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Citations de Jérôme Lafargue (147)


Quand les pins ont atteint leur taille définitive, l’altitude est suffisante pour apercevoir au loin l’océan qui passe sous leurs houppiers, étendue bleu gris qui se déploie avec langueur le long de la ligne verte tracée par la forêt. Quand ils sont jeunes en revanche, ils masquent tout : on devine l’Atlantique, que l’on sait sans le voir, et on ne distingue plus les habitations.
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Vivre est absurde, alors qu’écrire, non. J’écris comme au premier jour, avec en tête que personne ne m’attend, dans un doute ininterrompu et une confiance en moi inébranlable. Je continuerai d’écrire lorsque je ne serai plus publié. Je continuerai d’écrire dans ma tête si un jour mes mains, mes doigts m’envoient balader. Fou ou mort, je continuerai d’écrire. Et que je laisse une trace ou non n’a pas d’importance. Que l’on m’oublie à jamais, que l’on me glorifie ou que l’on me moque, qu’un hurluberlu me redécouvre par hasard un siècle après ma disparition, tout ça, c’est du pareil au même.
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J'ai fait un peu de surf ce matin et j'ai bouquiné. Ces temps-ci, sur les conseils de Tim, j'explore tout un pan de la littérature française des années cinquante: Forton, Gadenne, Guérin, Augiéras, Hardellet. De sacrés écrivains.
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M'a laissée à bout de souffle, perdue entre réalité et fiction dans un univers où l'imagination est reine et impératrice. Merci pour ce récit qui nous initie, ou , nous replonge pour les plus chanceux, dans un univers onirique peuplés de héros et d'Auteurs que l'on a aimés ; univers qui nous confirme que le présent est fait d'entrelacs du passé-futur qu'on appelle parfois présent... un vrai cadeau que nous offre la plume de Jérôme LAFARGUE.
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Grandaddy : The Sophtwave Slump
Oui, j'ai été de ces trompe-la-mort. Pendant une année complète, j'ai suivi une formation tous azimuts, du jiu-jitsu à l'informatique et la communication de pointe, en passant par une mise à niveau littéraire pour soigner l'écriture. J'ai sauté l'étape des armes, ayant eu mon comptant pendant le service militaire. j'ai appris à me servir d'appareils photos ultrasophistiqués, à courir vite, à me planquer, à assimiler les rudiments des langues locales le plus vite possible. Puis on m'a envoyé sur le terrain. J'ai vu des choses atroces et des manifestations d'humanité incroyables. Ce qui a a fait la force de la revue et du site, c'est que nous ne nous autorisions aucun déni, ni en termes d'images ni en termes d'analyse. Nous n'avions cependant aucune idéologie à brandir. Nous montrions et interprétions en fonction de données avérées. Pourquoi j'emploie le passé ? Ils continuent sans moi. Je n'ai jamais su combien la revue employait de ces aventuriers d'un genre nouveau. De même, je n'ai vu aucune de ces fameuses runes. Peut-être n'est-ce qu'une légende destinée à appâter les plus idéalistes. Tim, tout à l'heure au téléphone :
- Félix ! T'es où ?
- A la maison.
- Regarde par ta fenêtre ! La mer se retire !
- Quoi ? Mais non. T'es sûr ?
- Poisson d'avril, couillon !
- Tim, nous sommes le trois...
- Ah bon ? Merde.
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Je pense très souvent à cette matinée où Aupwean et moi avons planté le liquidambar, son application à délimiter le périmètre du trou qu’il m’avait aidé à creuser torse nu sous la bruine, son sourire satisfait après qu’il eut achevé de tapoter la terre autour du jeune tronc, pour l’aplanir, la préparer à recevoir l’eau qui aiderait l’arbre à croître au fil des années. C’était quelques mois avant la disparition d’Andoni. Une période d’insouciance et de rectitude du temps. Il suffit de si peu pour que des vies soient à jamais chamboulées. Mais à moins d’être touché soi-même, on n’accorde généralement pas de crédit à ce type de lieu commun.
