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Critiques de Jasmin Darznik (53)
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L'oiseau captif

C'est la triste mais passionnante histoire de la poétesse iranienne Forough Farrokhzad, grande figure du féminisme iranien, morte à 32 ans dans un accident de voiture. Née en 1935 à Téhéran, dans une famille plutôt aisée de sept enfants, alors qu'une bonne fille iranienne se doit d'être pieuse, modeste et soignée, elle est impulsive, raisonneuse et désordonnée. Elle se considère l'égal de ses frères, avec l'esprit et l'audace qu'il faut pour répondre aux leurs. Ce qui n'est ni dû goût de sa mère, ni de la société iranienne de l'époque. Quand au père, colonel du Shah, il se contente d'engendrer et de veiller superficiellement à une discipline de fer dans sa famille. Son destin basculera avec sa rencontre avec Parviz Shapour, son cousin et poète, connu en 1950.....une première rencontre avec l'amour et la poésie.....d'autres suivront.....pour le meilleur ou le pire....



Racontée à la première personne, jalonnée de sa poésie, Jasmin Darznik nous offre ici une superbe biographie romancée de Farrokhzad, grande poétesse iranienne méconnue du grand public, en occident. Un livre qu'on lit la gorge serrée, face a tant d'injustices faites à la femme dans l'Iran chiite et à son courage, qui défiera tout interdit. Calvaire chez le père, calvaire chez le mari, une vie de captive basée sur des règles absurdes d'une société, régit par une religion vécue et pratiquée d'une manière encore plus absurde. Au nom de Dieu, tout est désamour, frustrations, cruautés et violences, au point qu'on se demande où et quel Dieu se trouve dans cet enfer ?

Finalement, c'est par le biais de la littérature et surtout de la poésie qu'arrivera le salut, pour cette femme libre dans son corps, libre dans son esprit. Comme quoi encore une fois la preuve que la volonté ne connaît pas de limites, et que même en milieu hostile, quand on s'y accroche, on peut réaliser tout ses rêves, ou presque...

Un livre passionnant qui révèle aussi plusieurs pans tragiques de l'Histoire iranienne, des années 40 à 60 et qui débouchera directement sur la dictature des mollahs qui sévit aujourd'hui le pays; dont celui de la lutte du pétrole entre l'Iran et le couple Etats-Unis / Angleterre , qui se l'approprieront pour un temps, en faisant chuter Mossadegh, le premier ministre iranien de l'époque.....

Lu d'une traite, magnifiquement traduit de l'anglais, un roman splendide sur une femme devenue une icône dans son pays !

Un coup de coeur !



Un grand merci à NetGalley et aux Éditions Stéphane Marsan pour l'envoie et la découverte de ce superbe livre !



“Tout mon être n'est qu'un verset obscure

Qui te célébrera jusqu'à l'aube des éclosions

Et floraisons éternelles.

D'un soupir, dans cette mélopée, je te fais surgir;

A l'arbre, à l'eau, au feu

Je te greffe.”

( Une autre naissance )

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L'oiseau captif

Lire un livre avant sa sortie, pour la libraire que je suis, est toujours le résultat de plein de choses. Ici, c'est l'intérêt grandissant pour un pays et sa littérature, la découverte d'une poétesse et d'un destin de femme et enfin la rencontre avec l'éditeur lors d'une présentation de la rentrée !

Plongée réussie et savourée !



Et cette poétesse n'est pas n'importe laquelle, c'est Forough Farrokhzad, la plus grande poétesse iranienne, éprise de liberté envers et contre tout ! Quelle vie ! Et quelle écriture pour nous l'amener ! Fille d'un colonel du Shah, on suit son évolution de fille, de femme, d'amoureuse, de femme mariée et même divorcée et d'envie surtout de liberté ! Pouvoir mettre des mots sur ce que pensent les femmes mais qu'elles n'osent pas dire, par la poésie ! Et ça n'est pas facile, moins encore dans ce pays en cette première moitié de XXe siècle ! Elle va rencontrer des personnes par le biais desquelles l'Histoire va rejoindre la sienne.

Ce n'est pas un roman féminin ou féministe, pas uniquement ! C'est tout d'abord une très belle histoire, une très belle histoire de femme oui, à la vie courte mais intense ! Intense parce que ce qui aurait pu être un vrai mariage d'amour c'est avéré être un carcan, qui ne s'est pas ouvert dans la légèreté, aux conséquences douloureuses. Parce qu'elle a vécu dans une période charnière pour l'Iran et sans être directement impliquée, sa volonté de liberté s'est manifestée à un moment délicat dans l'histoire de ce pays, lorsque le changement ne s'accompagne pas toujours de plus de libertés, pas tout de suite...

