Citations de Jean-Louis Fournier (1466)
- Et ça, qu'est-ce que c'est ?
Le directeur montre une photo à Dieu.
- Les Vosges.
- Je peux être franc avec vous ? demande le directeur à Dieu.
- Bien sûr.
- Je trouve ça un peu plat...
- Evidemment, comparé à l'Himalaya...
Nous pouvons beaucoup apprendre des enfants, par exemple jusqu'où va notre patience.
Un jour, Pierre Desproges est venu avec moi chercher Thomas dans son établissement. Il n'avait pas beaucoup envie, j'avais insisté. [...] Cette visite l’a beaucoup remué. Il a eu envie d’y retourner. Il était fasciné par ce monde étrange où des enfants de vingt ans couvrent de baisers leur ours en peluche, viennent vous prendre par la main ou menacent de vous couper en deux avec des ciseaux.
Lui qui adorait l’absurde, il avait trouvé des maîtres.
Ma fille Marie a raconté à ses camarades d'école qu'elle avait deux frères handicapés. Elles n'ont pas voulu la croire. Elles lui ont dit que ce n'était pas vrai, qu'elle se vantait.
J'ai fait castrer mon chat, sans le prévenir, sans lui demander la permission. Sans lui expliquer les avantages et les inconvénients. Je lui ai simplement dit qu'on allait lui retirer les amygdales. J'ai l'impression que depuis, il me fait la gueule. Je n'ose plus le regarder dans les yeux. J'ai des remords.
Je pense à une époque où on voulait castrer les enfants handicapés. Que le bonne société se rassure, mes enfants ne vont pas se reproduire.
Le plus beau cadeau qu'on puisse faire à un enfant, c'est de répondre à sa curiosité, lui donner le goût des belles choses. Avec Mathieu et Thomas, je n'ai pas eu cette chance.
Il y a un enfant cambodgien. Ses parents ne parlent pas très bien le français, les entretiens avec le médecin chef de l'établissement sont difficiles, parfois épiques. Ils en sortent souvent dépités. Ils contestent toujours avec force le diagnostic du médecin.
Leur fils n'est pas mongolien, il est cambodgien.
Au dixième " Où on va papa ? " je ne réponds plus…
Je ne sais plus très bien où on va, mon pauvre Thomas.
On va à vau-l’eau. On va droit dans le mur.
Un enfant handicapé, puis deux. Pourquoi pas trois…
Je ne m’attendais pas à ça.
Où on va papa ?
Il ne faut pas croire que la mort d'un enfant handicap est moins triste. C'est aussi triste que la mort d'un enfant normal. Elle est terrible la mort de celui qui n'a jamais été heureux, celui qui est venu faire un petit tour sur Terre seulement pour souffrir. De celui-là, on a du mal à garder le souvenir d'un sourire.
Ne pas être comme les autres, ça ne veut pas dire forcément être moins bien que les autres, ça veut dire être différent des autres.
Grâce à vous, j’ai eu des avantages sur les parents d’enfants normaux. Je n’ai pas eu de soucis avec vos études, ni votre orientation professionnelle. Nous n’avons pas eu à hésiter entre filière scientifique et filière littéraire. Pas eu à nous inquiéter de ce que vous feriez plus tard, on a su rapidement que ce serait : rien.
Ils ne connaîtront jamais Watteau, ils n’iront jamais au musée. De ces grandes joies-là qui aident l’humanité à vivre, ils vont être privés aussi.
Il leur reste les frites. Ils adorent les frites, surtout Thomas, il dit «les fites».
Je suis fier de ma voiture, tout le monde la regarde avec respect, essayant de distinguer, à l'arrière, un passager célèbre. S'ils voyaient ce qu'il y a derrière, ils seraient déçus. A la place de la reine d'Angleterre, il y a deux petits mioches cabossés qui bavent, dont l'un, le surdoué, répète: "Où on va , papa ? Où on va, papa ? ..."
Personne ne m'appellera grand-père, sauf les jeunes cons en voiture derrière moi parce que je ne roule pas assez vite.
Il ne faut pas croire que la mort d’un enfant handicapé est moins triste. C’est aussi triste que la mort d’un enfant normal. Elle est terrible la mort de celui qui n’a jamais été heureux, celui qui est venu faire un petit tour sur Terre seulement pour souffrir. De celui-là, on a du mal à garder le souvenir d’un sourire.
Dans les maisons de retraite, on a le droit de mourir d'ennui, pas de maladie.
l n’y a rien de plus difficile que de faire quelque chose qui ne ressemble à rien
Je m'endors heureux. Je pense à tous les malheureux qui sont morts avent que Mozart ne naisse.
Monseigneur ne me paraît pas très catholique.
Je ne lui donnerais pas le bon Dieu sans confession.
Quand elle m'a ouvert le cœur, quelque chose s'est échappé et est tombé par terre...
Elle s'est baissée pour le ramasser.
C'était une feuille d'artichaut.