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Critiques de Jeanette Winterson (191)
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Les Oranges ne sont pas les seuls fruits

L’explication du titre nous l’avons dès cet exergue : « Les oranges ne sont pas les seuls fruits » Nell Gwynn.

Cela reste quelque peu mystérieux, même si, en regard, un autre extrait de « L’art de préparer la marmelade » de Mrs. Beeton annonce : « Lorsque l’on utilise des écorces épaisses, la surface doit être écumée soigneusement, car sinon il se forme une mousse qui gâtera l’aspect final ». Est-ce que la romancière entend comparer son travail d’écriture à la préparation d’une bonne confiture ? Si c’est le cas, j’ai trouvé le résultat délicieux.



La trame est tout sauf linéaire, car la romancière y insère des épisodes étranges. Elle parle elle-même d’une narration en spirale.



Le thème essentiel du livre est l’homosexualité féminine, l’intolérance qu’elle engendre chez les femmes. La religion est omniprésente et constitue un ferment d’intolérance. Ses fruits sont moins doux que ceux de l’amour, mais pas forcément négligeables.



Les hommes sont quasiment inexistants comme le père par exemple.



S’agissant des éléments autobiographiques, on peut noter une certaine ambivalence, car selon les propres dires de la romancière le livre ne le serait pas, il l’est pourtant (inspiré par la vie de la romancière). Il s’agit certainement du pouvoir de « transfiguration » de la littérature, fiction par essence.



L’image du bonheur est double aussi puisque celui de Mélanie plus tard qualifiée de « bovin » est opposé à la passion (ardente) de Jeannette, qui voudrait déchirer ses vêtements dans la rue pour lui rappeler son corps.
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Le sexe des cerises

C’est un livre lu en 2005 (je m’en souviens parce que je l’ai reçu en cadeau de mon ex-amoureux, voilà pour la petite confidence ; pour aller jusqu’au bout je rajoute que c’était le texte original, « Sexing the Cherry » qui comporte des croquis de fruits, ce qui a une signification plus que gourmande).

En temps normal, même lu de suite, il est assez difficile à résumer. Aussi, je vais me contenter de vous donner, comme d’habitude, pour les lectures anciennes, mes bribes sous forme de mots-clés :



*HOMOSEXUALITÉ = Winterson est lesbienne, ce qui n’est pas au centre de ce roman-là, mais que l’on voit dans les identités sexuelles fluctuantes de certains personnages.

*TEMPS = le roman s’interroge sur la nature du temps, dans lequel on peut se déplacer librement. N’est-ce pas là le propre de la littérature que de le rendre possible ?

*MATERNITÉ = celle de la Femme aux chiens (Dog Woman) sur Jourdain, étrange et envahissante.

*FARCE GOTHIQUE = un des qualificatifs utilisés : farce pour le côté bizarre, gothique pour certains aspects inquiétants.

*MATIÈRE = elle n’est pas plus réelle que le temps, nous sommes tous faits de vide

*FRUITS = un des motifs privilégiés du livre (cerises, bananes, ananas), des symboles toujours liés à la sexualité.



Un livre qui, par delà son étrangeté, laisse une belle sensation de douceur. Je recommande (et je garde à jamais dans ma bibliothèque !)
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The World And Other Places

Deux thèmes me reviennent en mémoire de cette lecture très ancienne : le lesbianisme, celui de Winterson qui consacre la nouvelle The Poetics of Sex à certaines questions et clichés sur le sujet, ainsi que l’hommage à l’art ; le quotidien regorge de milliers de façons de mettre de l’art dans sa vie.

Pour moi c’est du 5 étoiles.
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FranKISSstein

Un roman surprenant qui mérite un petit détour car il présente une multitude d'idées, de pensées philosophiques sur la vie, l'âme, la mort, l'après celle-ci, de réflexions psychologiques sur la folie, autour d'une thématique dominante autour de l'intelligence artificielle et des robots sexuels.



Sa structure situe différentes phases de temps et de personnages :



-- la première en 1828 avec rien moins que Byron, Shelley et leurs femmes, du moins seulement deux d'entre elles, Mary Shelley et sa demi-soeur dans les bras de Byron



-- la deuxième au XXIème siècle, avec une narratrice, Ry, trans, je dis narratrice car elle est quand même davantage encore femme qu'homme puisqu'elle a conservé ses organes hormis les seins, et un scientifique opportunément nommé Victor Stein, ainsi qu'un marchand de robots sexuels capables de performances surprenantes



L'alternance des époques évite au lecteur toute lassitude, du moins est-ce mon ressenti, car elle permet de naviguer entre deux histoires qui s'imbriquent quelque peu, tout en prenant, surtout pour celle contemporaine, des chemins complexes. Alors, effectivement, on ne suit pas tout avec le même intérêt, tout en trouvant son compte du fait de la variété des situations évoquées.



Les dialogues sont assez savoureux et quelquefois pleins d'humour, les scènes de sexe assez décalées, les femmes n'ayant quand même guère droit au plaisir, surtout dans l'époque du couple Shelley.



