AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de James Joyce (829)


 On estime universellement obtus l’intellect de l’individu touchant quelqu’une de ces matières tenues comme les plus profitables à étudier parmi les mortels de sapience doués qui reste ignorant de ce que les plus érudits dans la doctrine et à coup sûr en raison de cet ornement intrinsèque de leur esprit élevé dignes de vénération ont constamment maintenu quand à l’unanimité ils affirment que toutes choses égales d’ailleurs par aucune splendeur extérieure la prospérité d’une nation ne s’affirme plus efficacement que dans la mesure de l’amplitude de la progression du tribut de sa sollicitude pour cette proliférante continuité qui de tous les mots origine quand elle vient à faire défaut constitue quand par bonheur présente le sûr signe de la bienfaisance impoilue de la toute-puissante nature. 
Commenter  J’apprécie          240
On perçoit aussitôt le point faible d’un type en voyant sa femme. Encore qu’il y ait de la fatalité en cela, le coup de foudre. Sont unis par des choses secrètes entre eux. Certains gonzes tomberaient plus bas que terre si une femme ne les prenait pas en main. Et ces petits bouts de bonnes femmes, hautes comme trois pommes, avec leur petit pou d’époux. Qui se ressemble s’assemble. Quelquefois enfants plutôt réussis. Deux fois zéro font un. 
Commenter  J’apprécie          210
Vous avez lu cette saynète dans The United Irishman d’aujourd’hui sur ce chef Zoulou en visite en Angleterre ?
— Non, c’est quoi ? demande Joe.
Alors le citoyen sort un des journaux de son bazar et il commence à lire tout haut :
— Une délégation des principaux magnats du coton de Manchester fut présentée hier à Sa Majesté le sultan d’Abeakuta par le Bâtondoré d’honneur, Lord Tumarches Surdesœufs, pour adresser à Sa Majesté les remerciements émus des marchands anglais pour les possibilités qui leur ont été offertes dans ses territoires. La délégation prit part à un déjeuner à l’issue duquel le potentat basané fit un discours des plus heureux, librement traduit par le chapelain anglais, le révérend Ananias Priedieu Jusqualos, par lequel il adressa ses plus sincères remerciements à Missié Tumarches et célébra les relations cordiales établies entre l’Abeakuta et l’Empire britannique, affirmant qu’il considérait comme l’un de ses trésors les plus précieux une bible enluminée, livre de la parole de Dieu et secret de la grandeur de l’Angleterre, qui lui a été gracieusement offerte par la cheffesse blanche, la grande squaw Victoria, personnellement dédicacée par l’auguste main de la Royale Donatrice. Portant un toast au Black and White, le sultan but la coupe de l’amitié emplie du meilleur tord-boyaux dans le crâne de son prédécesseur immédiat de la dynastie Kakachakachak, prénommé Quarante-verrues, après quoi il visita la manufacture la plus importante de Cotonopolis, fit une croix sur le livre d’or puis il exécuta une charmante danse de guerre traditionnelle des Abeakutes, au cours de laquelle il avala force couteaux et fourchettes, à la grande joie des jeunes ouvrières.
Commenter  J’apprécie          340
L’amour aime aimer l’amour. L’infirmière aime le nouveau pharmacien. L’agent 14 A aime Mary Kelly. Gerty MacDowell aime le jeune homme à la bicyclette. M.B. aime un beau gentleman. Li Chi Han li aime li embrasse Cha Pu Chow. Jumbo, l’éléphant, aime Alice, l’éléphante. Le vieux M. Verschoyle avec son cornet acoustique, il aime la vieille Mme Verschoyle avec son œil qui dit zut à l’autre. L’homme au macintosh brun aime une dame qui est morte. Sa Majesté le Roi aime Sa Majesté la Reine. Mme Norman W. Tupper aime le lieutenant Taylor. Vous aimez une personne. Et cette personne aime une autre personne parce que tout le monde aime quelqu’un mais Dieu, lui, aime tout le monde.
