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Citations de Jean-Pierre Chabrol (41)


Jean-Pierre Chabrol
Ton vin, c'est un petit bonheur sur l'âme.
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On ne peut vaincre la mort, mais on peut quand même essayer de la grignoter, de lui bouffer les marges, de lui mégoter la victoire, de lui gâcher le plaisir, et c'est ce que je suis en train de tenter, on l'aura compris.
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Les vieux nous l'expliquaient volontiers comment elle était née, l'école non payante. Au départ, il n'avait rien. Ce qui s'appelle rien ! Debrouillez-vous avec ça. Un retraité des Postes impériales s'était proposé pour enseigner l'alphabet. Une famille avait prêté une salle inoccupée. Quatre murs et rien d'autre, ni bureau, ni pupitres, ni sièges, ni livres, ni cahiers, pas même un crayon.
Chaque écolier apportait un petit sac de sable fin. Il s'asseyait par terre, en tailleur, étalant le sable devant lui, traçait les lettres avec le bout de son doigt, puis les effaçait en lissant le sable du plat de la main. Ils apprenaient à lire, et à écrire, ainsi. Et très bien.
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La chanson que l'on fait
Une chanson nous vient en huit jours d'Amérique. Qui l'a choisie, qui a décidé que c'était celle-là plutôt qu'une autre qu'il fallait imposer en France? Les fabricants de disques, les marchands. Jadis une chanson mettait dix vingt ans pour traverser la mare aux harengs...Et lorsque le cake-walk arrivait à Concarneau ou à Brest, c'était devenu une chanson française.
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Phoscao poursuivait une scolarité nonchalante. Ses absences duraient des semaines. Chaque année, il partait avec les siens au pèlerinage des Saintes-Maries-de-le-mer. J'allais voir s"ébranler les roulottes, je l'enviais, je n'étais qu'un petit bourgeois sédentaire, un"gadjo", quoi! Dans ma vie, par chance, il y avait quand même Phoscao - mon Grand Meaulnes à moi, peuchère!
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Il y avait le grand raisin. Suspendu à un clou au dessus de mon lit. Il fallait que je me mette debout sur ma paillasse de maïs pour le picorer. Je ne le mangeais jamais jusqu'au bout. J'en laissais toujours un grain au moins. Et, le lendemain matin, en ouvrant un œil, c'est lui que je voyais d'abord, pendant à la poutre, la grappe reconstituée durant la nuit, mon beau raisin magique.
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La côte orientale est plus fertile. Sur sa longue plaine, entre les étangs et les plages, vignes et vergers nourrissaient dans le limon les plus beaux fruits de l'île. A la saison des récoltes, jadis, de jeunes montagnards descendaient pour louer leurs bras.
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Il raconte la promenade dominicale par exemple. Il répugne à tenir la main, il s'obstine à marcher deux ou trois pas en arrière de sa mère. Pourtant il n'a pas l'air de bouder, non il affirme seulement ainsi son individualité.
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" Ce n'est pas à l'innocent de prouver son innocence ".
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On dit qu'écrire libère. On va bien voir.
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Un soir, au cagnard d'un ranc, mon aïeul m'a dit ma race.

Je viens des nuits où les hommes de la terre n'avaient rien, pas même de nom, n'étaient rien et naissaient et mouraient sans laisser plus de traces qu'un lièvre sur un pré. Au temps de la Narbonaise, de l'Aquitaine ou du Comté de Toulouse, sous les Francs ou sous les Goths, l'un des nôtres put acquérir un chevreau femelle en propriété, d'où son fils eut un couple, son petit-fils un troupeau, son arrière-petit-fils le nom de chevrier qui est le nom de la race depuis lors. Volant au sommeil le temps de travailler pour eux, tandis que les bonnes heures ensoleillées étaient pour le fief de Coudouloux, les chèvres s'accommodant de la traite aux deux bouts de la nuit, les serfs purent amasser de quoi acheter au seigneur une partie d'eux-mêmes, ainsi les fils de la lignée chevrière naquirent vilains. Le lait caillé dans les nuits de plusieurs générations, les piécettes des fromages passées sournoisement à travers guerres et logements mercenaires, descentes des Saxons et montées des Sarrasins, permirent aux Chabrous d'acquérir un pan de caillasse au pire de la montagne. le granit fut brisé, les cailloux cassés en gravier, le gravier écrasé, émié, de père en fils, en petit-fils. Tout en nourrissant leur seigneur, subsistant eux-mêmes de leurs chabros, traites après le crépuscule et avant l'aube , il leur suffit pourtant de quelques générations pour faire la terre de leurs mains. Puis il y eut le siècle des Chabrous, qui haussèrent la terre en traversiers, le siècle qui y sema les châtaigniers, le siècle de la vigne, le bon siècle du mûrier, du magnan, de la soie, de la poule au pot, où ma race gardait les chèvres du nom et de la lignée en lisant Dieu à livre ouvert. Enfin le siècle où mon grand-père du défendre son bien, et son Gravas, et ses chèvres, où mon père souffrit pour son Dieu, pour les siens, pour son mas.

