AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de James Joyce (828)


Le monologue final de Molly Bloom

... et Gibraltar en tant que fille où j'étais une fleur de la montagne oui quand je mettais la rose dans mes cheveux comme les filles andalouses l'utilisaient ou dois-je porter un oui rouge et comment il m'a embrassé sous le mur maure et j'ai pensé aussi bien à lui qu'à un autre et puis je lui ai demandé avec mes yeux de demander à nouveau oui et puis il m'a demandé est-ce que je oui pour dire oui ma fleur de montagne et d'abord j'ai mis mes bras autour de lui oui et je l'ai attiré vers moi pour qu'il puisse sentir mes seins tout parfumés oui et son cœur allait comme un fou et oui j'ai dit oui je le ferai oui.
Commenter  J’apprécie          00
Les Morts [extrait]


L'air de la pièce lui glaça les épaules. Il s'étendit prudemment sous les draps et s'allongea à côté de sa femme. Un par un, ils devenaient tous des ombres. Mieux vaut passer hardiment dans cet autre monde, dans la pleine gloire de quelque passion, que de disparaître et de dépérir lamentablement avec l'âge. Il pensa à la façon dont celle qui était à côté de lui avait enfermé dans son cœur pendant tant d'années cette image des yeux de son amant quand il lui avait dit qu'il ne voulait pas vivre.

De généreuses larmes remplirent les yeux de Gabriel. Il n'avait jamais ressenti cela envers aucune femme, mais il savait qu'un tel sentiment devait être de l'amour. Les larmes s'accumulèrent plus abondamment dans ses yeux et dans l'obscurité partielle, il crut voir la forme d'un jeune homme debout sous un arbre ruisselant. D'autres formes étaient proches. Son âme s'était approchée de cette région où habitent les vastes armées de morts. Il était conscient de leur existence capricieuse et vacillante, mais ne pouvait pas l'appréhender. Sa propre identité s'effaçait dans un monde gris et impalpable : le monde solide lui-même, dans lequel ces morts avaient autrefois grandi et vécu, se dissolvait et diminuait.

Quelques légers coups sur la vitre le firent se tourner vers la fenêtre. Il avait recommencé à neiger. Il regardait d'un air endormi les flocons, argentés et sombres, tomber obliquement à la lumière de la lampe. Le moment était venu pour lui de se lancer dans son voyage vers l’ouest. Oui, les journaux avaient raison : la neige était générale partout en Irlande. Il tombait sur chaque partie de la sombre plaine centrale, sur les collines sans arbres, tombant doucement sur la tourbière d'Allen et, plus à l'ouest, tombant doucement dans les vagues sombres et mutinées du Shannon. Il tombait également sur chaque partie du cimetière solitaire de la colline où reposait Michael Furey. Il gisait en épaisse couche sur les croix tordues et les pierres tombales, sur les lances de la petite porte, sur les épines stériles. Son âme s'évanouit lentement lorsqu'il entendit la neige tomber faiblement à travers l'univers et tomber faiblement, comme la descente de leur fin dernière, sur tous les vivants et les morts.
Commenter  J’apprécie          00
James Joyce
Son esprit demeurait souvent hypnotisé par la plus banale des conversations. Les gens lui paraissaient ignorer curieusement la valeur des mots qu’ils employaient avec désinvolture. Alors, étape par étape, à mesure qu’il se voyait forcé d’accepter cette dégradation de la vie, il s’attachait passionnément à une tradition idéalisante, plus authentiquement humaine.
Commenter  J’apprécie          10
Bonnet brillant et rubans aux vents,
Il chante dans la vallée:
Qu'ils aillent à lui, à lui,
Tous ceux qui aiment.

