Citations de Jenny Colgan (519)
[...] elle se rappela ce que sa mère disait : Dieu avait fait en sorte de rendre les adolescents insupportables pour que les parents se réjouissent lorsqu'ils quittent le nid familial. Ce qui expliquait beaucoup de choses.
Patrick, le véto, était assis à la table voisine.
– Salut, dit Polly avec un sourire. Je peux te poser une question ?
[...]
– Est-ce que c’est l’une de ces questions où l’on fait semblant de s’interroger sur un animal qui a la même taille et le même poids que toi, avant de se rendre compte qu’il s’agit de toi et que tu ne veux pas appeler le docteur ?
[...]
– Hum, non, déclara Polly. Ça arrive souvent ?
[...]
– Tout le temps. C’est pour quoi ? C’est pas au sujet de ton oiseau, si ?
[...]
– Je crois qu’il a des difficultés relationnelles, commença Polly.
[...]
– En fait, je ne suis pas vraiment psychologue pour oiseaux…
– Il n’a pas de copains oiseaux. Les mouettes ne sont que des grosses brutes et les autres macareux… Je crois qu’ils se moquent de lui.
– Eh bien, cesse de l’obliger à porter une veste.
– Ce n’est arrivé qu’une seule fois. Quand il a fait froid, plaida-t-elle.
– Et je ne suis toujours pas convaincu par ces bottes en caoutchouc…
– C’est vrai, admit Polly. Les bottes en caoutchouc étaient une erreur, tout bien considéré.
– Faut pas abuser !, lança Huckle à Neil qui s’était posé sur la manche de sa veste – ce qu’il ne faisait pas d’habitude –, fixant Polly d’un air blessé.
– Je ne l’ai abandonné nulle part, corrigea Polly, exaspérée. Les oiseaux ne sont pas censés se trouver sur un lieu de travail. Il devrait être en train de sautiller sur les rochers à la recherche d’une madame macareux.
– Ou un monsieur macareux, rectifia Huckle. Selon moi, tu ne devrais pas avoir de tels préjugés.
Polly le regarda droit dans les yeux.
– Es-tu en train de me traiter d’homophobe du règne animal ?
– Non, je suis simplement en train de dire qu’il faut que nous restions ouverts à tous les choix de Neil.
– Sauf celui d’entrer dans la boutique !
Lorsque tu as trouvé l'endroit où ancrer ton coeur, il reste à jamais en toi.
Et au-delà de la fenêtre, il y avait...rien. Juste la nature, un plongeon direct dans l'espace extérieur (...) La photo avait été prise un jour où l' océan et le ciel, de la même nuance de gris, se fondaient l'un dans l'autre. Une vaste étendue vierge. Polly contempla le cliché un long moment, fascinée.
En fait, ce paysage correspondait exactement à son état d'esprit. Désincarné, vide. Mais aussi étrangement apaisant. Comme si le gris adoucissait les contours de ce monde. Un gris salvateur.(p. 33)
- Ça ne sert à rien de devenir amère parce qu'il y a des connards sur terre . S'il n'y avait pas de connards, tu ne saurais pas repérer les gens bien .
Je crois qu'on dit adieu à sa jeunesse, (...). pour de bon. Quand on a des enfants. Vous ne croyez pas ?
- Ce n'est plus pareil.
(...)
- On ne peut plus faire ce qu'on veut, aller où on veut. Je me rappelle la première fois que j'ai réalisé que si je mourais, ce serait une catastrophe. Pas pour moi, mais pour lui, vous voyez.
Quand on connait des enfants placés, il y a une chose à éviter, à éviter à tout prix, leur faire des surprises. Ils en ont eu des surprises. Toutes les surprises possibles et imaginables. Des surprises comme : tu ne verras plus tes parents. Ou : tu n' habiteras plus ici. Ou : tu changes d'école. Ou encore : nous sommes désolés, mais ce placement ne s'est pas passé comme on l' espèrait.
Quand on veut témoigner son amour à un petit qui a eu une enfance difficile, il faut être totalement prévisible.
Parfois, quand vous êtes au large, et qu'il n'y a que vous au milieu de toute cette eau et rien d'autre, et que c'est le milieu de la nuit, et avec toutes ces étoiles au-dessus de votre tête, trop loin du phare pur en deviner même la lueur, vous vous sentez appartenir, comment dire, à quelque chose de tellement plus grand que vous…
Dieu avait fait en sorte de rendre les adolescents insupportables pour que les parents se réjouissent lorsqu'ils quittent le nid familial.
Le soleil inondait tant la pièce qu'elle eut la sensation d'être dans un pays chaud, comme l'Espagne, jusqu'à ce qu'elle ouvre la porte et que le vent froid s'engouffre à l'intérieur, la saisissant, les nuages filant dans le ciel comme s'ils se rendaient à un rendez-vous important. Cela la fit sourire.
- Bonjour l'Écosse ! dit-elle à voix haute.
Même, si c'était un concept étrange, Zoe était convaincue qu'on pouvait devenir ami avec quelqu'un rien qu'en explorant sa bibliothèque.
Comme le savaient la plupart des habitants d'Édimbourg, on n'était jamais un simple vendeur dans cette ville ; on y était aussi historien et guide touristique. C'était difficile pour Carmen, qui n'était pas née là, même si elle avait retenu les réponses à quelques questions : " Où se trouve le château ?"....."OH LA LÀ, C'ÉTAIT QUOI, CE BRUIT ?" ( " Le coup de canon de treize heures tiré depuis le château", conçu, Carmen en était presque sûre, pour terrifier les gens.....
Zoe avait été - était- pauvre. Vraiment pauvre. Elle avait eu du mal à payer sa facture d'électricité ; elle avait dû réfléchir avant de faire bouillir de l'eau pour se préparer un thé.
Malgré tout, elle avait plus ou moins réussi à prendre un bain chaque fois qu'elle en avait eu envie. Quand un filet d'eau froide et transparente commença à sortir du robinet, ce fut le coup de grâce. elle s'écroula à côté de la baignoire, mit une serviette devant sa bouche, et pleura. Encore et encore. Sans pouvoir s'arrêter.
Parler à un macareux est un sacré pas en avant pour moi. Avant toi, je parlais au canapé, vois-tu.
hiraeth ( n ) : mal du pays, regret d'un foyer où l'on ne peut pas retourner, qui n'a peut-être même jamais existé ; sentiment de nostalgie, de manque, de chagrin ressenti pour les lieux perdus de notre passé.
Polly fut soudain saisie par un souvenir étrange. Elle rangeait les placards de sa grand-mère après son décès. Il lui était impossible de croire qu'elle était morte, tant l'odeur de son parfum flottait encore dans l'air. C'était absurde, bien sûr. Polly n'était pas morte. Mais il lui semblait contempler la garde-robe de quelqu'un disparu depuis longtemps. (p. 300)
Son ancienne vie se retirait sous ses pieds comme les vagues sur la petite plage de sable autour du phare.
Elle s'y échappait de temps à autre en compagnie de Muriel pour un repos bien mérité et une séance de papotage.
Et voilà que Chris allait apporter avec lui cette ancienne vie ici, à Polbearne.
- Parfois la vérité fait du bien, confirma Polly. D'autres fois , elle envenime mille fois plus la situation...
Un milliard de macareux vivaient en bande, songea-t-elle avec colère, et elle possédait le seul d'entre eux doté d'un esprit indépendant.