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Critiques de Jean Cagnard (12)
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L'escalier de Jack



Un texte au style insolite qui en son noyau central parle des classes laborieuses, de ceux de l'échelle du "bas"..tout en bas !!



Un ouvrage qui fait songer au célèbre "Travaux " de Georges Navel... autodidacte ayant exercé tous les métiers possibles... dans un style plus coloré, tour à tour argotique, poétique ou caustique !

Un style piquant... cru mais qui subitement nous offre de magnifiques envolées lyriques... Un texte hors normes... dans une forme franchement inhabituelle....

Notre narrateur rencontre sur son chemin le bonheur des Livres, de la Littérature, qui lui font oublier ses emplois de misère... qui se succèdent entre la terre, le bâtiment et l'usine...



Et notre narrateur ne veut pas rentrer dans le jeu social:

" A force d'exceller dans les arts premiers, vous comprenez qu'il vous sera plus difficile de rester fidèle au salaire minimum interprofessionnel de croissance, à qui vous vouez un attachement archaïque. Des augmentations vous pendent au nez ! Des promotions ! des fulgurances ! Tout ça pue le plan de carrière!

Mon Dieu, vous êtes un ouvrier, pas un Judas" (p. 87)



"Que craignez-vous ? Vous vous ne rapprocherez pas des casses aisées par votre travail. Ca se saurait. inutile de vous alarmer. Votre cuirasse sociale ne prendra pas l'eau parce que vous vous ouvrez à une nouvelle façon de rentabiliser vos forces. Pas de panique. vous resterez à votre place.

Personne ne viendra vous déloger d'où vous êtes.

Vous ne trahirez personne. Votre échelle ne possède qu'un barreau. Celui du bas" (p. 92)



Il est question de la valeur du travail... de l'usure qu'il entraîne... que l'on soit en bas ou en haut de l'échelle. Dans ce récit, il ne s'agit que ...du bas...où notre narrateur a décidé de rester... car il se refuse à rentrer dans la cruelle danse des classes sociales... du pouvoir , de l'exploitation des autres...



Heureusement dans cette succession d'emplois physiques et abêtissants, notre narrateur rencontre des femmes et surtout les livres... et c'est l'ultime bouffée d'oxygène qui lui permet de s'échapper, de retrouver magie de vivre et de s'évader....AILLEURS...



"Enfin vous replacez un livre dans la bibliothèque c'est l'Attrape-cœurs- de

J.D. Salinger.

Il vous en reste comme un martèlement intime.

comme beaucoup de ces livres qui sont sous vos yeux.

ce ne sont que quelques centimètres d'épaisseur de papier mais c'est comme

si vous refermiez le monde lui-même" ( p. 147)



Un texte jubilatoire et OVNI, tellement le style et la narration sont percutantes et atypiques... j'imagine aisément que l'on peut détester comme adorer... tant l'ensemble du roman est original et déroutant, parfois ! Peu importe... cela vaut le détour !!

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Animaux extraordinaires

Sans doute que la 4 eme de couverture éclaire un peu ce que veut dire cet auteur avec cette pièce. Je n'aurais sans doute pas vu dans la crémation de la mère une métaphore du réchauffement climatique.

Un homme soliloque autour de la mort de sa mère. Elle est partie seule malgré ses sept enfants. le père n' a pas voulu de leur présence.

Les phrases sont un peu comme un uppercut, le père les a écartés de la cérémonie d'adieu. Où mettre les larmes?

"Des sept enfants

Il n'était pas fait mention

Les sept enfants n'ont pas existé.

Soixante-cinq ans de vie commune

Sept enfants et pas d'enfant."

Souvenirs et réflexions autour de cette vie familiale, l'homme parle de sa mère " Je raconte quand tu es morte" Car soudain une silhouette apparait, c'est la mère. Le dialogue s'envenime un peu. la mère raconte, très largement sa crémation et le royaume des morts.

Tout va mal et l'auteur ne fait rien pour nous rassurer. Tragédie murmurée d'une vie de couple avec l'enfant qui ne sait pas devenir adulte, qui a aime ses parents, puis un peu moins et les a un peu oubliés.

L'écriture nous entraîne dans son univers, fait de quelques récits de cette enfance avec une mère passive et un père tout puissant.

Un dialogue irréel, subtil et dérangeant autour de ces animaux extraordinaires que sont les parents. Avec des temps de silence...

Dérangeant ? Oui sans doute. Un deuil étrange, qui nous questionne puisque la vie c'est la mort.





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L'escalier de Jack

Quand vous étiez enfant, peut-être avez-vous fait des petits boulots pour gagner un peu d’argent, d’abord des choses simples, un coup de main par-ci par-là, puis d’autres tâches plus élaborées au fur et à mesure que vous gagniez en âge et en maturité. C’est en tout cas ce qu’a fait Jack, le héros de ce roman, qui n’a cessé de travailler, passant d’un emploi à un autre et ne ménageant pas sa peine.



