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Citations de Jean-Pierre Otte (119)


Ce qui, dès le départ, m’avait plu dans le cercle, c’est que la conversation, le dialogue, l’échange étaient préférés à tout débat, celui-ci supposant que l’on a toujours quelque chose à transmettre, et plus encore imposer : un discours, une vérité, un sentiment ou une mission. Tandis que dans la conversation rien n’est dicté, prescrit ni structuré par avance. Chacun partait de son point de vue, l’exprimait et l’expliquait à sa manière, avec ses mots, sa mesure et son rythme, et si certains prenaient plus souvent la parole, les autres les écoutaient, pour sans doute se forger par métissage d’autres idées à partir de ce qui se disait, des motifs de réflexion,des perspectives qu’ils entrevoyaient soudain et qui les inspiraient, comme si la réalité que l’on pouvait croire une, indivisible et immuable s’entrouvrait alors sur d’autres réalités touts nouvelles pour eux.
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Sans doute ne devient-on jamais que ce l'on mange.
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Extrait 5

   Les images provenaient tout autant de l’extérieur que du
dedans : choses qui m’avaient frappé d’émerveillement ou de
stupeur dans l’enfance, choses qui venaient de bien avant le
jour de ma naissance. J’étais de tous les lieux et de tous les
temps : cela, je le devinai très tôt. Tout était à titre d’excep-
tion, très ample et multiple. Ainsi, plus tard, je pus dire un
jour à quelqu’un :
   Les poèmes roulent clos, déboulent du fond des âges tels
des cailloux chargés de plumes, de clameur et de sang.


p.9
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Je fus témoin un matin d'une scène assez étonnante. Une cétoine mâle était occupée à fouiller une rose alchimiste et à la butiner quand un autre mâle lui tomba abruptement sur le dos. Puisqu'ils peuvent à coup sûr se distinguer entre les sexes par le creux qu'ils ont ou n'ont pas au milieu de l'abdomen, la forme ne le trompait pas. Sans doute était-il abusé, grisé déjà par le parfum capiteux de la rose ; ou alors avait-il la curiosité d'un autre mode de relation, tenté par un plaisir inconnu ? Toujours est-il qu'il chercha à pénétrer l'autre comme s'il se fût agi d'une femelle, se recourbant un peu sur lui-même et s'agitant de façon spasmodique, tandis que le premier, offusqué, se démenait, se débattait avec force pour le décrocher de son dos.
La rose, qui s'en trouvait mieux encore fécondée qu'à l'ordinaire, n'y avait rien à redire, elle dont la seule morale partant de l'anatomie est d'être fécondée par union intime de ses parties opposées.
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Que ce soit à l'occasion d'une passade ou dans une fidélité établie à jamais, l'amour est toujours la reconstitution d'une fusion originelle, d'un cercle initial où les partenaires apportent leurs aptitudes complémentaires, la part manquante de l'autre moitié.
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Le plus surprenant, lorsqu'on approche une nouvelle espèce, c'est de la découvrir possédant ses techniques éprouvées, son secret, sa propre virtuosité. Sans jamais porter le regard en arrière, elle "traverse chaque instant comme la promesse d'un nouveau passage".
(p.68)
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Il fut un temps où lorsque je dénichais un livre qui m'exaltait, j'en acquérais toujours plusieurs exemplaires à distribuer à la ronde.
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La déception est le sentiment qu’on éprouve le plus intensément dans l’enfance. On va même de déception en déception, en découvrant le monde des adultes le plus souvent fait de chicaneries, de lâchetés, de disputes absurdes et de rêves désertés… La perte de toute magie quand on sort de l’enfance… comme une fatalité.
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j’ai compris que par la lecture on pouvait aller ailleurs,, voyager dans l’espace et le temps, se glisser dans la peau des personnages, voir par d’autres yeux, à la faveur d’autres appétits ou d’autres passions, se créer en soi-même un univers parallèle, sans pourtant se couper du réel et de tous les impondérables du quotidien. Un sage chinois a dit que notre vie en ce monde n’aura servi à rien si nous n’avons su nous créer notre propre monde.
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Au moment où mon grand-père, Julien Colin du Burnontige, file en douce avec juste ce qu'il faut de toux pour mourir, j'éprouve le besoin d'écrire avec les bouts et les rimes qui traînent, les refrains, les souvenirs inouïs, les péripéties d'une vie formidable, une ode pareille à l'orange qu'après avoir soigneusement écorcée on ouvre subitement : un jet d'acide jaillit de la déchirure ; on a des braises d'or dans les mains!
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C’est le printemps qui perce, dit Firmin. C’est vent et sève. Si on collait son oreille contre la terre, on entendrait des bruissements, des bouillonnements, des raclements de racines.
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Les répétitions de La Passion reprennent. Dans la salle du patronage, l'énorme poêle - un gros bonhomme en fonte noire, bouddhique, lippu, ventru - ronfle et refoule, par instants, des bouffées grises, grimaçantes. Dehors, le jour est pris dans l'ampoule pelue du gel. Ceux qui entrent ont les doigts gourds, les oreilles rouges, les yeux larmoyants. Sous leur caban, les femmes ont le bout des seins dur, gonflé comme le bouton des géraniums.
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Pouhon bleu la veillée