L'héroïne reste Ry dont la transexualité lui permet de comprendre aussi bien les perceptions féminines que masculines, et deux autres femmes jouent un rôle annexe non négligeable, une journaliste opportuniste, Polly, et une croyante, Claire, qui voit le divin partout. Ces trois femmes, ou deux et demie, interfèrent entre elles et, là encore, c'est plutôt plaisant de suivre leurs digressions, leurs ressentis, leurs sentiments et convictions.



Est-ce vraiment une histoire d'amour? Ou d'amours? En tout cas c'est une véritable oeuvre littéraire qui tient la route et qui peut séduire tout lecteur acceptant les décalages qui en font la richesse.
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Pourquoi être heureux quand on peut être normal ?

Après le succès outre-Manche de son ouvrage autobiographique 'Les oranges ne sont pas les seuls fruits' (adapté en téléfilm au Royaume-Uni), Jeanette Winterson se livre à nouveau sur sa jeunesse, son éducation à la fois traumatisante et stimulante, son homosexualité, son amour pour les mots (lecture et écriture), la recherche de ses parents biologiques.



Née près de Manchester en 1959, Jeanette a connu une enfance difficile, sans amour. Sa mère adoptive était une femme rigide, glacée, rendue dingue et étouffée par son carcan religieux… Il restait bien peu de place pour le père dans ce foyer dirigé par les conventions sociales et une perception de Dieu totalement castratrice.



Dans ce témoignage, l'auteur ne larmoie pas, ne cède jamais à l'auto-apitoiement ni aux règlements de compte. Malgré des souvenirs douloureux et des passages sombres, le ton est léger, plein d'humour, dynamique et optimiste. Jeanette Winterson dresse un constat de son passé et l'éclaire de réflexions nourries de littérature, de psychologie, de philosophie. Et bien qu'introspectif, le récit s'ancre dans le contexte socio-historique des années 1960-70 du prolétariat anglais, ce qui le rend d'autant plus intéressant. On parvient même à comprendre comment Margaret Thatcher a pu représenter un espoir dans les milieux modestes...



"Figure du mouvement féministe", Jeanette Winston ? Absolument, mais subtilement, en douceur, sans le côté obtus et revanchard qui accompagne parfois le discours militant. Elle signe là un témoignage passionnant, à la fois douloureux, émouvant et drôle. Et visiblement, ses autres textes sont à l'avenant.



Paru dans les années 1980, 'Les oranges...' a été réédité chez L'Olivier en 2012, il me tarde de le découvrir.
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Pourquoi être heureux quand on peut être normal ?

« Que dit Eliot ? Je veux de ces fragments étayer mes ruines... »

C'est un peu de ces fragments dont l'auteure étaye son récit. Fragments de mémoire, d'enfance, de blessures et de littérature pour étayer les émotions en ruines, les poser sur des mots, construire un récit.



Jeannette a été adoptée dans les années soixante près de Manchester. Sa mère adoptive, incapable d'aimer, n'aura que sa rigueur religieuse, sa sècheresse de cœur, sa folie, ses ténèbres et ses punitions à lui offrir. Jeannette se réfugie dans les livres qu'elle cache sous son matelas et ceux qu'elle dévore à la bibliothèque municipale.

Les mots la réinventent, lui dessinent d'autres horizons. L'idée germe en cette petite fille combative de se construire un nouveau départ, de ne pas rester sur le seuil de cette vie sans bonheur. Elle « investit tout dans son départ ». Elle se construit en opposition au cadre de sa mère, sa ferveur religieuse et sa haine des livres. Elle se libère de ce carcan d'enfer par le paradis des mots, leur liberté, leurs lignes de fuites infinies.



La lecture est ainsi fragmentée de morceaux d'enfance, d'adolescence, puis de vie de femme indépendante, libre d'aller là où elle l'entend, sans recherche de « normalité », mais à la seule recherche du bonheur. Elle s'offre le droit de jouer avec les cartes qui lui ont été distribuées, pour en tirer du bonheur. Et pour cela elle doit aussi repartir sur les traces de sa naissance, savoir d'où elle vient, si elle a été désirée, si sa mère pense à elle, et comprendre pourquoi elle l'a abandonnée.



Un roman autobiographique d'une femme qui a puisé dans la fiction, la poésie et le pouvoir des mots, pour oser sa vie sur le chemin qu'elle a choisi. Il faut un travail et une force extraordinaire pour analyser les blessures et les transformer en atouts. Un bel exemple de résilience et de liberté. Un roman d'une grande précision, fait d'ombres et de lumière, ne laissant rien sous silence.



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La Faille du temps

Lorsque j’ai reçu ce livre, pour lequel je remercie vivement Babelio et les Editions Buchet-Chastel, j’ai eu « un grand moment de solitude » en découvrant qu’il s’agissait d’une réécriture d’un texte de Shakespeare « Le conte d’hiver » dont je n’avais jamais entendu parler.

J’ai eu grand plaisir à constater que dans une courte introduction, Jeanette Winterson, reprenait les grandes lignes du texte de Shakespeare, pour rafraîchir la mémoire des plus érudits et combler les lacunes des ignares dont je fais partie.

En transposant l’intrigue au 21éme siècle, l’auteure démontre brillamment que les sentiments au fil des siècles restent immuables.

