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Critiques de Joanne Harris (218)
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Loki, tome 1 : L'évangile de Loki

J'ai lu ce beau livre après avoir débuté la rédaction d'un roman de la même trame : la mythologie nordique narrée du point de vue de Loki, dieu de la fourberie, de la ruse, de l'air et du feu sauvage.



Loki, qui semble être un personnage particulièrement apprécié des écrivains que j'ai déjà lus, qui s'autorisent la réinterprétation de cet anti-héros connu.



L'auteure pioche donc dans les différents poèmes évoquant le dieu et les arrange avec une chronologie que les textes ne fournissent pas. Les évènements sont organisés en chapitres, les « leçons », et y incorporent quelques sous-intrigues inventées pour lier le tout.



C'est entre Loki et Odin que se fait toute l'histoire du premier : de son origine ici imaginée aux causes qui mènent aux ragnarök, ainsi que les multiples textes qui les évoquent ensemble.



Tout devient plus cohérent avec cette ligne de fond, que Joanne Harris a plus ou moins respecté. C'est une réécriture de la mythologie nordique, oui, et ce qui s'en ressent le plus, c'est le ton.



Comment moderniser de la poésie scaldique avec ses multiples règles, kenningar, heiti et autres figures de style qui n'ont rien à envier aux vers français ? L'auteure choisit de se détacher de cet obstacle et dépeint les dieux avec nonchalance et manque de maturité. On pourrait croire à des enfants qui jouent, parfois, et le nombre d'anachronismes est nombreux, notamment dans les noms censés correspondre à chacun.



Pareil constat pour les relations familiales de Loki : sa femme bien qu'effacée, est très stéréotypée. De même que tous ses enfants : de réels adolescents qui le surpassent sur ce point-là.



L'utilisation des runes pour expliquer la magie dans ce monde mythologique est une bonne alternative aux blancs de l'Edda, et sert bien l'histoire.



C'est donc un bon roman dans son adaptation des mythes, peut-être moins sur la forme, mais restant plaisant à découvrir.
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Les Cinq Quartiers de l'orange

Framboise revient s'installer dans son village natal et laisse les souvenirs l'envahir peu à peu.



Un roman oû se mêlent les odeurs et les couleurs d'une vie d'antan, un carnet remplis de recettes, une famille proche et lointaine dysfonctionnelle et comme toutes les autres, une réminiscence de la guerre et des secrets inavoués. C'était un bon moment de lecture, j'ai plutôt bien aimé.



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Chocolat

Une histoire archaïque, manichéenne et anticléricale



L'histoire avait tout pour être plaisante. Vianne, jeune femme célibataire pose ses valises dans un petit village du sud ouest avec sa fille. Elle décide d'y ouvrir une chocolaterie.

Mais c'est sans compter sur le méchant curé du village, qui règne en maitre sur ses ouailles.

Monsieur le curé voit d'un très mauvais œil cette débauche de luxure ! Quelle horreur : du chocolat !

Croyez-le ou non, dans ces années 80 (1980 !!) tout le village va à la messe, y va même en semaine et n'oublie jamais d'aller à confesse.

Dans ce village la jeunesse n'a pas la fièvre du samedi soir et ne danse pas sur "Born to be Alive". Elle va à la messe et à confesse et a des scrupules à manger du chocolat...

Ouh làlà, c'est ça l'image de la France des années 80 ??



Alors oui, l'écriture est agréable, le livre se lit facilement, Vianne &Co sont attachants, mais qui peut croire à une histoire aussi absurde ? Et que dire de cette histoire avec la mère de Vianne en filigrane pendant tout le livre qui n'a aucun intérêt ?
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Les Cinq Quartiers de l'orange

Entre les lignes du livre de recette maternel légué à Framboise Dartigen : l’Histoire.

Celle d’une famille de 3 enfants élevés par une femme veuve durant la seconde guerre mondiale.

Il est question de collaboration, d’exécution de villageois, mais également d’enfance mal-aimée et de femme qui souffre.

Ce roman, construit sous forme d’aller retour temporel dans le petit village des vaseuses nous plonge dans l’occupation d’un village perdu dans les années 1940, et les conséquences d’actes commis en ces périodes qui se répercutent de génération en génération.

Malédiction, traumatisme héréditaire… ?



Ce livre m’a été recommandée par l’institutrice de mon fils, qui a en général les même goûts sur les miens. Sur ce coup là, j’ai été moins emballé qu’elle. La fin m’a un peu déçu alors que j’ai passé tout le livre à attendre qu’il se passe enfin quelque chose (j’avais tout misé sur un dénouement incroyable).



