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EAN : 9782757852873
384 pages
Points (08/10/2015)
3.85/5   17 notes
Résumé :
Trop d'amis disparus, le doute et l'angoisse qui prennent le pas sur le plaisir... Joe Simpson décide d'abandonner le grand alpinisme. Comment tourner la page d'une vie vouée à l'engagement extrême ? Résister à l'exaltation d'éprouver sa puissance physique et psychique sur les plus beaux sommets du monde ? Comment admettre la peur et accepter le renoncement ? L'ascension de la face nord de l'Eiger, symbole de l'histoire de l'alpinisme, lui a offert une ultime cathar... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Si vous aimez la montagne, chaussez vos crampons, prenez vos cordes et votre baudrier, revêtez votre veste la plus chaude et suivez Joe Simpson. Il vous emmène.
Mais attention, pas n'importe où.
La face nord de l'Eiger. Ça vous dit ? En avant, marche !
L'Eiger. Cette face mythique, appelée aussi l'ogre en raison des nombreux alpinistes qu'elle a avalés.
Une montagne qui fait peur, rien qu'en photo, alors je n'ose pas imaginer en vrai !
Une montagne qui fascine autant qu'elle effraie.
Cette fascination peut sembler curieuse, voire morbide : il y a tant d'autres "terrains de jeux" dans le monde. Alors, pourquoi ?
Dans ce livre, Joe Simpson, répond à cette question, à travers sa propre expérience, à travers ses récits. Chaque alpiniste a son histoire, chaque aventure est personnelle, mais Joe Simpson réussit à faire comprendre ce qui motive le grimpeur d'une façon générale.
L'auteur m'avait époustouflée par son incroyable récit de survie dans La mort suspendue ; il m'a conquise dans ce livre dans lequel il dévoile d'autres aspects de sa personnalité.
Tout commence en douceur, on n'attaque pas l'Eiger comme ça ! Il faut faire une petite marche d'approche.
Alors Joe Simpson raconte différentes aventures qu'il a vécues, de petites tranches de vie. Il partage ses souvenirs, et par petites touches impressionnistes fait comprendre au lecteurs ses pensées et ses motivations.
Les morts autour de lui le dépriment (on le comprend !) et finissent par avoir raison de son envie de grimper... ou presque. Mais avant de raccrocher les crampons, il faut avoir coché toutes les cases d'une liste de courses à faire. Et en point d'orgue, l'Eiger. Joe Simpson ne peut pas y couper, il ne peut pas arrêter sans s'y être confronté.
Ne pas se frotter à l'Eiger est pour lui impensable, tout simplement.
Quand ce fait est établi, une certaine frivolité des différents récits du début fait place à la plus grande gravité. le livre bascule dans une autre dimension.
En guise de révision avant de s'y lancer lui-même, Joe Simpson raconte les expéditions malheureuses, celles pour qui l'Eiger s'est fini en drame. Il analyse et fait comprendre au lecteur que si la peur est bien présente, l'envie de se lancer à son tour devient de plus en plus impérieuse, car cette face qui "exhalait une menace tranquille" envoyait en même temps "l'appel silencieux des hauteurs". Un appel impérieux.
Joe Simpson n'est pas fou, il est passionné. Mais un passionné lucide, qui connaît les risques et fait tout pour les minimiser. Qui veut se servir des expériences passées pour éviter de reproduire les mêmes erreurs. Ce n'est pas un casse-cou écervelé. Il partage avec Gaston Rébuffat, qu'il cite, la même conception du danger : "J'aime la difficulté. Je hais le danger."
L'Eiger ? Sans y être encore allé, il en connaît les moindres recoins. Il a lu et étudié tous les récits, tous les documents. De cette redoutable face nord, il connaît chaque petite portion. Il connaît tous les points de passage "obligés" auxquels les grimpeurs successifs ont donné des noms.
Des noms simples (le Nid d'hirondelles, la Rampe, la Traversée des dieux, le cône de l'Araignée) ou des noms propres, pour rendre hommage à l'un d'eux (la Traversée Hinterstoisser), mais aussi des noms plus explicites (la Vire délitée, la Fissure pourrie), quand ce n'est pas carrément "le Bivouac de la mort" en référence à une cordée passée par là et dont il est inutile que je précise le sort.