Qu'ils laissent les rêves aux rêveurs
Ceux qui ne peuvent les suivre,
Que ni chants ni rires
Ne font bouger.
Commenter  J’apprécie          150
Mais nous vivons dans une époque de scepticisme et, si je puis m’exprimer ainsi, « torturée de pensées » ;
et quelquefois je crains que cette nouvelle génération éduquée
et suréduquée comme elle l’est ne manque de ces qualités d’humanité et d’hospitalité, de bonne humeur, qui ont été l’apanage
d’une autre époque.
Commenter  J’apprécie          00
Oui, les journaux avaient raison : la neige était générale sur toute l’Irlande. La neige tombait sur chaque partie de la sombre plaine centrale, sur les collines sans arbres, tombait doucement sur le marais d’Allen et, plus loin vers l’Ouest, doucement tombait sur les sombres vagues rebelles du Shannon. Elle tombait, aussi, en chaque coin du cimetière solitaire perché sur la colline où Michael Furey était enterré. Elle s’amoncelait drue sur les croix et les pierres tombales tout de travers, sur les fers de lance du petit portail, sur les épines dépouillées. Son âme se pâmait lentement tandis qu’il entendait la neige tomber, évanescente, à travers tout l’univers, et, telle la descente de leur fin dernière, évanescente, tomber sur tous les vivants et les morts.

("Les morts", p. 350)
Commenter  J’apprécie          70
Un à un, tous ils devenaient des ombres. Mieux vaut passer hardiment dans l'autre monde à l'apogée de quelque passion que de s'effacer et flétrir tristement avec l'âge.
Commenter  J’apprécie          161
L’air de la pièce lui glaçait les épaules. Il s’allongea avec précaution sous les draps et se coucha près de sa femme. Un par un, ils devenaient tous des ombres. Mieux valait passer hardiment en cet autre monde, dans la pleine gloire de quelque passion, que de s’effacer et se dessécher lamentablement au fil des années. Il songea à la façon dont celle qui reposait à ses côtés avait enfermé dans son cœur pendant tant d’années cette image des yeux de son amant à l’instant où il lui avait dit qu’il ne souhaitait pas vivre.
Des larmes généreuses emplissaient les yeux de Gabriel. Il n’avait jamais lui-même rien éprouvé de tel pour une femme, mais il savait qu’un tel sentiment devait être l’amour. Les larmes se pressèrent plus drues, et dans la demi-obscurité il crut voir la forme d’un adolescent debout sous un arbre dégoulinant de pluie.

("Les morts", p. 349)
Commenter  J’apprécie          70
  
  
  
  
Pourquoi regretter mon talent ? Je n’en ai aucun. J’écris avec tant de peine, si lentement. Le hasard me fournit ce dont j’ai besoin. Je suis comme un homme qui trébuche : mon pied heurte quelque chose, je me penche, et c’est justement ce qu’il me faut


/ Dits et maximes de vie choisis et traduits de l’anglais par Mathieu Jung
Commenter  J’apprécie          30
  
  
  
  
Je me figure un soir brumeux. J’attends – et je vous vois vous approcher de moi, vêtue de noir, jeune, étrange et douce. Je vous regarde dans les yeux, et mes yeux vous disent que je suis un pauvre chercheur dans ce monde, que je ne comprends rien de ma destinée ni de celle des autres, que j’ai vécu et péché et crée (sic), que je m’en irai, un jour, n’ayant rien compris, dans l’obscurité qui nous a enfantés tous


– Lettre écrite en français à Martha Fleischmann, début décembre 1918 ?
Commenter  J’apprécie          80
  
  
  
  
Il est terrible de penser qu’un tel vase d’élection soit la proie d’impulsions qui échappent à son contrôle et de natures au-dessous de sa compréhension et, si ardemment que je désire sa guérison, je me demande ce qui se passera si elle détournera finalement son regard de sa rêverie éclairée de voyance pour le tourner vers le visage de ce vieux cocher cabossé qu’est le monde


– lettre au sujet de sa fille Lucia, diagnostiquée schizophrène


/ Dits et maximes de vie choisis et traduits de l’anglais par Mathieu Jung
Commenter  J’apprécie          10
  
  
  