Nous découvrons une histoire tumultueuse entre trois personnages, Mimi, Léo son époux et Xéno l’ami du couple.

Puis apparait une fillette recueillie par un homme et son jeune fils alors qu’elle venait d’être abandonnée.

Il m’est impossible de résumer une telle histoire, tant l’intrigue est dense, presque addictive.

J’ai lu ce livre avec passion comme s’il s’agissait d’un thriller, ce qu’il est par certains côtés.



Amour, jalousie, haine jalonnent ce récit et donnent corps à l’histoire.

Les personnages sont particulièrement étudiés jusqu’aux tréfonds de leurs personnalités.

J’en ai aimé certains, j’ai aimé détester les autres.



Je ressors totalement conquise par cette lecture et j’ai bien l’intention de me plonger rapidement dans le texte de Shakespeare pour en apprécier les similitudes mais aussi les différences.



« La faille du temps » fait partie de ces romans que je referme en espérant trouver le temps d’y consacrer une deuxième lecture.





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Pourquoi être heureux quand on peut être normal ?

C'est dans l'Angleterre des années 70, dans une petite ville industrielle du nord, que tout commence. Jeanette Winterson, petite fille adoptée, plus par dépit que par amour, cherchera des réponses au comportement singulier de Mrs Winterson qui prône le bon dieu, croit en l'Apocalypse et punit sa fille de façon inhabituelle en l'enfermant dehors.

Pourquoi être heureux quand on peut être normal, c'est la question que posera Mrs Winterson à sa fille Jeanette, le jour où celle-ci, du haut de ses 16 ans, décide de quitter la maison familiale, aspirant à un certain bonheur qu'elle ne trouve pas dans cette demeure. Question à laquelle elle ne trouvera jamais de réponse tant celle-ci semble incongrue.

Pourquoi Jeanette se sent-elle si mal et si peu aimée par cette famille adoptive? Pourquoi ne pense-t-elle plus croire à l'amour, elle qui en a reçu si peu et qui pense que les choses sont ainsi faites pour tout un chacun?

Pourquoi sa mère ne veut-elle pas admettre que sa fille puisse être homosexuelle, bafouant ainsi toute l'éducation religieuse qu'elle a reçue?



Roman autobiographique au titre si accrocheur, Jeanette Winterson nous livre son enfance malheureuse, ses déboires, ses problèmes sentimentaux et sa quête du bonheur. C'est une véritable émancipation que nous livre l'auteur. La littérature ainsi que la sexualité occupent une grande place dans ce roman, comme une sorte de porte ouverte sur la vie.

C'est avant tout l'histoire d'un combat, d'une survie, d'un itinéraire intellectuel, spirituel, affectif et amoureux dans lequel Jeanette évolue malgré les souffrances et les humiliations que lui affligeront sa mère adoptive.

Après un succès planétaire avec son premier roman «Les oranges ne sont pas les seuls fruits» auquel l'auteur fait parfois référence, Jeanette nous livre à nouveau une partie de son histoire ô combien enrichissante mais sans larmoiement.

Une réflexion simple mais passionnante sur l'enfance puis l'adolescence.

Une écriture romancée, riche, introspective et profonde donne à ce roman une certaine ampleur.



Pourquoi être heureux quand on peut être normal?... je vous laisse méditer...
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Pourquoi être heureux quand on peut être normal ?

Sur le conseil enthousiaste d'une camarade-libraire, j'ai découvert avec quelque décallage dans le temps... ce "roman autobiographique"....Une enfance tragique d'enfant adoptée, malmenée, harcelée, détruite en partie par une mère sectaire, obsédée par le péché, la religion, détestant la vie, les sourires, tout ce qui fait plaisir, dont ses propres congénères !... Un vrai cataclysme que cette mère !



Cela aurait pu être un einième livre sur la résilience... Mais l'humour décapant, l'esprit caustique de l'auteure transforme la reconstitution de cette enfance , en un jeu de massacre jubilatoire... Car en dépit du caractère destructeur maternel, Jeanette se défend par les mots, les livres qu'elle dévore, et l'écriture qui deviendra son objectif exclusif, prioritaire , pour échapper à l'emprise toxique de cette mère, qui n'aime personne !



"Quand l'amour n'est pas fiable et qu'on est enfant, on suppose que c'est la nature del'amour-sa qualité-de ne pas être fiable. Les enfants ne trouvent des défauts à leurs parents que beaucoup plus tard. L'amour que l'on reçoit au début est l'amour qui marque. "(p. 94)



Hommage aux mots, mais aussi au courage des femmes... un roman largement autobiographique, qui offre aussi la "photographie" d'une réalité sociale: celle des années 1970, en Angleterre, avant et pendant l'exercice de la "Dame de Fer", , Margaret Tatcher ainsi que les changements

économiques et les bouleversements des mentalités , entre autres vis à vis des femmes et de la libération des moeurs !

L'auteure parle dans ces lignes de son atttirance pour les femmes ,de son homosexualité, largement stigmatisée à cette époque...

Un questionnement éternel, permanent sur nos origines.... interrogations douloureuses à l'infini...



