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Critiques de Jeffrey Eugenides (324)
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Middlesex

Un livre découvert totalement par hasard dans la bibliothèque d'un camping du Lubéron...Les campeurs ne sont pas tous insensibles à la littérature (je vois déjà la ligue des Joyeux Amateurs de la Vie au Grand Air émettre une protestation)

Ce bouquin pioché au milieu de vieux Poche écornés m'a très vite emballée. Le récit, le style, l'intrigue, les personnages de cette famille grecque ayant quitté la Turquie dans le drame et la misère, et bien sûr le secret qui se cache dans le titre, tout m'a plu et m'a poussée à le déguster jusqu'au bout, à tel point que je n'ai guère hésité à le glisser dans ma valise pour pouvoir le terminer tranquillement.

J'ai donc le remords d'avoir privé de cette belle histoire d'autres clients bibliophages. Je répare ma faute en vous conseillant de le voler à la première occasion!
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Middlesex

Jeffrey Eugenides se met à dérouler son histoire comme un fil de soie, et plus le fil s'allonge et plus on se rapproche du dévidage de son origine.

Si on remonte la bobine, on retrouvera le cocon qui forme le premier noeud.

Quelques boucles hésitantes et parfois quelques noeuds plus serrés composent cet entremêlement passionnant de fiction, d'histoire et de digressions.



L'auteur américain nous implique dans une saga familiale aux accents greco-américains et nous fait traverser les mers, la crise économique, la Guerre, la Grande Dépression, les émeutes de la ségrégation raciale, dans un millefeuille d'histoires virevoltantes et passionnantes.



Eugenides creuse avec talent la question des fêlures et des ruptures.

Il pointe cet exact moment où la vie craque, ainsi que les personnalités et les identités.



Il explore ces moments de vie où une route empruntée s'interrompt brutalement, où un destin se brise, obligeant les êtres à multiplier les tentatives de colmater les brèches.



Il y a également la notion de ne pas pouvoir échapper à nos crimes, qui finissent par nous rattraper tôt ou tard.



Avec talent et humour, dans un récit plutôt dense, l'auteur fait s'entrecroiser des tranches de vie de trois générations pour mieux pointer les difficultés de l'intégration des immigrants, le poids des traditions et de la culture qui nous a façonnés et nous poursuit toute la vie.



L'hermaphrodisme est le thème central, mais il faut rétropédaler jusqu'aux années 20 et suivre l'étonnante histoire de ces trois générations qui tissent patiemment la toile finale où il sera abordé sous différents points de vue, aussi bien médical que socio-culturel mais surtout humain.



Middlesex, Prix Pulitzer en 2003 est un grand bestseller américain riche en symbolisme qui comme tout bon livre, nous amène là où la réalité ne nous emmènerait jamais et laisse une véritable empreinte.





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Virgin suicides

Tout débute dans une petite ville du Michigan dans les années 70, une bourgade tranquille, prospère, aux allées bien droites et aux jardins soigneusement taillés, où s’épanouit une classe blanche et bourgeoise aux mœurs aussi placides qu’ennuyeuses. Pourtant un malaise plane sur tout ce calme apparent, un malaise sourd et insidieux qui prend brutalement forme quand Cécilia Lisbon, la cinquième fille de Mr Lisbon le professeur de mathématique du lycée du quartier, est retrouvée dans sa baignoire, les veines de son poignet lacérées. Sa tentative de suicide va plonger la petite communauté dans la confusion, mais sera surtout être à l’origine d’un drame bien plus horrible puisque, une à une, les quatre filles Lisbon survivantes vont lui emboiter le pas, suivant leur cadette dans la mort. Cette quintuple tragédie marquera à jamais la mémoire de la ville, mais elle restera particulièrement une source de fascination pour les garçons du quartier, tous adolescents à l’époque et tous passionnément amoureux des troublantes filles Lisbon, si blondes, si belles, si insaisissables et si désespérées. Vingt ans plus tard, les garçons devenus des hommes mariés et bedonnants se replongent dans leurs souvenirs et font revivre pour nous les fantômes de Thérèse, Bonnie, Lux, Mary et Cécilia dans une ultime et futile tentative pour comprendre leur impénétrable souffrance.



Difficile en se plongeant dans « Virgin Suicides » de s’ôter totalement de l’esprit la magnifique et quasi-hypnotique adaptation réalisée par Sofia Coppola en 1999. A chaque page tournée, les éblouissantes chevelures dorées des filles Lisbon ondulent devant nos yeux et la musique cristalline du film résonne dans nos oreilles… Rares, en vérité, sont les adaptations qui parviennent aussi finement à retranscrire l’âme d’une œuvre. Pourtant le roman de Jeffrey Eugenides se suffit déjà très bien à lui tout seul avec son infinie délicatesse, sa poésie non dénuée d’humour grinçant et son obsédante mélancolie. Les lecteurs avides de rationalisme seront peut-être déçus par les multiples questions sans réponses qui parsèment le récit, mais c’est en partie cette omniprésence du non-dit qui rend le roman si captivant. Aucune explication satisfaisante ne sera jamais trouvée aux suicides des cinq adolescentes et, par la grâce du secret, leur sort funeste quitte ainsi le domaine du fait divers pour prendre des allures de mythe. Le tout donne un très très beau roman, à l’écriture débordante d’audace et de pudeur, et accessoirement un des livres les plus justes que j’ai eu l’occasion de lire sur l’adolescence et la magie mystérieuse des premiers amours.