J'ai envie de lire plus de ses poèmes, d'en commander pour la librairie ! De lire plus de littérature iranienne ! Et pour ça aussi, merci ce livre !



Pardon si mes chroniques de livres de cette rentrée littéraire sont un peu brouillonnes, je les reprendrais plus tard sûrement, mais j'ai envie de partager avec la communauté Babelio ! Et l'exercice de l'écriture d'une ou plusieurs chroniques par jour est intéressante et stimulante !
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L'oiseau captif

Années 1920, en Iran

Le destin tourmenté de Ferough Farrokhzad, poète (et non poétesse, elle y tient !) qui a lutté toute sa vie pour gagner sa liberté, celle d'écrire et de légitimer sa condition d'artiste.



Une femme impétueuse, passionnée, mais finalement vulnérable.



L'auteur n'a pas réussi à me faire aimer le personnage.

Le livre est bon, mais je n'ai pris aucun plaisir à le lire.
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L'oiseau captif

Quelle poésie, quelle délicatesse d’écriture , quel gros coup de cœur pour ce roman de Jasmin Darznik, L'oiseau captif , qui signe là un superbe portrait d’une femme figure du féminisme en Iran, un roman captivant, émouvant qui nous ouvre les portes de ce pays , qui évoque les conditions de vie des femmes dans les années 1040 à 1960, qui montre l’injustice dans laquelle elles évoluaient , enduraient, ce manque d’égalité homme femme, ce manque de liberté.

L’auteur nous conte la biographie romancée de Forough Farrokhzad , poétesse iranienne , qui a vécu dans les années 1930 à Téhéran au sein d'une grande fratrie et d’une famille où les maitres mots étaient rigueur et discipline, une famille dans laquelle les enfants n'appelaient pas leur père "papa"., mais « colonel » Un pays où la police du Sha veillait à l’ordre public .

La jeune Forough s’intéresse très tôt à la poésie persane et se nourrit des recueils que ses frères étudient, eux qui ont la chance extrême d'aller à l'école. Elle, la rebelle qui brave les interdits, révoltée par sa condition qu’exige sa position de fille, compose des rimes . A seize ans, elle épouse son amour de jeunesse, Parviz, pour éviter un scandale. Mais Forough ne tarde pas à déchanter : l'homme qu'elle a épousé n'est pas exactement celui qu'elle imaginait...et elle part en quête de sa liberté qui passera par la poésie, des rimes pour affirmer sa liberté d’être, d’aimer, de ressentir, de vivre , sa liberté d’être une femme , d’avoir des envies, des désirs, du plaisir ... une délivrance par les mots ...

« Quand ma confiance était pendue à la corde souple de la justice

Et que dans toute la ville

On morcelait les cœurs de mes lumières,

Quand l’on fermait les yeux enfantins de mon amour

Avec le bandeau noir de la loi

Et que des temps troublés de mes yeux

Jaillissait le sang

Et que dans ma vie

Il n’y avait rien, rien que le tic-tac de l’horloge

J’ai compris : il faut, il faut, il faut

Que j’aime à la folie » poème de Forough



Comment ne pas tomber sous le charme de cette femme touchante , vibrante, moderne, éprise d d’amour, à qui l’écriture à donner la voie de sa vie, à donner des ailes de liberté et de désir .

Une femme à qui j’ai envie de dédier ses quelques vers

« ...Elle voudrait planer dans l’océan du ciel,

Ange elle-même, suivre un ange Ithuriel,

S’enivrer d’infini, d’amour et de lumière,

Et remonter enfin à la cause première.