Je garde de l’autrice l’envie de lire les romans qui ont inspiré le film « le chocolat » avec Juliette Binoche et Johnny Depp, en 2024 peut être ?
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Chocolat

Il ne s'agit pas seulement d'une histoire de chocolat. Au-delà du fumet qui s'exhale de chaque page et du souvenir coloré que l'on peut garder de l'adaptation avec Juliette Binoche et Johnny Depp, ce roman parle de la fuite désespérée, la vie sans attache, l'état nomade dont parle Aude Seigne.

La magie fait partie intégrante de la vie de Vianne, qui n'a pas seulement un don pour deviner les friandises préférées de chacun.

Là où l'adaptation garde un côté bon enfant et joue la carte de l'exotisme et du conte, le roman se sert de son cadre apparemment innocent pour explorer plus en profondeur la psychologie humaine.



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Chocolat

Je me suis plongée avec délice dans ce roman dont j'avais découvert l'intrigue au cinéma avec la merveilleuse Juliette Binoche dans le rôle de Vianne.



Vianne justement est le personnage autour duquel tout se tisse, et l'un des deux narrateurs . Son arrivée dans le petit village français va susciter un émoi considérable car elle dénote sérieusement dans le paysage local. Elle n'a rien de la discrétion grise et maussade environnante, elle qui s'habille avec des couleurs vives, n'hésite pas à enclencher un brin de causette avec chacun, et surtout vient ouvrir une chocolaterie juste en face de l'église!



Tout le roman se déroule entre nos deux narrateurs : la mystérieuse et pétillante Vianne qui perpétue quelques traditions et superstitions magiques dans le sillage de sa mère. Et dont le passé recèle quelques zones d'ombres et de questions en suspens. Et de l'autre côté le prêtre qui voit d'un très mauvais oeil l'installation de cette boutique qui vient bousculer les âmes et les moeurs de ses "brebis", le contrôle qu'il exerce sur tout ce petit monde, et qui vient surtout ébranler sa personne dans ses véritables aspirations.



Derrière l'histoire plutôt drôle, quelques thèmes profonds sont explorés : la discrimination, l'intolérance, la famille, la vieillesse, la maltraitance...

J'ai regretté que quelques éléments placés pour piquer l'intérêt du lecteur ne soient finalement pas plus explorés comme le passé de Vianne.



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Loki, tome 1 : L'évangile de Loki

Les personnes qui n'y connaissent pas grand chose à la mythologie nordique pourront peut-être apprécier ce livre.

Pour les autres? Une horreur et un véritable supplice!

Voir une divinité que l'on apprécie transformé en démon? Un vrai blasphème. Ce qui m'a irritée le plus, je pense, c'est la misoginie sans borne dont l'auteure fait preuve lorsqu'elle décrit la malheureuse Sigyn. Elle transforme la Déesse de la Victoire en une infortunée ménagère des années 50... et, suivant l'exemple de Marvel, détruit son mariage avec Loki - Dans la mythologie nordique, Sigyn est le Trésor de Loki, Sa Joie, Le Délice de sa Halle... Ici, Loki est un mari infidèle et piégé dans un mariage dont il ne voulait pas dès le départ. Ha. Peut-être devrait-on rappeler à Mrs Harris que le divorce existait au temps des Vikings et que s'ils n'avaient pas été heureux, ils auraient simplement pu se séparer?

La scène de la punition reste celle qui m'a le plus mise en colère. Dans l'Edda et les mythes, Sigyn aide son mari de son mieux, soulageant ses tourments au tant qu'elle le peut. Ses actions et son choix de rester auprès de Loki symbolisent un amour pur et véritable. Elle représente toutes ces personnes qui se dévouent pour celles qu'elles aiment et qui traversent une mauvaise passe (maladie, ou autre). Ici, Harris villénifie Sigyn, la rend totalement folle... et encore une fois, certaines de ses réflexions trahissent une misoginie insupportable.

Je ne parlerais même pas d'Angrboda. Le fait même de la surnommer "Angie"??? La véritable Angrboda n'aurait JAMAIS accepté un tel surnom.

Sincèrement, ce livre ressemble à une mauvaise parodie...

(Le fait que l'un des personnages soit surnommée "Enchanteresse" me fait fort pensé à une fanfiction de Marvel XDXD)
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Dors, petite soeur

Glauque, glauque, glauque. Ce roman gothique ne faillit pas à la réputation. Joanne Harris ne m’avait pas habituée à cela, et à vrai dire, j’ai aimé me plonger dans cette atmosphère morbide. Mais après plusieurs jours de lecture morbide, je suis contente d’avoir terminé.