Extrait 4

Querelle de phrases et des arbres,
les paroles jouent des coudes,
se pressent, se pillent,
se saccagent, commencent
une escapade de linges frais.
D'autres langues annoncent
des pagailles, des serpes et des guêpes.
Phrases et regards se cassent dans la paille.
L'argument contient des lacets de grives,
des perdrix tombées comme des pierres.
Les paroles naissent des paroles,
trouvent à se délier
sous la peau claire des femmes.
Le souffle s'irrite dans les champs de silex,
et la langue, dans son fourreau,
devient coutelas.

p.26-27
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Pouhon bleu la veillée


Extrait 2

Derrière l'enceinte de grès,
une récréation plus subtile :
piège à renard, où l'en-dehors paraît retenu
dans les arbres, les méandres.
Silex pour phrases moussues,
bilboquet peint, goulots chargés d'échos,
et ce à quoi se soumet la parole :
circuit de cuivre et de lampes ; commerce
d'oiseaux et de nœuds ; algèbres gelées,
distilleries, alambic d'oranges et de boucles.

p.25-26
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Extrait 2

Filtrant à travers le sommeil, me parvenaient progressivement l’odeur tonique du café, des bruits de pas, un affairement, les voix fluides des femmes allant et venant dans la cuisine et la salle de bains à pavés blancs. Entre les toits, les vols rapides des pigeons claquaient comme du linge mouillé. Les cloches accordées de l’église Saint-Hubert marquaient les heures : « Fais la grimace et si la cloche tinte à ce moment, tu resteras ainsi pour l’éternité ».
C’était aussi le lever du grand-père : il remontait toutes les horloges, heurtait du bout de l’ongle le baromètre arrêté sur « Variable », et posait un concerto de Mozart sous l’aiguille du vieil électrophone en acajou. Au cours de la matinée, il décrocherait le miroir pour se raser, la figure barbouillée d’écume, tel un dieu marin.


p.7-8
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Extrait 1

J’avais conscience de ne pas être tout entier réveillé et de continuer de rêver. En lisière, paupières touchées par la lumière du jour. Je faisais exprès de prolonger mes rêves, les alimentais d’autres images, grossissais le fil, tout en conservant le corps immobile, la bouche assourdie par la salive du sommeil. Autant de songes légers à travers lesquels m’atteignaient des bruits réels. Mais aussi des bruissements internes. Comme on en entend à l’intérieur d’une coquille d’œuf.
J’avais vingt ans et, du fond du lit, je voyais des anges, des oiseleurs, des lucioles, des horloges pleines d’oiseaux, le saut d’une carpe à la surface des eaux, un funambule évoluant sur son fil sans autre balancier que celui de ses bras écartés. Je pouvais aussi bien, en vertu d’une sorte de dédoublement, me considérer de l’extérieur. Suspendu au plafond, avec un sourire dont on ne peut dire au juste s’il exprimait amusement, félicité ou ironie.
...

p.7
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Si tous les livres lus sont autant d'échappées belles sur les routes du monde, écrire, c'est s'inventer des chemins vierges.
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Doris Lessing dit quelque part qu'à la faveur de chaque rencontre nouvelle, de nouvelles facettes de notre être se révèlent à nous. (p.44)
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À l'inconvénient d'être né se mêlent des moments d'ivresse et d'euphorie délirante, des pertes de pesanteur, des excès en tous genres ; c'est la mise en abyme de la vie quand les spectacles "qui comptent" nous agrandissent le monde, nous le donnent à voir dans une autre profondeur.
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L’œil de seiche est terrible, pensif, profond (...) La tête s'orne d'une couronne de dix bras tentaculaires, particulièrement souples et prompts, garnis de ventouses sur toute la longueur. Deux de ces bras sont plus longs que les autres, rétractiles à volonté, portant à leur extrémité un bourgeon renflé, garni pareillement de ventouses. Tout cela fit dire à une fillette qui l'observait en même temps que moi que "la seiche porte ses jambes autour d'une bouche"
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