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Citations de Jean-Pierre Dupuy (66)


Jean-Pierre Dupuy
L'humanité aura à choisir entre l'Apocalypse et la conversion, qui est le renoncement à la violence.
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Non seulement on doit rattacher l'économie à la religion si l'on veut en comprendre le sens, mais...l'économie occupe la place laissée vacante par le processus, de nature éminemment religieuse, de désacralisation du monde qui caractérise la modernité.
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La santé structurelle ou symbolique de l'homme, c'est sa capacité de faire face consciemment et de façon autonome, non seulement aux dangers du milieu, mais plus profondément à une série de menaces intimes, que tout homme connaît et connaîtra toujours et qui ont nom, douleur, maladie et mort.

Cette capacité, l'homme des sociétés traditionnelles l'a toujours tirée de sa culture, qui lui permettait de donner sens à sa condition mortelle. Le sacré y tenait un rôle fondamental.

Le monde moderne est né sur les décombres des systèmes symboliques traditionnels, en lesquels il n'a su voir que de l'irrationnel et de l’arbitraire.
Dans son entreprise de démystification, il n'a pas compris que ces systèmes impliquaient que des limites soient fixées à la condition humaine, tout en leur donnant sens.

En remplaçant le sacré par la raison et la science, il a perdu tout sens des limites et par là même c'est le sens qu'il a sacrifié.
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La crise qui accompagne l'effondrement d'un ordre hiérarchique porte un nom, que nous a légué un mythe grec : la panique. (...)

Or l'analyse empirique des phénomènes de panique révèle que la panique est un mal de l'intérieur : elle ne se déploie dans toute sa force destructrice que pour autant elle est déjà contenue dans l'ordre qu'elle abat.
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S'abandonner à l'optimisme scientiste qui compte uniquement sur la technique pour sortir des impasses où nous a mis la technique, c'est courir le risque d'engendrer des monstres qui nous dévoreront. (p. 135)
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Le caractère débilitant de la spécialisation est largement responsable de cette inculture (…)

Se spécialiser à outrance constitue ainsi la meilleure manière de se protéger, comme dans le champ économique. Chacun en sait énormément sur son petit tout petit bout de territoire et il n'a dans le monde qu'une dizaine de pairs, qui sont aussi des rivaux.

Ne parlons pas du passé : pourquoi perdre son temps à appendre l'histoire de la discipline, puisque la science, c'est bien connu, progresse asymptotiquement vers la vérité ? (…) c'est comme si la science avait commencé il y a trois ans.

Pour qu'une activité intellectuelle devienne culture, il faut au moins qu'elle soit capable d'un retour réflexif sur elle-même intense et qu'elle entre en communication avec ce qui n'est pas elle.
La science hyper concurrentielle, hyper spécialisée est tout sauf une activité culturelle.
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L'économie s'est peu à peu émancipé du sacré. Un temps contenu par le religieux, puis par la politique, elle est devenue aujourd'hui notre religieux et notre politique : elle souffre d'avoir perdu toute extériorité.
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Les hommes quant à eux, n’ont pas peur, ô l’ironie des choses.

Les liquidateurs de Tchernobyl n’avaient pas peur : ils n’étaient pas informés du danger. Les habitants des zones contaminées n’ont pas, ou n’ont plus peur : ils veulent vivre, c’est-à-dire oublier.

Quant à nous, habitants des pays techniquement développés, on nous dit qu’un Tchernobyl est impossible chez nous, et nous le croyons.

Bienheureux que nous sommes, car s’il s’en produisant un, je doute que l’on trouve en France huit cent mille volontaires prêts à sacrifier leur vie et leur santé pour éviter la catastrophe majeure ; ou des responsables suffisamment respectés pour obliger un nombre équivalent de leurs concitoyens à payer de leur vie la folie des autres. 

(p. 136 et 137-Jean-Pierre Dupuy philosophe, polytechnicien et ingénieur des mines)
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Lorsqu'on aime un être, on n'aime pas une liste de caractéristiques, fussent-elles si exhaustives qu'elles suffisent à distinguer !'être en question de tous les autres.

La contrefaçon la plus parfaite laisse encore échapper quelque chose, et c'est ce quelque chose qui est !'essence de l'amour, ce pauvre mot qui dit tout et n'explique rien.
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Or cette structure est exactement celle du sacré primitif,telle que l'a dégagée René Girard : du sacré, il ne faut pas trop se rapprocher, parce qu'il déchaîne la violence ;

mais il ne faut pas trop non plus s'en éloigner, car il nous protège de la violence. Le sacré contient la violence, dans les deux sens du mot.
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Les économistes utilisaient naguère l'expression en forme d'oxymore : la « concurrence pure et parfaite" pour asseoir cette dénégation.

Cette formule signifiait que les gens n'avaient en fait pas besoin de se rencontrer ni d'échanger autre chose que des marchandises,encore moins de s'aimer, pour former une société efficace et pacifiée.