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Des raisons de se plaindre

« Sujet de plainte »



La nouvelle met en scène, avec un style très juste et très maîtrisé, une lycéenne indo-américaine, Prakrti, qui pour échapper à un mariage forcé, va séduire Matthew, venu faire une conférence sur les ondes gravitationnelles dans la petite université de sa ville du Delaware.

Jeffrey Eugenides n’enfonce pas ses personnages plus que nécessaire, la narration est très détachée. Reste que Matthew et Prakrti ne sont pas très sympathiques, ni attachants.

C’est très bien fait, très dans la mesure, sans débordement. Mais j’ai trouvé ça un peu froid, il y a un gros contraste entre la narration très sage et les personnages qui ne le sont pas, comme une mise à distance des émotions que j’ai moyennement appréciée. Je crois qu’en ce moment j’ai besoin d’écritures moins froidement réalistes, qui ne craignent pas les tourbillons, le bazar des sentiments, qui préfèrent aux routes bien droites et bien comme il faut de la raison les chemins un peu tortueux et troubles de l’affectif. J’ai besoin d’écritures plus chaleureuses, ou plus surprenantes.
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Middlesex

Aussi plantureux qu'un banquet de mariage mais sans l'indigestion qui pourrait guetter. Avec la surprise dans l'un des choux de la pièce montée familiale que l'on avait cru rose jusqu'à ses 14 ans (le chou).

Ce gros roman, aussi bourratif qu'un pudding et aussi digeste qu'un bouillon de poule, mélange cuisine traditionnelle (épopée familiale de la Turquie grecque aux Etats-Unis) à la nouvelle cuisine (l'hermaphrodisme mis à nu par la science).



Se marier entre frère et soeur, ce n'est pas bien. Même si l'on s'aime en pleine émigration. L'Eglise le défend, non sans raison. Desdemona et Lifty passent outre sur le bateau qui les conduit en Amérique, du côté de Détroit, et de son ciel barbe à papa en raison de la pollution. Bienvenue dans les usines de ce cher monsieur Ford lequel inspire à monsieur Eugenides de forts belles pages; lancinante comme la Chaîne, la phrase répète le geste: "Wierrzbicki fraise un palier et Stephanides meule un palier et O'Malley fixe un palier à un arbre à cames".

Stephanides, toutefois, ira voir ailleurs si les cieux sont moins rouges. Congédié pour avoir un propriétaire immoral. Chez Ford, la pauvreté s'essuie avec la propreté morale et l'hygiène. Et on ne rigole pas.

Tout cousins au 3° degré et frère et soeur soient-ils, Desdemona et Lifty ont un fils Milton. Lequel épousera Theodora la fille de la cousine-épouse du propriétaire immoral (vous suivez?) Bref, on épouse beaucoup dans la famille. Après moult péripéties, affres et histoires diverses, la jolie Calliope voit le jour, fille de Millton et de Tessie; c'est lui qui narre depuis l'Allemagne (non, je n'ai pas fait d'erreur en écrivant "lui") , plonge dans les racines grecques, défriche et déchiffre, s'interroge alors qu'un médecin met le nez dans son hermaphrodisme venu de loin, hermaphrodisme qui le/la conduit à adopter le genre masculin.



Middlesex foisonne, campe un arbre généalogique aussi luxuriant que la forêt amazonienne. Auquel s'agrippent des lianes. Celles-ci s'entrecroisent, bouclent, pullulent. Le détail s'ajoute au détail. Middlesex est l'exact opposé du lapidaire. On frise la chronique sociale, l'Histoire avec un H majuscule, le roman d'apprentissage, la clownerie. On assiste à la prohibition et aux émeutes noires, on visite une secte islamique et la banlieue chic de Détroit, on file vers San Francisco et ses bas-quartiers. On plonge dans le lit d'adolescentes aux hormones frétillantes et de vieille dame têtue attendant une mort qui ne vient pas.

Middlesex est une auberge espagnole où l'Espagne est proscrite ainsi que la vraisemblance. Si les histoires s'emboitent c'est parce que l'écrivain est maître à bord.



C'est copieux et goûteux. Cela ressemble à un vrai chocolat chaud. Mais je préfère le café.
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Le roman du mariage

Le Roman du mariage, c’est l’histoire d’un classique triangle amoureux, qui commence sur un campus américain et qui se poursuit un temps dans une sorte de période de transition entre la fin des études et l’entrée de plain-pied dans la « vraie vie ».

Années 80, deux hommes, une femme, trois possibilités. Mitchell est amoureux de Madeleine, qui est dingue de Leonard, lequel aime Madeleine. Logiquement, ces deux derniers sont en couple, et Mitchell noie son chagrin en se concentrant sur ses études de théologie et son projet de voyage en Inde.

