Citations de Jean-Pierre Andrevon (348)
Joachim n’y croyait pas, aux Ovnis. Enfin… pas vraiment. Il avait lu des études sur le sujet, des vraies, dans des bouquins écrits par des savants, qu’il avait empruntés au C.D.I. du collège. Certains pensaient que la Terre pouvait fort bien recevoir la visite d’extraterrestres appartenant à des civilisations beaucoup plus évoluées. Les autres affirmaient que les soi-disant observations de « soucoupes volantes » n’étaient qu’affabulations ou erreurs d’interprétation. Alors difficile de trancher. Restait le rêve, un de plus, et l’espoir qu’un jour, peut-être…
Penser aux filles m’a remis en mémoire un souvenir récent, très récent. Je n’ai pas besoin de chercher longtemps pour la voir. Elle est à deux rangs derrière moi. Elle est en train de parler à une copine, elle ne s’est pas aperçue que je la regardais. Son prénom c’est Kathy. Une grande fille avec de longues cuisses, qui a de très beaux seins ronds et fermes dont les pointes, je le vois d’ici, s’impriment sur le coton blanc de son T-shirt. Ses cheveux châtain clair avec des reflets roux sont répandus sur ses épaules nues. Elle parle, elle parle, ses mains volent devant sa poitrine, elle est rose d’excitation à la pensée de ce qui se prépare, à l’idée de ce qui va se passer cette nuit. Mais moi, c’est son corps, c’est le souvenir tout frais de son corps qui me fait monter le sang à la tête.
Ils sont si nombreux, et nous sommes si peu ; ils ont si faim, et nous sommes si repus ; ils sont si miséreux, et nous faisons de tels efforts pour paraître heureux. Alors il faut bien résister, tu ne crois pas ? Il faut faire corps, un seul corps blanc pour repousser la multitude de leurs corps noirs. Il faut pousser, Cérelle. Pousser pour ne pas être écrasés, pour ne pas être submergés…
Quand on prend son service sur la Barrière, on n’est pas là pour réfléchir. On est là pour pousser. On est là pour pousser, pour pousser, pour pousser. C’est dur. C’est dur, parce que eux poussent en sens inverse. Ils poussent, ils poussent, ils poussent, en nous regardant droit dans les yeux. Mais en réalité ils semblent ne pas nous voir. Comme nous, qui nous efforçons de ne pas les regarder.
Ce n’est pas tellement la chaleur, la poussière, la soif. Ce n’est pas tellement la tension, la pression, la fatigue qui vous noue le corps au bout d’une demi-journée passée debout, arqué sur ses jambes, à pousser et à pousser. Non, ce n’est pas tellement la fatigue, les muscles rougis, la gorge crissante de sable, les paupières meulant des pépites de sable. Ce sont les yeux. Les yeux, tous ces yeux qui regardent sans ciller, ces yeux grands ouverts, plantés dans les miens à moins d’un mètre, et qui me regardent, qui me regardent…
Ça coûte beaucoup plus cher de capturer un dinosaure que de le tuer. Beaucoup plus cher. Et de le maintenir en vie en captivité, alors ?
Les dinosaures vont disparaître. Ils ont fait leur temps, sans doute même ont-ils duré plus que leur temps, plus longtemps, infiniment plus longtemps que nous ne durerons. Car qui pourrait dire combien de temps encore nous durerons ? Qui le pourrait ? Et c’est peut-être parce que les dinosaures vont disparaître que nous ne tarderons pas à les suivre.
Les pétitions ne servent à rien, tout le monde sait cela, à commencer par ceux qui les rédigent. Il n’y aura plus un seul dinosaure libre et vivant avant la fin du siècle. C’est une évidence, et personne n’y peut rien, personne. C’est la marche aveugle de l’Histoire, c’est la pression de l’Homme sur la nature, c’est le capitalisme planétaire qui exploite une de ses dernières ressources, c’est l’expression ludique de notre inhérente sauvagerie, c’est le destin, c’est tout ce qu’on voudra : avant la fin du siècle, il ne restera plus un seul dinosaure libre et vivant.
Il avait bien compris que sa mère faisait semblant d’être gaie, semblant de manger de bon appétit, semblant de s’intéresser aux programmes de la télévision. En réalité elle pleurait toute la journée à l’intérieur d’elle même, elle sombrait chaque jour plus profond dans une tristesse obscure et clapotante comme l’eau d’un puits.
La mort, le paradis, c’était mieux que cette vie pas drôle, avec l’école, avec la maîtresse qui le houspillait, les grands qui le battaient et l’injuriaient, la maison avec ce qui s’y passait.
Ce réveil, comme celui de la Belle au bois dormant dans le film, aurait bousculé le silence et l’immobilité de cette chambre trop sombre, trop étouffée, où des ombres se mouvaient en ondulant à contre-jour pareilles aux poissons de l’aquarium, où les bouches ne parlaient que par chuchotements de papier qu’on froisse.
Si j’avais rêvé de flammes, c’était plutôt à cause de la lumière rose de cette foutue lampe de chevet. Les rêves s’expliquent toujours très bien pour peu qu’on se donne la peine d’en chercher l’explication.
Même après dix ans de mariage, je suppose qu’on fait encore l’amour, entre mari et femme. Ou alors on divorce. J’avais bien divorcé, moi. Je préférais faire l’amour avec d’autres femmes, des tas d’autres femmes. Mais si on ne divorce pas, c’est qu’on doit encore avoir envie de se grimper dessus de temps en temps.
C’est une fille sans problème, une fille simple, qui déteste la foule et les mondanités. C’est une terrienne, qui aime s’occuper de son foyer. C’est en tout cas ce qu’elle m’avait dit, je crois. Elle devait se plaire, dans cette maison. Elle avait un joli coup de crayon, elle faisait des modèles de bijoux et autres petits objets de décoration.
Lorsque j’étais tout jeune, les filles me comparaient à Gérard Philipe. Mais Gérard Philipe n’avait rien d’un coureur de filles, d’un chasseur de proies faciles, d’un adepte des liaisons dangereuses. Mais bon, qu’est-ce que c’est, une liaison dangereuse ? Quand la dame a un mari ? C’était le cas avec Florence. Pourtant cette liaison qui commençait à prendre la descente n’avait rien de dangereux, rien du tout. Elle était seulement lamentable. J’ai remarqué que le sourire de mon double avait de nouveau été soufflé. J’en ai profité pour me détourner de ce miroir qui réfléchissait un peu trop à mon goût.
On ne se refait pas, surtout quand on a atteint l’âge plus qu’honorable de 41 ans, qu’on est célibataire, qu’on sait qu’on plaît toujours aux dames grâce à une gueule passable, et qu’il vous plaît de leur plaire.
On s’inquiète toujours pour ceux qui partent sur les routes en plein mois d’août. Et surtout pour des conducteurs dans mon genre dont la réputation, pas tout à fait usurpée, est de rouler comme un fou.
On ne tue pas un mort. Décapiter un mort, c’est couper une fleur desséchée, rien de plus. Alors pourquoi se gêner ? Surtout si on y prend un certain plaisir…
HA-HOUUUUU… HA-HOUUUU… HA-HOUUUUU…
Elle retient sa main un peu plus que ne le voudrait la simple politesse, elle se sent toute moite, elle fantasme trois secondes sur le fait qu'il pourrait sentir l'odeur de sa chatte.
Un abri antiatomique ? Elle ne savait pas ce que c'était, ni où il pouvait bien y en avoir. Aller à la cave ? Avec tous ces rats, toutes ces araignées ? Jamais :Et que ferait-elle dans un parking ?