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Citations de Jean-François Solnon (43)


Convaincre rois et princes que le plus grand péril était à l’est, persuader que nul ne pourrait y échapper, décourager le défaitisme, refuser de céder à la tentation des compromissions, encourager les initiatives, telle fut la mission que le pape confia à ses légats. A cette fin, tous les artifices de la rhétorique furent mobilisés et adaptés au public visé. Pour les plus cultivés de leurs interlocuteurs le recours à la mythologie touchait juste : « Devons-nous être satisfaits, comme Ulysse dans la fable de Polyphème, d’être mangés les derniers ? »
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Le Turc n’était pas seulement un ennemi jamais rassasié de conquêtes, il était « l’ennemi perpétuel de la sainte foi catholique », comme l’écrira plus tard Charles Quint. Le combattre était le devoir de tout chrétien, car c’était un combat pour Dieu et au nom de Dieu. Mourir sous les coups des infidèles avait valeur de martyre et préparait la voie à la sanctification.
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Il est, dans l’histoire du monde, des peuples que l’on qualifie d’ennemis héréditaires, à jamais irréconciliables, dressés en permanence les uns contre les autres dans des guerres éternellement recommencées. Il est aussi des empires jamais rassasiés de conquêtes, en lutte constante avec des Etats proches pour s’agrandir jusqu’aux limites, souvent franchies, de l’explosion. Les prodigieuses épopées d’Alexandre le Grand, de Gengis Khan ou de Napoléon ont imposé l’image de ces puissances – qu’elles soient monarchies, empires ou tyrannies – préoccupées de dilater à l’infini leur espace, rebelles à l’idée d’une coexistence pacifique avec d’inévitables voisins.
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La cour est une noria. Ses effectifs se renouvellent sans cesse. Elle accueille les nobles visiteurs qui, résidant en province, ne dédaignent pas occasionnellement de faire visite au roi, tenir, plusieurs jours ou quelques semaines, compagnie à leur souverain. Lorsque la cour se déplace, ses résidences temporaires sont, l'espace d'une étape, le rendez-vous des seigneurs du voisinage. Certains la rejoignent en curieux, d'autres en solliciteurs.
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L'attraction de la cour est sélective. Ceux qui succombent à son charme ne la fréquentent que par intermittence. Le train de pareille cour varie, gonfle ou se contracte au gré des circonstances. Les grands officiers en forment le noyau : ils ne quittent guère le souverain. En revanche, la plupart des fonctions auliques ne sont pas exercées continûment. Leurs titulaires servent par quartiers, c'est-à-dire trois mois dans l'année. Les gentilshommes affectionnent ce service partiel. Il leur permet, toutes obligations remplies, de retrouver manoir familial et affaires domestiques, de gérer leurs domaines,renouer avec les préoccupations du gentilhomme campagnard.
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La cour est tout en contrastes. Elle ne se réduit pas à la seule noblesse. Des offices sont réservés au second ordre, d'autres sont ouverts aux roturiers et font la joie et l'orgueil de riches bourgeois et de coqs de paroisse. Certaines charges anoblissent, d'autres pas. La qualification, seulement honorifique, d'écuyer attribuée aux commensaux de la deuxième classe suffit à satisfaire bien des vanités. Mais les privilèges fiscaux attachés aux fonctions de cette catégorie – exemption de taille, guet et garde, logement des gens de guerre... – ne laissent pas indifférent.
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La cour est plus diverse, plus mouvante que ne le laissent croire les protocoles royaux. « C'est un pêle-mêle sans ordre et sans règle aucune », répètent inlassablement les ambassadeurs vénitiens, observateurs privilégiés. « Notre cour se change souvent », proclame un édit, navré des incessantes allées et venues des courtisans dans les palais royaux.
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Notre siècle est moins susceptible. Les historiens des arts, de la musique et de la littérature reconnaissent en la cour, dès le règne de François Ier, un brillant foyer de culture, le laboratoire d'un mécénat royal incomparable. Mais les légendes sont tenaces. En 1987 elles n'ont pas toutes disparu. On accorde plus de crédit à La Dame de Monsoreau d'Alexandre Dumas qu'aux travaux des historiens des Valois. Le talent littéraire de Saint-Simon continue à dissimuler ses rancœurs et ses haines, même si M. François Bluche nous enseigne de meilleurs guides pour comprendre la cour de Versailles. On préfère parfois la littérature scandaleuse de la fin du XVIIIe siècle et les mémoires apocryphes aux témoignages pudiques et sûrs d'un duc de Luynes ou d'un prince de Croÿ.
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Cour signifie entourage du prince. Elle rassemble compagnons, dignitaires, serviteurs dont les fonctions domestiques sont soumises à un minutieux rituel. Au temps où le maître de l'État ne se distingue pas de l'homme privé, elle est aussi centre de gouvernement, siège des conseils, résidence des ministres. Ses intrigues la posent parfois en rivale du pouvoir souverain. Les querelles de clans, les coteries du harem, les révolutions de palais ont sans cesse menacé l'autorité du pharaon comme elles ont miné celle des médiocres princes Séleucides et précipité la décadence des Ming ou des Ottomans. Mais, dominée par un monarque soucieux d'affirmer sa puissance, la cour devient instrument de règne.
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De l'Égypte à la Perse, de l'Inde à la Chine, le prince – qu'il soit pharaon, empereur, Grand Roi ou Grand Moghol – aime à s'entourer d'une cour.
La monarchie appelle la cour. En Occident comme en Asie, l'affermissement du pouvoir royal s'accompagne de la constitution d'une aula. En émergeant lentement de la féodalité, la royauté française des XIIe et XIIIe siècles a progressivement sécrété un embryon de cour.
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Les monarques aiment léguer à l'Histoire une image flatteuse. Aux poètes comme aux artistes ils confient le soin de perpétuer le souvenir de leur gloire, en attendent l'immortalité. Illustrée par les mosaïques, l'épopée d'Alexandre exalte le génie du nouvel Achille; miniatures et vitraux magnifient les vertus de Saint Louis, roi de justice et de paix. Chefs de guerre ou administrateurs se plaisent aussi à figurer au milieu de leur cour dont l'éclat sert leur prestige.
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La bonne marche du chantier exige la discipline car les vols, les coups, les insultes sont monnaie courante.
Chacun, ouvriers comme responsables du chantier, redoutait les accidents du travail. Ils étaient nombreux, n’épargnaient aucun site, même si certains chantiers étaient plus dangereux que d’autres comme la machine de Marly en construction qui fit cinquante blessés par an. Il en était de mortels, chez les terrassiers, les tireurs de pierre dans les carrières, les charpentiers et les couvreurs travaillant en hauteur sans protection.
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Nul ne songe à le nier : Versailles est un chef-d’œuvre. De l’art classique ? Si l’on entend par architecture classique le primat de l’équilibre des formes, le goût de la ligne droite, la recherche de la symétrie, une prédilection pour la noble simplicité, la demeure de Louis XIV est classique.
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La jalousie est mauvaise conseillère.
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Au moment de sa mort comme de son vivant, Catherine de Médicis restait une reine controversée. Une épitaphe, recueillie par Pierre de l'Estoile, résume les opinions contradictoires des contemporains et les difficultés de juger la reine mère. Le texte hésite entre respect et réprobation:

