'ai compris pourquoi certains m'avaient dit "On dirait Délivrance" quand j'ai publié ici la chronique de "Les femmes n'ont pas d'histoire", des photos et des vidéos de Mark Laïta sur les gens des Appalaches. Je comprends maintenant. Et j'ai lu sur Babelio certaines chroniques de lecteurs marqués, presque traumatisés après avoir vu le film... effectivement, ça devait être éprouvant. C'est James Dickey lui-même qui a écrit l'adaptation pour le cinéma.

Je m'y suis plongée sans à priori, donc, et j'ai beaucoup aimé. Beaucoup.

C'est l'histoire de quatre hommes, mariés avec enfants, qui décident de partir un week end en canoë descendre une rivière qui bientôt n'existera plus, car un barrage va être construit et va inonder toute la petite vallée où elle serpente actuellement. La rivière s'appelle Cahulawassee, les montagnes autour s'appellent les Appalaches, nous sommes en Géorgie (je ne fais pas exprès de lire à la suite des livres qui parlent de voies d'eau en Géorgie....). Celui qui propose le périple aux autres, c'est Lewis. C'est un homme qui est passionné par la survie, qui tire à l'arc niveau compétition, qui fait de la musculation, c'est un athlète. Même sa femme apprend la cuisine de survie, apprend-on. Il a le canoë et pas mal d'équipement. le second, c'est Drew, l'homme à la guitare, chef d'entreprise aussi, assez intéressé à l'idée de ce petit week end pour se couper du monde du travail, de la routine. Il sait pouvoir compter sur Lewis pour la connaissance du terrain. le troisième, c'est Bobby. C'est le plus casanier d'entre les quatre, il n'est pas très sportif ni porté sur l'exploration d'autre chose que des villes. le dernier, le narrateur, c'est Ed. L'homme à la pipe. Il a une agence de publicité (comme l'auteur James Dickey), connait bien Lewis, l'admire même, il fait du tir à l'arc un peu pour lui ressembler, il est partant tout de suite. Il en a un peu marre de faire ce qu'il fait, et prend ce futur week-end pour une délivrance de son ennui profond.

C'est une histoire de nature, la nature dans toute sa beauté, mais aussi dans tous ses dangers. C'est une histoires d'hommes, c'est une réflexion profonde sur l'humain, ce qu'il est capable de faire pour survivre à des dangers, qu'ils viennent d'une rivière pleine de rapides meurtriers, de falaises abruptes, d'endroits où chaque moment, chaque mouvement peut vous tuer. C'est une histoire d'hommes dans leur bestialité, dans leur horreur, et une réflexion extraordinaire sur la conscience, comment chacun peut faire des choix atroces pour "ne pas avoir d'ennuis" ou pour "s'en tirer".. on sait que tous ne reviendront pas. Et ceux qui en reviennent ne s'en sortent pas intacts, que ce soit physiquement ou moralement. La honte, le mensonge, le meurtre, les blessures, personne ne s'en tirera sans cicatrices.



Les grandes beautés de ce livre sont les magnifiques descriptions de la lumière dans cette rivière, dans l'eau et les galets, dans l'éclat de la lune la nuit, dans le grain de la falaise, et comment l'homme s'y frotte, s'y pique, s'y blesse, mais les surmonte aussi. Cette bataille de l'homme contre la nature belle mais dangereuse. C'est aussi la profondeur de l'analyse de ce que peut ressentir le narrateur en bafouant, au mépris de toute morale, tout ce qui est humain en lui-même. En redevenant un animal sauvage, sans loi, sans morale, sans remords.

Traduction de Jacques Mailhos.
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Délivrance

Il faut être un peu maso pour lire Délivrance, car on se doute bien que le coup de poing dans le ventre que l'on avait reçu en voyant le film, non seulement on va le reprendre mais en plus ça va cogner plus longtemps!!