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Certaines familles s'évertuent à fouiller le passé pour se trouver un ancrage. Elles reconstituent bon an mal an ce qui a été effacé faute de transmission. Moi, Joan, dernier des Hossepount, je sais que je n'aurai pas à produire un tel effort. La mémoire qui a survécu suffit à faire de moi ce que je suis en cette matinée d'octobre, toute de rosée et de promesse d'ensoleillement : un homme jeune, fragile encore, mais sûr de sa décision, fort du soutien de l'histoire et de la singularité en ces lieux dont il est l'un des défenseurs. Je ne tremble pas, ne me sens plus écrasé par le poids d'une responsabilité dont les contours s'affinent. Le monde n'est ni simple ni complexe, il n'est que ce que l'on décide d'y projeter soi-même.
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Il n’avait pas fallu longtemps avant que le village entier – soixante-douze âmes dispersées à travers une quinzaine de maisonnettes plantées dans la terre instable – n’apprenne cette nouvelle présence. Mais personne ne joua les curieux, comme si les jumeaux qui lui cédaient un bout de plage, et le père Gustave, qui le logeait, disposaient seuls du droit de côtoyer cet homme. Peu importait qu’il n’adressât la parole à quiconque : ceux qui le saluaient en le croisant par hasard dès l’aube ou le soir venu recevaient un large sourire comme réponse, et ils s’en contentaient. On s’accommoda de lui, et les questions fiévreuses se dissipèrent dans l’intimité des foyers. La mère Aguel ne songea pas à interdire la plage à ses deux rejetons, le cafetier ne chercha plus à se montrer indiscret. Même, une compréhension diffuse commença de poindre, comme si la communauté prenant acte de cette venue, acceptait en cœur de compatir : les vieilles craignaient qu’il prît froid ; le médecin de passage s’inquiétait des conséquences de cette immobilité au long cours.
Le village se mit à attendre en compagnie de l’homme, bien qu’aucun bateau n’eût accosté depuis une vingtaine d’années, à l’époque où l’embarcadère tanguait encore, plein de la superbe des ouvrages en bois neuf, indifférents à la puissance des marées qui finiraient à la longue par leur avoir la peau. Il n’y avait aucune curiosité malsaine dans cette attente, juste un espoir qui gonflait à mesure que l’homme, lui, s’attristait chaque jour davantage. Les jumeaux s’alarmèrent un après-midi, lorsqu’ils le découvrirent étendu sur le sable. Ils coururent vers lui, l’appelant, éperdus. « Monsieur ! Monsieur ! »
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M'a laissée à bout de souffle, perdue entre réalité et fiction dans un univers où l'imagination est reine et impératrice. Merci pour ce récit qui nous initie, ou , nous replonge pour les plus chanceux, dans un univers onirique peuplés de héros et d'Auteurs que l'on a aimés ; univers qui nous confirme que le présent est fait d'entrelacs du passé-futur qu'on appelle parfois présent... un vrai cadeau que nous offre la plume de Jérôme LAFARGUE.
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Je m'étonne encore de la rapidité avec laquelle notre histoire d'amour s'imposa : huit jours après ma rencontre avec Amelha, je l'invitai chez moi, elle accepta, et dans la semaine qui suivit, elle s'installa. Elle devait parcourir cinq fois par semaine les vingt-quatre kilomètres aller-retour qui la séparaient de sa petite librairie. Mais, courageuse et idéaliste, cela ne la gênait pas, et elle paraissait l'une des rares à n'être ni agacée ni intimidée par la voie en mauvais état qui de Cluquet rejoignait la grand-route. Pétillante, drôle, elle n'avait eu pourtant aucun mal à se faire à l'idée que j'étais un solitaire sans attaches, perturbé par un passé familial qui le dépassait. Elle m'aimait et cela lui suffisait.
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Mon ventre se comprime sous l'effet d'une angoisse primale, tout flageole en moi, jusqu'à ce que je ressente la force de l'arbre qui, pourtant loin là-bas, me tient debout. Il me pousse à garder les yeux ouverts le temps suffisant. Le temps que l'image dévoilée s'inscrive pour une vie entière dans mon esprit, et avec elle le bruit formidable de tous les vents du monde.
