Penser aux filles m’a remis en mémoire un souvenir récent, très récent. Je n’ai pas besoin de chercher longtemps pour la voir. Elle est à deux rangs derrière moi. Elle est en train de parler à une copine, elle ne s’est pas aperçue que je la regardais. Son prénom c’est Kathy. Une grande fille avec de longues cuisses, qui a de très beaux seins ronds et fermes dont les pointes, je le vois d’ici, s’impriment sur le coton blanc de son T-shirt. Ses cheveux châtain clair avec des reflets roux sont répandus sur ses épaules nues. Elle parle, elle parle, ses mains volent devant sa poitrine, elle est rose d’excitation à la pensée de ce qui se prépare, à l’idée de ce qui va se passer cette nuit. Mais moi, c’est son corps, c’est le souvenir tout frais de son corps qui me fait monter le sang à la tête.
Les pétitions ne servent à rien, tout le monde sait cela, à commencer par ceux qui les rédigent. Il n’y aura plus un seul dinosaure libre et vivant avant la fin du siècle. C’est une évidence, et personne n’y peut rien, personne. C’est la marche aveugle de l’Histoire, c’est la pression de l’Homme sur la nature, c’est le capitalisme planétaire qui exploite une de ses dernières ressources, c’est l’expression ludique de notre inhérente sauvagerie, c’est le destin, c’est tout ce qu’on voudra : avant la fin du siècle, il ne restera plus un seul dinosaure libre et vivant.
Ce n’est pas tellement la chaleur, la poussière, la soif. Ce n’est pas tellement la tension, la pression, la fatigue qui vous noue le corps au bout d’une demi-journée passée debout, arqué sur ses jambes, à pousser et à pousser. Non, ce n’est pas tellement la fatigue, les muscles rougis, la gorge crissante de sable, les paupières meulant des pépites de sable. Ce sont les yeux. Les yeux, tous ces yeux qui regardent sans ciller, ces yeux grands ouverts, plantés dans les miens à moins d’un mètre, et qui me regardent, qui me regardent…
Ça coûte beaucoup plus cher de capturer un dinosaure que de le tuer. Beaucoup plus cher. Et de le maintenir en vie en captivité, alors ?
Les dinosaures vont disparaître. Ils ont fait leur temps, sans doute même ont-ils duré plus que leur temps, plus longtemps, infiniment plus longtemps que nous ne durerons. Car qui pourrait dire combien de temps encore nous durerons ? Qui le pourrait ? Et c’est peut-être parce que les dinosaures vont disparaître que nous ne tarderons pas à les suivre.
C’est le plus fort et le meilleur d’entre nous tous, il est capable de faire courber la nuque à n’importe qui pendant l’entraînement aux sports de combat. Il est dur mais juste, il n’est jamais le dernier à plaisanter après les exercices.
15 mars 2021
Rencontre avec Jean-Pierre Andrevon, Romancier et Scénariste de Science-Fiction.
Modération : Julien de la Jal
Un entretien où il est question de "Gandahar", de René Laloux, Philippe Caza, un peu de Roland Topor et de Arthur C.Clarke, Le travail du Furet et du dernier ouvrage de JP. Andrevon "100 ans et plus de cinéma Fantastique et de Science-Fiction" donc de cinéma en général.