Voilà, et voici que le gravier grignote la bonne terre du Gravas, voici que des chabros de la lignée, il n'en survit pas une seule, et de leurs chevriers, le dernier, nu dans la tempête, et blessé déjà...

791 - [Folio n°257 , p. 361]
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Victorine avait été infirmière pendant la Grande Guerre, elle savait faire les piqûres, c’est dire les services qu’elle rendait continuellement et gratuitement, avec le sourire. – C’était un plaisir de se déculotter devant elle… dit avec un grognement satisfait Lamec-le-Gras. Les mots de Méchin traînent son épaisse salive comme les escargots leur bave ; il chuinte : - Une fois qu’on a baissé sa culotte, quand l’infirmière est de bonne volonté… Le cœur des femmes faisait : « Tsss… tsss… tsss… », ce qui prolongeait parfaitement l’immense crissement des grillons par milliers de cette nuit étoilée…
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Quand je repense à mon père, je pense d'abord au mal que je lui ai fait, à cette condamnation, ces dix années sans remise de peine. Quand il en est enfin sorti, il ne lui restait que deux ans à vivre.
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Il n'ambitionnait pas d'être quelqu'un, il était quelqu'un.
Il ne s'épuisait pas pour arriver, il était là.
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Chaque matin, je lui apporte son petit déjeuner au lit, puis je le laisse. Un moment après, j'entends sa guitare. C'est un joli moment pour notre maisonnée ...
L'été, sa fenêtre reste ouverte. Les passants ralentissent et s'arrêtent de parler dès qu'ils perçoivent les premières notes, puis ils étouffent leurs pas, puis ils retiennent leur respiration. Sous la fenêtre, les plus hardis s'arrêtent un peu, puis ils repartent comme des voleurs avec ce petit morceau de guitare qui ne leur a rien coûté. Ils ne reprennent un pas normal, ils ne recommencent la conversation que longtemps après avoir dépassé la maison.
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Ces casse-pieds pouvaient tout se permettre. Le cousin Palamède par exemple. Un vieux célibataire exigeant. La famille ne pouvait l'abandonner à lui-même, alors, elle se l'était réparti : trois mois chez l'un, trois mois chez l'autre. Il fallait voir le Palamède s'asseoir à table, jamais content. Quand la soupe était trop épaisse, il grognait : "Béton ! Béton !" Quand elle était trop claire, il grinçait : "La Garonne ..." Après le café, Palamède regardait le cousin quitter la cuisine pour aller donner aux bêtes, la cousine faire la vaisselle, il réclamait sa pipe et son tabac, s'étalait, soupirait béatement : "On est bien, quand on est célibataire, je ne comprends pas que vous vous mariiez, vous autres ..."
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Le matin du jeudi 21 février 1963, le nommé Viel, prénommé Enjolras, traversait machinalement, comme il le faisait tous les jours ouvrables à la même heure, la rue Croix-des-Petits-Champs afin d'entrer à la Comédie Française avant le neuvième coup de neuf heures.
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On était quatre. Y avait moi, y avait le gros Jules, y avait le grand Lucien, tu sais; le Biscuit, qui fait fossoyeur maintenant,, et y avait un Pellous, du mas Cargat, qu'on lui disait "la Lèbro"...
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L'aventure commence demain, tout à l'heure ; la voiture est chargée dans la cour, il ne reste plus qu'à glisser Bijou entre les brancards, pauvre vieux ! je l'entends racler ses fers dans l'écurie qu'il va quitter pour longtemps, toujours peut-être - à son âge ! - il n'arrive pas à dormir lui non plus.
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Les Palomi étaient bien-pensants, ils étaient même catholiques et romains à la mode corse, c'est-à-dire que la femme ne manque pas la messe où elle prie pour deux pendant que l'homme fait le beau sur le cours en attendant l'heure de l'apéro.

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