Joe Simpson n'est ni naïf ni inconscient. Il sait ce qui l'attend dans cette ascension. Il nous livre un récit très personnel, plein de lucidité et d'humanité. Les deux derniers chapitres sont particulièrement émouvants.
Il écrit à la toute fin : "L'essence de l'ouvrage a consisté à exprimer la peur et l'amour, le chagrin et la mort dont la montagne m'a imprégné, et d'essayer d'en tirer un état d'esprit qui exalte la vie de façon positive. J'ignore si j'ai réussi ; c'est à vous de juger." Eh bien, puisque l'autorisation de juger m'est clairement donnée par l'auteur, je l'utilise : Joe Simpson a écrit là un livre magnifique, un de ceux qui font voyager, qui font rêver, et au-delà, font mieux comprendre les motivations profondes des alpinistes. Merci monsieur Simpson !
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J'ai pioché ce livre un peu par hasard, un peu pour le titre, sans avoir lu le grand classique: La Mort Suspensue, du même auteur. C'est la raison pour laquelle j'ai parfois eu le sentiment que Joe Simpson manquait de légitimité pour nous faire part ainsi de ses pensées, sur l'alpinisme, le risque, la vie en général... Si le point final de l'ouvrage est bien une course menée en compagnie de son ami Ray à l'Eiger, on y trouve de nombreuses anecdotes et réflexions personnelles, livrées en vrac, mais toujours dans un souci de transparence.
Bien qu'alpiniste chevronné, l'auteur reste humble face à ces confrères et la montagne. Il a par son expérience, une conscience aiguë des dangers de la pratique des sports de montagne (parapente, alpinisme), et relate au long de l'ouvrage, les tragédies qui ponctuent l'Histoire de l'alpinisme, et les pertes parmis ses amis. C'est également un bon vivant, dont l'image donné par le livre détonne avec celle du grimpeur racé que l'on imagine souvent. Joe boit, fume, mange, vieillit, à la trouille parfois, et reste pourtant des ces gens capables d'aller défier l'une des plus terribles face Nord des Alpes. L'humour anglais me laisse parfois coi, mais le personnage m'a été immédiatement sympathique, et j'ai apprécié l'accompagner dans ses excursions et le cheminement de sa pensée. Il m'a par ailleurs transmis son intérêt pour ce monument de l'Histoire de l'alpinisme qu'est l'Eiger, et partage ses références bibliographiques en fin d'ouvrage. Je poursuivrais donc probablement l'aventure avec:
La Face Nord de l'Eiger de Heinrich Harrer.
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arrêter les courses en montagne, un pari plus difficile qu il n'y paraît, lorsque la montagne c'est notre vie.
Magnifique histoire de résistance au danger
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Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
L’escalade glaciaire est un passe-temps étrangement captivant. Elle suscite quantité d’émotions et soulève des questions auxquelles je ne sais trop quoi répondre. La plus fréquente étant « Que fais-tu là, imbécile ? » Cette pensée panique me balaye généralement le cerveau au moment où j’atteins un point de non-retour, sur quelque monstrueux édifice de glace branlante. Malheureusement, au cas où vous auriez survécu à l’expérience, il se produit un curieux phénomène dans votre mémoire, et tandis que vous êtes assis au bar en train d’engloutir une bière salvatrice, cette escalade cauchemardesque se transforme graduellement en souvenirs extatiques d’une ascension si esthétiquement parfaite qu’elle restera inscrite en vous toute votre vie, donnant à celle-ci un sens nouveau et vous métamorphosant en une autre personne. C’est ainsi que si un ami glisse un topo-guide sous votre nez et pointe un doigt fébrile sur un glaçon encore plus gros et plus périlleux, au lieu de prendre vos jambes à votre cou pour sortir du bar en hurlant, vous arborez un sourire de dément et lancez « Hé, ça m’a l’air superbe ! On y va ! ». Puis, la sagesse et l’expérience aidant, vous retournez au comptoir commander un solide double scotch, histoire de maintenir votre démence à un niveau supportable.