Mais rien n’est jamais simple. Leonard est très intelligent et très populaire, mais il est maniaco-dépressif depuis des années. Et sa vie de couple s’en ressent, faite de hauts et de bas, comme son moral.

Madeleine, jeune bourgeoise coincée, romantique mais accrochée à ses principes (« je n’épouserai jamais un homme instable »), a compris que la vie n’est pas un roman de Jane Austen et a vu ses certitudes ébranlées, d’abord quand elle a finalement craqué pour Leonard, ensuite quand elle s’est rendue compte que la vie serait peut-être tellement plus simple, sans prises de tête, avec le doux et gentil Mitchell, son confident des moments difficiles. Mais Madeleine se sent investie d’une mission : aider Leo à guérir.

Ravalant sa déception mais gardant l’espoir de conquérir Madeleine, Mitchell part à Calcutta dans les traces de Mère Teresa, en quête d’un idéal spirituel.



Résumé comme ça, ce n’est pas forcément très séduisant. Et pourtant… Difficile de comprendre pourquoi, mais ce roman est captivant. Ce n’est pourtant pas un roman « facile », il fait même parfois dans l’érudition, en tout cas quand on n’est pas familier de Barthes, Deleuze, de la chimie des levures ou des traitements au lithium. Le récit n’est pas chronologique, et les personnages ne sont même pas vraiment attachants, alors c’est sans doute le mélange d’humour, de finesse psychologique, de philosophie, de spiritualité et de culture littéraire qui rend ce roman si intéressant. On pense à Tom Wolfe (en moins hot) pour la description du microcosme universitaire US, et aux Corrections de Jonathan Franzen pour l’analyse fouillée des personnages et de leur quotidien.

Chronique du passage à l’âge adulte, portrait d’une époque et d’une certaine élite intellectuelle américaine, ce roman, plus que du mariage, parle surtout d’amour. Et quand c’est si bien écrit, peu importe que la raison ou les sentiments l’emportent, il ne faut pas s’en priver.

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Virgin suicides

J'avais vu le film, le premier long-métrage de Sofia Coppola, que j'avais beaucoup aimé . Bien des années plus tard, je découvrais que, comme c'est souvent le cas, il existait un roman - le premier de son auteur - à l'origine du film. Je l'ai acheté, et puis il est resté sur mes étagères plusieurs années, sans que je me décide à me lancer. Je suppose que le souvenir du film me retenait. Or, si on a bien une histoire commune aux deux œuvres, le point de vue est sensiblement différent.





J'ai observé que pas mal de lecteurs se plaignaient de savoir dès le début comment l'histoire finissait. Alors déjà, lorsqu’on a dans les mains un roman intitulé Virgin Suicides, c'est quand même difficile de ne pas deviner de quoi il est question, du moins en partie. Et en toute logique, il est nécessaire que le lecteur soit mis dès la première page au courant du drame au cœur du roman, à savoir le suicide de cinq sœurs âgées de 13 à 17 ans, sur une période d'environ un an dans une petite communauté américaine. Parce que ce roman est justement l'anatomie d'un drame communautaire, qui hante encore les narrateurs des dizaines d'années plus tard. Et c'est là que le roman diffère fondamentalement du film, qui se focalisait sur les sœurs Lisbon mais laissait de côté les narrateurs qu'il utilisait en voix off.





Ici, tout est volontairement laissé dans le flou : période du drame, noms des narrateurs, le quotidien des sœurs Lisbon qui n'est vu que de l'extérieur et filtré par le biais des souvenirs. Le sujet même de l'enquête d'adolescents souhaitant reconstituer les circonstances du drame et trouver une explication à ces cinq suicides reste sujet à caution. Que cherche-t-on vraiment à élucider ? Le drame, ou ce qu'est l'adolescence - et particulièrement l'adolescence masculine, cette initiation à des mystères insondables nourris par la vision de cinq jeunes filles qui se sont évaporées dans les limbes ?





Tout en disséquant en apparence le suicide de cinq jeunes filles, Virgin Suicides relate l'obsession des narrateurs à revenir encore et toujours sur cet événement traumatique. On ne voit pas seulement des jeunes filles victimes d'une mère abusive jusqu'à devenir des prisonnières, on ne voit pas seulement une famille se désagréger en même temps que sa maison ; c'est toute la communauté qui semble s'être délitée aux yeux des narrateurs. Des narrateurs qui ont vécu leur adolescence dans le parage des sœurs Lisbon, qui ont été hantés par l'image de cette entité unique et fascinante qu'elles formaient à leurs yeux. Mais de ces narrateurs, on ne sait finalement rien. Sont-il seulement plusieurs ? Car eux aussi parlent tels une entité unique. Sont-ils seulement devenus des adultes médiocres, comme ils le disent, toujours intégrés dans la même communauté depuis leur naissance ? Ou est-ce là le récit d'un fantasme né d'un drame, d'un fantasme adolescent qui n'aurait jamais évolué pour être dépassé, et qui fait des narrateurs les véritables fantômes du roman ?Et qui raconte cette histoire, au final si amer ?
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Le roman du mariage

Même si j'en ai entendu énormément de bien depuis longtemps, et notamment depuis la parution de ce virgin mis en scène par Sofia Coppola Jr (un film qui, en dépit de son côté culte, m'avait un peu laissé dubitatif), je n'avais pas encore eu l'occasion d'ouvrir un roman de Jeffrey Eugenides, même le très culte "Middlesex", alors même que d'aucuns le considèrent comme un des plus grands romanciers américains actuels.