  
Elle vient la nuit lorsque la ville est silencieuse; invisible, inaudible, nullement invoquée. Elle vient de son ancien siège pour visiter son enfant le plus humble, mère la plus vénérable, comme s’il ne lui avait jamais été étranger. Elle connaît le cœur le plus profond; c’est pourquoi elle est douce et n’exige rien ; elle dit : susceptible de changement, je suis une influence imaginative dans le cœur de mes enfants. Qui a pitié de toi quand tu es triste parmi les étrangers ? Des années durant je t’ai aimé quand tu reposais dans mon sein


/ Dits et maximes de vie choisis et traduits de l’anglais par Mathieu Jung
Commenter  J’apprécie          10
  
  
  
  
Mon père avait pour moi une affection extraordinaire. C’était l’homme le plus idiot que j’aie jamais connu et il était pourtant cruellement perspicace. Il a pensé à moi et m’a évoqué jusqu’à son dernier souffle. Je l’ai toujours beaucoup aimé, étant moi-même un pécheur, et j’ai apprécié jusqu’à ses défauts. Des centaines de pages et des dizaines de personnages dans mes livres dérivent de lui et de son esprit sec (ou plutôt imbibé), et l’expression de son visage me tordait souvent de rire


/ Dits et maximes de vie choisis et traduits de l’anglais par Mathieu Jung
Commenter  J’apprécie          10
  
  
  
  
Toute vie est faite de plusieurs jours, jour après jour. Nous nous traversons nous-mêmes, rencontrant des voleurs, des fantômes, des géants, des vieillards, des jeunes hommes, des épouses, des veuves, des frères amoureux, mais toujours nous retrouvant


/ Dits et maximes de vie choisis et traduits de l’anglais par Mathieu Jung
Commenter  J’apprécie          10
  
  
  
  
La paternité, au sens d’engendrement conscient, est inconnue de l’homme (…)


/ Dits et maximes de vie choisis et traduits de l’anglais par Mathieu Jung
Commenter  J’apprécie          20
  
  
  
  
Je reconstruis la vie nocturne, comme le Démiurge poursuit sa création, à partir d’un squelette mental qui ne varie pas. La seule différence, c’est que j’obéis à des lois que je n’ai pas choisies. Lui ?…


/Joyce le formule en français, à Jacques Mercanton
Commenter  J’apprécie          10
  
  
  
  
Je me sens comme un ingénieur occupé à percer une montagne par deux versants à la fois. Si mes calculs sont exacts, nous devrions nous rencontrer au milieu. Ou bien …


/ Dits et maximes de vie choisis et traduits de l’anglais par Mathieu Jung
Commenter  J’apprécie          80
  
  
  
  
La grande affaire, c’est le doute. La vie est suspendue dans le doute comme le monde
dans le vide


/ Dits et maximes de vie choisis et traduits de l’anglais par Mathieu Jung
Commenter  J’apprécie          30
  
  
  
  
Jésus n’a jamais vécu avec une femme. Vivre avec une femme est certainement une des choses les plus difficiles qui soient données à l’homme de faire, et Jésus ne s’y est jamais aventuré


/ Dits et maximes de vie choisis et traduits de l’anglais par Mathieu Jung
Commenter  J’apprécie          10
  
  
  
  
Je ne crois en aucune science, mais mon imagination s’anime lorsque je lis Vico, ce qui n’est pas le cas lorsque je lis Freud ou Jung


/ Dits et maximes de vie choisis et traduits de l’anglais par Mathieu Jung
Commenter  J’apprécie          20



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de James Joyce Voir plus

Quiz Voir plus

One Piece - Les fruits du démon

Qui a mangé le Gomu Gomu no Mi (fruit du Caoutchoutier)?

Portgas D. Ace
Monkey D. Luffy
Gold D. Roger
Monkey D. Garp

42 questions
175 lecteurs ont répondu
Thème : Eiichirô OdaCréer un quiz sur cet auteur

{* *}