AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Jean-Pierre Otte (119)



Il nous appartient de nous libérer du connu, d'inaugurer d’autres voies, d'inventer d’autres merveilles de ce mystère ou de cette absence de mystère qui continue et continuera sans doute à jamais de décliner nos existences.

Jean-Pierre Otte, Strogoff
Commenter  J’apprécie          30

Il n’y a pas d’élite et il n’y a pas de lie, en fait aucune égalité ni davantage d’inégalité, mais des êtres semblables qui évoluent à partir de leur propre centre de gravité, chacun ayant une destinée particulière à accomplir avec pour seul impératif d’en accepter les détours et l'issue.
D’établir entre les hommes, entre les classes et les races, des principes ou des régimes d’égalité ou d’inégalité, les réduit de toute manière, et les empêche de prendre jamais leur vraie mesure. C’est toujours à partir de tels concepts que le pouvoir peut s’exercer, recourant à des solutions qui sont le plus souvent des solutions d’isolement des individus par rapport à eux-mêmes, au lieu qu’en les découvrant semblables, on les rendrait à leur disponibilité et à la turbulence de la vie.
Le vagabond est dans son vagabondage, l’architecte devant ses plans, le rêveur dans ses rêves, l’artisan à son établi, le professeur devant son auditoire et le savant dans la solitude de l’invention possible, mais tous se correspondent par le désir et la capacité personnelle de l’épanouissement. A tous les âges, à tous les étages de la société, en tous lieux et à travers les strates du temps, ces êtres semblables, à partir de leur centre de gravité, ont leurs facultés propres, les occasions et les ressources pour se développer différemment et devenir en définitive ce qu’ils sont.

Jean-Pierre Otte, Strogoff
Commenter  J’apprécie          30
"- Il importe vraiment, dit-il, que tous et chacun nous conservions notre secret, car que subsisterait-il de nous si notre secret était livré, divulgué, dévoilé, perdu, percé, extorqué, arraché ? Ce serait la perte de notre propre densité, de notre identité profonde, de la différence qui nous fonde. L'aveu libère, dit-on, l'âme de son angoisse, mais ensuite c'est un désenchantement, sans remèdes et infertiles, celle-là, que d'être réduit à rien, de ne plus avoir d'énigme personnelle au regard des autres, et d'abord à nos propres yeux...."
... " - Le secret reste notre composante essentielle. Il est l'incandescence intérieure, le "moi intime", le mystère personnel à partir duquel tout s'élance et vers lequel tout converge...l'erreur est toujours de chercher à percer le mystère intime de l'autre ou de se montrer soi-même sans ombre."
Commenter  J’apprécie          30
Mais d’abord, il eût les mots sonores qui s’échappaient des lèvres de mes proches, ceux qui accompagnaient les images dans des albums à carton dur, ou que je trouvais dans les phylactères de mes bandes dessinées,et ceux qui constituaient les mêmes histoires que mon père, de sa voix grave t paisible, nous lisait ou nous inventait au bord du lit, dans la chambre dont il laissait toujours la porte entrouverte, dans une perspective d’évasion…
Commenter  J’apprécie          30
Liz et Antoine sont de ceux qui se donnent sans réserve et vous emplissent tant ils sont si pleins d’eux-mêmes, se débordants de vie, de leur vie palpitante, de leurs appétits, leurs passions. C’est vraiment réconfortant de voir que de tels êtres existent encore au milieu d’un monde mondialisé, de plus en plus déshumanisé, dénaturé à l’extrême, et qui cherche encore à se raviver sur les cendres d’un matérialisme illusoire.
Commenter  J’apprécie          30
Il semblait qu’on m’eût oublié tandis que, décortiquant mes châtaignes et dégustant le vin, je détaillais les uns et les autres, sans rien perdre de ce qui s’échangeait. C’est toujours pour moi un ravissement de découvrir les visages, de percevoir leur vérité profonde, de distinguer pour chacun une beauté particulière, même à ceux dont on dit, selon des critères discutables, qu’ils ne sont pas beaux.