Mais, grand Dieu ! quelle main ouvrira sa prison,

Quelle main à son vol livrera l’horizon « Théophile Gautier ( l’oiseau captif )



Forough a trouvé cette main, la sienne , source d’écriture , ivresse de liberté et roman à la magnifique écriture que je ne peux que vous recommandez



Merci aux éditions Stéphane Marsan et à Netgalleyfrance pour cet envoi
Lien : https://www.voyagelivresque...
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L'oiseau captif

C'est le portrait sensible d'une femme en avance sur son temps, la poète iranienne, Forough Farrokhzad (1935 - 1967). Forough est libre dans une société iranienne qui ne permet pas aux femmes de l'être. Elle paiera cher le prix de cette liberté. C'est beau, c'est triste. Le texte de Jasmin Darznik est parsemé de magnifiques poèmes de Forough. Une lecture inoubliable.
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L'oiseau captif

En ce joli mois de mars, se perpétue la journée internationale des droits de la femme et s’ouvre, sur la beauté, le printemps des poètes. L’oiseau captif fait partie des magnificences qu’il faut saisir avant de le laisser s’envoler vers son destin.

Pour dire la femme, pour dire la poésie, pour dire la liberté et pour crier la liberté de la femme poète et iranienne voici venir l’histoire de l’audacieuse, de l’opiniâtre Forough Farrokhzad.

Une maman conventionnelle, obsédée par le rangement et le regard de Dieu ; un père militaire et intransigeant, une haute stature éloignée de ses enfants et de leur éducation, mais un colonel qui parle de poésie persane avec ses amis.

C’est dans ce créneau que va s’insinuer Forough, celui de la création poétique, pour accrocher le regard paternel.

Forough Farrokhzad détonne dans cette société entravée par le carcan des traditions et la soumission féminine. Les rencontres parfois malveillantes, souvent condescendantes et humiliantes, rarement amicales vont la hisser sur le faîte de la notoriété au prix de renoncements inimaginables et douloureux.

Jasmin Darznik agite sa plume avec détermination pour rendre hommage au courage et à la persévérance de la jeune poète. Elle reconstitue avec fougue et inspiration cette chaîne de souffrances et de concessions, cette force d’indépendance farouche, cette créativité poétique nouvelle et audacieuse.



(…)Il est une rue là-bas

Où des garçons qui étaient de moi amoureux, encore

Avec les mêmes cheveux en bataille, leurs cous graciles

et leurs jambes grêles,

Pensent aux sourires innocents d'une fillette qu'une nuit

le vent a emportée avec lui.

Il est une ruelle

Que mon cœur a volée aux quartiers de mon enfance. (…)



Une biographie romancée avec élégance, une écriture magnétique qui ravira même les réfractaires à la poésie.



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L'oiseau captif

Je ne sais pas si vous avez déjà entendu parler de Forough Farrokhzad. En ce qui me concerne, je ne connaissais rien de cette poétesse iranienne avant de dévorer "l'oiseau captif" de Jasmin Darznic.





Forrougn Farrokhazad est née en 1934 à Téhéran dans une famille où l'on ne plaisante pas avec la discipline. Pour s'évader, elle écrit des poèmes et se cultive en cachette de son père. A seize ans, elle est contrainte de se marier après avoir flirté avec un jeune homme. Son mariage est un désastre. La jeune femme est trop avide de liberté pour se laisser enfermer dans une vie familiale classique. Pour gagner sa liberté, elle quitte son mari et doit laisser derrière elle son enfant. Ses poèmes, très osés pour l'époque, lui valent des tas d'ennuis dont un séjour musclé dans un hôpital psychiatrique. Grâce à sa détermination, elle parviendra toutefois à atteindre l'accomplissement personnel auquel elle aspire. Dans un pays où les femmes sont écrasées par le poids de la religion, Fourough va écrire, réaliser des documentaires... sans jamais plier sous la menace.





J'ai accueilli cette biographie romancée avec beaucoup d'enthousiasme. La lecture est fluide et bien rythmée. Jasmin Darznic s'est glissée dans la peau de la poétesse. Son style est tout à fait en phase avec la poésie de Forrough Farrokhazad, que nous découvrons au travers d'extraits, tout au long du roman.



Un aperçu du style de l'auteure :



-Dieu est partout, me dit un jour ma mère alors que je n’étais encore qu’une fillette.

Plissant des yeux , elle me cloua du regard et ajouta:

-Il est partout, il voit tout ce que tu fais.

Bien qu’elle ne fût pas voilée, sa vie serait toujours un tapis de prière devant l’autel de la peur.



Un aperçu de la poésie de Forrough Farrokhazad :



"Je suis l'oiseau, cet oiseau qui depuis longtemps

Songe à prendre son envol

Mon chant s'est fait plainte dans ma poitrine serrée

Et dans les désirs, ma vie a reflué



Viens, ouvre la porte, que je m'envole

Vers le ciel limpide du poème

Si tu me laisses m'envoler

Je me ferai rose à la roseraie du poème



Mais ô homme, homme égoïste

Ne dis pas c'est une honte, que mon poème est honteux

Pour ceux dont le cœur est enfiévré, le sais-tu,

L'espace de cette cage est étroite, si étroite ?"