Et pourtant la petite chochotte que je suis vous recommande chaudement la lecture de cette ode âpre et velue à la nature et au dépassement de soi (même si c'est pas demain la veille que je me laisserai embarquer dans un weekend descente en rafting entre copines).
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Délivrance

Il y a bien des années j’avais vu le film Délivrance et avant d’ouvrir le livre il ne m’en était resté qu’une image musicale celle du fameux duo guitare/banjo. J’avais très envie de découvrir le texte qui avait servi de base au scénario du film de John Boorman et de sortir des quatre coins d’un écran pour laisser libre court à l’espace illimité de mon imagination. Je n’ai pas été déçue car cette histoire est puissante. Certes 48 années nous séparent de sa première publication et l’écriture est particulière puisqu’on est plus dans un style documentaire avec un narrateur unique. Les descriptions de la nature, de la rivière, le suspense qui monte tout cela est fait avec un côté quasi lyrique, James Dickey était un poète. J’ai trouvé la scène du banjo magnifiquement écrite. Ce livre est comme un mélange de thriller, d’aventure, d’amitié, d’effroi et d’horreur que seule la rencontre avec une situation dépassant l’entendement peut infliger. Cette situation imprévisible est écrite avec une terrible simplicité factuelle, pas un mot de trop. J’ai vraiment eu la sensation que la rivière et la nature environnante était à elles seules un personnage à part entière, on ressent son courant, sa force, son ingéniosité avec chaque description. Comme s’il y avait une opposition entre une nature saine, resplendissante et sauvage et la dépravation de la nature humaine. L’intrigue est simple, quatre hommes décident de descendre en canoës un tronçon d’une rivière fictive de Cahulawassee peu connue dans une région montagneuse de Géorgie. Comment un week-end entre amis qui commençait par une rupture de la monotonie à la recherche de décompression, peut se transformer pour devenir une lutte acharnée pour sa survie. J’ai rarement lu un roman ou la bataille physique pour sa survie reste aussi réaliste que celui-ci. Ed notre narrateur change sous nos yeux et devient un homme qu’il n’aurait jamais pensé être. Tout le côté philosophique a aussi une résonance particulière sur, qu’est ce qui fait de nous des hommes civilisés ? Même si on ne voulait pas savoir ni voir le côté animal nauséabond de l’homme, la vérité humaine nous revient comme un boomerang en pleine face. Bonne lecture.
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Délivrance

Le clan des 4 et la rivière maudite

*

C'est encore un roman de nature writing des editions Gallmeister que je viens de finir de lire.

Whaouh, encore du grandiose, du glauque, de l'immensité et surtout du sauvage - et sauvage(rie).

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C'est l'histoire d'une bande de copains quarantenaires de classe moyenne, blasés du quotidien, qui a décidé de se faire un week-end "nature et sportif" au fin fond d'une vallée où coule une fameuse rivière (en Georgie).

LA rivière est au centre de cette épopée.

*

Le roman se découpe en plusieurs chapitres bien distincts: avant- les 2 jours - et après

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Au début, l'histoire se traîne. On fait connaissance avec Ed le narrateur. Qui raconte sa vie professionnelle. Bref, pas d'action de ce côté-là.

Le mouvement est amorcé par la descente en canoe de nos fameux compères. C'est par une rencontre fortuite que va se dérouler toute la misère et la malchance des héros.

Je ne peux pas vous spoiler, ce serait bien dommage.

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J'ai vraiment été dans la peau de chaque personnage. La nature n'est pas très tendre et ne renonce jamais.

*

EDIT janvier 2018 : j'ai visionné le film. Il est sublime et interprète correctement (avec brio et justesse) le roman. Un pur bijou cinématographique.
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Délivrance

Ce livre est paru en 1970 aux Etats-Unis, en 1971 en France, a reçu le prix médicis la même années et fût adapté au cinéma en 1972 par John Boorman.



Etant née en 1975, je ne connaissais pas encore ce titre, cet auteur et encore moins le film. C'est un vrai bonheur de pouvoir découvrir ce roman d'aventure - que je considère plus comme un vrai roman noir - grâce la réédition chez Gallmeister.