Commenter  J’apprécie          30
Certains livres, enchaîna Mehdi, sont d’une telle fertilité que lorsqu’on y plonge la tête la première, ils remplissent le vide, délivrent, détruisent insensiblement toute impression d’isolement. On se croyait séparé de tout, en rade, laissé pour compte, et on se retrouve réuni, accordé à tout, au diapason même de l’univers. C’est cela, le plaisir par l’excellence.
Commenter  J’apprécie          30
Pour résumer nos propos de la séance précédente, dit Maylis, il s’avère souvent que c’est lorsqu’un ouvrage nous a plu outre mesure qu’il faut ensuite le redécouvrir dans ses plis et ses replis, et surprendre sans cesse des choses qu’on n’avait pas remarquées à la première lecture. En fait, c’est quand on a trouvé un livre qui nous correspond et nous bouscule de l’intérieur, qu’on le cherche le plus. Mais ce qui est particulièrement exaltant, ajouta-t-elle, c’est que chacun va trouver dans le même livre différent, comme si tout jouait à travers les angles taillés d’un cristal de Bohême, un corps à facettes ou un jeu de lentilles tantôt concaves et tantôt convexes : chacun le recrée diversement selon ses prismes personnels
Commenter  J’apprécie          30
Voilà que, roulant chacun de son côté, ils se sont soudés par la sole. Ils se resserrent en bordure, s'enroulent, se déroulent dans une bave plus abondante, et reviennent s'accoler, s'épouser encore plus étroitement par succion. A chaque fois qu'ils se rétractent puis s'étirent, l'écume s'exprime, en réponse à d'autres stimuli. Ils se découvrent l'un pour l'autre voluptueusement visqueux, volubiles et souples dans l'euphorie musculaire qui s'empare d'eux jusqu'à l'absolu ravissement."

"Pour plaire en ce monde, la mante a d'abord pour elle une coloration d'un vert tendre, clair, uni, un peu pomme; quelque chose de translucide, qui ne perd cependant jamais son opacité. C'est une merveille d'esthétique, un mystère confiant et fier, qui se dresse d'évidence à la lumière."
Commenter  J’apprécie          30
p.54:Goethe:"La métamorphose des plantes"
chèvrefeuille
p.64:JJ Rousseau, "L'Emile":odorat
Hérodote, homère,whitman,conrad, melville, gogol
Commenter  J’apprécie          30
A ma compagne,
Cet univers que je découvre
au travers de sa tendresse
et de sa transparence de femme.
Commenter  J’apprécie          30
Jean-Pierre Otte
Ce fut ensuite, errant le long du rivage, que j’observai mon ombre. N’est-elle pas la preuve indéniable de la présence, ou un prolongement qui échappe au piège du dedans pour se manifester dans le champ extérieur ? Si je me penchais sur elle comme pour me fondre, je ne réussissais qu’à l'amoindrir et, à l’instant de la jonction, elle disparaissait, absorbée par la chair ; il ne restait que moi, pour moitié. Elle évoluait dans une danse ondoyante, fidèle à mes mouvements (ou moi, articulé à elle), si librement désinvolte que j’eus le sentiment que l’ombre n’est pas liée à nous ; c’est nous, au contraire, qui lui sommes obligés. Je continuai de marcher au hasard, de-ci de-là, pour la voir onduler, s’allonger, s’incliner, se précipiter parfois sans laisser de traces, et obtenir ainsi une idée calligraphique de moi, errant le long d'un rivage.
Commenter  J’apprécie          20
Il découvre l'écriture, la calligraphie dans les cahiers à trois lignes. Il trempe le bec de la plume dans l'encre noir-bleu, la fait glisser contre le goulot pout faire couler le trop-plein ; il la lève, la presse à peine contre le papier, pose les l comme de petites ailes, trace la barre des t, arrondit les voyelles : le o goulot, leu des vallées et des cuves, le e espace de silence, le i droit et stoïque, petite baïonnette. Il arrondit certaines consonnes, les jambages des m et des n. Il sait lever le j majuscule, enfler légèrement le f petite elfe, pointer légèrement en les penchant le p et le q, dessiner le x comme deux coquilles collées. Il s'applique comme un artisan joaillier. Il descend en lui-même par la rondeur et la régularité des lettres.
Commenter  J’apprécie          20
C’est la métamorphose des mécréants, des incrédules, des saint Thomas à la langue bien pendue, des sceptiques avec une pincée de sel dans la bouche, des libres penseurs qui font bonne chère pour combler le vide ! Venez à moi mes brebis, paix mes agneaux ! Ils adorent passionnément Marie, Sainte Marie, dans chaque pétale de verre fleurie d’œillets et de roses mis closes, les fenêtres autels avec leurs napperons, leurs bougeoirs, leurs saints de plâtre, les trottoirs parsemés, estampillés de pétale et de farine douce ! Les gens s’agenouillent, se penchent pour mieux se recueillir, toucher à l’ineffable. Voilà pour le sacré, et pour le profane, il y a Jean-Denys qui porte à bout de bras le bouquet aux milles fleurs, escorté d’une fanfare de clarinettes, de trompettes et de tambours. Ils visitent les demeures, donnent l’aubade devant chaque étal, chaque entrée de café ; ils dansent la valse et la polka avec les vieilles et les chipies ; ils mangent de petites crêpes chiffonnées et s’arrosent goulûment le gosier ; c’est la pentecôte des petits blancs.
Commenter  J’apprécie          20
Entrée en écriture