Je me suis passionnée pour ce destin hors norme, impressionnée par la modernité et le courage de cette femme. En arrière-plan, le contexte historique joue bien-entendu un rôle important. Le hasard (ou pas ?) fait que l'Iran revient régulièrement dans mes lectures en ce moment. Mes précédentes lectures couvraient la période allant de 1960 à nos jours alors que celui-ci commence en 1935 pour finir en 1960. Mes différentes lectures se complètent donc.





Un très beau roman et mon premier coup de cœur de l'année
Lien : http://www.sylire.com/2019/0..
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L'oiseau captif

Comment vivre libre, lorsqu'on est un oiseau captif? Comment s'épanouir dans son art quand on est une femme iranienne? Même à l'époque de modernisation du pays, sous le règne du Shah, cela paraît impossible. Forough Farrokhzad y est pourtant parvenue, mais à quel prix...



Jasmin Darznik, née à Téhéran et vivant aux Etats-Unis, dans un narration à la première personne, nous fait entrer dans l'intimité de cette femme poète au destin courageux, déchirant et symbolique du désir de libération des femmes de son pays, toujours en proie aux archaïsmes, au patriarcat exacerbé, à la religion sectaire.



Forough, dont le prénom signifie " halo de lumière" était pourtant vouée à mener une vie sombre, retranchée, au service de sa belle-famille, une fois mariée et mère. Elle, la rebelle dès l'enfance, qui ne comprenait pas pourquoi ses frères pouvaient jouer dans la rue et pas elle, pensait échapper à ce parcours féminin cruel et humiliant , en épousant à 16 ans son cousin, dont elle est très amoureuse. Mais elle déchante vite, prisonnière , en dépit de son caractère fort, des traditions, et c'est la poésie qui la sauve du désespoir, cette poésie qu'elle écrit depuis l'âge de 11 ans.



Elle envoie ses poèmes à des éditeurs et commence à être publiée dans des revues, malgré le mépris masculin. Vue comme une femme dépravée osant parler du désir féminin, elle sejournera de force dans une cilnique psychiatrique, et surtout elle sera contrainte de divorcer et douleur inouïe, d'être séparée de son fils, dont son mari aura la garde absolue...Elle s'initiera également au cinéma et réalisera un film. Elle jouera aussi. Quels talents artistiques!



L'auteure nous la rend terriblement vivante, son écriture est sensible, inspirée, entrecoupée des magnifiques poèmes de Forough Farrokhzad, tourmentés souvent et vibrants, sensuels:



" Dans cette retraite sombre et sans voix

Dévastée à ses côtés je m'asseyais

Ses lèvres ont versé sur mes lèvres la tentation

Me délivrant de la tristesse d'un coeur fou."



( extrait du " Péché")



Un destin fascinant , foudroyé trop tôt, conté avec beaucoup d'empathie et de passion. Que nous partageons. A lire!







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L'oiseau captif

Je viens de découvrir une des grandes poètes d'Iran:

Forough Farrokhzad. Née en 1935,cette femme, issue d'une famille dont le père était un haut gradé militaire, écrit de la poésie afin de se libérer du joug des traditions ...



"L'oiseau Captif" roman biographique de Jasmin Darznik, raconte la vie de cette grande féministe (avant l'heure) poète iranienne.



Je vous le recommande, facile à lire, passionnant, et très instructif.

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L'oiseau captif

Un vrai coup de coeur !

Très belle histoire sur la vie d'une poétesse iranienne que je ne connaissais pas. Peu importe si tous les évènements relatés dans le livre ne soient pas l'exacte vérité, je pense que le plus important est que l'auteure ait réussi à transmettre ce qui devait constituer l'âme de son travail et de son existence.

Un esprit rebelle et passionné qui ne parvint finalement à trouver sa liberté que dans la mort.

Je pense donc que suite à ce livre, je vais me procurer un recueil de ses poèmes.
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L'oiseau captif

Forough Farrokhzad est une poétesse iranienne. Née à Téhéran en 1935, elle y grandit auprès de ses frères et soeurs, d'une mère soumise et d'un père autoritaire. D'un esprit curieux, elle va rechercher par elle-même, le savoir que sa condition de fille lui interdit dans son pays et commence très jeune à écrire des poèmes.