"Plus je lisais, plus je me sentais liée à travers le temps à d'autres vies et éprouvais une empathie plus profonde. Je me sentais moins isolée. Je ne flottais pas sur mon petit radeau perdu dans le présent; il existait des ponts qui menaient à la terre ferme. Oui, le passé est un autre pays, mais

un pays que l'on peut visiter et dont on peut rapporter ce dont on a besoin.

la littérature est un terrain d'entente. "(p. 167)



Une lecture forte et des plus toniques sur un sujet délicat....



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Pourquoi être heureux quand on peut être normal ?

De nos jours, une telle phrase serait considérée comme un brin provocatrice, et surtout politiquement incorrecte, puisqu’on n’arrête pas de nous bassiner avec des concepts de développement personnel, épanouissement, quête du bonheur. Au point, paradoxalement, de mettre une pression dingue et de culpabiliser ceux qui n’atteignent pas cet état d’euphorie rose-bonbon malgré cours de yoga, huiles essentielles, séances de thérapie par le rire ou abonnements à la revue Psychologies.

Mais je m’égare, ceci est une autre histoire.

Parce que Mme W. n’a pas pensé à tout ça lorsqu’elle a asséné cette phrase à sa fille adoptive Jeanette (l’auteur du livre), quelque part dans les années 70. Tout ça parce que celle-ci a osé lui avouer, à 16 ans, qu’elle était homosexuelle. Cette fameuse phrase constitue une charnière dans la vie de Jeanette, elle consomme la rupture définitive entre la mère et la fille. Non pas que jusque là Jeanette ait grandi dans l’ambiance idyllique d’une famille formidable où plus belle est la vie. Bien au contraire. A des années-lumière de tous les principes éducatifs conçus dans l’intérêt de l’enfant et de son épanouissement, Mme W. ne connaît qu’une seule vérité : celle de l’Apocalypse, qui viendra enfin la délivrer de cette misérable vie terrestre. Cette vie qui n’a qu’une fonction : être un long Purgatoire avant la mort et le Paradis. Et Mme W. entend bien partager avec son entourage cette « philosophie » aussi irrationnelle que malsaine. C’est ainsi que Jeanette grandit sans imaginer que les relations familiales peuvent être chaleureuses, et sans savoir que l’amour maternel et filial existe.

Enfant adoptée, donc « abandonnée », elle chercher à se construire une identité au milieu de la vie étriquée et des vexations et punitions auxquelles sa mère adoptive, pourtant en demande d’enfant, la soumet. Autodafé des livres que Jeanette cachait sous son matelas, nuits d’hiver passées dehors sur le pas de la porte en sont les exemples les plus frappants. Cela vous forge certes un caractère de dure à cuire, mais cela génère surtout un sérieux handicap relationnel et émotionnel pour cette adulte en devenir.

Ce récit autobiographique d’une incommunicabilité et d’une incompréhension totales entre mère et fille est sidérant et vous fait ouvrir des yeux ronds comme des billes face à la méchanceté de cette marâtre aigrie.

Instable, fragile, colérique, le mental cabossé, Jeanette se sauvera de l’abîme par la littérature, dont elle fera son métier.

Ce livre est d’ailleurs un peu à l’image de son parcours de vie chaotique : la narration n’est pas linéaire, parfois même décousue. Au début, l’auteur s’attarde trop sur son 1er livre « Les oranges… », faisant craindre une resucée de celui-ci. Le texte, non dénué d’humour (noir et vachard), bourré de phrases « aphorismes », rend bien l’état d’esprit de son auteur, entre rage et révolte, désespoir et instinct de survie. L’état d’esprit de quelqu’un qui se bat surtout contre lui-même pour sortir de sa prison intérieure, à la recherche de ses racines.

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Pourquoi être heureux quand on peut être normal ?

Le titre est une phrase prononcée par la mère de Jeannette quand celle-ci lui confirme son homosexualité. Jeannette doit partir, elle est mise à la porte de la maison familiale, elle a seize ans.



Jeannette est une enfant adoptée par un couple, ou plutôt par Mme W, femme autoritaire, imposante, complexée, asociale, exaltée par Dieu et redoutant les péchés. Cette petite fille est le mauvais berceau, Mme W attendait un petit garçon, elle a reçu Jeannette comme une punition. Le père est inexistant, donne des raclées à la petite sur ordre de sa femme.



Face à cette femme, mentalement instable, mais persuadée de prendre le bon chemin dans la vie, une petite fille qui tire le bonheur vers elle. Malgré les coups, les interdictions, la pauvreté, Jeannette a déjà beaucoup d’humour et détourne l’éducation de sa mère pour faire ce qu’elle veut. Sa mère l’envoie à la médiathèque pour ses propres livres mais lui interdit la lecture. Jeannette passionnée par la littérature, va cacher pendant des années ses livres sous son matelas. Enfermée dans la cave, interdite de rentrer dans la maison, le tout en guise de punition, Jeannette positive malgré sa peur.



Jeannette fera les études qu’elle veut grâce à une main tendue, essaiera une dernière fois de revenir voir sa mère, comprendra que cette dernière ne changera jamais et ne la reverra jamais. Jeannette avance dans sa vie, avec sa bonne humeur et son appétit de vivre. De ses failles elle a fait une force de vie.



