Tout d’abord, et comme il fallait s’y attendre, l’écriture de Joanne Harris est formidable. Comme dans la série Chocolat, on ressent les odeurs à chaque page du livre. La famille étant une famille de cuisinières, les senteurs ont une place importante et on sent véritablement les oranges, les anchois, les crêpes, les effluves de fleurs lors de la grande fête du village, le fleuve aussi et les relents des piliers de comptoir.
Au delà de cela, l’auteur parvient à établir une atmosphère très particulière de tension et d’insouciance enfantine. J’ai véritablement ressenti physiquement cette tension: la moiteur du bord du fleuve en été, la lourdeur typique des zones humides, mais aussi les élans amoureux et les courses folles dans la campagne. J’ai eu l’impression de vivre les aventures de Framboise à ses côtés: j’ai par exemple ressenti la haine des habitants lors de la scène clôturant cet été comme si j’y étais, accroupie, cachée dans les champs à ses côtés.
Ce que je retiens de ce livre c’est qu’aucun acte n’est anodin, même pour des enfants d’une dizaine d’années. Et ce, encore moins en temps de guerre. Leur amitié pour Tomas, le bel Allemand, les tourmentera bien longtemps après cet été là. Et lorsque Framboise décrypte peu à peu la vie de sa mère, c’est une toute autre femme qu’elle découvre. Nos yeux d’enfant ne voient bien souvent qu’une petite partie de la vérité, que nous fantasmons souvent un peu. Pour lier un peu cette lecture à l’actualité (= le bac), je crois que notre passé fait en partie ce que nous sommes aujourd’hui. Alors bien sûr, ce roman parle aussi d’acceptation de soi, de ses actes et de pardon: de soi-même d’abord, et des autres ensuite. Preuve que notre passé ne doit pas définir totalement qui nous sommes. Savoir prendre du recul sur son passé, au fond, ne serait-ce pas la voie du bonheur ?
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