Extrait 6

Le sang ne pouvait qu’être bleu. Le sang des orphe-
lins, des ferronneries oubliées, et du ciel d’octobre ouvert
comme une bogue. Le regard s’enfonçait dans le bleu sans
rencontrer d’obstacle. Les sons, les images et les formes s’y
évanouissaient — tel un oiseau dont on suit le vol et dont
il ne subsiste bientôt plus qu’un point (qui finit lui aussi
par disparaître). S’engager dans le bleu, c’était, retenant sa
respiration, dérober « le diapason sous l’oreiller », et passer
de l’autre côté des miroirs. La vie était prise dans les angles
d’un cristal de Bohême.

p.9
Commenter  J’apprécie          20
Pouhon bleu la veillée


Extrait 3

On raconte la fable des arbres pansés,
des maisons sous les maisons,
la cérémonie de la martre, l'insomnie du lait,
charade des mains pleines de doigts.
On parle haut et ferme. On ouvre
les mots comme des truites.
Agneaux tièdes, fleurs d'harmonicas.
Crique du corps,
où les paroles s'ouvrent comme des abricots,
libèrent des palombes à travers la pluie.
Qui délace les étuis, dénouer l'osier,
les cicatrices devenues crues dans la gousse ?

p.26
Commenter  J’apprécie          20
Entrée en écriture


Extrait 3

Cette cérémonie familière visait à abolir les apparences, rompre les dernières ombres de la nuit, détruire sans bruit toutes les distances. Après s’être rasé, il se frottait les joues avec une pierre d’alun. Ensuite, le visage glabre, il allait nourrir les trois tarins : graines de chènevis et de tournesol. Il était celui que je nommais l’oiseleur des songes. Il avait eu une vie de liberté insensée, une gratuité extrême dans les gestes, ravi et presque stupéfait de se sentir respirer (et ce ravissement se poursuivait encore). Le bonheur n’était que la capacité offerte à chacun de se créer un petit ciel à l’intérieur — et ce ciel comme l’autre était à la merci du bleu, des précipitations, des grêles et des embellies. Les lèvres se scellaient de silence.


p.8
Commenter  J’apprécie          20
Entrée en écriture


Extrait 4

Emmitouflé encore dans les couvertures, n’étais-je pas pareil à un plongeur sous sa cloche, m’enfonçant dans la rumeur orchestrée de la ville que l’on ne discernait pas encore, voilée par la brume du fleuve ?
Après la pluie, les trottoirs reflétaient une clarté bleuâtre, irréelle — et l’on se sentait entraîné dans un univers de fantasmagorie, un univers d’escaliers, de croisées, d’arrière-cours, d’impasses badigeonnées au lait de chaux. Une odeur de charbon mouillé montait des caves. Les fenêtres à miroirs accrochaient le soleil de huit heures et la marchande de poires cuites passait dans les rues en criant d’une voix rauque. Le rémouleur faisait siffler les couteaux : un babil de pie se déliait vers les fenêtres ouvertes. Notre mère, en ce temps-là, travaillait chez un fourreur et, le soir, nous ramenait des couleurs d’ocelot, des morceaux de loutre au pelage court et soyeux.


p.8-9
Commenter  J’apprécie          20
C'est vrai que l'on a parfois en forêt l'impression de franchir des portes qui n'existent pas, de traverser des limites invisibles et de déboucher sur des espaces neufs et inconnus, avec une sensation d'étrangeté, mais aussi comme si on était redevenu un étranger pour soi-même.
Commenter  J’apprécie          20
Nous avions fermé les yeux. Le vent ramenait progressivement dans les arbres la rumeur de la mer.
Commenter  J’apprécie          20



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Jean-Pierre Otte (216)Voir plus

Quiz Voir plus

Jouons avec David Cronenberg

Dead Zone est un film fantastique de David Cronenberg sorti en 1983, avec Christopher Walken. Il s'agit de l'adaptation du roman du même nom de :

Graham Masterton
Stephen King
Anne Rice

8 questions
25 lecteurs ont répondu
Thèmes : cinema , cinéastes , metteur en scène , realisateur , acteur , adapté au cinéma , adaptation , hollywood , littérature , fantastique , horreurCréer un quiz sur cet auteur

{* *}