Cimetière, maison close où il se passe des choses étranges, drogues (laudanum, chloral) provoquant un état hypnotique, rêves récurrents hantés par des ombres, petites jeunes filles abusées, meurtres…



Le roman est narré par 4 voix, dont une qui est quand même très claire car il s’agit du jouisseur invétéré, coureur de femmes, ne pensant qu’à l’argent, l’alcool et le sexe. Je dirais que c’est le plus sensé…Ca vous donne donc le ton du roman !

Une autre voix, c’est celle du pasteur-artiste peintre, obsédé par la pureté, et s’étant marié avec une femme beaucoup plus jeune que lui ayant à peine quitté l’enfance. Je ne vous dis pas comment il la traite, de la privation de ses romans à celle des promenades, en la droguant et en ne la nourrissant que de nourriture légère, genre bouillon, crème et autres.

Ce pasteur a un lourd passé qui lui obstrue le cœur et le cerveau, c’est le moins qu’on puisse dire…

La troisième voix est celle de la malheureuse petite jeune fille mariée à cet ignoble individu, qui essaie tant bien que mal de sortir des brumes de la drogue.

Et la dernière est celle d’une tenancière de maison close à qui il est arrivé une histoire effroyable et dont elle veut se venger.



Bref, à travers leurs heurs et malheurs, j’ai suivi – ou essayé de suivre, tellement le rêve et la réalité sont inextricablement mêlés – cette histoire dans une Londres fantomatique, à l’époque des préraphaélites, donc pendant le Romantisme anglais (2e moitié du 19e siècle).



Le rêve, ou plutôt le cauchemar, côtoie le symbolisme, et si j’étais experte en psychiatrie, je m’empresserais d’analyser ce roman troublant où la figure de la Mère et celle des chats ont un rôle prédominant.



Si vous avez envie de vous divertir, surtout n’entrez pas dans cette Maison où dorment des êtres angoissants prêts à se réveiller !

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Loki, tome 1 : L'évangile de Loki

ᴊ’ᴀɪ ʟᴜ ᴄᴇ ʀᴏᴍᴀɴ ᴘᴏᴜʀ ʟᴀ ᴘʀᴇᴍɪèʀᴇ ғᴏɪs ᴀʟᴏʀs ǫᴜᴇ ᴊ’éᴛᴀɪs ᴀᴜ ʟʏᴄéᴇ, ᴊᴜsᴛᴇ ᴀᴘʀès sᴀ sᴏʀᴛɪᴇ. ᴅᴇᴘᴜɪs, ᴊᴇ ʟ’ᴀɪ ʀᴇʟᴜ ᴘʟᴜsɪᴇᴜʀs ᴀᴜᴛʀᴇs ғᴏɪs ᴇᴛ ᴄᴇʟᴀ ʀᴇsᴛᴇ ᴍᴏɴ ʟɪᴠʀᴇ ᴘʀéғéʀé. ᴊ’ᴀɪ ᴀᴘᴘʀɪs ʀéᴄᴇᴍᴍᴇɴᴛ ǫᴜ’ɪʟ ʏ ᴀᴠᴀɪᴛ ᴇᴜ ᴜɴ ᴛᴏᴍᴇ 𝟸 ǫᴜɪ ɴ’ᴀ ᴘᴀs éᴛé ᴛʀᴀᴅᴜɪᴛ, ᴀʟᴏʀs ᴊ’ᴀɪ ᴄʀᴀǫᴜé x)



ɪʟ s’ᴀɢɪᴛ ᴅᴇ ʟ'ʜɪsᴛᴏɪʀᴇ ᴅᴇ ʟᴀ ᴍʏᴛʜᴏʟᴏɢɪᴇ ɴᴏʀᴅɪǫᴜᴇ ʀᴇᴠɪsɪᴛéᴇ, ᴅᴜ ᴘᴏɪɴᴛ ᴅᴇ ᴠᴜᴇ ᴅᴇ ʟᴏᴋɪ, ʟᴇ ᴅɪᴇᴜ ᴅᴇ ʟᴀ ᴍᴀʟɪᴄᴇ. ᴄᴇ ᴅɪᴇᴜ éᴛᴀɴᴛ sᴏᴜᴠᴇɴᴛ ᴅéᴄʀɪᴛ ᴄᴏᴍᴍᴇ "ʟᴇ ᴍéᴄʜᴀɴᴛ" ᴅᴇs ʜɪsᴛᴏɪʀᴇs, ᴊ’ᴀɪ éᴛé ʀᴀᴠɪᴇ ᴅᴇ ʟɪʀᴇ ᴜɴᴇ ʜɪsᴛᴏɪʀᴇ ᴀᴠᴇᴄ ᴜɴ ᴀᴜᴛʀᴇ ᴘᴏɪɴᴛ ᴅᴇ ᴠᴜᴇ, ǫᴜɪ ʟᴇ ʀᴇɴᴅ ᴛʀès ᴀᴛᴛᴀᴄʜᴀɴᴛ, ᴇᴛ sᴜʀᴛᴏᴜᴛ ǫᴜɪ ʀᴇɴᴅ ᴄᴏᴍᴘᴛᴇ ᴅᴇ sᴏɴ ʜᴜᴍᴏᴜʀ ᴄɪɴɢʟᴀɴᴛ. (ᴜɴ ᴘᴇᴜ à ʟ’ɪᴍᴀɢᴇ ᴅᴇ ᴄᴇʟᴜɪ ᴅᴇ ᴍᴀʀᴠᴇʟ, ᴄᴀʀ ᴛᴏᴜs ᴅᴇᴜx sᴏɴᴛ ᴅᴇs ᴀɴᴛɪ-ʜéʀᴏs)



