60 ans de l'exécution de Pierre Laval (1/2). 2000 ans d'Histoire sur France Inter de Patrice Gélinet avec Jean-Paul Cointet (historien) 14.10.2005
« Chacun tend l'oreille et nous attendons la salve nous annonçant la fin du traître. 15 octobre 1945, Pierre Laval a expié. »
(Les Actualités françaises)
Il y a 60 ans, le 15 octobre 1945, sur un sentier longeant la prison de Fresnes, Pierre Laval était fusillé à quelques mètres d'une poignée de curieux qui se précipitèrent aussitôt pour ramasser les éclats de bois ensanglantés du poteau d'exécution. Ils voulaient garder le souvenir macabre des derniers moments de l'homme le plus détesté de France.
Un an après la Libération, au moment où les Français comptaient leurs morts et accueillaient les rescapés des camps de concentration, Pierre Laval était à leurs yeux responsable de toutes les souffrances et de toutes les horreurs de l'Occupation.
L'incarnation d'une politique de collaboration qui avait atteint son point culminant après son retour au pouvoir le 18 avril 1942, et quelques mois avant la grande rafle du Vel-d'Hiv, la création de la Milice et l'envoi en Allemagne des travailleurs du S.T.O.
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Borotra fait figure d’homme complet. Né au château d’Arbonne, non loin de Bayonne, en 1898, engagé volontaire dans la Grande Guerre, titulaire de la croix de guerre et de deux citations, il allie qualités physiques, dons intellectuels et aisance sociale. Polytechnicien, il a su mener de front sa carrière de champion international et de chef du service d’exportations de la société SATAM spécialisée dans les distributeurs d’essence.
Membre des Croix-de-Feu du colonel de La Rocque puis de son Parti social français (PSF), il a peu de temps à consacrer à des activités politiques mais mène une brillante vie mondaine. Devenu une vedette, il semble qu’il ait rencontré pour la première fois Pétain à l’occasion d’un déjeuner à l’Elysée donné en avril 1933 par le président de la République en l’honneur du roi de Suède Gustave V avec qui Borotra avait joué (…).
Pierre Laval ne se sent coupable de rien mais victime de tous. (..) La guerre, qu'il a tout fait pour éviter, lui vaudra-t-elle une revanche à travers le désastre qu'il a pressenti ?
[Mgr Jean Mayol de Lupé]De tradition monarchique , il revit l'époque des Croisades ,et l'épopée des chevaliers teutoniques.De haute stature, il port le pistolet Mauser à la hanche. Dans son éloquence sacrée ,le christianisme fait bon ménage avec le nazisme,associant "Notre Saint-Père le Pape" à "notre vénéré Fürhrer" ,...
Compte tenu de l'âge de Pétain et de ses assertions répétées à l'envi sur son incapacité, désormais, à diriger l'action d'un gouvernement, l'homme qui réussirait à se couvrir de l'autorité morale du vainqueur de Verdun ne serait guère éloigné du véritable pouvoir.
(p 236)
Pierre Laval, candidat socialiste unifié, arrive largement en tête devant le candidat nationaliste et les deux candidats radicaux. Le lendemain, L'HUMANITE publie ce portrait: "Un jeune. Trente ans à peine. Le benjamin de notre groupe au Parlement"
(p 31)
Sa vision extérieure est conditionnée par deux facteurs: son pacifisme hérité de son passé de militant syndicaliste, et son absence de toute vision idéologique -ou simplement intellectuelle- des rapports internationaux.
(p97)
Le jeu des « vedettes » françaises sur leur nouvelle scène allemande ne doit pas occulter une réalité profonde : la présence de deux millions de Français sur le sol allemand, dispersés sur la quasi-totalité du territoire du Reich. Si la France est désormais libérée, tous les Français ne sont pas libres. Prisonniers de guerre, travailleurs du STO, détenus politiques ou volontaires en uniforme, ils représentent l’ultime enjeu de pouvoir pour les hommes et les équipes de Sigmaringen.
Seuls les grands serviteurs de l'Etat sont dévoués aux véritables intérêts du peuple, mais ils crient dans le désert faute de pouvoir pratiquer le jeu électoral.
(p 302)
Comment pourrait-on nier enfin que la gigantesque explosion de joie de la foule parisienne dans les journées des 24,25 et 26 août 1944 a joué le rôle d'une immense catharsis? En ces jours,les Pariisiens,dans leur défoulement,ont procédé à un rite purificateur,à la manière antique,destiné à évacuer les souillures d'une interminable occupation à jamais abolie.