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Citations de Jean-Yves Jouannais (34)


(...) quand je lève les yeux, je rencontre des regards qui disent : "Quelqu'un qui n'est pas d'ici". L'étranger se trahit tout de suite par l'intérêt qu'il porte aux ruines.
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Devant le pont, le sol était littéralement jonché de chevaux et d’uniformes verts et rouges. Partout, des corps d’hommes et de chevaux jonchaient le sol, faisant parfois déborder l’eau des fossés devenue rougeâtre. Les jeunes hussards bleus sont couchés dans la neige. Maintenant ils mouraient dans la neige, sans souffrance, et faisaient du blanc manteau un sorbet à la framboise. C’est un soldat, ce tas bleu ? Enfant aux mains coupées parmi les roses oriflammes. Horrible ! Son corps étendu, tête fracassée, à moitié vide, de la cervelle comme une mousse rose. Il roule de gros yeux abasourdis et il souffle de l’écume. Sa bouche et le bas de sa figure sont entourés bientôt d’un nuage de bulles roses. La douleur et le choc se mêlaient dans ses larmes, qui traçaient deux lignes roses sur ses joues tachées de graisse. A la hauteur du cœur une large tache rose. Vers mon cœur se précipite un flot aux teintes jaunâtres, pareil à celui qui, chez les guerriers abattus, accompagne les dernières clartés de la vie, à l’heure où la mort vient à pas rapides. Il a deux trous rouges au côté droit.
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L’archiduc Charles, quant à lui, prit la décision de rester sur la défensive, en face de l’audacieux Masséna. Pompée se mit en marche, et vint camper auprès de la porte Colline. Cinna le suivit de près, et campa vis-à-vis de lui. Déjà les 5e et 2e armées polonaises, adossées à la Vistule, forment un ultime bouclier à l’est de la capitale. En face d’elles se déploient les 4e, 15e, 16e et 12e Armées rouges, prêtes à balayer le dernier rideau de troupes qui les sépare de l’Occident. Lord Wellington mit son quartier général à Cartaxo, en face de Santarem, et les deux armées, séparées seulement par le Rio Major, restèrent en présence. Les deux armées restèrent ainsi campées l’une en face de l’autre au cours de l’hiver et du printemps. La division Vandamme a en face d’elle, à moins de cinq cents mètres, la partie russe de la quatrième colonne sous Miloradovitch : de gauche à droite, les régiments de Smolensk, d’Apchéron et de Petite-Russie. Tout à coup, les tranchées s’effondrèrent des deux côtés. Ce fut aussi embarrassant que de voir une dame nue dans son bain ! Les ennemis, de part et d’autre, se sentaient horriblement gênés… Personne ne tira. Les siècles semblèrent reculer au temps où les armées se faisaient face en gardant des manières. Nul ne sonna l’assaut. Les ennemis s’observaient. Les deux armées se voyaient l’une l’autre et campaient face à face ; et comme Vercingétorix disposait des éclaireurs pour empêcher les Romains de faire un pont et de franchir le fleuve, César se trouvait dans une situation fort difficile. Soldats et marins se dévisagent, l’arme au poing, prêts à s’entretuer.
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MOAB est le fruit de ma collection de citations de guerre, partition de L’Encyclopédie des guerres. C’est un fruit inattendu, poussant sur les branches d’un arbre d’une autre espèce, plante hémiparasite ayant élu domicile dans une encyclopédie sans l’agresser ni la dénaturer.
