AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Jérôme Lafargue (147)


Mon premier réflexe est de me gratter, mais, au moment où je me redresse, tendant le bras gauche, une intuition me conduit à stopper mon geste.
Commenter  J’apprécie          00
Le monde est encore plus inquiétant et étrange que je ne le supposais.
Ce soir-là, au moment où je me couche, la douleur resurgit d’un coup et me scie. Je m’écroule sur le lit.
Commenter  J’apprécie          00
J’aurais pu braver l’interdit jusqu’au bout en cherchant la sortie, effaçant d’un saut élégant le portail forcément imposant. Mais je n’ai aucune envie de me faire bouffer les fesses, moins encore d’être matraqué par un hurluberlu plongé dans l’ennui 24 heures sur 24, et heureux d’en sortir le temps de quelques secondes d’éjaculation mentale.
Commenter  J’apprécie          00
De sempiternels jasmins, chèvrefeuilles et clématites se côtoient et s’enroulent autour de portiques et de pergolas en bambous, le long d’un chemin délimité par des jardinières, certaines suspendues, accueillant avec davantage d’originalité herbes aromatiques et plantes rares.
Commenter  J’apprécie          00
Mes parents étaient très appréciés, et beaucoup compatissent encore à tous mes malheurs passés. Même si on ne sait trop sur quel pied danser avec moi. S’adresse-t-on à ce jeune papa bonhomme qui promène sa gamine presque tous les jours ? Ou au guerrier revenu d’enfers à peine imaginables ?
Commenter  J’apprécie          00
Imaginer que nous, humains, fassions l’objet de représentations par le non-humain, qui aurait des manières propres de se représenter le monde, est vertigineux.
Si la plupart de ces penseurs s’attachent à développer une théorie des signes, indices, symboles, on en trouve de beaucoup plus radicaux.
Commenter  J’apprécie          00
Le monde est un gigantesque gisement d’êtres, de qualités, de capacités, qui interagissent. Les humains ne sont pas les seuls acteurs autonomes. Végétaux, animaux le sont aussi. Et au-delà des seuls phénomènes physiques, les artefacts, représentations, esprits, divinités, morts ont leur place, parfois déterminante.
Commenter  J’apprécie          00
Bien sûr, ce sentiment s’est raffermi dès que j’ai lu les paragraphes de Guilhem sur sa découverte du renard massacré et des dévastations, puis sur son incapacité à punir les coupables. Ni espérance ni angoisse cependant dans cette attente. Comme si je savais qu’il me suffisait de lâcher prise pour que ce quelque chose advienne. Je ne me trompe pas. Matin du vendredi 28 avril 1989. Je suis assis sur la berge de l’étang des Lucioles, en pause après avoir débarrassé les deux tiers des pistes des feuilles, branchages et aiguilles de pin qui s’y accumulent. Pour ce labeur, j’ai attaché à mon tricycle une armature en bois à laquelle s’arrime un filet à gros cordage lesté de plomb. Tous les vingts mètres, je m’arrête pour récupérer le tas et le déposer dans la poubelle sanglée sur la petite plateforme à l’arrière de la bécane. Mes prédécesseurs effectuaient ce travail fastidieux à pied. Si je respecte l’injonction de ne pas utiliser de véhicule à moteur, fabriquer ce dispositif m’a permis de gagner du temps. Je me suis levé avant l’aube, souhaitant terminer dans le courant de la matinée, pour mieux profiter du reste de la journée, aller surfer peut-être. Voilà trois nuits que je dors sous la tente, malgré le froid et les bourrasques. Les abords des Lucioles m’apaisent. Cette étendue d’eau concentre toute la beauté et la singularité de l’endroit.
Commenter  J’apprécie          00
Son érudition, son humour, sa fragilité me donnent comme une responsabilité à son égard.
Ne pas le décevoir.
Très vite, nous mesurons que nous n’hésitons pas à nous pousser dans nos propres retranchements, avec cette tendresse et cette bonhomie propres à l’amitié désintéressée. Plus encore, ce qui renforce le lien qui se crée entre nous, c’est la part du secret. Ni l’un ni l’autre ne paraissons enclins à nous livrer tout entier. Une différence notable avec la façon dont Will et moi concevions notre relation.
Commenter  J’apprécie          00
Si l’on se fie aux apparences, nous sommes aussi dissemblables que possible. Ernest est un petit gars sec et nerveux, brun avec des petites lunettes rondes, qui doit avoir cinq ou six ans de plus que moi. C’est son premier emploi stable dans une librairie.
Commenter  J’apprécie          00
Lorsqu’il joue quelques-uns de ces morceaux lors de fêtes ou de réunions, on l’écoute avec respect, parfois crainte, mais il voit bien que cela ne crée aucune transe ou compréhension subite. On le prie souvent de revenir à des choses plus connues. Enjouées ou tristes, peu importe, mais connues.
Il voudrait leur crier que la Terre parle, elle envoie des avertissements, comme pour dire à l’homme d’être plus attentionné. Il y a un accelerando, qui va de la quiétude, de l’émotion blanche jusqu’au tumulte infernal. Il s’échine à mobiliser tous les moyens pour que ce soit compris. Mélodies, harmonies, rythmes, tonalités, tempos.