ɴᴀʀʀé à ʟᴀ ᴘʀᴇᴍɪèʀᴇ ᴘᴇʀsᴏɴɴᴇ, ʟ’éᴄʀɪᴛᴜʀᴇ ᴇsᴛ ʜɪʟᴀʀᴀɴᴛᴇ, ᴇᴛ ʟ’ʜᴜᴍᴏᴜʀ ᴘʀésᴇɴᴛ sᴜʀ ᴛᴏᴜᴛᴇs ʟᴇs ᴘᴀɢᴇs. ɪʟ ʏ ᴀ ᴅ’ᴀɪʟʟᴇᴜʀs ᴜɴᴇ ᴄɪᴛᴀᴛɪᴏɴ ǫᴜᴇ ᴊ’ᴀғғᴇᴄᴛɪᴏɴɴᴇ ᴘᴀʀᴛɪᴄᴜʟɪèʀᴇᴍᴇɴᴛ : “ᴊᴇ ɴᴇ ᴍᴇ ᴄʜᴇʀᴄʜᴇ ᴘᴀs ᴅ’ᴇxᴄᴜsᴇs ɴɪ ǫᴜᴏɪ ǫᴜᴇ ᴄᴇ sᴏɪᴛ, ᴍᴀɪs ɪʟ ᴇsᴛ ᴅᴀɴs ᴍᴀ ɴᴀᴛᴜʀᴇ ᴅᴇ ᴄʀéᴇʀ ᴅᴇs ᴘʀᴏʙʟèᴍᴇs.”



Il est malheureusement dur à trouver désormais, alors j’espère qu’il bénéficiera d’une réédition pour vous permettre de le découvrir (et que la suite sera traduite dans la foulée) et qui sait, peut-être même un relié intégral?! Mais si un jour vous venez à y tomber dessus, je vous le conseille fortement!


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Les Cinq Quartiers de l'orange

JEUX D’ENFANTS PENDANT LA GUERRE.

L’auteure, Johanne Harris, est anglaise de mère française, ce qui lui a sans doute permis de s’imprégner de la culture maternelle pour écrire un roman de terroir qui se déroule en Anjou pendant l’occupation allemande.

Framboise revient -sans être reconnue- dans son village natal cinquante ans plus tard, rachète et retape la maison familiale et y ouvre une crêperie dont le menu est inspiré d’un carnet-recettes qu’elle a hérité de sa mère. Mais elle va aussi y découvrir, entremêlés dans les recettes ou en langage codé, les notes de la vie trouble et secrète de de sa mère accusée d’être une « putain à boche » à l’origine de la mort de onze otages. Elle pourra ainsi expliquer rétrospectivement son comportement de veuve tantôt tendre et maternelle tantôt rude et cruelle, rythmé par de méchants épisodes d’épilepsie difficiles à soigner en ce temps de restrictions. Il se trouve que les auras de ces crises sont la perception d’une odeur d’orange qui annoncent la perte de connaissance. Framboise mettait largement à profit ce symptôme pour neutraliser sa mère « à la demande ». Les cinq quartiers de l’orange sont les cinq chapitres mais aussi le partage d’une orange et de ses conséquences.

A l’époque les trois gamins de la famille vivaient leur vie insouciante de gosses au bord de la Loire, les cabanes, la pêche, puis des jeux de moins en moins innocents avec la délation auprès des soldats allemands en échanges de quelques chocolats revues ou canne à pêche. Framboise, âgée de neuf ans, s’est attachée à l’un d’entre eux puis en est devenue amoureuse en exprimant des sentiments et une sensualité toute infantile remarquablement décrits.