Il s’agit d’un montage de bribes de littérature de natures diverses. L’ajustement des éléments y est approximatif. Ni les temps verbaux, ni les sujets ne sont raccord : une phrase de Chrétien de Troyes, de Churchill, de Jules César ou de Jünger, une poignée de mots de Masséna, Polybe, Jomini, Barbusse, Tite-Live, Malraux… Cela bégaie de n’avoir pas été raboté, jusqu’à faire anacoluthe. Non pas telle que certains grammairiens ont désiré classer l’anacoluthe – une figure de style -, mais comme cette infirmité propre à toute langue en formation et qu’aucune grammaire ne sait encore garantir de l’illogisme. Aussi cela s’efforce-t-il de dire, dans ce vrac, ce ressac, le temps illimité d’une seule et même bataille en quoi consiste, en réalité, l’intégralité des guerres. Chacun de ces vingt-deux chants est organisé autour d’un thème ou d’un moment de cet affrontement : « Drapeau » ; « Harangue » ; « Collision » ; « Odorat » ; « Couleurs » ; « Boucherie » ; « Panique ».
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En ce temps-là, la guerre couvrait Ecbatane. Et il suffisait peut-être de l’ordre d’un seul homme pour allumer sur le sol de presque toute la Gaule, les mêmes foyers d’incendie qu’au printemps, aux abords d’Avaricum. Alors l’incendie gagna en vitesse. La marche à la guerre s’était faite plus rapide. Les esprits ont changé : chacun presse ses armes. On est prêt pour la guerre et toutes ses fureurs. La guerre parut alors à tous inévitable. Le mot fut prononcé, gros de morts éventrés, de dames dépouillées, de pauvres belles filles sans robe ni manteau sur leurs épaules froides. Et là, la guerre a éclaté.
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Éric me dit que le thème de ma bibliothèque rapportée d’Allemagne n’était sûrement pas la guerre, que je m’étais trompé tout du long, comme si j’avais voulu étudier la métaphysique dans des livres de cuisine, et qu’à l’évidence c’était une certaine idée du burlesque qui les réunissait.
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– C’est incroyable ce genre d’obsession, la tienne je veux dire, cette folie de la collection.
Il parlait de ce qu’il croyait connaître de ma dépendance aux livres. Je lui répondis qu’il se trompait. Lui, il était passionné par l’art contemporain. C’était non seulement son métier, mais aussi sa passion. Il y croyait, ne s’était jamais forcé pour y croire. Et ce qui le bouleversait dans l’art, c’était la vie des artistes, d’imaginer et de s’approprier ce qu’ils voyaient du monde. Moi, au contraire de lui, je n’étais fasciné par rien. C’était un regret. C’était à pleurer tant je le regrettais. Que ce soit la guerre, l’amour, la politique, ou tout autre chose – dont les livres -, je n’étais envoûté par rien. J’avais justement souffert de n’avoir jamais vécu sous le joug d’une addiction.
– Je ne collectionne rien à titre personnel. Je ne réunis aucun type d’objets, d’émotions, d’expériences, de rêves qui me seraient propres. C’est pour cela que j’acquiers les collections des autres. C’est le cas avec les livres de ce Hans Reiter. Je ne sais pas quel ensemble ils forment, ce qu’ils signifient ensemble. Mais c’est justement parce que je ne crois pas être cela, un collectionneur, que j’essaie d’éprouver un peu cette réalité de la dépendance, en tout cas de l’approcher, en accaparant les collections des autres. Je ne suis fétichiste que par procuration. Alors, ces ensembles, je les regarde, je tente d’éprouver la passion qui a concouru à leur constitution, l’obsession qui, chez un autre, les a fait naître.
– Mais pour ta nouvelle collection, qui n’est pas à toi, enfin qui n’est pas de toi, tous ces livres qui parlent de guerre, tu as bien des hypothèses sur ce qui les réunit.
– Non, franchement, je n’y comprends rien. En tout cas, ce qui m’arrête, moi, dans ces livres de guerre, ce n’est jamais la guerre. C’est un paquet d’anecdotes sans pedigree qui papillonnent apparemment au hasard, dont on ne sait pas si elles ont éclos sur un champ de bataille ou dans une fête foraine. Je lui racontai l’une d’entre elles, piochée dans une sorte d’encyclopédie populaire des animaux de guerre – un livre moche et mal imprimé -, un inventaire d’expériences plus ou moins loufoques tentées sur nos amies les bêtes. J’y avais découvert l’existence d’un certain Louis Ferrier, professeur de chimie à l’université de Harvard qui, dans l’entre-deux-guerres, avait oeuvré pour mettre au point l’arme miracle. Son programme consistait à équiper des chauves souris de bombes incendiaires très puissantes pour l’époque, ne pesant que cinq grammes et équipées d’un système de retardement.