— Eh bien, Joe, je dis, santé et bonheur. Et vive le whisky, citoyen. 
Commenter  J’apprécie          180
Cet après-midi là, à l’occasion du mariage du chevalier Jean Sage de Neaulan, grand chef des gardes forestiers des Eaux et Forêts d’Irlande, se pressait en masse toute l’élite de la société cosmopolite : Mlle Sapin Conifère de la Vallée des Pins, Lady Sylvestre Delombre-Delorme, Mme Barbara Aimé Laverge, Mme Delacime-Dufresne, Mme du Houx de la Coudraie, Mlle Daphné Dulaurier, Mlle Dorothée des Ajoncs, Mme Clyde de la Clairière, Mme Rowan Auvert, Mme Hélène Follevigne, Mlle Virginie des Glycines, Mlle Gladys Dubuisson, Mlle Olive de L’Enclos, Mlle Blanche Érable, Mme Maud Acajou, Mlle Myra Myrte, Mlle Priscilla de la Fleur de Sureau, Mlle Abeille du Chèvrefeuille, Mlle Grâce Peuplier, Mlle O. Mimosa San, Mlle Rachel Rameau du Cèdre, Mlles Liliane et Violette Lilas, Mlle Modestie Dutremble, Mme Kitty Fraîchemousse, Mlle May de l’Aubépine, Mme Gloriana Palmes, Mme Liane Desforêts, Mme Arabelle Dubois d’Ébène et Mme Norma Régis de Saint-Chêne de la Chesnais, toutes rehaussaient la cérémonie par la grâce de leur présence. La mariée, conduite par son père, le chevalier M’Conifère du Gland, était absolument ravissante dans une robe de soie verte amidonnée, moulée dans une combinaison gris crépuscule, ceinte d’un collier de grosses émeraudes, la tenue se terminant par une triple rangée de franges d’un Ion plus soutenu, attachée en haut par des bretelles et à la hanche par une broche de bronze incrustée de glands. 
Commenter  J’apprécie          260
Un petit nuage, p. 148 : « Il regarda avec froideur les yeux de la photographie, qui lui répondirent avec la même froideur. Certes ils étaient jolis, et le visage était joli. Mais il lui trouvait quelque chose de mesquin. Pourquoi ce visage faisait-il si absent, si grande dame ? Le parfait sang-froid de ces yeux l’irritait. Ils le repoussaient et le défiaient : ils n’exprimaient aucune passion, aucune ivresse. Il pensait à ce que Gallaher avait dit des riches Juives. Ces sombres regards orientaux, se disait-il, comme ils sont pleins de passion, de désirs voluptueux !… Pourquoi avait-il épousé les yeux de la photographie ? »
Commenter  J’apprécie          20
Les Soeurs, p. 48
C’était bizarre : ni cette journée ni moi-même n’étions d’humeur à prendre le deuil, et je fus même contrarié de découvrir que j’éprouvais une sensation de soulagement, comme si sa mort m’avait libéré de quelque chose.
Commenter  J’apprécie          00
Arabie, p.73 : « Son nom avait pour effet de mettre mon sang en folie. Son image m’accompagnait jusque dans les lieux les moins propices au romanesque. »
p.74 : « Mon corps était une véritable harpe, sur les cordes de laquelle, tels des doigts, ses mots et ses gestes semblaient courir. »
p.76 : « La nuit dans ma chambre et le jour en classe son image venait s’interposer entre mes yeux et la page que je m’efforçais de lire. […] Je n’avais plus guère de patience pour les tâches sérieuses de l’existence : maintenant qu’elles me séparaient de mon désir, elles me paraissaient des jeux puérils, des jeux aussi puérils que monotones. »
Commenter  J’apprécie          10
Les Morts, p. 349
L’air de la pièce lui glaçait les épaules. Il s’allongea avec précaution sous les draps et se coucha près de sa femme. Un par un, ils devenaient tous des ombres. Mieux valait passer hardiment en cet autre monde, dans la pleine gloire de quelque passion, que de s’effacer et de se dessécher lamentablement au fil des années. Il songea à la façon dont elle avait enfermé dans son cœur pendant tant d’années cette image des yeux de son amant à l’instant où il lui avait dit qu’il ne souhaitait pas vivre.