Cette utopie en forme de cauchemar est peut-être le prix à payer par une société désormais dépourvue des protections que le sacré lui assurait.

L' économie, à la fois réalité et pensée, occupe en creux la place
du sacré. Elle en est la marque suprême.
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Le rapport à la violence constitue l'énigme centrale du religieux :comment ce dernier peut-il, en la matière être à la fois remède et poison ?

Cette coïncidence est inscrite dans la langue grecque, qui n'a qu'un mot pour les deux notions opposés : pharmakon.

Ce mot vient lui-même de pharmakos que l'on peut traduire par l'expression bouc-émissaire
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Simplement, l'hétéronomie n’est ici qu’un détour de production au service d'une fin qu'il ne faut pas perdre de vue:l'autonomie. Or l’hypothèse d’Illich est que la “synergie positive” entre les deux modes n'est possible que dans certaines conditions très précises. Passés certains seuils critiques de développement, la production hétéronome engendre une complète réorganisation du milieu physique, institutionnel et symbolique, telle que les capacités autonomes sont paralysées. Se met alors en place ce cercle vicieux divergent qu’Illich a nommé contreproductivité. L’appauvrissement des liens qui unissent l'homme à lui-même, aux autres et au monde devient un puissant générateur de demande de substituts hétéronomes, qui permettent de survivre dans un monde de plus en plus aliénant, tout en renforçant les conditions qui les rendent nécessaires. Résultat paradoxal : passés les seuils critiques, plus la production hétéronome croît, plus elle devient un obstacle à la réalisation des objectifs mêmes qu'elle est censée servir : la médecine corrompt la santé, l'école bêtifie, le transport immobilise, les communications rendent sourd et muet, les flux d'information détruisent le sens, le recours à l'énergie fossile, qui réactualise le dynamisme de la vie passée, menace de détruire toute vie future et, last but not least, l'alimentation industrielle se transforme en poison.
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Une machine technologique folle, guidée par la seule soif d'aller toujours plus loin et d'être toujours plus rentable, s'est mise en marche. Hans Jonas n'est pas en reste lorsqu'il convient qu’ “il est indéniable que nous devenons progressivement les prisonniers des processus que nous avons déclenchés nous-même [...] sans fixation d'un but, presque à la manière d'un destin.
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L'inflation médicale a donc un effet, sinon une fonction : de plus en plus de gens sont convaincus que, s'ils vont mal, c'est qu'ils ont en eux quelque chose de déréglé, et non qu'ils réagissent sainement par un refus d'adaptation à un environnement ou des conditions de vie difficiles, et même parfois inadmissibles. Des médecins prescrivent, ou ont prescrit, des médicaments prétendument capables de traiter le “mal des grands ensembles” ou l' “angoisse née des conditions de travail”. Cette médicalisation du mal-être et tout à la fois la manifestation et la cause d'une perte d'autonomie : les gens n'ont plus besoin ni envie de régler leurs problèmes dans le réseau de leurs relations. Leur capacité de refus s'en trouve étiolée, leur démission de la lutte sociale facilitée. La médecine devient l'alibi d'une société pathogène.
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L'esprit du détour de production a été si bien perverti par la société industrielle et la division du travail extrêmement poussée qui la caractérise, que le détour, sa longueur, l'énergie dépensée à le parcourir deviennent des fins en soi et des objectifs recherchés pour eux-mêmes.
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Car il ne faudrait pas qu'en voulant dominer la nature et l'histoire par leur outils, les hommes ne réussissent qu'à se faire esclaves de leurs outils
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C'est bien là la source de notre problème. Car s'il faut prévenir la catastrophe, on a besoin de croire en sa possibilité avant qu'elle ne se produise. Si, inversement, on réussit à la prévenir, sa non-réalisation la maintien dans le domaine de l'impossible, et les efforts de prévention en apparaissent rétrospectivement inutiles. Je défends dans ce livre la thèse que ce qui se pense aujourd'hui sous le nom de "précaution" face à ce que l'on appelle, à tort nous le verrons, des "risques", bute sur cet obstacle majeur.
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Le monde a vécu l'événement du 11 septembre moins comme l'inscription dans le réel de quelque chose d'insensé, donc impossible, que comme l'irruption du possible dans l'impossible. La pire horreur devient désormais possible, a-t-on dit ici et là. Si elle devient possible, c'est qu'elle ne l'était pas. Et pourtant, objecte le bon sens (?), si elle s'est produite, c'est bien qu'elle était possible. J'avais précisément placé cette apparente contradiction au coeur de ma construction d'une position tout à la fois catastrophiste et rationnelle.
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C’est parce que la catastrophe constitue un destin détestable dont nous devons dire que nous n’en voulons pas qu’il faut garder les yeux fixés sur elle, sans jamais la perdre de vue.
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