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Revenu d’Allemagne, je voulus prendre le temps d’expertiser cet échantillon de bibliothèque martiale, en saisir l’esprit et la logique. J’annulai tous mes rendez-vous, fermai les volets. Dehors, le froid était intense. Mais surtout, la couleur de tourbe de la pollution infusait dans un brouillard constant. Aucune clarté n’entamait ce cloaque. Le silence plombait. Seuls des coups de feu parvenaient à faire relief par instants, à s’incruster dans ce mou du temps. Je commençai à lire un ouvrage consacré à Fort Alamo, d’un certain Walter Lord. Lecture distrayante, sans attente, confortable et irritante de ces livres où la littérature n’est ni attendue ni invitée, où les phrases n’excèdent leur fonction que rarement, par accident (…).
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À 4 heures du matin, un taxi vint me prendre en bas de chez moi. Les rues étaient désertes. On n’entendait que les arbres violentés par des bourrasques discontinues. Un chien aboyait aussi. Sûrement celui d’un SDF abrité sous un pont aux alentours. Ou peut-être très loin, le silence étant si étonnamment parfait, comme dans ces villes russes où, dans la nuit, sous la neige, on est estomaqué d’entendre, au fond d’un faubourg, chanter un coq comme si l »on se fût trouvé aux abords d’un village. Une brume flottait à la surface du canal. Au milieu de l’eau, un objet tressaillait au gré des clapotis. C’était dressé vers le ciel. Du bois, semblait-il. Pinocchio recraché par la baleine, mais mort. M’en approchant, je reconnus la quille d’une maquette de voilier. J’avais vu ces derniers jours un homme très âgé, à cet endroit, jouer avec un magnifique galion télécommandé. Le bateau avait peut-être chaviré. Aussi était-il resté en rade au milieu de l’eau. L’homme avait dû, la mort dans l’âme, abandonner là son cinq-mâts à la poupe carrée qu’il avait mis des mois à assembler. Ses canons en laiton avaient dû tomber lentement au fond du canal, et le navire hoqueter à la surface de l’eau tandis qu’il se délestait de la masse de son artillerie. J’avais lu quelque chose là-dessus. Une maladie, du type « chute d’organes » – techniquement, on dit « ptôse » -propre aux canons des bateaux de guerre. Ainsi était mort le cuirassé Bouvet, aux Dardanelles, touché, couché, la houle s’engouffrant dans ses cheminées et puis, électrisé par une convulsion, il avait bondi, ses douze tourelles, sorties de leurs assises, l’avaient abandonné pour le précéder dans sa noyade.
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"Les châteaux de sable, je finis par les envisager comme des livres que l'on aurait pu écrire, ou pas, ou partiellement, qui n'auraient pas eu d'ambition artistique, hormis celle de répondre à une obsession, de s'accorder à elle. Les châteaux de sable n'ont pas d'auteur, ils sont des matériaux conducteurs de fable, toujours exactement la même, ont pour vertu cardinale de mesurer le temps et, non seulement font la guerre, mais sont la guerre. Si les châteaux de sable n'avaient pas été la littérature, j'aurais trouvé, dans la littérature justement, milles références aux châteaux de sable. La preuve de l'identité des deux phénomènes, c'est que la littérature avait su traiter, et avait eu le temps de le faire, de tous les aspects, réels, objectifs, comme fantasmés et imaginaires de l'épopée humaine, à l'exception des châteaux de sable. C'est peut-être aussi la raison pour laquelle ma phrase continuait de ne pas me déplaire, parce qu'elle demeurait unique sur cet aspect de la castellologie. S'il m'était venu à l'esprit de compiler les savoirs contemporains comme ancestraux sur cette discipline, mon encyclopédie n'aurait comptée qu'une seule page, composée elle-même d'une unique citations dont j'aurais été l'auteur."