Heureusement, cette lacune a été comblée cet été avec la lecture de son dernier roman paru à ce jour en France, "Le roman du Mariage" (sorti en poche chez Points il y a quelques semaines), et qui n'a pas du tout douché mes espérances placés en cet auteur, tant ce roman est vrai régal d'intelligence et de talent..



L’auteur adopte le point de vue de Madeleine, une étudiante qui tombe amoureuse de Leonard, jeune homme à l’enfance malheureuse et maniaco-dépressif alors que Mitchell (qui incarne la figure du gendre idéal) aime la jeune femme en secret.



Tel un personnage de Jane Austen et plus généralement des romans dits victoriens, à qui Madeleine voue d'ailleurs un culte et l'objet de son mémoire d'études, la jeune femme se retrouve au cœur d’un dilemme, entre l’amant maniaco dépressif et le gendre idéal attiré par la spiritualité.



Madeleine va alors faire l'apprentissage d'une vie d'adulte, en perdant son innocence, sans renoncer pour autant à toutes ses illusions; le vrai sujet de ce livre étant certainement, celui toujours passionnant lorsqu'il est traité avec une telle maitrise, du passage à l’âge adulte.



Sur un pitch au départ follement banal (une fille partagée entre 2 garcons), Eugenides parvient, avec une maitrise éblouissante, à fignoler un roman de campus étincelant qui est aussi le portrait d’une génération ,celle qui a eu 20 ans à l'aube des années 80 (soit dit en passant, la même génération que celle de l'auteur).



On est épaté par ce texte à la construction extrêmement habile : légèrement déconstruit (parsemé de brefs bonds dans le temps, longs retours en arrière); il nous montre la même scène est racontée sous plusieurs angles différents , on y apprend, au fur et à mesure du récit, ainsi que des informations qui remettent en question notre première vision des personnages, ce qui est quand même un véritable tour de force ...



Analyse très fine de l’âme humaine et de la complexité de l’amour, Le roman du mariage est un livre très riche, érudit sans pour autant être élitiste (les explications de textes sur Barthes et son"Fragment du discours amoureux sont passionnants et toujours plein d'humour) et également un fort bel hommage à la littérature.



Ce "roman du mariage" est donc un (très) grand roman d'apprentissage où les trois protagonistes découvrent la vie et se découvrent à travers les livres : romans, essais critiques, textes philosophiques....



On pense un peu au Franzen des" Corrections" ou au Jay McInerney de "30 ans et des poussières", bref que des très grands de la littérature américaine contemporaine, mais Eugenides développe un style proche en encore un peu plus érudit que ces deux grands maitres, mais tout aussi brillant...



Bref, un énorme coup de cœur qui, à coup sur, rendra mes prochaines lectures un peu fadasses et anecdotiques!!
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Middlesex

Attention COUP DE CŒUR!

Cal Stephanides, quarante et un ans raconte son histoire: né fille en 1959, c'est un hermaphrodite. A travers l'histoire extraordinairement riche de sa famille, il va tenter de comprendre ce qui a pu se passer , et d'expliquer son passage d'une petite fille sans histoire à ce personnage hors du commun.

Cela commence à Smyrne en 1922, où lorsque les Turcs mettent le feu à la ville, Desdemona et Lefty, son frère, décident de se marier et de fuir le pays pour Détroit aux États-Unis. Ils vont pouvoir ainsi reconstruire leur vie sur cette passion qui les unit.

Suite à un échec à l'usine Ford, qui vit ses heures de gloire à cette époque, Lefty ouvre un bar, la Zebra Room. Leur fils, Milton, reprendra les affaires dans les années 50, après avoir épousé sa cousine Tessie. Les émeutes sociales de Detroit en juillet 1967 favorisent alors son projet d'ouvrir une chaine de restaurants de hot-dog, qui va vite prospérer. Cela leur permet alors de déménager pour les quartiers chics de Détroit, dans une maison impressionnante de modernisme, rue Middlesex. C'est là, et en intégrant une école pour jeunes filles réputée, que Calliope, sa fille, vivra ses premiers émois ... et bouleversements.



La lecture de ce livre ne résultait pas vraiment d'un choix de ma part. Je l'ai lu pour une aveugle, et plus pour rendre service car personne dans mon association ne souhaitait le lire:"trop sulfureux" disait-on... (D'ailleurs je trouve aussi qu'il est assez mal servi par le quatrième de couverture...) Puis je me suis dit: "Pourquoi pas?...Prix Pulitzer 2003...j'ai beaucoup aimé Virgin Suicides...allons-y..." Et je peux dire que je n'ai absolument pas été déçue et plutôt même enchantée par la lecture de ce roman.

Pour quelles raisons?