Des larmes généreuses emplissaient les yeux de Gabriel. Il n’avait jamais lui-même rien éprouvé de tel pour une femme, mais il savait qu’un tel sentiment devait être de l’amour. Les larmes se pressèrent plus drues, et dans la demi-obscurité il crut voir la forme d’un adolescent debout sous un arbre dégoulinant de pluie. D’autres formes étaient à proximité. Son âme s’était approchée de cette région où demeurent les vastes cohortes des morts. Il avait conscience de leur existence capricieuse et vacillante, sans pouvoir l’appréhender. Sa propre identité s’effaçait et se perdait dans la grisaille d’un monde impalpable : ce monde bien matériel que ces morts avaient un temps édifié et dans lequel ils avaient vécu était en train de se dissoudre et de s’effacer.
Commenter  J’apprécie          10
« Mesdames, messieurs, la génération qui est sur son déclin peut avoir eu ses défauts, mais, à son avis, possédait, je crois, certaines qualités d’hospitalité, d’humour, d’humanité qui semblent faire défaut à la génération actuelle, génération fort grave et instruite à l’excès, que nous voyons grandir autour de nous. »
Commenter  J’apprécie          20
Elle respectait son mari un peu de la même façon dont elle respectait le bureau de poste central ; à la manière d’une vaste administration, sûre et immuable ; et bien qu’elle reconnût le petit nombre de ses talents, elle appréciait sa valeur abstraite en tant que mâle.
Commenter  J’apprécie          30
Pat le chauve et dur d’oreille faisait des mitres avec ses serviettes. Pat est un serveur dur de la feuille. Pat est un serveur attentionné, attentif quand vous attendez. Hé hé hé hé. Attentif quand vous attendez. Hé hé. Ça c’est un serveur. Hé hé hé hé. Attentif quand vous attendez. Quand vous attendez si vous attendez il sera attentif attentionné quand vous attendez. Hé hé hé hé. Ho. Attentif quand vous attendez. 

Extrait du chapitre XI, Les sirènes
Commenter  J’apprécie          342
[…] le seigneur des choses telles qu’elles sont et que les plus romains des catholiques appellent dio boia, dieu bourreau, est sans aucun doute tout dans tout dans nous tous, palefrenier et boucher, et serait maquereau et cocu aussi si ce n’était que dans l’économie du ciel, prédite par Hamlet, il n’y a plus de mariage, l’homme glorifié, ange androgyne, étant à lui-même son épouse. 
Commenter  J’apprécie          270
Il [Shakespeare] a découvert comme actuel dans le monde extérieur ce qui dans le monde intérieur était potentiel. Maeterlinck dit : Si Socrate sort de chez, lui aujourd’hui il trouvera le sage assis sur le pas de sa porte. Si Judas sort ce soir c’est vers Judas que ses pas le mèneront. Chaque vie, c’est beaucoup de jours, jour après jour. Nous marchons à travers nous-mêmes, rencontrant voleurs, fantômes, géants, vieillards, jeunes gens, épouses, veuves, frères d’amour. Mais toujours nous rencontrant nous-mêmes. 