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Je me suis retrouvé sur la plage au son de l’une des reprises de Manset, et bien entendu, je me suis senti tout chose. Tout était réuni pour que je me livre à mon passe-temps favori : l’apitoiement sur moi-même, la débandade mélancolique. J’avais dix-neuf ans et je ne voyais pas de retour possible. « Au-delà c’est le vide », ouais, t’as bien raison Gérard. Il n’existait pas de véritable explication à ma colère. L’arrivisme petit-bourgeois de mes parents n’était qu’un prétexte, je le concevais sans difficulté. Je n’étais bien nulle part, surtout pas avec Jed et sa bande de tarés, qui se gobergeaient d’avoir attiré dans leurs filets le fils de l’industriel qui employait la moitié de la circonscription. Qu’est-ce qu’ils croyaient ? Qu’on allait braquer mes vieux ? Que j’allais leur rapporter du fric ? J’étais raide comme eux, à tous les points de vue d’ailleurs. Nous avions testé de conserve à peu près toutes les substances : herbe, champignons, colle, tabac mélangé à de l’aspirine écrasée en poudre, ecstasy, coke et j’en passe. Nous avions aussi une jolie collection de pipes à eau. De quoi détruire durablement les quelques neurones qui subsistaient dans ma pauvre caboche, et parmi eux ceux qui recélaient le sentiment de la culpabilité. Je n’avais même plus de conscience politique. L’occasion était belle pourtant de mettre en scène le prolétariat balnéaire contre le grand capital terrien intrusif. Mais je m’en moquais comme d’une guigne. J’avais même abandonné le surf au bout de quelques mois, alors que mon premier ride datait de mes neuf ans et que l’opportunité m’était enfin donnée d’en faire tout mon saoul. Quelle idiotie. Je n’étais plus que lâcheté, néant et inutilité. Et je me détestais de le comprendre avec une telle acuité. Je n’étais bon qu’à me mettre à l’envers et à raconter des conneries.
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Aveugle à la raison, la pluie frappe la tente qui abrite le vieil homme avec une violence inouïe. Assis sur un sac de couchage, il prend son mal en patience, regarde par l’ouverture les gourdes disposées à portée de bras se remplir.
L’eau ne manque pas ici, qu’elle vienne du ciel ou de la terre. Plus loin, là où il se rend, c’est l’inverse.
Un désert, lui a-t-on dit.
Une fois pleins jusqu’à la gueule, il récupère les récipients, les rebouche avec méticulosité. Il en loge quatre dans sa gibecière, trois dans le sac à dos et en croche un à sa ceinture. Puis jette un œil à son cheval, posté sous un grand chêne à quelques mètres de là, buvant à même le sol.
La piste qu’il a quittée pour se protéger des intempéries est toute proche, on peut en distinguer le serpentement à travers les bosquets battus par les averses.
Il redresse les pans de la couverture en laine autour de ses épaules. De son regard noir et triste, il fixe la terre qui gicle sous la charge et se rencogne un peu plus vers le fond pour éviter les éclaboussures. Une goutte déviée par un morceau de branche morte vient s’écraser sur son nez, ce qui lui arrache un sourire. Il finit par s’assoupir, incapable de résister à la fatigue de ces derniers jours.
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Peu dans la salle en comprennent encore tout le sens, mais on capte à la volée des mots, des expressions. Et je m’arrange pour que le message principal soit bien compris de tous.
C’est la langue des bandits, des réprouvés, mâtinée d’ajouts inventés dans les rues et les quartiers pauvres au gré des années. Une langue où frayent le latin, le patois, l’ancien français, des locutions étrangères.
Je chante des histoires anciennes de luttes, de combats à mort, de fuites et d’emprisonnements, je fredonne des odes à l’océan, la montagne et la forêt, hymnes de bienveillance à destination de leurs occupants énigmatiques, j’entonne surtout des mélopées dont les héros malheureux sont les laissés-pour-compte, les malchanceux du monde de maintenant. Des chansons qui sonnent comme des rapports circonstanciés, des mises en cause, visant malfaisants et tourmenteurs d’où qu’ils viennent : de la banque, de l’usine, des forces de l’ordre, de l’administration, de la rue elle-même.
Aucune discrimination. Les profiteurs et les arrangeurs à la petite semaine, qu’ils soient riches ou pauvres, dominants ou dominés, je les abhorre.
Je ne livre rien en pâture. Je me borne à dire pour protéger les désarmés. Ce que je glane ou ce que l’on me rapporte, je le vérifie. Je ne crache pas à l’aveugle, je raconte ce qui est.
Ma parole n’a toutefois que peu de poids. Elle n’est qu’un gentil défouloir qui satisfait tout le monde.