Pour l'écriture prenante, pleine d’auto-dérision, d'humour et d’humanité, avec un soupçon de tragédie grecque de temps en temps, qui en font une lecture extrêmement agréable (on ne peut pas s'en détacher!).

Pour la découverte de l'hermaphrodisme, et de ce que cela entraine pour les personnes qui le vivent, sujet trop rarement voire jamais traité: problèmes du quotidien, bouleversement psychologiques, physiologiques et relationnels...

Pour, la précision avec laquelle sont décrites toutes ces périodes importantes de l'histoire de la Turquie, puis des États Unis, qui donnent le sentiment de vivre avec cette famille exceptionnelle, une formidable épopée.



En conclusion, comme vous l'aurez compris, je conseille très vivement la lecture de ce roman remarquable et trop peu connu...et parlez en autour de vous si l'avez aimé, car il mérite la célébrité!

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Virgin suicides

C'est peut-être parce que j'en attendais beaucoup que j'ai été déçue par ce récit, pas inintéressant mais pas indispensable non plus...



Le thème, ces 5 soeurs Lisbon qui se suicident toutes, m'interpelait et m'intriguait. Mais, au final, je suis restée à la surface de leur vie et de leur mort : je n'ai pas compris leur geste, pas ressenti leur mal-être, pas eu l'impression de les connaître.



Le parti-pris de l'auteur de raconter les événements par les yeux et les voix des garçons voisins, éperdument amoureux de ces adolescentes, est original et décalé. Mais il écarte les émotions, les tient à distance, puisqu'on n'a accès qu'aux faits bruts, et pas du tout aux ressentis et aux pensées des filles. Certes, un descriptif explicite 'elles se sont suicidées parce que... ' aurait été réducteur et caricatural.

Mais là, c'est l'extrême inverse, on reste sur notre faim, à échafauder des scénarios explicatifs : 'on ne se tue quand même pas juste parce qu'on n'a pas le droite de sortir?', 'est-ce qu'elles étaient tellement parties dans leurs rêves et leurs idéaux qu'elles ne pouvaient pas accepter l'imperfection de la vie réelle?', 'est-ce que le 1er suicide, fruit d'une réelle souffrance, a lancé un psychodrame mortel?'



De même, la présentation des 'soeurs Lisbon' comme un tout quasi-indifférencié pour les garçons, une créature belle et mystérieuse à 5 têtes, crée une ambiance onirique. C'est original, c'est beau, c'est puissant... Mais, une fois encore, cela nous empêche de nous identifier à l'une ou l'autre des filles, d'avoir du concret, de rentrer dans leur monde...



A noter que j'ai vu il y a quelques années le film éponyme de Sofia Coppola, avec cette même impression d'inachevé : un sujet à peine effleuré, beaucoup d'esthétisme, mais peu d'émotions.



Pas emballée par ce livre, donc, mais je vais malgré tout me plonger dans d'autres titres de Jeffrey Eugenides. En effet, Virgin Suicides est son 1er livre, et les excès de poésie, la pudeur ou la volonté acharnée d'originalité narrative sont peut-être des erreurs de jeunesse, masquant un vrai talent d'écrivain.

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Middlesex

Middlesex


Traduction : Marc Cholodenko





Commencé réellement un dimanche, je l'avais terminé dès le soir suivant et, à partir du moment où je me suis lancée réellement dans l'intrigue, je n'ai pas pu lâcher le morceau : dès que je le pouvais, je reprenais mon livre ! "Middlesex" est un bon, un très bon roman.


Mais au juste, qu'est-ce qu'un bon roman ? C'est d'abord une histoire qui sort de l'ordinaire et qui, cependant, tient la route, essentiellement grâce aux qualités déployées pour la raconter par son auteur. Des qualités tels que le sérieux, le travail, l'amour du lecteur aussi ... Il semblerait que la recette ne soit plus appliquée en France depuis que certains, parmi nos plus illustres "intellos" qui se piquent d'écrire, l'aient déclarée ringarde, passée de mode, poubellisable à merci ... Et pourtant, ça marche toujours aussi bien : Jeffrey Eugenides n'est que l'un des nombreux auteurs américains qui sont là, Dieu merci, pour nous le rappeler.


"Middlesex" pourrait se résumer comme l'histoire d'un gène récessif, à l'origine de ce que l'on nomme l'hermaphrodisme. Sommeillant au départ dans le code génétique des enfants Stephanidès, il aurait pu demeurer encore longtemps inactif si, par un étrange caprice de ce Destin que révéraient tant les Anciens Grecs, Eleuthéryos n'avait conçu un amour aussi sincère qu'incestueux pour sa soeur, Desdemona. Passion dangereuse, passion hors-nature qui, si les événements historiques eux aussi avaient été tout autres, n'aurait jamais pu culminer. Mais au moment où elle se déclare, les Turcs envahissent la Grèce et les deux Stéphanidès s'enfuient vers Smyrne où va se sceller leur destinée.