L’alternance narrative allant de la période d’enfance à l’âge adulte est bien balancée et facile à intégrer. Elle fait progresser le lecteur dans cette époque trouble de la guerre et ménage progressivement le dénouement.

Un excellent roman à 5 étoiles, en félicitant la traductrice Jeannette Short-Payen.



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Chocolat

"Le Bonheur ! Aussi simple qu'un verre de chocolat. Ou aussi tortueux que le coeur. Amer, doux, vivant".





Vianne Rocher s'installe avec sa fille Anouk, 6 ans, dans un petit village du Sud-Ouest de la France et y ouvre une chocolaterie, La céleste Praline.



« A 6 ans le monde rayonne encore d'un éclat singulier ».

« A 6 ans on peut percevoir des subtilités qui, un an plus tard, sont déjà hors de portée. Derrière le papier mâché, le glaçage, le plastique, elle parvient encore à voir la vraie sorcière, la vraie magie ».





Du chocolat, à croquer, à déguster, à siroter, dans 39 chapitres, du 11 février (Mardi gras, cette année-là), au 31 mars (Lundi de Pâques, cette année-là).

En plein Carême !





Le curé, le père Reynaud, déteste Vianne, et l'idée même de plaisir. Personnage odieux et manipulateur, il monte ses ouailles contre elle, c'est la « brigade de Reynaud ». Il n'est pas plus tendre vis à vis des gitans, il est intransigeant, et prêche « les liens sacrés du mariage », même à une paroissienne qu'il sait battue par son mari.



Dans les chapitres où il a la parole, véhéments, désagréables à lire, le père Reynaud s'adresse à un ancien prêtre, « mon père », confidences réelles ou en pensées ( ?)



« le mal affiche un sourire charmeur et des couleurs vives. Quand j'étais enfant, j'écoutais toujours avec terreur l'histoire de la maison en pain d'épice, de la sorcière qui attirait les petits enfants chez elle et qui les mangeait. »



L'on découvre in fine une sorte de trauma originel, qui l'a fait vriller.





A l'opposé de ce personnage antipathique et méprisant, la douce Vianne, ses friandises, ses recettes gourmandes, son don pour deviner les préférences des uns et des autres, son talent pour faire le lien entre chacun.



L'on comprend in fine pourquoi Vianne a fui toute sa vie, via le souvenir de ses conversations, avec sa mère, qui tirait les cartes, et craignait « l'Homme noir ».



Trauma originel, là aussi.



J'ai en tête ces mots : « Admirable et terrible épreuve dont les faibles sortent infâmes, dont les forts sortent sublimes » (Victor Hugo, dans Les Misérables (je mets le passage complet plus bas) )



Je traduis.

L'infâme, c'est le curé.

La sublime, c'est Vianne et sa chololaterie. Et les chapitres où elle a la parole sont exquis.





Le film magnifique, « le chocolat », tiré du livre, est bien différent, qu'il s'agisse du « méchant », c'est Monsieur le maire, le comte de Reynaud, et non (en tout cas moins directement) le curé, comme de l'histoire d'amour avec le gitan (Johnny Depp encore propret, avant sa période « Eau sauvage »).





Le livre « pêche » un peu, par son manichéisme. Petite amertume…

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Les Cinq Quartiers de l'orange

Ce roman offre un agréable moment de lecture, sans grande surprise, quoique... , mêlant vengeance, culpabilité et innocence teintée de cruauté insouciante enfantine. Agrémentés d'une belle écriture franche et directe, les souvenirs de Framboise, pendant l'Occupation allemande, s'égrènent entre une mère autoritaire, un aîné un peu lâche et une jolie grande sœur attirée par les feux de la rampe.



Une période douloureusement floutée où les individus ne se scindent pas forcément en deux catégories distinctes. Les méchants "boches" envahisseurs et les innocents pauvres Français opprimés. Évidemment, les deux camps existent, seulement, il y a une foule de nuances entre eux. Ceux qui collaborent franchement au mépris de la Résistance, ceux qui commercent avec l'Occupant pour continuer à subsister, ceux qui tolèrent et qui se taisent en détournant le regard, etc. Une majorité de nuances de gris, entre le blanc étincelant et le noir profond. Tout le monde n'est pas de l'étoffe dont on fait les héros !



Les enfants, au milieu de ce magma informe, restent des enfants, s'adaptant aux contraintes du moment. Faciles à berner, inconscients du danger, leur vie se réduit entre l'école, les corvées de la ferme, les crises de leur mère et les jeux qu'ils inventent dans la liberté que leur octroie la nature. Dans ce coin de terre règne la majestueuse Loire aux mille facettes. Sous une surface calme et lisse se cachent de nombreux remous tourmentés à l'image des douloureux secrets de toute une génération.