Quatre trentenaires décident de s’offrir une expédition en canoë pour faire une rupture avec leurs vies citadines mais aussi pour ne pas décevoir l'un d'entre eux : Lewis qui ne juge la valeur d'un homme qu'à sa capacité de survivre en milieu naturel et sauvage.



c'est donc au au coeur de la Georgie profonde que les 4 hommes vont faire leur petite virée de santé façon séjour à la dure entre bonhommes avec les arcs et les flèches pour tuer le cerf, les conserves et les bibines. Ils avaient tout prévu sauf de faire une mauvaise rencontre et que leur gentille escapade se transforme en cauchemar.



Ce récit monte en puissance graduelle comme le bruit du courant de la rivière qu'ils affrontent. Dès le départ avec la description des préparatifs ont sent bien que tout à son importance pour la suite de l'aventure et on frémit avant même de rentrer dans le vif du sujet. Le lecteur oscille entre terreur et excitation tout comme le narrateur, Ed qui va découvrir le sens du mot "survivre".



coup de coeur pour moi une fois de plus dans cette collection de qualité.
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Délivrance

J'ai eu un petit peu de mal au départ, à me plonger dans cette histoire dont j'avais vu des années plus tôt l'adaptation. J'avais trop en mémoire Burt Reynolds, un des quatre héros du film. Je n'aime pas avoir des images déjà existantes en tête. J'ai l'impression que ça me prive de mon propre imaginaire.



Finalement assez rapidement Lewis ne ressemblait plus à Burt Reynolds et j'ai oublié le film pour me laisser submerger par l'ambiance sylvestre, magnifique et pourtant dérangeante, vaguement angoissante, avec ces trentenaires en crise existentielle, partis dans les forêts sauvages, et qui vont faire une très mauvaise rencontre qui changera irrémédiablement le cours de leurs vies.

J'ai commencé à être captivée et oppressée, notamment quand Lewis raconte à Ed une expérience passée de survie dans les bois, avec une fracture à la jambe, seul et loin de tout. Et puis l'aura du sud profond, la nature grandiose et des habitants très frustes et inquiétants disséminés çà et là, tout ça peaufine l'atmosphère pesante, et a achevé de me plonger dans l'histoire.



Étrangement, alors que je préfère les dialogues et l'action aux narrations, ici ça a été le contraire. On suit les pensées de Ed, qui nous entraîne avec lui dans sa vie, ses réflexions, ses sensations. Il décrit leur périple, observe ses compagnons, nous fait entendre ses peurs et ses doutes au milieu de cette nature impitoyable et généreuse et on s'y croirait. On est à fond dans la survie, le point de non-retour, le marche ou crève, ces moments où on se rend compte à quel point la vie est précieuse et fragile, l'instinct de conservation tellement chevillé au corps.



J'ai adoré cette écriture qui m'a emportée et fait ressentir toutes ces émotions magnifiques et terribles. On se trouve pris en étau entre la majesté de la nature et la perversion de l'âme humaine.

La rivière et la forêt sont l'écrin de cette virée mi-paradisiaque mi-cauchemardesque qui marquera les quatre amis à tout jamais.

Et j'ai de loin préféré le roman au film car je l'ai trouvé bien plus sobre, sans voyeurisme complaisant, avec juste ce qu'il faut d'angoisse pour nous mener jusqu'à la fin par le bout du nez grâce à une écriture très descriptive et poétique qui nous fait vivre dans la tête d'un des personnages.
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Délivrance

