La Mort Suspendue, film de Kevin Macdonald sorti en 2004.
Les livres offrent peut-être l'immortalité que cherchent certains : des pensées et des mots légués aux générations futures qui, en les entendant par-delà la tombe, réveilleront le souvenir de vies passées.
Quelque chose, dans la montagne, fait vibrer l'âme. Elle éveille en nous une vague puissante de spiritualité, le sentiment de notre nature transitoire et mortelle et de notre place insignifiante dans l'univers.
George Mallory écrivit un jour après avoir réussi une ascension, "Nous ne sommes pas euphoriques, mais ravis, enchantés : sobrement stupéfaits... Avons-nous vaincu un ennemi ? Aucun, hormis nous-mêmes."
Nietzsche écrivit paisiblement que "si vous fixez assez longuement l'abîme, l'abîme vous fixera en retour".
Quelque chose dans la lecture vous emmène au-delà des contraintes du temps et de l'espace, vous libère des règles imposées par la société et vous permet de vous évader. Quels que soient les personnages rencontrés entre les pages d'un livre, ce que vous vivez par procuration avec eux peut vous marquer profondément, vous distraire un instant, changer votre vision du monde, ouvrir vos yeux à une conception de l'existence radicalement différente de la vôtre.
- On utilise la thérapie par aversion pour soigner les gens de leurs phobies. Si tu as peur de l'avion, on te force à le prendre ; si tu as le vertige, on te met en face d'un précipice.
- Ça marche ?
- Je ne sais pas, mais j'envisage de suivre ce traitement pour me guérir de la peur de coucher avec des top-modèles !
J’avais déjà écrit une centaine de pages lorsque je réalisai que je m’étais fourvoyé dans une impasse. Il n’y avait que deux personnages dans mon roman, et je venais de les tuer tous les deux. Une erreur de conception plutôt embarrassante.
Seuls les contrastes permettent d'apprécier pleinement l'essence de la beauté. Le son d'une horloge ne résonne que dans le silence qui préexistait. La musique est composée pour moitié de silence, pour moitié de son. La montagne a toujours été mon demi-silence. La paix et la beauté de la vallée ne signifiaient rien pour moi sans la présence sombre et inquiétante de la paroi qui la surplombait.

L’escalade glaciaire est un passe-temps étrangement captivant. Elle suscite quantité d’émotions et soulève des questions auxquelles je ne sais trop quoi répondre. La plus fréquente étant « Que fais-tu là, imbécile ? » Cette pensée panique me balaye généralement le cerveau au moment où j’atteins un point de non-retour, sur quelque monstrueux édifice de glace branlante. Malheureusement, au cas où vous auriez survécu à l’expérience, il se produit un curieux phénomène dans votre mémoire, et tandis que vous êtes assis au bar en train d’engloutir une bière salvatrice, cette escalade cauchemardesque se transforme graduellement en souvenirs extatiques d’une ascension si esthétiquement parfaite qu’elle restera inscrite en vous toute votre vie, donnant à celle-ci un sens nouveau et vous métamorphosant en une autre personne. C’est ainsi que si un ami glisse un topo-guide sous votre nez et pointe un doigt fébrile sur un glaçon encore plus gros et plus périlleux, au lieu de prendre vos jambes à votre cou pour sortir du bar en hurlant, vous arborez un sourire de dément et lancez « Hé, ça m’a l’air superbe ! On y va ! ». Puis, la sagesse et l’expérience aidant, vous retournez au comptoir commander un solide double scotch, histoire de maintenir votre démence à un niveau supportable.
Si l'échec est effrayant, les regrets le sont plus encore.