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"... sans convoi.

Je quittai la Suisse. Le train, surveillé de haut par les embrasures de bunkers invisibles, traversait des forêts de conifères qui, surprises à l'aube, exhalaient une brume compacte. Sapins et mélèzes par milliers respiraient à l'unisson. Dans mon casque, Ian Curtis, dont je pouvais dire qu'il avait été ma seule idole. Joy Division ressemblait à l'image que je me faisais de la guerre, et avait été comme la bande originale de mes fièvres obsidionales. Cette musique avait été également, je m'en rendais compte ce jour-là, dans ce train qui m'exfiltrait de la Suisse sans guerre mais aux réservistes se faisant sauter la cervelle avec leur arme de service, la source unique de l'exultation et de la danse, de cette danse dite "pyrrhique" ou danse de guerre que j'ai très tôt associée à l'épilepsie - mal dont souffrait Ian Curtis -, dès le jour où j'ai appris l'étymologie du mot - epilépsia, "attaquer, mettre violemment la main sur quelque chose". Depuis, je n'ai plus douté du lien entre les convulsions de l'épilepsie et les chorégraphies du combat, apprenant, progressivement, pour me le confirmer s'il en était besoin, qu'en avaient souffert les plus grands chefs de guerre : Alexandre le Grand, puis Jules César, Charles Quint, Napoléon, Richelieu ; Charles II d'Espagne ; Charles-Louis d'Autriche, tombeur de Jourdan et de Moreau ; mais encore Byron mourant en Grèce dans son uniforme rouge, Jeanne d'Arc lâchant son épée aux pieds des Anglais sur une rive de l'Oise."
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Moi, (…) je n’étais fasciné par rien. C’était un regret. C’était à en pleurer tant je le regrettais. Que ce soit la guerre, l’amour, la politique ou tout autre chose – dont les livres-, je n’étais envoûté par rien. J’avais justement souffert de n’avoir jamais vécu sous aucune addiction.
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« Paris.- 28 janvier 1921. Inhumation du Soldat inconnu sous l’Arc de Triomphe. Le cercueil porté par quatre soldats arrive devant la tombe » . Les porteurs vont au pas, leur pied gauche est levé. Ils regardent devant eux, vers ce qui doit être le bas des Champs Élysées, et l’assistance autour d’eux regarde dans la même direction. Personne ne regarde le cercueil recouvert du drapeau. Ce soldat n’est pas seulement inconnu, il est déjà seul.
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La page s’est habituée à votre mutisme face à elle et pourtant, combien fort j’aimerais vous le clamer, parmi les littérateurs du siècle, vous êtes le plus grand, le plus juste, le plus original. Votre silence a plus d’intelligence, de profondeur que le bruit de bien des brasseurs de mots. Seule l’ambition est référence ; la vôtre est immense, indépassable, idéale. Et cela n’a pas à voir avec ce que le populaire entend par l’expression : « il n’y a que l’intention qui compte. » Non, je parle de votre ambition littéraire comme d’un absolu. Si votre silence mérite tant le respect du siècle c’est qu’il est exactement le contraire d’un aveu de médiocrité et d’une incapacité à écrire, mais bien le signe d’un projet aux rivages jusqu’alors inabordés, d’une idée de la littérature si vertigineuse qu’aucun grand homme avant vous ne l’avait conçue. Il existe des écrivains muets comme il existe des volcans en sommeil ; leur nom infernal aux résonnances mêlées de soufre, de feu et de mort n’en fait pas moins trembler les hommes.