Pourtant Jeannette passera par la dépression, ce qu’elle appelle sa folie. Un moment indispensable pour faire le deuil de son enfance, de ses parents. Elle fera des recherches sur sa mère biologique et apprendra qu’elle était désirée et que son abandon était surtout un geste d’amour.



Le bonheur féroce, vous connaissez ?
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Pourquoi être heureux quand on peut être normal ?

« Pour moi, les livres sont un foyer. Les livres ne font pas un foyer - ils le sont, dans le sens où de même que vous les ouvrez comme vous ouvrez une porte, vous entrez dedans. À l'intérieur, vous découvrez un temps et un espace différents. »



Pour la publication de ce 500ème billet, je tenais à vous présenter un livre vraiment beaucoup aimé, un coup de cœur. Bien souvent, en effet, je ne parle pas de mes coups de cœur. Toujours cette impression de ne pas savoir comment rendre justice à un livre que j'ai adoré, de ne pas arriver à vraiment transmettre mon ressenti puis le temps passe et je finis par ne faire aucun billet.



Dans les années 60, dans le milieu ouvrier anglais, vit Jeannette, une petite fille adoptée par Mr et Mrs Winterson.



Mr est peu présent, préférant fuir une femme qu'il peine à comprendre. Mrs Winterson, ainsi que l'appelle Jeannette, est donc toute puissante, une femme impitoyable, dure et complètement dominée par deux carcans, son obsession pour la religion et sa haine des livres.



C'est pourtant par les livres que la petite Jeannette trouvera son salut, on ne dira jamais assez l'importance des bibliothèques municipales, mais il faudra souvent ruser et parfois en payer durement le prix. L'enfant en passera des nuits, sur le seuil de la porte, sans pouvoir entrer dans la maison. Maison dont elle n'eut jamais la clé.



« Plus je lisais, plus je me sentais lié à travers le temps à d'autres vies et éprouvais une empathie plus profonde. Je me sentais moins isolée. Je ne flottais pas sur mon petit radeau perdu dans le présent ; il existait des ponts qui menaient à la terre ferme. Oui, le passé est un autre pays, mais un pays que l'on peut visiter et dont on peut rapporter ce dont on a besoin. »



À l'adolescence, les rapports vont encore se complexifier entre elles quand Mrs Winterson va se rendre compte que Jeannette est attirée par les filles. Colère, menaces de châtiments divins mais rien n'y fera. Quand Jeannette tentera de lui expliquer qu'il en va de son bonheur, la marâtre aura cette sentence terrible et définitive : « Pourquoi être heureux quand on peut être normal ? »



Contre toute attente, point de pathos ici mais au contraire un récit fluide, plein d'humour et d'autodérision, le temps aidant au détachement et à la résilience.



Devenue auteure reconnue et militante féministe, Jeannette Winterson signe un roman autobiographique poignant et terriblement humain.



Pourquoi être heureux quand on peut être normal ? À lire absolument.



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La Faille du temps

Ce que j’ai ressenti:



***Et le temps porte des failles…

Jeanette Winterson s’engouffre dans une oeuvre passée, et nous offre une réécriture captivante de Shakespeare et sa pièce de théâtre Le conte d’hiver. D’une histoire terrible et avec un orage tonitruant, une faille s’ouvre pour que renaisse à l’heure d’aujourd’hui, les protagonistes de cette injustice tragique. Une petite étoile perdue dans notre temps, arrive mystérieusement dans une boite à bébés…Et l’histoire est prête à se rejouer sur un air de jazz…Sauf que l’histoire a déjà été écrite et le destin n’aime pas trop qu’on vienne perturber ses lignes. La folie des hommes sera toujours une inspiration pour les auteurs, mais la romancière Jeanette Winterson apporte dans cette libre adaptation, une touche de poésie et un regain de modernité qui fait de cette lecture, un doux moment de plaisir.



"D’après lui, tout l’intérêt du temps était qu’il allait prendre fin-s’il était infini, ça ne serait pas le temps si?"



***Et le temps joue avec les plumes…

Ce que j’ai adoré dans ce roman, c’est toute la magie angélique qui se dégage de ses pages. On plonge dans une version très contemporaine, mais dans une version aussi plus imaginaire, où les anges entrent en scène pour mieux nous éblouir. Déjà, en parlant de plume, celle de Jeanette Winterson est tout simplement magnifique, mais il y en aussi qui tombent du ciel, des plumes, et toute cette métaphore autour des anges déchus et la malédiction d’une vie trop étroite pour l’amour, m’a carrément touchée de ses ailes. Tous ses instants légers où le temps et les anges dansent ensemble, c’était d’une rare beauté et ça rend cette lecture presque méditative sur ce fameux temps qui passe…



"-A quoi sert que le temps existe si on n’en a pas?"