Nous sommes le 13 septembre 1922. Devant l'avance des troupes de Mustafa Kemal, les chrétiens smyrniotes se réfugient sur les quais du port. Bientôt, ils y seront cernés entre deux choix qui n'en sont pas : où plonger et se noyer, ou brûler vifs sous les torches des soldats turcs. Les diverses ambassades étrangères ne bronchent pas ou plutôt détournent le regard. Quand la France évacuera ses ressortissants, Eleuthéryos, qui connaît un peu de français, parviendra cependant à obtenir un visa pour lui-même et sa soeur.


Or, Desdémona a solennellement promis à son frère que, s'il parvenait à les sauver, elle accepterait de l'épouser ...


De cette union contre nature, célébrée sur le bateau qui les emmène vers les Etats-Unis, naissent un garçon, Milton, et une fille, Zoé, tous deux en parfaite santé. L'heure n'est pas encore celle du fameux gène. Mais lorsque Milton épouse sa cousine, Tessie, elle-même fille d'une cousine de Desdémona et d'Eleuthéryos, la situation est fin prête. Le gène n'a plus qu'à attendre la naissance de leurs enfants en se posant la question suivante : lequel d'entre eux va-t-il choisir ? ...


C'est en tous cas cet élu (si on peut dire) qu'Eugénides, lui, a choisi comme narrateur de son roman. Avec tendresse, ironie, émerveillement aussi, il nous raconte cette histoire incroyable, qui est non seulement la sienne propre mais aussi celle de toute sa famille et qui a pour toile de fond l'Histoire de deux pays : la Grèce et les Etats-Unis. Tranquillement, sereinement, Callie/Cal promène le lecteur conquis et avide des collines de l'Asie Mineure aux banlieues cossues de Detroit, des années vingt balbutiantes à l'effondrement de l'idéal hippy. Avec cela, pas une trace de vulgarité et un respect, un amour profonds pour la Différence, quelle qu'elle soit. Beaucoup de questions aussi sur le Destin et le Hasard.


Un roman exceptionnel qui parlera peut-être plus aux Européens parce que son auteur, né américain certes mais d'origine incontestablement grecque, a trouvé le moyen d'y ressusciter, en les modernisant, quelques uns des grands thèmes de l'imaginaire de ses ancêtres - imaginaire sur lequel s'est en partie édifiée notre culture.


N'en doutons pas : eût-il vécu au temps d'Homère que Jeffrey Eugenides n'aurait eu aucune peine à se voir reconnu comme un aède aimé des dieux. Cet été, sur la plage ou ailleurs, ouvrez "Middlesex" et prêtez donc l'oreille à son chant. ;o)
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Le roman du mariage

Auteur de Virgin suicides et de Middlesex, Jeffrey Eugenides publie là son troisième roman. Il y est question d'études, de flirt, de famille, de voyages France, Inde) de condition féminine dans les années 80 et aussi, bien sûr de mariage. Madeleine, pleine d'incertitudes concernant son avenir qu'il soit professionnel ou amoureux. Ses sentiments oscillent entre Mitchell, brillant étudiant, un peu mystique, et Leonard, séducteur, mais surtout bipolaire. Les malentendus et quiproquos qui marquent les relations entre Madeleine et Mitchell comptent dans la création du couple Madeleine-Leonard, pour le meilleur et pour le pire.



Comme souvent dans les romans américains, un luxe de détails émaille les 500 pages de ce roman, pour aboutir à un portrait précis des personnages mais aussi de la société américaine de cette période. Cela peut plaire, ou non. Personnellement, j'apprécie beaucoup cette ambiance et ce type d'écriture (un coup de chapeau, au passage pour le traducteur).



Madeleine est étudiante en lettres et cela constitue un prétexte pour de nombreux développements concernant la littérature victorienne et pré victorienne, entre autre, très intéressants.



Par ailleurs la description qui est faite de la maladie psychiatrique dont souffre Leonard est particulièrement travaillée ( résultat d'une documentation pointue ou vécu personnel de l'auteur?) Le rendu est criant de vérité.



Très agréable lecture qui m'incite à poursuivre la découverte de l'auteur.
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Virgin suicides

Cecilia, Mary, Bonnie, Lux et Thérèse. On les appelait les sœurs Lisbon, mais ça c’était avant.



Avant que Cecilia ne mette fin à ses jours. Avant que la famille Lisbon se cloitre et se retire peu à peu du monde. Avant que les filles absentes deviennent une obsession pour leurs amis-adolescents amoureux. Avant que leurs appels au monde résonnent moins fort que le rejet de celui-ci.



« Ces filles ont un brillant avenir devant elles. L’autre aurait fini par devenir dingue. »



Dans Virgin suicides, Jeffrey Eugenides – traduit par Marc Cholodenko – nous plonge dans les traumas de l’adolescence vus des faubourgs de Detroit, entre parents qui en craignent les effets chez leurs filles, et enfants qui tentent d’en user sans en trouver les clés.



Écrit comme une enquête a posteriori alignant les pièces à conviction du drame annoncé, Virgin Suicides est une dénonciation de l’enfermement qui ne peut mener qu’au dérangement, au désespoir et à l’autodestruction, quand bien même autrui vous tend la main.