À peu près.
Bien que je sois craint, certains ont pu s’offusquer de ma hardiesse et voulu en découdre. Mon corps en porte les stigmates.
Cette zébrure sur le mollet droit ? Un coup de couteau. Ce coude qui regimbe l’hiver ? Le souvenir d’une mauvaise chute lors d’une poursuite.
Le concert terminé, les applaudissements et les sifflets de joie emplissent la salle de longues minutes. Je me lève, étire ma longue carcasse et repousse les cheveux qui tombent sur mon front. J’ai un sourire lointain, me demande pourquoi je viens encore, pourquoi je m’acharne à composer des mélodies qui ne seront écoutées qu’ici, pourquoi je me bats au milieu de cette guerre sans fin qui oppose merveilles et terreurs.
Puis je me souviens pourquoi je le fais.
Je n’ignore pas que je suis devenu un objet de folklore, que l’on me recherche surtout pour mes dons supposés et mes qualités d’écoute.
Personne en réalité ne connaît ma véritable fonction.
L’image que les gens ont de moi est déjà baroque, inutile de les affoler davantage.
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Tim est un garçon singulier. Avant de se retrancher définitivement, il a tenté de multiples choses, non pour se rendre intéressant mais pour créer une prise de conscience. Sa meilleure trouvaille à mon goût a été de construire une cabane dans un arbre et de passer ses journées à lire des histoires à haute voix. Il est impératif que je parle de lui et de son œuvre passée. Il a eu son heure de gloire, mais il est maintenant complètement oublié, ce qui à mon sens est un bon résumé de l’état de notre monde.
Au cours des années qui précédèrent cet événement, Tim pensa à de multiples formules ou actes percutants permettant de montrer à quel point il éprouvait de la colère. Mais comment faire preuve d’originalité ? Comment se démarquer des révoltes ordinaires ? Il songea ainsi à assassiner les méchants (trop banal) ou mettre en scène leurs meurtres symboliques (pas mal mais déjà fait), fonder un groupuscule anarchisant (commun), rester immobile à vie (intéressant mais contraignant), se fondre dans la masse en attendant la mort (ah non !), entrer en politique (manque d’argent liquide), jouer au loto (pas mieux !), traverser le pays à pied en criant « On est foutus » (puéril), braquer des banques (dangereux et futile), commettre des happenings sur les plateaux télé (convenu), pisser sur les bâtiments symbolisant la domination (plutôt malodorant), insulter les gens pour leur passivité, leur indifférence et leur couardise (périlleux et infécond).
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Je suis allé boire un coup chez André. C’est la première fois que j’y mets les pieds en fin de journée. Pablo était fidèle au poste, à croire qu’il campe là. Il m’a paru soucieux, la faute à l’ontogenèse m’a-t-il dit. Il a découvert ce mot hier, et il le laisse perplexe.
– Écoute Nirvana, je lui ai dit. Ça t’éclaircira les idées.
– Quoi ?
– Laisse tomber.
– Non, explique-moi. En quoi Cobain, Grohl et Novoselic peuvent-ils m’aider à comprendre l’ontogenèse ?
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Jérôme Lafargue
Que la force du jeudi soit avec vous :

-Armand !!!
-NICE!!
-NARUTOOOO !!!!
-SASUKEEE !!!!!
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L’armée, ce peut être des hommes ouverts, défenseurs d’un certain humanisme, comme des bas du front qui défouraillent à tout-va, tirant dans le dos de pauvres gens par peur ou par sadisme.
Un condensé de bonté et de misère, comme partout ailleurs.
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Je chante des histoires anciennes de luttes, de combats à mort, de fuites et d'emprisonnements, je fredonne des odes à l'océan, la montagne et la forêt, hymnes de bienveillance à destination de leurs occupants énigmatiques, j'entonne surtout des mélopées dont les héros malheureux sont les laissés-pour-compte, les malchanceux du monde de maintenant. Des chansons qui sonnent comme des rapports circonstanciés, des mises en cause, visant malfaisants et tourmenteurs d'où qu'ils viennent: de la banque, de l'usine, des forces de l'ordre, de l'administration, de la rue elle-même.
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Il faut peu de choses pour que la misère vous agrippe par la gorge et vous lacère le dos jusqu'au cœur.
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