Il y a quelques décennies, j'ai vu le film terrible et inoubliable de John Boorman. Je ne m'étais pas préoccupé du livre éponyme écrit par J. Dickey et paru en 1970. Je viens de le lire. Dans l'histoire, quatre hommes mûrs, très différents les uns des autres, décident imprudemment de faire en canoë la descente d'une rivière dangereuse, dans une contrée sauvage. L'aventure commence bien, dans une nature presque inviolée (et qui va être noyée par l'eau, en raison de la construction d'un barrage). Mais, outre les dangers liés à leur navigation, les hommes se trouvent brutalement confrontés à la violence et à la mort. L'équipée sportive se transforme en cauchemar. Leur seule solution: tuer pour ne pas être tué. Et même si trois parmi les quatre finissent par sauver leur peau, c'est dans l'extrême douleur. Paradoxalement, devant les policiers du coin ils cachent tout de leur aventure, alors qu'ils pourraient a priori invoquer la légitime défense. Ce roman pessimiste laisse au lecteur une très sombre impression: les individus ne sont jamais en sécurité, parce que la nature est hostile et aussi parce que l'homme est un loup pour l'homme.



Il est clair que le film est une adaptation très fidèle du roman et je me souvenais parfaitement de la trame de l'histoire. Je n'attendais aucune surprise. Pourtant, j'ai été obnubilé par l'attente des passages les plus durs et, entretemps, j'ai été parfois impatienté par la description longue et méticuleuse des actions d'Ed, le narrateur. J. Dickey a voulu être réaliste dans son récit. En même temps, j'ai trouvé quelques invraisemblances, comme les soins que le héros principal se fait à lui-même ou quand, gravement blessé, il fait descendre un cadavre du haut d'une falaise. Mais c'est secondaire. Le roman est très fort; parfois, il m'a fait penser au (plus récent) "Sukkwan Island". Il n'en reste pas moins que ce livre ne fait pas oublier le film – avec ses superbes images, son ambiance extraordinaire et sa bande-son stupéfiante…

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Délivrance

Un roman assez brutal où l'angoisse monte progressivement. 4 amis décident de partir 3 jours pour descendre une rivière en canoé. Outre le danger des rapides sur la rivière, ils vont faire une mauvaise rencontre qui va changer toute leur aventure. Seront-ils capables de vaincre l'ennemi et de survivre à cette descente dangereuse?
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Délivrance

Il y a quelques années déjà, je suis revenue avec un "nouveau livre dont on parlait beaucoup" mais en lisant les premièrs chapitres, il m'a semblé reconnaître cette histoire, l'avais-je déjà lue? L'idée d'un film ne m'avait pas effleurer l'esprit vu que j'avais acheté un livre qui venait de paraître! Puis, les images me sont revenues, l'horreur de certaines scènes, la beauté d'autres. C'est là que je me suis mieux renseignée et qud je me suis rendue compte que le livre datait de 1971 et qu'il avait été interprété au cinéma l'année de ma naissance! Comme il m'est arrivé de lire un livre après avoir vu le film comme "Winter's bone" de Daniel Woodrell, j'ai poursuivi ma lecture sans regret, bien au contraire car même si ce livre a été merveilleusement bien interprété au cinéma, l'écriture de l'auteur, des détails, toutes ces choses qu'on ne peut pas filmer ou mettre en scène et qui font la particularité des livres, surtout écrit par un écrivain aussi talentueux qu'était James Dickey, tous ces éléments font que cette lecture fut une très belle redécouverte!
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Délivrance

L'auteur nous embarque très facilement dans cette escapade dans le sud profond des USA, chez les red-necks. Aves ses 4 personnages principaux assez différents cela permet de donner un point de vue nuancé sur cette descente aux enfers. Avec seulement 2 protagonistes du cru et la rivière sauvage et son environnement, il arrive à nous faire suer, ramper dans la boue et revenir à des instincts primaires. Il y a une volonté de revenir à l'état de nature, rêve qui sera vite rattrapé par la réalité, l'homme lui-même rendant ce cheminement impossible; Ce n'est pas la nature qui lui est hostile mais ses propres congénères. Il y a une sorte de regret d'un état de nature. lewis qui prône ce retour à la vie sauvage sera lui-même rattrapé par la réalité alors qu'Ed se découvrira une autre nature tapie au plus profond de ses tripes. A lire comme dans mon cas lors d'un camping sauvage dans les bois!
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