Il égrène ses souvenirs au fil de cours chapitres en s’adressant au lecteur avec un « vous » qui d’emblée nous porte à nous mettre à sa place, et nous le suivons depuis son jeune âge jusqu’à ce qu’il devienne adulte. Et il faut dire qu’il en a fait, des boulots différents, ce Jack ! Que ce soit vendre des objets en pâte à modeler pour le curé, récupérer de la ferraille, transporter des déchets dans la remorque attelée à son vélo, ou bien plus tard travailler à l’usine en face de chez lui, celle où son père a toujours œuvré, ramasser des salades ou des fraises, porter des cageots ou assembler des circuits électriques avec des copains. Tout y passe et le lecteur jubile de le suivre sur un marché du travail saturé où les agences d’intérim et les patrons n’en font qu’à leur guise, mais où Jack, toujours, met tout son cœur dans son emploi du moment.



Car oui, il est courageux et ne rechigne pas à la tâche à accomplir. Parfois cependant, il prend sa guitare et la route, quitte sa Normandie natale et vit de l’air du temps (et d’un peu de fumée), s’arrêtant là où on lui propose un emploi, mais ne se fixant jamais, passant continuellement d’un job à un autre, finalement complètement instable et immature…



Une immaturité qui désespère ses parents qui voudraient le voir se fixer et avoir enfin « un vrai travail » et qui crée bientôt entre eux un fossé qui ne cessera de s’agrandir au fil des années. Il deviendra bien chef d’équipe mais ne trouve pas vraiment intéressant de gagner plus et retournera aussi vite à des boulots de moindre envergure. Ce qui le nourrit ? Quelques livres dans lesquels il a d’abord grappillé sans conviction et qui finalement lui sont devenus indispensables : Des souris et des hommes, Le désert des Tartares, Le vieil homme et la mer, des romans qui parlent de liberté, de folie, d’opiniâtreté...



L’escalier de Jack, c’est cela, ces marches montées une à une sous le soleil, mais qu’on peut aussi dévaler en leur disant au revoir, à chacune d’entre elles. Ces boulots successifs qui ne se ressemblent pas, mais qui tous ont un point commun : le fait qu’il ne s’attache pas, qu’il ne s’investisse pas, et puis ce dernier boulot, une fois qu’il aura rencontré une fille qui lui donnera un livre à lire : "Votre trente-sixième boulot sera poète."



Voici donc un roman très original et décalé, totalement jubilatoire, même si on peut regretter que les énumérations des boulots de Jack soient parfois un peu longues, bien que l’auteur mette un humour mordant dans chaque description. Il décrit la précarité et la fatigue du travailleur, la stupidité de certains boulots mais ne tente pas d’entrer dans des explications psychologiques qui ne s’avèrent pas nécessaires. On comprend bien en lisant le parcours de Jack ce que peut être la vie quotidienne de ceux qui font des petits boulots dont on se dit qu’ils sont vraiment peu gratifiants. Mais Jack s’en fiche, il veut vivre libre, lire ce qu’il a envie et parfois s’endormir contre un corps chaud et accueillant. Il veut juste vivre sans entrave et pour cela, on l’aime, ce Jack !






Lien : http://liliba.canalblog.com/..
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Le Menhir

Chez Cagnard, ça commence toujours de manière très simple et très pragmatique pour finir en délire surréaliste .En gros, un fils retourne chez sa mère planter sa tente dans le jardin. Pour faire quoi ? De l'art ? Le père est absent mais il est contre. De joute verbale en dispersion de produits toxiques, la machine théâtro-marionnettique se met en branle. Les corps se démembrent, le fils brûle. Le frère du fils devient un chien. Le propos politique de délocalisation et d'anti-bio ressurgit par notes poétiques. Le délire finale retourne à la terre. Et après ? Advienne que pourrave...
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L'escalier de Jack

Anti-héros par essence, le narrateur accumule petits boulots après petits boulots. Tout commence dans son enfance à la fin des années 1960, lorsqu’un curé lui achète des moulages en plâtre. Viendront par la suite le travail dans des écuries, des conserveries de poissons, une usine de ciment, dans les champs à ramasser des tombereaux de légumes. Tout travail rémunéré au smic, sans trop de responsabilités, est bon à prendre car il est aussi synonyme de liberté. Celle de partir quand et là où l’on veut, à l’image d’un Kerouac cheminant quelque part du côté de la Normandie. Mais cet enchaînement, pourtant sans failles, se passe sous le regard désapprobateur de la famille, spécialement du père qui ne peut pardonner son fils d’avoir trahi sa condition ouvrière. La découverte de livres, Steinbeck et Melville en particulier, puis de l’amour apporteront alors au narrateur un souffle et une dimension nouvelle à son existence.

