Citations de Jeanette Winterson (406)
Ce n’était pas de l’arrogance, c’était du désir. Je n’étais que désir, désir de vie.
J’ai remarqué qu’agir sensément n’est une bonne idée que lorsque la décision est sans conséquence. Pour ce qui bouleverse l’existence, il faut prendre un risque.
Une vie difficile a besoin d’un langage difficile - et c’est ce qu’offre la poésie.
Il y aura des moments si terribles que vous y survivrez à peine, et d’autres où vous comprendrez que le gouffre que vous vous êtes choisi vaut mieux que l’existence factice, en demi-teinte, qu’on a choisie pour vous.
Peut être que le refus, sous n’importe quelle forme, de se laisser briser fait entrer assez d’air et de lumière pour sauvegarder notre foi dans le monde - notre rêve de fuite.
Les histoires sont là pour compenser face à un monde déloyal, injuste, incompréhensible, hors de contrôle.
Je ne vois pas l’interêt d’être quoi que ce soit, ou plutôt de devenir quoi que ce soit, si l’on a pas l’ambition nécessaire pour y parvenir.
Je ne sais même pas si Dieu existe, mais je sais que si Dieu est le modèle que l'on se choisit pour sa vie émotionnelle, très peu de relations humaines parviennent à répondre aux exigences que cela implique.
Une vie difficile a besoin d'un langage difficile - et c'est ce qu'offre la poésie. C'est ce que propose la littérature - un langage assez puissant pour la décrire.
Et une pierre après l'autre, l'histoire fut révélée, scintillante et concentrée, comme le temps est concentré dans un diamant, comme la lumière est concentrée dans chaque pierre précieuse. Les pierres parlent, et ce qui était silence ouvre la bouche pour raconter une histoire, et l'histoire se grave dans la pierre pour la briser. Ce qui est arrivé est arrivé.
Avec toi dans ce lit trempé de nuit, c'est du courage pour la journée à venir que je recherche. Pour que, quand la lumière se fera, je puisse me tourner vers elle. Il n'y a rien de plus simple. Rien de plus difficile. Et au matin, ensemble, nous nous habillerons et partirons.
Nos habitudes et nos peurs prennent les décisions à notre place. Nous sommes l'algorithme de nous-mêmes - si vous aimez ça, vous aimerez peut-être aussi ça.
C'est l'injustice de la situation qui contraria Leo pendant qu'il payait son amende et les frais de procédure. Leo n'avait pas inventé le capitalisme - son boulot était de faire de l'argent dans un système dont le principe était de faire de l'argent. Ce qui impliquait aussi le risque d'en perdre ; en fait; le krach était un jeu de chaises musicales - tant que la musique jouait, personne ne s'inquiétait qu'il n'y ait pas assez de chaises. Qui veut s'asseoir quand on peut danser ? Il lui était déjà arrivé de perdre des sommes équivalent au PIB d'un petit pays, mais il avait toujours eu le temps de les regagner et plus encore.. Quand la musique s'arrêtait, il avait - temporairement - racheté toutes ses chaises.
[...] parfois, il faut bien accepter que votre coeur sache mieux que vous ce qu'il faut faire.
Ma femme n'existe plus. Cette personne n'existe plus. Son passeport a été annulé. Son compte en banque fermé. Quelqu'un d'autre porte ses vêtements. Mais elle m'occupe l'esprit. Si elle n'avait jamais vécu et qu'elle m'avait occupé l'esprit, on me traiterait de fou et on m'enfermerait. Dans le cas présent, je suis en deuil.
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C'est moi. Shep.
Je suis un homme sans histoire et je vis avec mon fils, Clo. Il a vingt ans. Il est né ici. Sa mère était canadienne d'origine indienne. De mon côté, je suis arrivé sur un navire négrier - OK, pas moi, mais mon ADN, si, avec l'Afrique toujours inscrite dedans. Notre ville, La Nouvelle-Bohême, était une ancienne colonie française. Des plantations de canne à sucre, de grandes maisons coloniales, la beauté et l'horreur tout à la fois. Les balustrades en fer forgé que les touristes adorent. Les petits bâtiments du dix-huitième siècle peints en rose, jaune ou bleu. Les devantures des magasins en bois avec leurs grandes vitrines connexes. Les ruelles pleines de portes sombres menant aux filles de joie.
Et puis il y a le fleuve. Vaste comme l'était l'avenir. Et puis il y a la musique - toujours une femme qui chante quelque part, un vieux qui joue du banjo. Une simple paire de maracas que la fille agite à la caisse, peut-être. Un violon qui vous rappelle votre mère, peut-être. Une mélodie qui vous donne envie d'oublier, peut-être. Qu'est-ce que la mémoire, de toute façon, si ce n'est pas une méchante chicane du passé ?
Après l'office, il y avait un buffet ; ma mère avait fait vingt trifles et sa pile habituelle de sandwichs à l'oignon et au formage.
"On reconnaît une femme de valeur à ses sandwichs" lui a déclaré le pasteur Finch.
Ma mère a rougi.
"J'aime bien ces timbales..." , a-t-elle dit. Et j'aime bien qu'elle appelle un mug une " timbale". C'est un joli mot désuet- un objet du quotidien sonore, entre tambour et cymbale. (p. 63)
C'est un paysage de peu de mots, taciturne, réticent. Il n'a pas la beauté évidente.
Mais il est beau. (p. 29)
La vérité est une chose très complexe pour tout un chacun. Pour un écrivain, ce que l'on retranche en dit autant que ce que l'on intègre. Que trouve-t-on par-delà les marges du texte ? (Points, août 2013, p. 17)