Framboise est revenue incognito au pays sous le nom de Françoise. Une sombre histoire d'héritage va lui mener la vie dure, mais c'est surtout le carnet de recettes de sa mère, Mirabelle, qui sera une révélation. Émaillé de commentaires, aussi inattendus que mystérieux, elle découvre les secrets de sa génitrice, avare de tendresse pour ses enfants et pour quiconque s'approchait d'elle. La complexité de la personnalité maternelle lui saute aux yeux et lui permet de comprendre, enfin, l'origine du manque d'affection qu'elle a toujours ressenti.



En découvrant cette autrice, je me suis facilement laissée embarquer par le va-et-vient temporel entre la fillette futée de 9 ans vivant sous l'Occupation allemande, pas tout à fait innocente, avec ses soucis d'enfant, en quête de reconnaissance dans sa fratrie, et la grand-mère sexagénaire qui, tout en tenant une auberge, vit en retrait du village et compte bien solder son ardoise virtuelle avec les villageois et son passé.



L'ambiance ambiguë est savamment entretenue pendant tout le roman en traitant d'un sujet grave, rendu beaucoup plus léger et agréable à lire, vu au travers des yeux d'un enfant. Scindée en cinq parties, comme le titre, cette histoire est de celle qu'on déguste, comme l'agrume. Pelure après pelure, elle dévoile ses secrets, lançant parfois un jet acide serrant le cœur pour, finalement, se laisser déguster avec délice, enveloppée de fumets délicats à savourer doucement. "Les cinq quartiers de l'orange" me permet de reprendre à mon compte, la répartie devenue célèbre d'un cuisinier très médiatisé pour qualifier cette lecture de gourmande et touchante malgré son âpreté souvent blessante.
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Chocolat

J’ai une passion pour le chocolat.

Mon côté féminin sans doute.

On n’ouvre pas un Hemingway sans avoir à porté de main une bouteille d’antique Bourbon; on ne se lance pas dans un roman de Peter Mayle sans quelques joyaux de la cuisine méditerranéenne à proximité des papilles; on n’ira pas au bout de cette histoire sans avoir dégusté une boite de chocolats. Mais pas celle dans laquelle pioche Forrest Gump, ceux qui, à l’image de la vie prétend-il, offrent des surprises. « On ne sait jamais sur lequel on va tomber « .

L’idéal c’est ces petits cornets que le chocolatier du coin a savamment composé. Florentins, craquelins, pralines, rochers, fruits confits enrobés de chocolat noir, pain d’épice marié au chocolat blanc, copeaux à peine dégrossis…

Mais revenons à notre propos.

Ce qui frappe dans cette histoire c’est son côté désuet. J’ai beau me convaincre que le roman a été écrit à la fin du siècle passé (le vingtième, oui! Car je rappelle à tous ceux et toutes celles qui ne voient pas le temps passer que nous avons déjà quasiment grignoté le quart du XXIème), je ne peux me défaire d’une impression d’années 50. Une époque où l’église et son curé en soutane n’étaient pas simplement le centre géographique du village.

On a tous dans un coin de notre mémoire les péripéties de la série des Don Camilo. Le curé à l’ancienne mode et le maire communiste que tout oppose, excepté une amitié souterraine, forte comme les liens du sang. Ici, ce sera l’Eglise face à un salon de thé, plus exactement une boutique dédiée au chocolat. Nous sommes dans un petit village perdu entre Agen et Montauban où l’on imagine la douceur de vivre et une certaine apathie, une indolence non feinte, une inertie qui campe les personnages dans leurs habitudes et leur façon de voir le monde, si lointain de leur préoccupations routinières. Cette jeune chocolatière va dépoussiérer un peu ce train-train englué dans les manies et les traditions.

Ca respire le chocolat à toutes les pages, ça sent la praline à tous les chapitres. Mais sous ces sucreries fortes en caco, on entrevoit le combat entre deux philosophies de la vie. Et voilà que je me souviens d’un sujet du bac. « Faut-il vivre sans passion? »

N’allez pas imaginer pour autant un lourd traité de philosophie, mais dans cette papillote se cache cette opposition fonda mentale de la vie : la raison, l’esprit cartésien et la maitrise de soi (l’histoire commence en plein carême - période de pénitence et de frugalité) d’une part et cette propension à jouir de la vie, sans limite ni retenue, laisser libre cours à ses émotions et ses envies. Quitte à s’y brûler les ailes.