Malgré tous ces garçons qui guettent la nuit le moindre signe venu des fenêtres des filles, malgré les messages des filles envoyés en mode bouteilles à la mer, leurs appels semblent vains. Mais veulent-elles finalement être entendues ?



« Les tortures qui avaient tourmenté les filles Lisbon se condensèrent en un refus simple et raisonné d’accepter le monde tel qu’il leur était proposé, si plein de défauts. »



Un livre grave, dont la deuxième couche d’après-lecture continue d’alimenter la réflexion…



(Et non, je n’ai pas vu le film).
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Le roman du mariage

Pourquoi ce titre si original "Le roman du Mariage" (The Marriage Plot) ? L'auteur, Jeffrey Eugendides, créateur du livre "Virgin Suicides" magistralement porté à l'écran par Sofia Coppola, l'explique au début de son livre: dans les sociétés traditionnelles, jusqu'à la fin des années 60, le mariage était l'axe principal de la réussite sociale et matérielle et dans les romans, jusque là, le ressort dramatique essentiel était le mariage.

Tout a changé depuis les années 80. C'est ce que montre l'auteur avec cette chronique douce-amère, dans la pure tradition du roman réaliste anglo-saxon, qui nous montre trois étudiants à l'université de Brown, au début des années 80.

Madeleine est une jeune étudiante en littérature, elle est très amoureuse de Leonard, jeune étudiant en biologie; mais, pour autant, elle n'est pas insensible au charme de Mitchell, d'ascendance grecque, comme l'auteur.

Les deux jeunes hommes sont très différents: Mitchell est attiré par les études théologiques et va partir en Inde et en Europe avec un ami.

Madeleine va rester avec Leonard mais le couple qu'elle forme avec lui est bien chaotique. Ceci en raison de la maladie chronique et implacable de Leonard, à savoir la psychose maniaco-dépressive.

Eugenides nous décrit les symptomes de cette maladie avec une précision de clinicien: les phases d'euphorie qui alternent avec des phases de désespoir, et l'origine probablement génétique de ce trouble.

Il nous montre aussi les traitements de l'époque (début des années 80) et les conséquences fâcheuses du traitement par le lithium; seul traitement connu à l'époque.

Au-delà des problèmes de maladie, ce roman nous montre toute une époque, avec ses manies, ses modes "intellectuelles".

Eugenides nous montre avec beaucoup d'humour les effets de la mode "intellos français", les étudiants américains de l'époque s'abreuvaient en effet des théories de Barthes et Derrida pour résoudre, entre autres, leurs problèmes amoureux...

La profondeur psychologique des personnages est très intéressante.

C'est un roman féministe qui nous montre une femme autonome, hésiter entre deux hommes...

Le récit est captivant..

Humour, réflexions philosophiques, psychologie.; tout y est pour vous faire passer un moment agréable et très "culturel".
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Virgin suicides

Cécilia n'a que quinze ans quand on la retrouve in extremis dans sa baignoire, les veines tranchées. Vouloir se suicider si jeune interpelle beaucoup les habitants de cette petite ville du Michigan, toujours propre sur elle et dans laquelle jamais rien ne se passe. La jeune fille avait bien une passion pour l'astrologie et d'autres trucs étranges du même genre, mais enfin, ça reste préoccupant. D'autant que lors de la fête organisée pour sa convalescence, elle s'éclipse au premier étage, saute de la fenêtre et s’empale sur la grille du jardin. Cette fois-ci, pas de sauvetage possible.



Eugenides nous place d'entrée de jeu dans une ambiance très étrange : nous sommes avertis dès les premières pages que les quatre autres sœurs vont subir le même sort, nous ne pouvons qu'assister, impuissants, au désastre annoncé. Les motifs de cette série macabre restent vagues : la famille est bien un peu stricte (la mère est très religieuse) et les sorties et distractions de leur âge sont formellement interdites, mais on ne distingue pas de situations traumatisantes particulières.



Le récit est raconté par une bande indistincte de garçons de leur âge, qui tentent de reconstituer leurs souvenirs pour comprendre ce qui s'est passé. Cet usage du « nous », qui d'habitude me fait vite sortir du récit, m'a semblé pour une fois très réussi. Tout comme les narrateurs, on cherche des indices, on fouille nos souvenirs pour établir des liens et échafauder des hypothèses.



Force est de constater qu'on est pas beaucoup plus avancé à la fin du roman. Et ces cinq jeunes filles se transforment dans notre esprit en des créatures de légende, insaisissables et incompréhensibles.
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Le roman du mariage

N'ayant lu ni Virgin Suicides ni Middlesex, c'est sans a priori que je me retrouvée dans les années 80 sur le campus d'une université de la côte Est où se sont rencontrés Madeleine, Leonard et Mitchell, les acteurs malheureux d'un trio amoureux. Mitchell aime Madeleine qui aime Leonard qui aime Madeleine. Finalement seul Mitchell pourrait se retrouver sur le carreau et chercher à noyer son chagrin dans la théologie. Seulement voilà, Leonard, le bad boy intello féru de sémiotique, est bipolaire. Pas simple pour Madeleine, jeune femme de bonne famille, fougueuse et romantique, qui rêve sa vie sur le modèle d'une héroïne de Jane Austen ou d'Emily Dickinson. Le passage à l'âge adulte des trois héros ne se fera pas sans heurts.