Mais les premiers émois amoureux, les rendez-vous clandestins brutalement découverts. Un mariage est rapidement organisé. On assiste dans les premières pages à une scène des plus violentes, qui aura des conséquences.

Roman écrit à la première personne, nous vivons les événements tels que l'auteur imagine que Forough Farrokhzad les a vécu.

Un roman qui nous dépeint avec précision un pays en plein bouleversement et aide à comprendre un peu mieux les événements qui suivront : la révolution .

Il se dégage le portrait d'une femme en quête de liberté et d'émancipation. Les quelques poèmes qui illustrent l'histoire me donnent envie d'en lire d'autres.
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L'oiseau captif

Je me suis procurée ce livre lors d'une grossop de Bragelonne, forte des critiques élogieuses. Ce titre est ressorti par hasard, ayant décidé un soir de lire un livre de ma liseuse qui ne me disait absolument plus rien….

« L'oiseau Captif » de Jasmin Darznik est une biographie romancée de Forough Farrokhzad, poétesse scandaleuse, féministe dans l'Iran des années 60.

Forough Farrokhzad est née dans un milieu privilégié de Téhéran. Son père est militaire, proche du Shah qui pousse son pays dans le modernisme occidental. Très tôt, la petite fille developpe un sentiment d'injustice face aux libertés accordées à ses frères. Sa condition féminine, son désir de liberté alimentera son envie d'écrire. La poésie persane l'enchante, elle concrétise ses envies par l'écriture de rimes. Adolescente, elle arrive à publier dans un petit quotidien. Mais la société iranienne de cette époque n'est pas indulgente, les femmes doivent être de bonnes épouses, de bonnes mères. Pour une jeune fille, étudier est une futilité et exercer une profession presque impossible. Mariée à 16 ans pour réprimer son caractère rebelle, elle rêve pourtant de liberté et de mener la vie qu'elle désire.

Forough est un personnage complexe dont les écrits, très modernes, montrent de la personnalité et du talent, mais aussi des rêves brisés et un côté sulfureux. Avec ses poèmes qui magnifient l'amour, pas toujours légitime, elle bouscule la tradition, heurte les iraniens et brave les interdits.

Forough Farrokhzad est décédée à l'âge de 32 ans d'un accident de voiture. "L'Oiseau Captif" est un livre à découvrir, merci à Jasmin Darznik pour cet hommage.

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L'oiseau captif

Jasmin Darznik nous livre un récit passionnant, elle met en scène la vie de la poétesse iranienne Forough Farrokhzad.

L'histoire se passe sous le règne du Shah Mohammad Reza Pahlavi dans le Téhéran des années 1930-1960.

D'une écriture alerte, fine et raffinée Jasmin Darznik nous révèle la vie de Forough. Dès l'enfance Forough est une petite fille révoltée et turbulente et ressent toute l'injustice de sa condition féminine. Dans cette société peu permissive, sa liberté est réduite à la maison familiale et à l'enceinte du jardin. Elle rêve de découvrir le monde, de continuer ses études mais cet espace est réservé à ses frères !

Son père, militaire proche du Shah, est sévère et autoritaire, il est craint par toute la famille mais Forough va découvrir à ses côtés les grands poètes persans et rêver de les imiter. Très tôt elle écrit ses premiers poèmes.

Intrépide elle fait le mur et brave tous les interdits. Pour éviter un scandale son père la marie très tôt, à 16 ans. Son mariage sera un échec. Dès lors elle décide de prendre sa vie en main.

Jasmin Darznik nous livre un récit-fiction émouvant et très fort ; ce récit est le résultat de sa « rencontre-passion » avec l'oeuvre de Forough Farrokhzad, des vers terriblement libres et nouveaux, une poésie vraie, vibrante d'émotions.

Forough Farrokhzad paiera cher d'avoir oser écrire des vers sur le désir féminin en laissant libre court à une grande sensualité. Elle sera enfermée dans un hôpital psychiatrique sur ordre même de son père.

« …J'ai vu son oeil plein de secrets Dans ma poitrine, mon coeur frémit aux prières de son regard avide.