Roman initiatique, d’apprentissage porté par une voix tout singulière qui emporte dès la première page grâce à l’usage de la deuxième personne du pluriel. Un « vous » qui interpelle le lecteur autant qu’il met de distance avec l’auteur, histoire de ne pas tomber dans un sentimentalisme de mauvais aloi. Mais cela ne trompe personne, on perçoit évidement l’humaniste qui se dissimule derrière l’ironie, l’humour noir et le ton décapant. On pense alors au « Combat ordinaire » de Manu Larcenet. Jean Cagnard possède un sens indéniable de la litote pour porter une charge redoutable sur la valeur travail et le système capitaliste. Styliste pointu, il passe de façon assez hallucinante de la prose à la poésie pour exprimer l’absurdité du service militaire ou décrire les obsèques de son père.

Malgré quelques longueurs, cet ovni littéraire est à mettre entre toutes les mains.

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Grosses joies

Un homme qui ne parvient pas à s’extraire du domicile de son frère malgré tous les efforts que ce dernier entreprend à cet effet. Deux voisins qui vivent l’épreuve de la séparation, chacun à leur façon. Un père qui part à la pêche avec ses parents pour faire découvrir à son fils combien ces heures sont de « grosses joies » qui cristallisent pour longtemps des pans entiers de mémoire…



« Grosses joies » est un recueil composé de 12 nouvelles dont les titres viennent d’emblée renseigner sur le ton et le style décalés de l’auteur, Jean Cagnard : « Une tasse de café sur une aile d’avion » ou « Flaque de beurre, rabot électrique » pour ne prendre que deux exemples. La quatrième de couverture donne quelques indications sur l’auteur : « Né en 1955, Jean Cagnard grandit à proximité de la mer et d’une usine de métallurgie. Il enchaîne les chantiers de maçonnerie et les phases d’écriture avant de devenir homme de théâtre et écrivain ».

L’univers de l’auteur est atypique, décalé, fascinant par l’imaginaire dans lequel il nous entraîne. Le style est extraordinaire, en lisière du réel, venant le magnifier par un art subtil qui consiste à faire se côtoyer des mots qui, d’habitude, n’ont pas coutume de voyager main dans la main : est-ce cela l’art du poète ? Dans chaque nouvelle, de façon plus ou moins insidieuse, le surnaturel fait son apparition, souvent par le biais des animaux, les chiens en premier lieu. Tantôt ils se parent de bleu ou de vert, tantôt un voisin se distingue par sa façon de museler définitivement un clébard importun d’un coup de pelle démonstratif, …, mais ils sont toujours en toile de fond de chaque intrigue. L’humour n’est pas en reste, noir, jaune ou pince-sans-rire.

Pour peu qu’on accepte d’entrer dans cet univers décalé, empli de fantastique, on passera sans conteste un moment extraordinaire, teinté de « grosses joies » qui resteront solidement ancrées.
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L'escalier de Jack

jubilatoire
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Grosses joies

Encore une tentation du Salon du Livre Paris. Sur le stand des Editions Gaïa cette fois-ci.



Des nouvelles qui s’ancrent dans la réalité avant de nous amener dans un espace-temps différent, nous ouvrent sur un monde de poésie.



Des nouvelles qui se répondent l’une l’autre dans les petits détails.



Une lecture agréable pleine de surprises.



L’image que je retiendrai :



Celle du chien, pas toujours le même, présent dans presque chaque nouvelle.
Lien : https://alexmotamots.fr/gros..
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L'entonnoir

Précair perd son travail et un bras tombe. Il faut deux mains pour être boulanger. Précair perd ses jambes quand sa femme le quitte. Puis Précair perd la tête, se déshumanise et semble être devenu un vrai chien. Parabole loufoque et métaphorique sur la société du travail, avec ses ‘gentils monsieurs’ qui aident mais pas vraiment. Ce qui avait pris les allures d’une fable bien campée, bien séquencée, malgré l’absurde des situations, sombre dans un grand foutoir sans queue ni tête, un trou noir en quelque sorte.
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L'escalier de Jack

Voilà un livre dans lequel on se sent, mais oui mais oui, vraiment très bien. C’est assez rare, alors on le souligne. Sans doute ce “Vous” derrière lequel se dissimule Jean Cagnard, qui ouvre ainsi grand la porte de son récit au lecteur, mais aussi par la lumière et la poésie qui s’en dégage.



Lire la suite sur mon site : http://chroniques.annev-blog.fr/2012/10/chronique-livre-lescalier-de-jack/
Lien : http://chroniques.annev-blog..
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Plancher japonais

C'est quand même long de se chercher, le livre aussi
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La distance qui nous sépare du prochain poème

Texte poétique pour la scène.



Ce voyage métaphorique en six tableaux - La distance, Le bord, Le passage, L’autre bord, La nuque, Le chemin- est une traversée poétique, à la fois sérieuse et humoristique, entre réel et imaginaire, de la vie.



Il suffit de se laisser porter par les mots pour suivre ce chemin de vie tout en poésie et en légèreté.





La distance qui nous sépare.... (bande annonce)
Lien : http://vimeo.com/49643122
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