Tout le long du livre, le combat que va livrer le prêtre, davantage contre lui-même, contre sa tentation des sentiments et des désirs que face au diable incarné (cette belle femme ne serait-elle pas un peu sorcière - elle connait les friandises préférées de chacun), va occulter les aléas du village, somme toute assez convenus. Une vieille dame qui n’en fait qu’à sa tête, un adolescent étouffé par une mère trop présente, une femme bafouée et maltraitée qui va se révéler, un petit monsieur qui voue à son chien une amitié profonde et sans nuance… Et puis ces gitans qui s’installent un moment sur les rives de la rivière et vont mettre le feu aux poudres malgré eux. Hymne à la différence, réquisitoire pour la tolérance mais surtout une formidable ode au plaisir sous toutes ses formes. Carpe Diem.



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A Narrow Door

(J'ai lu ce livre en Anglais, je ne crois pas qu'il soit disponible en français...J'ai traduit le titre mot à mot: The narrow door.)



Il s'agit de la dernière partie de la trilogie de romans policiers de Joanne Harris, après Classe à part, qui se déroule dans l'école de St Oswald, mettant en vedette le vieux maître latin Roy Straitley.

Le lycée pour garçons a une femme à la tête, Rebecca Buckfast, pour la première fois de son histoire et a ouvert ses portes aux filles.

C'est bien assez pour que Straitley s'en occupe, mais certains de ses élèves préférés découvrent un corps dans l'enceinte de l'école le premier jour du trimestre.

Comme le dit Straitley, à sa manière typiquement sèche : 'Les deux dernières années ont été difficiles pour nous tous. Multiples scandales ; un garçon assassiné; vengeance, abus et honte publique… La dernière chose dont nous avons besoin cette année, de toutes les années, est plus d'excitation.'

Lorsqu'il rapporte sa découverte à la nouvelle directrice, il s'avère qu'elle a sa propre histoire à raconter, celle d'un frère qui a disparu il y a des années.

Se déplaçant entre les perspectives de Straitley et de Buckfast - 'dans sa vieille robe noire et son costume taché de craie, il ressemble au dernier morceau de peau morte laissé sur une blessure qui guérit rapidement' - elle pense à son nouveau partenaire d'entraînement.

C'est la digne conclusion d'une excellente série. Straitley et son humour ironique et acerbe nous manqueront beaucoup.
Lien : http://holophernes.over-blog..
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Les Cinq Quartiers de l'orange

Pourquoi avoir choisi « Les cinq quartiers de l’orange », de Joanne Harris ? Je ne pouvais pas passer à côté d’une aussi jolie couverture, et puis en plus il y a un nom de fruit dans le titre, et ça, je ne résiste pas !

Deux récits s’y entremêlent habilement : celui de la jeune Framboise pendant les années de guerre sur les bords de Loire, où elle vit à la ferme avec sa mère ; et la même plus âgée, lorsqu’elle rachète secrètement cette même ferme en cachant ses origines, et y ouvre un restaurant. Pourquoi tant de mystères ? C’est ce que les cinq parties de ce roman (les cinq quartiers) nous font peu à peu découvrir…

Dans ce livre il est question d’enfance bien sûr, mais également de gravité : comment des actes pris à la légère en étant petit peuvent ensuite nous impacter toute une vie ? Joanne Harris décortique ici les relations compliquées entre une mère et sa fille en mal de reconnaissance, l’une se rapprochant doucement de la folie, pendant que l’autre l’y conduit avec la perversité de l’enfance. L’idée d’avoir positionné l’intrigue durant la guerre dans le milieu fermé d’une province où tout le monde se connait est excellente, et permet de dévoiler les différentes réactions face à l’occupant : fascination, rejet, collaboration, et même amour. J’ai beaucoup aimé le fait d’entrelacer les deux périodes tout au long du livre, par contre j’ai trouvé que cela tirait un peu en longueur jusqu’au dénouement final.

Bref, pas mal et original.
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Chocolat

Tout d'abord ce livre déborde de descriptions très détaillées de confiseries, de chocolats et de pâtisseries. L'auteur donne de longues listes de noms de gâteaux et pâtisseries. Difficile parce qu'indigeste. Bref, l'histoire est un peu trop manichéenne malgré une construction bien menée. Seul le personnage de curé tordu est bien intéressant.
Lien : http://objectif-livre.over-b..
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L'été des saltimbanques

