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Il y en a qui aiment les films d'horreur. Moi, je vous l'avoue, quand j'ai une vraie envie de me filer les chocottes, c'est le film de montagne. Irrésistible. Je flippe à donf'... Eiger, Everest, Méru, K2, tout me va. Mais le livre de montagne, à part Premier de cordée, lu à seize ans, je n'avais pas essayé. le Grand Jeu de Celine Minard avait été une initiation, mais la montagne y était un décor plus qu'un propos. Nastie92 a été mon guide de haute montagne littéraire :qu'elle en soit ici remerciée ! Ce roman n'en est pas un:Joe Simpson est le narrateur, l'auteur et le héros de cette terrible et catastrophique descente du Siula Grande, dans les Andes! Heureusement: on se dit que pour le raconter si bien, il a forcément dû en rechapper! La première partie, très technique, m'a demandé un énorme effort d'imagination, mais sur ce chapitre, je ne crains personne. J'ai donc pris mon pied à imaginer les contorsions les plus acrobatiques, les manoeuves les plus tordues, les positions les plus audacieuses dans les plus insondables crevasses, les plus vertigineuses corniches et les rochers les plus abrupts! La seconde est épuisante à lire: la souffrance physique, le courage et l'instinct de survie vous pompent littéralement toute énergie. ..et pourtant on continue à lire, fasciné. Le compagnonnage de cordée m'a aussi paru une rude épreuve : confiance, lucidité et rudesse. Pas question de faire du sentiment, de l'empathie, de l'apitoiement. Pas un mot de trop, un sens du danger et une évaluation permanente du risque et du temps. Et quand cette mâle camaraderie est rompue comme la corde qui relie les grimpeurs, la solitude n'est jamais totale: un surmoi puissant, vigilant, intransigeant escorte, guide et ordonne. Pas le temps de rêver, geindre ou se prendre en pitié : chaque minute compte! Moi qui redoute les ascenseurs et ai le vertige sur le moindre escabeau, j'ai été servie.... Enfermé dans une crevasse immense avec une jambe cassée, Joe Simpson a le choix entre la perspective d'y mourir de froid et d'angoisse- ça c'est pour la claustrophobie- ..ou l'obligation kantienne d'en sortir coûte que coûte, en glissant et rampant à travers névés, glaces, moraines, neiges en tempête, pourvu qu'il se lance dans une "petite" descente de 6000 mètres -ça c'est pour le vertige!- Une course contre la montre, la souffrance et la peur. Haletante! Ce baptême de grimpette m'a donné plus de frissons qu'un Lovecraft de derrière les fagots... N'hésitez pas à partir en cordée sous le piolet vigilant de Nastie. ..elle est de très bon conseil et aura sûrement plein de titres à vous proposer. Pour moi je fais un break au camp de base...Un peu de plancher des vaches ne me fera pas de mal! + Lire la suite |