…Dans son oreille je racontai l'histoire d'aimer Je te veux, ô ma substance, je te veux, ô mon étreinte qui me ranime. Je te veux mon amour fou.

de désir sa prunelle alors s'est embrasée le rouge du vin a dansé dans la coupe Mon corps au creux de ses doux draps

Contre son corps ivre a tremblé. »



Toute sa vie sera jalonnée de difficultés, divorcée, elle sera aussi privée de son fils, elle connaitra le grand amour mais restera l'irrégulière et enfin elle enchainera les scandales dans une société archaïque. Et pourtant dans les années 60 elle devient, dans son pays, une figure du féminisme, femme courage et fidèle à ses convictions. Forough Farrokhzad est décédé en 1967

« Un poème pour toi » (A mon fils Kâmyâr, en attendant les jours à venir)



A la grève de la bonne réputation, j'ai fait naufrage en mon coeur gît une étoile orageuse.

L'endroit où s'enflamme ma colère est hélas l'espace obscur d'une prison.



J'ai posé mon front douloureux

Contre une porte sombre J'y frotte mes doigts,

Osseux et froids.



Elle n'est guère aisée, La lutte contre la perfidie

Ma ville et la tienne, mon doux enfant,

Sont depuis longtemps le nid de Satan.

Un jour viendra où tes yeux se brouilleront A l'écoute de ce chant douloureux.

Tu me chercheras dans mes mots Et tu te diras : ma mère fut ainsi."

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L'oiseau captif

Raconté à la première personne, on a l'impression de lire l'autobiographie de la poétesse iranienne Forough Farrokhzad, un père colonel qui terrorise ses enfants mais récite de la poésie le soir avec ses amis, un mariage d'amour à 16 ans avec le cousin poète Parviz qu'elle quitte à 18 ans pour une aventure sentimentale avec un éditeur qui la manipule, fureur du colonel qui l'enferme dans l'enfer d'un asile psychiatrique dont la sauvera la princesse déchue Leila mais un accident mettra fin à ses jours à 32 ans.



Très bien, trop bien romancé par Jasmin Darznik, la crédibilité en a pris un coup bien que cette vie sulfureuse, inconcevable aujourd'hui en Iran, fut possible en 1930 du temps du Shah.



L'auteur souligne le machisme, la montée des intégristes et rend hommage au courage de Forough mais j'ai peu de compassion pour celle qui abandonne son fils et son mari et construit sa carrière en séduisant des hommes mariés.

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L'oiseau captif

J'ai lu beaucoup de romans qui se rapportent aux conditions de vie des femmes dans les pays du moyen-orient.



L'originalité de l'oiseau captif réside dans le lieu et l'époque à laquelle l'histoire a lieu. Nous sommes en Iran, avant la révolution islamique. Le décalage entre une société traditionnelle et la volonté d'ouverture prônée par le shah est très bien révélé par les aspirations d'indépendance de Forough. Par ses poèmes sur le sentiment amoureux, le désir et l'amour charnel, elle va bousculer une société qui n'est pas encore prête à accepter ces écrits sous la plume d'une femme.



Cette biographie romancée d'une femme en avance sur son époque m'a conquis.
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L'oiseau captif

Le titre de cette biographie provient du poème « La Captive ». L'autrice, dont la famille a quitté l'Iran à la fin des années 70, avant l'avènement de l'iman Khomeiny, raconte avec sensibilité une biographie romancée de Forough Farrokhzad, poète iranienne contemporaine (1935-1967). Elle emprunte le « je » afin de créer une intimité avec la poétesse à la manière d'un fantôme surgissant d'outre-tombe. Elle prend à témoin le lecteur grâce à une narration sobre et parfois dramatique. On explore les lieux, les villes dans lesquels résonnent les échos audacieux d'une voix féminine. Forough Farrokhzad défie tous les conformismes. Elle nait à Téhéran en 1935 d'un père colonel de l'armée, sous le règne des Pahlavi. Elle grandit entre ses frères et sa sœur à Amiriyeh. Malgré les principes et coutumes régissant la vie des filles et femmes iraniennes, elle se rend compte qu'elle vit dans un pays occupé. Les ressources, surtout le pétrole, sont accaparées par les occidentaux. Vivant dans un cocon, elle s'évade grâce à la bibliothèque de son père. Elle découvre la poésie. Elle sent qu'il y a quelque chose-là qui bat comme un invisible coeur. Son indépendance se forge comme une passion à apprivoiser. Elle est envahie d'émotions réprimées qu'elle exprime dans sa poésie. Elle épouse son cousin Parviz. Ils ont un fils. Pourtant, elle se sent à l'étroit. Elle rêve de liberté. C'est en femme moderne qu'elle s'affranchit de traditions archaïques. Elle existe grâce à sa poésie, qui malgré les contraintes liées à sa conditions et à la censure est publiée. A cause de tabous culturels, elle est enfermée dans une clinique psychiatrique dont elle parvient à s'extraire. Une certaine ouverture lui permet d'expérimenter la photographie et grâce à ses talents, elle se lance dans le cinéma. Elle y obtient une reconnaissance internationale. Vivante, elle a un appétit féroce. Elle souffre, malgré tout dans son intimité. Elle meurt à 32 ans sur une route enneigée.