ne petite plongée dans le monde abbayes du début du XVII° siècle, après la mort du roi Henry IV, dans un couvent de nonnes où l’accusation de sorcellerie n’est jamais bien loin et permet tous les abus. C’est un récit assez compliqué, une histoire de vengeance imaginée par un cerveau supérieur et féroce, un certain Guy Le Merle qui a été humilié dans sa jeunesse par un évêque tout puissant. Pour mener à bien sa vengeance, il doit utiliser les capacités de celle qu’il appelle mon Ailée parce que (du temps où elle était saltimbanque) elle se promenait sur des fils tendus dans les airs. Celle-ci a trouvé refuge dans un couvent pour élever sa fille Fleur et pendant quatre ans, elles mèneront toutes les deux une vie paisible sous l’autorité d’une mère supérieure dont l’esprit de charité faisait régner un certain bonheur dans cette abbaye de l’île de Noirmoutier, c’est amusant de voir une région que l’on connaît bien vivre sous la plume d’une auteure étrangère et situer ces descriptions au XVII° siècle , le passage du « Goa » aura évidemment son importance ! Il faut dire que l’auteure à une mère française elle a peut-être passé des vacances dans cette région.



Pour parvenir à ses fins, Le Merle dissimulé sous les traits d’un prêtre va utiliser une toute jeune nonne qu’il va mettre à la tête de cette abbaye, celle-ci voit le diable partout et les pauvres sœurs iront de châtiment en châtiment. Cette nonne est en réalité la soeur de l’évêque dont il veut se venger. Je m’arrête là pour ne pas trop en dire sur le suspens qui sous-tend ce récit. Tout le charme de ce roman vient de ce qu’on ne sait pas jusqu’à la dernière page si le personnage du « Merle » est uniquement cruel et s’il est capable d’amour pour son « Ailée ». J’ai trouvé cette histoire de vengeance bien compliquée et si j’ai retenu ce roman c’est plutôt pour la description de la vie des nonnes dans les abbayes, mais je reproche aussi à l’auteure de voir tout cela avec des yeux de femmes du XXI° siècle pour qui faire la différence entre la foi et la crédulité est si facile à faire. C’est un roman historique qui éclaire d’un œil sans complaisance la religion du XVII° siècle et la condition des femmes dans les couvents, et rien que pour cela il peut vous plaire.
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Les Cinq Quartiers de l'orange

Une vieille femme au solide caractère vient se réinstaller dans la maison de son enfance incognito. Elle redoute qu'on la reconnaisse et nous entraine, au fil du livre de recette-journal intime de sa mère, dans son enfance sauvage et le drame qui a perdu les siens durant l'occupation.



C'est une enfant très difficile à apprécier que l'on découvre au fil du texte - une fillette intelligente mais cruelle comme le sont les enfants, déterminée et naïve aussi. Mi aussi j'ai pensé à la fillette de Expiation, proposé d'ailleurs en parallèle de ce roman dans les lectures qui pourraient plaire.



Plaire... c'est très bien amené, bien écrit, vivant et la psychologie des personnages est fine. Le rythme lent prend le temps de soupçonner beaucoup de choses, de se faire des tas d'idées. Pour finalement être surpris quand même. J'apprécie de voir aussi le portrait de la mère en filigrane de son journal pour faire contrepoids à ce que la fille perçoit - la question du point de vue qui change tout de la personne est intéressant. J'ai trouvé les personnages modernes beaucoup plus fades, comme dans les mangas où le personnage principal est achevé et les personnages secondaires à peine esquissés.



Je reste sur ma faim quant au mystère de l'orange. Ou alors j'ai raté quelque chose.



Premier roman que je lis de l'auteure, je me réjouis d'en découvrir d'autres. Peut-être pas chocolat, que j'ai déjà vu en film.
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Les Cinq Quartiers de l'orange

Framboise, la soixantaine, décide de retourner dans le village de son enfance pour y ouvrir un établissement. Petit à petit, elle plonge dans ses souvenirs et nous entraîne dans le climat malsain de la seconde guerre mondiale en milieu rural. Entre querelles actuelles et Collaboration, il ne sera pas facile de se débarrasser des vieux démons.



Un roman gourmand, pas mal écrit mais sans réelles surprises. À lire une fois et à faire passer.
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Les Cinq Quartiers de l'orange

Pendant l'Occupation, dans un village des bords de Loire, une petite fille vole une orange sur un marché. L'histoire en raconte les conséquences, sur le moment - terribles-, et quelques décennies plus tard quand elle est devenue adulte et revient vivre sur place, dans un embriquement en miroir des deux époques.



Ce n'est pas exactement le genre qui me soulève. C'est très "projet best-seller" anglo-saxon dans l'âme, avec une volonté un peu voyante de créer du suspense, une structure un peu trop transparente, des personnages un peu caricaturaux.



Cependant cela se lit bien et cela reste, je pense, de bonne qualité.
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