***Et si vous preniez le temps…

…De lire cette petite merveille? Il y a de l’amour, de la vie et quelques scènes de tragédie. Nous le savons tous, le cœur à ses raisons que la raison ignore, donc il se peut que la folie de Léo/Léonte vous plonge dans quelques abîmes, que les billets fassent tourner quelques têtes, que la voix de Mimi vous perce le cœur, que la jalousie vous morde les doigts alors que vous tournerez ces pages, mais l’innocence d’une enfant devrait sans doute remédier à ces petits désagréments. Et puis le talent du grand Shakespeare mélangé à celui de Jeanette Winterson devrait bien vous convaincre d’emprunter La faille du temps. Je suis bien heureuse qu’une tempête ait eu lieu à La Nouvelle-Bohème, si c’était pour lire la fabuleuse histoire de Perdita, et comprendre que le temps est réversible et le pardon, un futur possible.



"Le passé est une grenade qui n’explose que quand on la lance."











Ma note Plaisir de Lecture 9/10



Remerciements:



Je tiens à remercier très chaleureusement Babelio ainsi que les éditions Buchet Chastel pour leur confiance et l’envoi de ce livre.
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La Faille du temps

L'auteure, que je découvre avec curiosité , se propose de revisiter " Le conte d'hiver" de Shakespeare. Je ne connaissais pas cette pièce de théâtre, je n'ai d'ailleurs lu de ce célèbre dramaturge que " Roméo et Juliette". Peut-être parce que ma première langue étrangère durant mes études était l'allemand...Je me suis donc un peu renseignée sur l'intrigue, très alambiquée, avant de recevoir ce livre. Mais de toute facon, un résumé de l'histoire nous est donné au début du roman. Tout tourne autour d'un trio infernal: Leo, qui soupçonne sa femme, Mimi, d'avoir une relation adultère avec leur meilleur ami, Xeno.



La première partie m'a assez agacée , je revenais toujours à la version originale, un peu perdue dans tous ces personnages. Léo m'a profondément déplu, méchamment obsessionnel et d'une telle mauvaise foi! Je n'arrivais pas à m'intéresser vraiment à ces conflits de jalousie, à ces envies de meurtres. Mais même si je suis plutôt ignare dans le domaine shakespearien, je sais que la culpabilité, les instincts criminels sont des thèmes essentiels.



La deuxième partie m'a par contre libérée de ce désir de mettre toujours en parallèle le roman moderne et la pièce. Je me suis attachée aux personnages de la génération suivante. Les événements se précipitent, et prennent presque une dimension policière. L'intrigue se dévoile davantage. Et les allusions à Shakespeare sont un clin d'oeil espiègle.



L'ensemble est habilement construit, l'auteure refermant personnellement le rideau théâtral, comme un choeur antique, en expliquant les raisons de son choix.



Un livre original, mais qui, je pense, passionnera plus les spécialistes de Shakespeare. C'est ma méconnaissance de l'auteur qui sans doute a rendu ma lecture mitigée. Merci en tout cas à Babelio et aux éditions Buchet-Chastel.
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Pourquoi être heureux quand on peut être normal ?

Ouvrage sélectionné pour le Prix des lycéens et apprentis de la région Provence-Alpes-Côte-d'Azur pour l'année 2014, c'est donc tout naturellement que je me suis intéressé à ce ce dernier car je suis originaire (et réside encore dans cette région) et non pas, et ce, à mon grand regret parce que je suis encore lycéenne...(je me rends comte que le temps passe trop vite).



Bref, légèrement déstabilisée au début de cette lecture car l'auteure s'amuse à intercaler des chapitres dans lesquels elle nous fait, à nous lecteurs, un bref récapitulatif de ce qu'était l'Angleterre dans les années '60-'70 mais aussi de ce qu'était la ville dans laquelle elle a grandi, Accrington. Jeannette ayant toujours su qu'elle était une enfant adoptée, n'a pourtant entrepris des recherches pour retrouver sa véritable mère biologique que très tard. Bien que ses parents adoptifs aient été on ne peut plus sévères avec elle (et en particulier sa mère, celle qu'elle appelle dans cet ouvrage Mrs. Winterson, Mrs. W ou encore Mère mais jamais "maman") lui apportant que très peu d'amour, Jeannette ne regrette rien. Bien qu'elle se soit retrouvée à la rue à l'âge de seize ans car elle avait le malheur d'aimer les filles dans une famille où il ne fallait surtout pas enfreindre les règles du Seigneur et que cela était contre nature, qu'ayant grandi dans un lieu où les livres qui ne se rapprochaient pas de ce dernier étaient proscrits, Jeannette est néanmoins fière d'être devenue ce qu'elle est. Lisant en cachette durant toute son enfance puis ayant plus tard intégré l'université d'Oxford, Jeannette est devenue une romancière renommée mais cela même, sa mère adoptive continue d'avoir honte de cette fille qu'elle trouve si éloignée de ses propres principes et pourtant...



Enfin, je ne vous en dis pas plus mais vous recommande vivement à venir découvrir cet ouvrage. Un conseil, si, comme moi, au départ, vous avez un peu de mal à vous fondre dans l'histoire et que l'écriture vous gêne avec tous ses flash-back et ses références sur la classe ouvrière dans les années '60 en Angleterre, surtout n'abandonnez pas ! Allez jusqu'au bout car je vous assure que vous ne serez pas déçus ! Un roman sur l'amour, la quête d'identité, sur chacun d'entre nous quoi, car qui ne s'est jamais posé ces questions existentielles ? Qui suis-je, quel est mon rôle sur Terre ?...et bien d'autres encore. A découvrir !
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Pourquoi être heureux quand on peut être normal ?