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La foudre, teintée d’or bruni, fusait en éclairs blancs aveuglants, enflammant les arrêtes crénelées. Les grondements du tonnerre déchiraient l’air en vagues métalliques et faisaient trembler la panse sombre de l’orage, tandis qu’un incendie allumait le panache menaçant des nuages en pleine course. Le vent forcit en un sifflement venimeux, engagé dans une furieuse bataille avec la montagne ; il franchissait les cols comme un fleuve en crue étranglé par les piles d’un pont, qui rugissaient férocement en retour ; il cravachait les nuages échevelés, les poussait en avant, les renvoyait convulsés vers les hauteurs, dans l’encre bleue, noire et violacée du mur d’orage. Le soleil agonisant jetait des éclairs éblouissants entre les nuées bouillonnantes. L’orage tambourinait contre les flancs de la montagne, exaspéré par leur solidité inébranlable.
Alors, le ciel s’enflamma en un éclair aveuglant, plongeant dans les ténèbres mes yeux aussitôt fermés, la rouge pulsion de mon sang battant à travers mes paupières. Les dents serrées, je laisse échapper mon souffle précipité ; mes doigts tremblaient dans la lumière intermittente. Je serrais mes poings pour cacher ma peur. L’orage nous bombarda pendant une éternité. L’air sentait la pierre pulvérisée et les effluves ammoniaqués de notre sueur.
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La cotation d’une cascade de glace est déterminée selon la longueur la plus difficile de la voie, tout en tenant compte de son degré d’exposition et de la qualité générale de la glace – compacte ou aérée, pourrie ou givrée. Les variations sont infinies. Les degrés de difficulté sont désignés par des chiffres romains, partant du plus bas, I – marche facile, chute pratiquement impossible à moins de se faire tirer dessus – jusqu’à VI – paroi totalement verticale, épuisante et effrayante.
Certains topo-guides y ajoutent la cotation VII en glace pure : il s’agit alors d’une escalade aux limites extrêmes des possibilités actuelles, exigeant d’énormes prouesses physiques, et un comportement kamikaze encore assez peu répandu. Il n’existe que quelques voies de ce genre, qui ont rarement été rééditées. Si vous vous retrouvez un jour sur un pareil monstre, vous êtes soit définitivement stupide et dépourvu d’imagination, soit très malchanceux et appelé sous peu à communier avec les anges.
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Le matériel de glace moderne porte des noms évocateurs, d’une agressivité un peu perverse. Les Rambos, Footfangs et autre Terminators sont en fait des crampons. Les Black Prophets, les Aliens ou les Cobras, d’inoffensifs piolets. Avec de telles armes, on ne peut que livrer bravement d’épiques batailles, à cent contre un. Ces noms plaisent aux amateurs de glace, toujours crédules et qui cherchent désespérément à se motiver dans leur guerre contre la verticalité glacée. Si vous ne vous sentez pas plein de courage à l’idée de brandir ce genre d’outils, vous ne le serez jamais. Je chausse une paire de crampons Terminator, j’attache mes poignets à mes piolets Cobra, et me voilà fin prêt à fouetter les démons de Dante s’il le faut – du moins tant que je n’ai pas quitté le sol. Après quoi, je me sens tout morveux et vaguement stupide.
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La montagne exerce un magnétisme immatériel et séduisant auquel il me paraît impossible de résister. Elle formule une contradiction à la fois irritante et fascinante. L'alpinisme a rarement un sens, mais on s'y sent presque toujours à sa place. Syd Marty, poète canadien de la montagne, écrivait dans son poème "Abbot" :
"Les hommes tombent des montagnes car
ils n'ont rien à y faire
C'est pourquoi ils y vont, c'est pourquoi ils y meurent."
J'ai parfois la sensation de comprendre l'étrange beauté de ce texte et sa signification profonde, mais cela s'évanouit aussitôt. C'est comme si je ne pouvais tirer sur le fil sans risquer de tout défaire et de tout perdre. On ne peut pas analyser ce sentiment, mais seulement le vivre.
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Vidéo de Joe Simpson
La Mort Suspendue, film de Kevin Macdonald sorti en 2004.
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