En chacune ou chacun de nous sommeille une paysanne ou un paysan qui, quel que soit son mode de vie, brûle de plonger les mains dans la terre, de récolter ses propres légumes.
Le choix du moment des premiers semis de printemps est toujours délicat. Jean-Marie Roger, agronome et jardinier d'expérience, préconisait d'observer le "fleurissement de la terre", terme millénaire et reconnu par l'agronomie : "Prendre une motte de terre et l'ouvrir. Lorsque les graines d'adventices pointent leurs germes dans la motte, c'est que la vie du sol est optimale et que le moment favorable pour semer est arrivé [...]" (65)
Enfin, le potager devient un nouvel espace de vie, où l'on prend du bon temps. On y exprime sa créativité en cultivant l'esthétique : faire grimper des haricots sur des tipis originaux, faire pousser des tomates de toutes les couleurs, masquer la citerne avec une plante grimpante, mélanger fleurs et légumes dans le même espace, dessiner des plates-bandes et des allées...
En l'an 812, Charlemagne recommandait que l'on plantât - entre autres - des choux dans tous ses jardins.
Un grand principe de résilience consiste à ne planter dans un endroit donné que des arbres qui auront toutes les chances de survivre. Nous connaissons plutôt bien les exigences des différentes essences en matière de sol et de climat, et il est facile de se renseigner.
J'ai vu changer le climat, oui vous avez bien lu: changer le climat. rien qu'en notant les dates de floraison des arbres et les premières gelées d'automne, j'ai pu établir des graphiques et mettre en évidence la nette tendance des printemps à devenir plus précoces, et celle des automnes à être de plus en plus tardifs. Ce faisant, je ne faisais que confirmer les observations de spécialistes de la phénologie qui relèvent depuis fort longtemps les dates de floraison des arbres fruitiers, celles des vendanges, etc.
L'histoire des associations de cultures nous montre qu'elles ont été largement employées dans le passé, et le sont encore partout sur la planète... sauf dans les pays riches.
La tradition orale est riche de ces repères temporels qui, sous la forme de dictons faciles à retenir, aident à ne pas laisser passer le bon moment pour telle ou telle opération, semis ou plantation.
Il est beaucoup question de résilience depuis quelques temps. Résilience psychologique de l'être humain, résilience, des systèmes informatiques, résilience de nos sociétés, résilience de notre économie, résilience des territoires face à d'éventuelles crises alimentaires, résilience des cours d'écoles... Ce concept manifestement fécond est mis à toutes les sauces.
Si un jardin est banal, ce n'est pas à cause de l'appauvrissement de la biodiversité ! Et si la biodiversité cultivée s'appauvrit, c'est parce que les jardins sont banals. Il n'y a pas de fatalité, mais plutôt un manque d'imagination des jardinières et jardiniers.
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