[…]
Votre fidèle Marcel Proust
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« Ne pas faire » est moins une réponse au tout industriel qu’à la logique commerciale de la société. C’est moins l’objet qui pose problème que l’horizon de stocks qu’il promet ; c’est moins l’artisanat que le devenir-marchandise des tableaux ; moins le travail que la plus-value, les pilonnages qu’il nourrit. Le dilettante n’apprécie rien moins que les formules violentes et molles du marketing. Il ne fait pas campagne. Il n’est pas un homme de la vente, du mensonge. Il donne sa préférence à la paresse.
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Tu parles du critère de "facilité". Tu visualises un site où, à l’évidence, la construction d’un barrage est possible facilement. Est-ce que cela peut être parfois le critère de difficulté qui prévaut ? Un endroit où l’eau est si profonde, le lit si large, que tu te lances un pari motivé par le handicap ?
– Non, jamais. Je suis un gagneur. J’ai toujours détesté les châteaux de sable. On sait dès le début que la marée monte et que la construction va être rasée. Ce n’est pas agréable.
– Donc, tes barrages de rivière ne sont pas concernés par la guerre, hormis, justement, le souci de s’en exclure. Tu n’es pas attiré par le choc.
– Non. Avec les barrages de rivière, il s’agit de trouver un équilibre, une transition éphémère, mais qui a une durabilité plus grande que celle du château du sable.
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Nina désire augmenter le coefficient ornemental de l’édifice en ponctuant l’enceinte de pâtés de sable. Elle en réalise six d’assez belle allure. Ce qu’elle a en vue, depuis le début, n’a pas grand-chose à voir avec la nature de mon chantier. Elle construit un château, nécessairement un beau château, pas trop fort le château, plutôt une décoration, l’accessoire stylisé des fables princières qui sont le lot des premières lectures enfantines. Elle tresse une couronne à notre rempart avec l’application et l’amour du beau qu’elle a pu montrer jadis en peignant ses poupées. Puis elle hésite. Sans me regarder, elle abat ses tours. "Trop nul ! C’est même pas beau ! Si t’es d’accord, on fait plus de pâtés. Ça va pas arrêter les vagues." Si je suis d’accord ? Et fou de joie avec ça ! À cet instant, je sais que nous sommes en train de construire le même édifice. Sans plus d’ambiguïté, nous nous liguons contre l’océan, nous faisons la guerre. Elle ajoute : "Il faut consolider les murs sur le côté !" La guerre est l’unique motif de notre activité. Je l’embrasse, ma fille, qui ne m’a jamais paru plus belle.
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Une plage de Vendée. La Tranche-sur-Mer, le 3 juillet, 15 heures. Nina, 8 ans, Kolia, 4 ans, et moi, commençons un chantier, sable et pierres, sans plan établi. "On va faire un château !" Juste ça. Nous nous accordons sur ce nom de "château", pratique, séduisant, quand je sais pertinemment que ce que nous allons ériger, face à la marée, est un barrage. Un barrage contre l’Atlantique. C’est de guerre qu’il s’agit, dès lors, sans détour. On ne parle pas de cela aux enfants. Surpris en leur compagnie, dans un musée, par une toile de bataille, tandis que le sang y coule à flots, que les corps y sont passés au fil de l’épée, nous détournons leur attention sur les drapeaux multicolores qui décorent le ciel au-dessus des phalanges rompues. On s’entend répondre à leurs questions inquiètes : "C’est un tableau sur le vent."
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Sans plus d'ambiguïté, nous nous liguons contre l'océan, nous faisons la guerre. Elle ajoute "Il faut consolider les murs sur le côté !". La guerre est l'unique motif de notre activité. Je l'embrasse, ma fille, qui ne m'a jamais paru plus belle.
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Nina me demande quand la marée sera haute, combien de temps il nous reste. Je lui explique que "marée" désigne un phénomène dynamique, que c'est un peu abusif de dire "marée haute" ou "marée basse", qu'il vaudrait mieux dire "pleine mer" ou "basse mer", que nous avons entrepris une lutte non pas contre l'océan, mais contre son mouvement.
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