Un homme qui ne parvient pas à s'extraire du domicile de son frère malgré tous les efforts que ce dernier entreprend à cet effet. Deux voisins qui vivent l'épreuve de la séparation, chacun à leur façon. Un père qui part à la pêche avec ses parents pour faire découvrir à son fils combien ces heures sont de «
grosses joies » qui cristallisent pour longtemps des pans entiers de mémoire…
«
Grosses joies » est un recueil composé de 12 nouvelles dont les titres viennent d'emblée renseigner sur le ton et le style décalés de l'auteur,
Jean Cagnard : « Une tasse de café sur une aile d'avion » ou « Flaque de beurre, rabot électrique » pour ne prendre que deux exemples. La quatrième de couverture donne quelques indications sur l'auteur : « Né en 1955,
Jean Cagnard grandit à proximité de la mer et d'une usine de métallurgie. Il enchaîne les chantiers de maçonnerie et les phases d'écriture avant de devenir homme de théâtre et écrivain ».
L'univers de l'auteur est atypique, décalé, fascinant par l'imaginaire dans lequel il nous entraîne. le style est extraordinaire, en lisière du réel, venant le magnifier par un art subtil qui consiste à faire se côtoyer des mots qui, d'habitude, n'ont pas coutume de voyager main dans la main : est-ce cela l'art du poète ? Dans chaque nouvelle, de façon plus ou moins insidieuse, le surnaturel fait son apparition, souvent par le biais des animaux, les chiens en premier lieu. Tantôt ils se parent de bleu ou de vert, tantôt un voisin se distingue par sa façon de museler définitivement un clébard importun d'un coup de pelle démonstratif, …, mais ils sont toujours en toile de fond de chaque intrigue. L'humour n'est pas en reste, noir, jaune ou pince-sans-rire.
Pour peu qu'on accepte d'entrer dans cet univers décalé, empli de fantastique, on passera sans conteste un moment extraordinaire, teinté de «
grosses joies » qui resteront solidement ancrées.