Pourquoi être heureux quand on peut être normal ? Telle est la question que posera la mère adoptive de Jeannette Winterson,icône des lettres britanniques et féministe gay convaincue, lorsque celle ci lui avouera son homoexualité.



C'est aussi le titre de ce récit ( plus qu'un roman) autobiographique qui a énormément plu des deux cotés de la manche. Il faut dire que ce livre est un formidable récit iniatique et une ode à la littérature puisque Jeannette Winterson va conquérir son autonomie par rapport à cette mère assez tyrannique grace aux pouvoir des livres qui ont été pour elle, encore plus que pour d'autres un refuge, une ouverture sur le monde et ont permis d'apaiser ses souffrances et ses doutes.



Brillant récit d'une émancipation abordée de façon singulière et avec pas mal d'humour, ce beau livre, qui a recu le prix Marie Claire a permis aux lecteurs français, et à moi même par la même occasion, de faire connaitre ce grand nom de la littérature britannique.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Pourquoi être heureux quand on peut être normal ?

"Pourquoi être heureux quand on peut être normal" ? Telle est la phrase que s'entend dire Jeanette Winterson lors de l'un de ses derniers échanges avec sa mère adoptive avant qu'elle ne soit obligée de quitter la maison familiale, et avec qui les relations sont loin d'être harmonieuses, équilibrées et heureuses, justement.



Avant de lire cet ouvrage, je ne saisissais uniquement dans cette phrase-titre que l'ironie qui la teinte, comme si Jeanette Winterson voulait faire de son ouvrage un plaidoyer en faveur de son choix de vie et de sa tendance sexuelle (dont elle parle beaucoup, forcément) qui a été l'une des causes de sa rupture avec sa mère adoptive.



Or, si "Pourquoi être heureux quand on peut être normal ?" peut s'interpréter ainsi, ce livre est beaucoup plus que cela, surtout quand on apprend l'origine de cette phrase. Très dure à entendre, bien évidemment, elle donne un aperçu de la profondeur dramatique de la vie de Jeanette Winterson, et de la force que celle-ci a dû témoigner pour se sortir de cette situation et avoir droit au bonheur (quitte parfois à tomber un peu dans la justification).

Cet ouvrage autobiographique s'écarte un peu de la tradition de ce genre en proposant de nombreuses réflexions de l'auteur sur la littérature anglaise (qui l'a sauvée de nombreuses fois du désespoir), la société britannique et la politique de l'époque, ce qui permet d'ouvrir un peu le sujet en élaborant un panorama de l'Angleterre des années 1980 et 1990.



Cette tranche de vie, qui décrit ses acteurs d'une manière très lucide (la cruauté et la violence d'une mère adoptive rongée de l'intérieur par un profond désamour de la vie et une obsession des Ecritures et de l'Apocalypse, un père adoptif faible, qui a laissé agir sa femme comme elle l'entendait et n'a jamais fait un geste pour sa fille, mais aussi d'autres, comme la bonté et l'amour de la dernière compagne évoquée par l'auteur), ainsi que ses tourments avec acuité, est certes un peu difficile d'accès, mais elle récompense le lecteur qui sera parvenu à s'approprier cet univers par une profondeur dans l'analyse des sentiments qui ont agité l'auteur, un amour de la vie tout aussi vibrant. Un bel ouvrage touchant et fort, dont on ne sort pas indemne (mais n'est-ce pas le rôle de la littérature ?)
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Pourquoi être heureux quand on peut être normal ?

« Bonjour les Babélionautes ! Aujourd'hui, je vais parler d'un texte autobiographique de Jeanette Winterson, intitulé Pourquoi être heureux quand on peut être normal ?



-C'est quoi cette affreuse question ?



-Divulgâchis si je réponds !



Or donc, Jeanette Winterson, autrice reconnue au Royaume-Uni, appelle sa mère adoptive. La conversation ne se passe pas très bien. Petit à petit l'échange s'éloigne et Jeannette raconte ses souvenirs, comment elle a traversé une enfance marquée par les maltraitances pour devenir la personne qu'elle est aujourd'hui.



-Maltraitances ? Super ! Encore un récit sordide et insoutenable, merci beaucoup.



-Justement, non, et c'est là la première chose qui m'a étonnée dans ce texte : son silence.



-Son silence ? Un livre ? Les livres font du bruit, maintenant? Ben ça va pas mieux, Déidamie.



-Laisse-moi expliquer ! J'ai lu plusieurs textes, plus ou moins fictifs, d'enfance malheureuse. Je me souviens des coups et des cris qui pleuvent dans Mon bel oranger. L'Enfant, de Jules Vallès, commence par le bruit des coups signalant l'heure à la voisine. Ma vie rebelle, d'Ayaan Hirsi Ali, est marqué par les engueulades de la famille, les hurlements des petites filles. Ces livres contiennent des cris, des sons violents et bruyants.



Le livre de Jeanette Winterson prend exactement le contre-pied de cette littérature. La violence n'y est pas représentée de façon brute, à la façon d'une liste chronologique. L'autrice n'entre pas non plus dans les détails. Elle énonce des faits très durs, oui, mais sans s'étendre ni s'attarder sur la masse de souffrance qu'ils ont générée.