Commenter  J’apprécie          240
Sabellius, l’Africain, le plus subtil hérésiarque de toutes les bêtes du troupeau, soutenait que le Père était Lui-même Son Propre Fils. Le dogue d’Aquin, pour qui aucun verbe ne sera impossible, le réfute. Entendez : si le père qui n’a pas de fils n’est pas un père le fils qui n’a pas de père peut-il être un fils ? Lorsque Rutlandbaconsouthamptonshakespeare ou un autre poète du même nom dans la comédie des erreurs écrivit Hamlet il n’était pas seulement le père de son propre fils mais, n’étant plus un fils, il était et se sentait lui-même le père de toute sa race, le père de son propre grand-père, le père de son petit-fils à naître, qui, entre parenthèses, ne naquit jamais, car la nature, telle que M. Magee la comprend, a horreur de la perfection. 
Commenter  J’apprécie          141
— Est-ce que vous partez, questionnèrent les sourcils expressifs de John Eglinton. On vous verra chez Moore ce soir ? Piper vient.
— Piper ! pipa M. Best. Piper est revenu ?
Peter Piper picota un petit peu de poivre en poudre peu pimenté. 
Commenter  J’apprécie          331
Celui Qui s’engendra Lui-même, médiateur du Saint Esprit, et Lui-même s’envoyant Lui-même, Racheteur, entre Lui-même et les autres, Qui, abusé par Ses démons, déshabillé et flagellé, fut cloué comme chauve-souris sur porte de grange, dépérit sur l’arbre de la croix, Qui Se laissa enterrer, se releva, ravagea l’enfer, se transporta au paradis et là depuis dix-neuf cents années est assis à la droite de Son Propre Moi mais ne manquera pas de venir au dernier jour pour condamner les vivants et les morts alors que tous les vivants seront morts déjà. 
Commenter  J’apprécie          260
Un serveur avec son tablier à moitié défait ramassait à grand bruit les assiettes collantes. Rock, l’huissier, debout au bar, soufflait sur le faux col de sa chope. Bien visé : elle alla faire une giclée jaune près de sa bottine. Un mangeur, couteau et fourchette dressés, les coudes sur la table, fin prêt pour le second service, fixait le monte plat par-dessus son carré de journal tout graisseux. Un autre gars lui adressait la parole la bouche pleine. Quelle oreille sympathique. Propos de table. Chiai enchontré lunchdi tans l’Unchster Bunk. Ah ? Vous m’en direz tant ? 
Commenter  J’apprécie          210
Mina Purefoy ventre gonflé gémissant sur son lit pour qu’on lui sorte son enfant un bon coup. Un qui naît quelque part toutes les secondes. Un qui meurt toutes les secondes. Depuis que j’ai donné à manger aux oiseaux cinq minutes. Trois cents ont cassé leur pipe. Trois cents autres sont nés, on nettoie le sang, ils sont tous lavés dans le sang de l’agneau, braillant méééééé.
Toute une ville disparaît, une autre la remplace, disparaît à son tour : une autre viendra et elle disparaîtra. Maisons, rangées de maisons, rues, kilomètres de trottoirs, empilements de briques, pierres. Qui changent de mains. Ce propriétaire-ci, celui-là. Le proprio ne meurt jamais, dit-on. Un autre se glisse dans ses chaussures quand il reçoit son préavis. 
Commenter  J’apprécie          240
Une escouade d’agents déboucha de College street, marchant en file indienne. Pas de l’oie. Visages congestionnés par la bouffe, casques dégoulinants de sueur, ils tapotaient leur matraque. Après qu’ils se sont envoyé une charge de soupe bien grasse sous le ceinturon. Le sort d’un agent c’est pas dégoûtant. Ils se séparèrent en petits groupes puis se dispersèrent, après force saluts, vers leurs postes. À chacun son pâturage. L’idéal pour en attaquer un c’est au moment du pudding. Un direct dans son dîner. Une autre escouade, qui marchait en ordre dispersé, tourna à la hauteur des grilles de Trinity College en route pour le poste. Direction l’abreuvoir. Prêts à affronter la cavalerie. À eux la bonne soupe. 
Commenter  J’apprécie          290



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de James Joyce Voir plus


{* *}