Ce roman ne m'a pas embarquée du tout. Un récit déstructuré entrecoupé de pénibles digressions pleine d'érudition sur Baudrillard, Deleuze ou encore Barthes, des personnages finalement assez lisses et sans grande envergure, un fil narratif passablement prévisible et une morale bien traditionnelle...

Ce livre est sans conteste une déception, même s'il reste assez marquant par ses passages très documentés et réalistes sur la maniaco-dépression.

Un rendez-vous manqué avec cet auteur... Dommage.
Lien : http://bloglavieestbelle.ove..
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Virgin suicides

Quelques 20 ans après, des adolescents (de l’époque) tentent de tenter de comprendre ces 5 filles Lisbon pour lesquelles ils étaient éperdument amoureux. Quel mystère se cachait derrière cette maison abritant ces 5 beautés. Imagination, espionnage du haut de leur cabane, tout était entrepris pour approcher ces filles... Des bribes de souvenirs en investigations postérieures, pièces à convictions, rapports de médecins, ils tentent de reconstituer le puzzle de cette tragique soirée.



Un premier roman pour Jeffrey Eugenides, une réelle réussite : la lecture est aisée, rapide, l’histoire prenante, surprenante. C’est triste, c’est beau, c’est cruel mais aussi magique. Je me surprends moi aussi à épier les filles Lisbon, à tenter de deviner leurs pensées, à me mettre à leurs places pour... comprendre leur mal-être, leur vision de la vie...



Le tout sur un fond musical pop rock des années 70 (Ten CC, Todd Rundgren, Heart, ... :

que des groupes dont on ignore le nom mais dont les tubes sont familiers de tous et rappellent la nostalgie de cette époque, sans compter la « french & magic touch » de Air).



L’interaction entre le film et le livre est telle que lorsque je parcours la lecture de ce roman, cette musique trotte, en même temps, dans ma tête, et vient se glisser entre les lignes de chaque paragraphe.
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Le roman du mariage

Lire Jeffrey Eugenides me fait un peu le même effet que Jonathan Franzen : celui d'un voyage au long cours en bateau, à savourer lentement.



J'ai longtemps hésité devant celui-là, un peu rebutée par un pitch pas très sexy ("Mitchell aime Madeleine qui aime Leonard sur un campus américain en lisant Derrida") mais une fois les amarres largués, ce fut un superbe moment de lecture.



Après un démarrage un peu poussif, on atteint la pleine mer et là, le vent dans les voiles, on se laisse porter par la plume étonnante de maîtrise et d'humour d'Eugenides, on s'attache aux pas de ces trois jeunes gens sur leurs débuts de chemins de vie respectifs au sortir de l'université :



Voyage initiatique pour Mitchell l'amoureux malheureux, habité de questionnements religieux ; embardées romantiques pour Madeleine, dont le côté fille à papa très WASP énerve gentiment; démarrage impossible pour Leonard, personnage solaire et douloureux plombé par une maniaco-dépression décrite avec un réalisme stupéfiant.



Les scènes de vies s'enchainent avec des aller-retours dans le temps qui donnent du nerf et du sens, et dans lequel le sujet du mariage, thème central du livre, vient s'imbriquer bien plus subtilement qu'à première vue.



Je n'ai qu'un seul regret après cette belle lecture, c'est de n'avoir plus qu'un seul roman (Virgin suicides) à lire de cet auteur qui écrit trop peu!
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Le roman du mariage

C'est l'histoire de Madeleine Hanna, passionnée de littérature anglaise du 19è siècle, qui, au seuil de l'âge adulte, s'apprête à vivre son propre "roman du mariage". Tous les composants sont là: les prétendants, les demandes, les malentendus...Entre Mitchell le théologien un peu mystique et Léonard le scientifique brillant mais bizarre son choix est fait. Elle suivra son cœur et son âme romantique, et partira avec Léonard, avec toutes les conséquences que cela impliquera. Connaissait-elle suffisamment Léonard? L'Amour est-il toujours suffisant?

C'est un bon roman, bien construit et très prenant. La description des trois personnages et la fine analyse de leur état psychologique sont les atouts majeurs de cette œuvre.

Évidemment, amateurs de suspense, passez votre chemin!
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Middlesex

Un frère et une sœur, immigrés grecs, arrivent aux États-Unis en 1922 sur un bateau, après avoir fui leur ville natale envahie par les Turcs. Ils démarrent une vie nouvelle et amoureux l'un de l'autre, se marient, cachant la nature incestueuse de leur relation, entraînant avec eux toute leur descendance qui devra faire face aux maladies génétiques… jusqu’à Cal, leur petite fille qui raconte son histoire dans ce livre.

À la fois épopée et roman d’apprentissage, Middlesex est un roman étrange et passionnant écrit par Jeffrey Eugenides dix ans après le succès de The Virgin Suicides. Il dresse un portrait de l’Amérique des années 20 aux années 70 à travers le destin peu ordinaire d’une famille d’origine grecque.
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