En fait, ce qui m'a surprise dans ce texte, c'est cette position inédite pour moi : je n'ai pas éprouvé la sensation de lire sa vie, mais celle de lire l'histoire de son esprit, de sa vie intérieure. le résultat m'a beaucoup troublée dans un premier temps, parce que je suis habituée à lire une façon de raconter tout à fait différente, en livrant une très large part d'intimité.



-Et dans un second temps ? Ca ne t'a pas rebutée ? C'est assez froid, finalement, non ?



-Non, ça ne m'a pas rebutée. Je me suis même attachée à ce texte et à ce style cérébral, particulier et brillant : il y a de quoi faire des citations à presque toutes les pages ! D'autre part, Jeanette Winterson ne reste pas constamment centrée sur elle-même : son texte est ponctué de réflexions sur l'histoire et la culture anglaises dont elle est aussi le résultat. Elle se montre également révoltée par le sexisme. Elle livre une intéressante analyse de son drame, celui de l'abandon, de la perte, et réfléchit aussi sur l'amour et ce qu'implique son verbe.



Pourquoi être heureux quand on peut être normal ? ne constitue pas une lecture à faire n'importe quand, dans n'importe quel état d'esprit. Ce n'est pas une prose légère ni facile. La réalité reste terrible à lire malgré tout. Bien que souvent révoltée, j'ai admiré la volonté de vivre de Jeanette et sa personnalité à la fois fragile et combattive.



Un texte riche et stimulant, qui me pousse à découvrir ce qu'elle a écrit en fiction. »

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Les Oranges ne sont pas les seuls fruits

Les oranges ne sont pas les seuls fruits ! Surprenant roman que celui-ci ! Autobiographie mais pas que ! Jeanette Winterson l'auteure et l'héroïne de ce roman a été élevée à Manchester dans une famille entièrement vouée à l’Église .La Bible ,rien que la Bible. L' Évangélisation , rien que l' Évangélisation . Nous sommes dans les années 60 . Jeanette semble heureuse dans le monde de son enfance, même l'école obligatoire ,toutes ses déconvenues et l'incompréhension qui l'y attend lui semble peu de choses; Sa mission est toute tracée elle sera missionnaire , elle prêchera ... et un jour elle rencontre Mélanie . Le monde qui l'entoure se pare d'autres couleurs mais sa foi reste inébranlable. La communauté , sa mère en tête, ne l'entendra pas de cette oreille et la rejettera .

Jeanette Winterson affirme sa différence, affirme sa foi . Elle préfère les femmes aux hommes et à l'époque de la parution de son roman en 1985 il n'était pas de bon ton pour une femme d'afficher son homosexualité ! Reconnue comme une Icône féministe elle a écrit nombre de romans , le plus connu est sans doute Pourquoi être heureux quand on peut être normal ? .

Ceci posé, je referme ce roman avec un sentiment de frustration rarement ressenti , celui de n'avoir pas été capable de comprendre la majeure partie des propos tenus par Jeanette Winterson. Ma méconnaissance biblique est sans doute en grande partie responsable , j'imagine que si les différents chapitres du roman portent le nom des livres bibliques cela a une signification importante mais voilà je n'ai pas pu la saisir , quant à Perceval ... Bref une lecture trop biblique à mon goût , l'incompréhension s'est transformée en déception. Dommage pour moi ...
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FranKISSstein

Un roman avec deux fils conducteurs distincts, deux époques, mais des réflexions foisonnantes qui se recoupent.



Le premier fil est celui de Mary Shelley qui écrit le roman Frankenstein. Elle est la fille de Mary Wollstonecraft qui a écrit « Défense du droit de femmes » en 1792. Elle aurait de qui tenir, mais la jeune Mary n’a pas été élevée par sa mère qui est décédée peu après l’accouchement. En écrivant le roman Frankenstein en compagnie de son amant le poète Shelley, Mary réfléchit à ce qui fait l’être humain et ajoute des émotions à sa créature. C’est aussi l’époque de l’industrialisation où des machines remplacent les travailleurs dans les usines de tissu, provoquant des troubles sociaux. Si une machine peut faire cela, pourra-t-on un jour avoir une machine qui écrira la poésie?



L’autre fil met en scène un médecin transgenre du futur qui rencontre un producteur de poupées-robots-sexuels. C’est un autre rapport au corps et au genre, mais aussi des réflexions sur ce qu’est l’avenir de l’être humain si son travail est remplacé par l’intelligence artificielle.



Un roman intéressant, mais discontinu, qui renseigne et provoque la réflexion plus qu’il n’amuse.



Un texte qui rappelle rappelle aussi que la défense du droit des femmes n’est pas un sujet neuf…

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Ma mère n'avait pas d'opinions nuancées. Il y avait ses amis et ses ennemis. Ses ennemis étaient: le Diable (sous toutes ses formes), les Voisins d'à côté, le sexe (sous toutes ses formes), les limaces. Ses amis étaient: Dieu, notre chienne, tante Madge, les romans de Charlotte Brontë, les granulés anti-limaces, et moi, au début.

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