C'est une histoire profondément humaine que nous conte Jasmin Darznik.

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L'oiseau captif

Découverte totale et sur bien des plans !



Celle de la vie de Forough Farrokhzad, poète iranienne, qui refuse le rôle traditionnellement dévolu aux femmes, le silence et la discrétion qu'on leur impose. Une femme libre dont on suit les choix et ce qu'il lui en coûte.



Celle de ses poèmes qui parsèment le livre au fil des pages. A travers ses mots et son art, elle ose exprimer ce qu'aucune femme n'a même le droit de ressentir dans l'Iran des années 50-60.



Celle de la société iranienne de cette époque, avec en toile de fond le règne du Shah, les puits de pétrole, la répression de l'opposition, l'Occident qui cherche à garder son emprise.



Une biographie romancée, racontée à la première personne, qui redonne sa voix à une poétesse méconnue aujourd'hui.

Un texte fort et sensible, traversé par une vraie présence !
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L'oiseau captif

Là où romance et réalité s'entremêlent avec délicatesse et fracas à la fois. Un destin singulier dans un pays en proie aux douleurs indescriptibles et lancinantes.



L'auteure s'est plongée dans les poèmes de Forough et dans le peu d'écrits relatant sa vie pour nous offrir un roman magnifique ponctué de détails captivants et de rencontres impétueuses.

Une poétesse hors pair, une femme rompue aux combats et destinée à une vie courte et intense, surtout indispensable à un peuple iranien en souffrance et en lutte pérpetuelle contre son gouvernement partagé entre désir d'évolution et respect de sa tradition. Un peuple qui a fait de Forough Farrokhzad une icône incontournable de la culture iranienne et persane.



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L'oiseau captif

Entre histoire et fiction, Jasmin Darznik nous conte la vie courte, intense et farouchement déterminée de Forough Farrokhzad : poétesse iranienne qui a avancé coûte que coûte pour affirmer son oeuvre poétique, certains diront féministe, je dirai son oeuvre poétique tout court. On peut imaginer la détermination et la force de cette femme inspirante : osant, bravant tous les interdits dès sa plus tendre enfance ..pour vivre.
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L'oiseau captif

Sorti de ma PAL dans le cadre du challenge facebook Degomme ta PAL d'avril 2024, rubrique "un nom de fleur comme prénom ou nom de l'auteur.e", ce roman m'avait été présenté au Bookclub : l'éloge fait de l'écriture et de l'histoire m'avait incité à en faire l'achat à l'occasion.

Bonne pioche !

L'écriture est effectivement très fluide, de qualité et prenante, si bien que je l'ai quasiment lu d'une traite, en une grosse journée.

C'est une plongée dans le monde des femmes de l'Iran des années 1950-1960, à une époque carrefour, où modernité et traditions rivalisent, en particulier dans les Arts et la société. L'héroïne a réellement existé et 'L'autrice a fait de nombreuses recherches pour écrire ce récit à la première personne que j'ai trouvé parfaitement crédible. Pas de féminisme exacerbé mais une âme rebelle qui cherche sa place et à être reconnue simplement comme un être humain, avec des sentiments et un libre arbitre.

J'ai trouvé l'héroïne touchante, sans être tout à fait sympathique, et surtout très courageuse, car elle a traversé de nombreuses épreuves

Son destin hélas tragique semble aux yeux des uns montrer que ces actes devaient être punis, mais pour l'autrice il faut y chercher une autre main.

Excellent texte et personnage à connaître !

Merci @Jeanne-Elise Fontaine pour ce titre !
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Thème : L'étrange cas du Dr Jekyll et de M. Hyde de Robert Louis StevensonCréer un quiz sur cet auteur

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