Commenter  J’apprécie          00
Plutôt que s’en tenir à son intuition simple bien qu’excentrique, il préfère rationnaliser, se persuade de l’existence d’un lien entre musique, nature et le drame. Lien qu’il doit transcrire pour mieux le comprendre. Que la nature l’avertisse, communique directement avec lui, le désigne comme gardien sinon pisteur et exécuteur le cas échéant, cela dépasse son entendement.
Les sons naturels sont assez pauvres du point de vue des notes et des harmonies, tandis que le monde musical est d’une richesse incommensurable. Guilhem cherche à les réconcilier.
Notes produites par le vent dans les branchages, émises par le craquement du bois. Bruit minuscule des pattes tapotant le tronc ou les branches. Partition de l’eau qui s’écoule dans les ruisseaux, les cascades. Pluie qui frappe les feuilles, le sol.
La nature fredonne sans cesse. Il se convainc qu’elle lui raconte des histoires aussi tragiques que merveilleuses.
Commenter  J’apprécie          00
Guilhem est un soldat et un luthier. Deux métiers qu’il a appris avec constance.
Se battre, composer, il sait faire.
Traquer, châtier pour le compte de la faune, de la flore et de leur âme disparue, il ne sait pas faire.
A-t-il eu le choix ?
Je considère que pour ma part, je ne l’ai pas eu. Peut-être que la situation à laquelle j’ai dû faire face était bien plus critique.
Et puis le processus s’est inversé avec moi. La fusion avec le hêtre s’est réalisée avant que le crime à punir ne se soit produit.
Commenter  J’apprécie          00
C’est si extravagant. Parce que l’homme ne peut ou ne veut punir les sévices de ses semblables, la nature s’en chargerait ? Finirait ellemême par tuer quand lui, Guilhem, aurait pu se contenter d’avertir ? Il écrit ces conclusions provisoires d’une graphie qui se délite, comme s’il était en colère ou craignait les conséquences de cette idée incroyable.
Commenter  J’apprécie          00
Il reste de longues heures dehors malgré les frimas. Il écoute. Écoute aussi la rumeur du village, se renseigne. Apprend que des adolescents fantasques et malintentionnés commettent des actes répréhensibles. Mais comme ils ne concernent pas les hommes, on laisse faire. Lubie passagère, dit-on.
Une semaine après sa chute, sa jambe le tourmente et le démange à un point terrible. Puis cela cesse aussi brutalement que cela a surgi.
Commenter  J’apprécie          00
Il continue de vivre chichement, d’aller à Bordeaux vendre quelques pièces classiques lorsque nécessaire.
Son métier le passionne, il pense que le reste de sa vie sera consacré à fabriquer des instruments, jouer un peu de musique et parcourir les forêts.
Combien il se méprend.
Commenter  J’apprécie          00
Un peu de joie et d’espérance en ces temps incertains. C’était l’époque, si proche dans le temps et si lointaine dans mon esprit tant j’ai avancé depuis, où je m’engageais sans en pressentir les conséquences dans une voie sans retour. Avec toutefois la ferme intention de ne pas me laisser distraire comme Guilhem, qui lui s’est perdu.
Commenter  J’apprécie          00
Lorsque le gros temps et ses souffles rageurs s’invitent ici, tout paraît chavirer, mais on s’empoigne, on se tient, on ne rompt pas.
Il n’y a pas plus de belles âmes qu’ailleurs, et Aurinvia a son lot de salopards. Malgré tout, son passé tumultueux en fait une ville puissante, dure au mal.
Commenter  J’apprécie          00
La mauvaise farce, moi qui n’avais pas prévu de vivre avec la seule compagnie de ma Laoline ni d’être privé de ce grand-père simple et drolatique.
Pour autant, il n’était pas question que je quitte cet endroit. Cette maison est un ancrage. Guilhem l’a construite.
Elle se situe dans un hameau regroupant une dizaine de baraques landaises et jardins se blottissant contre la forêt, sans autre clôture que la végétation ou le souvenir des coutumes. Il épouse une courbe du courant, dos presque à l’opposé des intempéries amenées par l’océan, avec une jolie vue sur la ville en léger contrebas et au sud une plongée immédiate dans la forêt d’Aurinvia.
C’est une maison modeste mais solide, à colombages, charpente refaite en chêne, murs de briques et de garluche ayant remplacé le torchis originel, toit à trois pans, en queue de palombe à l’ouest pour se protéger du mauvais temps.
Commenter  J’apprécie          00
On dit que le hêtre, avant de sombrer dans les ténèbres, a libéré une graine que l’océan a récupérée. Plutôt que de la déposer sur la grève, il l’a mise à l’abri plus haut. D’abord, en tranchant la terre jusque loin, donnant ainsi naissance au courant des Cocosates, du nom de la peuplade qui, quelques siècles avant JC, a établi ses quartiers le long de cette nouvelle saillie.
Commenter  J’apprécie          00



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Jérôme Lafargue (131)Voir plus

Quiz Voir plus

Avez vous bien lu Maïté coiffure?

Qui conseille à Louis de faire un stage dans un salon de coiffure?

Sa mère
Son meilleur ami
Son professeur principal
Sa grand mère

8 questions
166 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}