"La reine qui ci-gît fut un diable et un ange,
Toute pleine de blâme et pleine de louanges:
Souhaite-lui, passant, Enfer et Paradis."
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La cuisine française lui doit de s'être renouvelée. Grâce à elle et aux cuisiniers, sauciers et pâtissiers amenés d'Italie dans ses bagages, la Cour puis la Ville ont découvert des légumes jusque-là inconnus (artichauts, brocolis, petit pois, tomates), et se sont régalés de sorbets aux fruits et de confiseries nouvelles. Bientôt la pasta fit la conquête des Français.
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Henri III était bon fils. Il aimait et admirait sa mère. Elle lui était nécessaire et elle sera toujours à ses côtés. Mais désormais il était le maître, prêt à entendre ses conseils mais sans en être prisonnier. Attentif à ses recommandations, il refusait de les recevoir comme des obligations. Catherine allait s'en apercevoir sans tarder: elle aidait son fils à gouverner ; elle ne le gouvernait pas.
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Le blocus de la capitale poussa les huguenots des provinces à la révolte. L'exemple de Condé et de Coligny était devenu contagieux... A Nîmes, dans la nuit qui suivit la Saint-Michel, les réformés massacrèrent dans la cour de l’évêché des notables catholiques et jetèrent leurs cadavres dans un puits. Cette "Michelade" - sorte de saint-Barthélémy à l'envers - révulsa Catherine.
A Paris, il ne faisait pas bon être tenu pour protestant. La rumeur courait qu'ils s'apprêtaient à incendier la ville pour l'ouvrir à Condé. Les catholiques se jetaient sur les membres présumés de cette "cinquième colonne" et, sûrs de leur droit, les massacraient avec enthousiasme.

(le siège de Paris par les protestants - 2ème guerre de religion, 1567)
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Les théologiens des deux confessions ne pouvaient-ils s'accorder sur la prière en français, le culte des images ou la communion sous les deux espèces? Catherine réunit dans ce but une nouvelle conférence à Saint-Germain-en-Laye à la fin du mois de janvier 1562. Étrangère à tout dogmatisme, la reine mère était toujours en quête d'un consensus.
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Curiosité royale pour les questions spirituelles, réalisme politique, tolérance? L'attitude ambigüe de François Ier s'effaça brusquement lorsque, dans la nuit du 17 octobre 1534, des mains avaient placardé à Paris, Orléans, Tours, Rouen, et jusque sur la porte de la chambre du roi à Amboise, des libelles insultants contre la messe... L'affaire des Placards était née. Elle tétanisa l'opinion. Les réformés intransigeants avaient franchi un pas de trop.
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