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Critiques de Joe Thomas (28)
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Brazilian Psycho

« Brazilian psycho » est une œuvre dense et d'une grande richesse présentant une fresque sur presque vingt ans de l'Histoire récente du Brésil.



Le roman n'échappe pas aux figures imposées du polar et du Brésil : corruption endémique, ultra violence, trafiquants et policiers militaires et présente des personnages quelques peu caricaturaux : politiciens cyniques, favelados « malins », policiers tenaces, militaires brutaux...



Pourtant Joe Thomas en fin connaisseur du Brésil et en particulier de São Paulo produit un travail impressionnant, fourmillant d'expressions et d’anecdotes conférant un fond de réalisme à l'intrigue.



La construction du roman est intéressante, le rythme plaisant et... il est indéniable qu'au delà de l'aspect « pur polar » , « Brazilian psycho » instruit sur cette terre de contraste qu'est le Brésil et São Paulo sa capitale économique en particulier.



Impressionnant !
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Brazilian Psycho

Aujourd’hui je vais évoquer Brazilian Psycho thriller volumineux de Joe Thomas. Le titre n’est pas sans évoquer American Psycho de Bret Easton Ellis. L’auteur britannique connait bien le Brésil où il a vécu quelques années ce qui lui permet de documenter sa fiction qui s’inscrit dans la réalité des dernières années.

L’action se déroule principalement à Sao Paulo sur plusieurs années du début des années 2000 jusqu’à 2018 et l’accession au pouvoir de l’ex-militaire Jair Bolsonaro. Tout commence par un crime odieux, le meurtre d’un homosexuel pour le seul motif qu’il préfère les hommes. Brazilian Psycho est un polar mais également un roman social et politique. Par le prisme des enquêtes policières entremêlées l’auteur dresse un panorama sans concession d’une société gangrénée par la violence et la corruption. De Lula à Bolsonaro en passant par Roussef les dirigeants du pays sont au cœur de l’environnement corrompu avec leurs choix politiques et économiques radicalement différents et opposés. Sao Paulo est une mégapole, poumon économique du Brésil où la misère cantonnée aux favelas côtoie le luxe et la richesse extravagante. Le pays est réputé pour ses fortes inégalités et l’immense pauvreté des défavorisés face à la démesure des plus aisés qui vivent entre eux dans des lieux protégés. Le Brésil ce sont aussi les gangs qui contrôlent les cités et l’économie grise avec au centre le rémunérateur trafic de drogue. Au fil des chapitres certains personnages s’éclipsent abattus par des voyous ou succombant sous les coups de la police. Rares sont ceux qui s’en sortent, même ceux qui paraissent honnêtes sont corrompus et obéissent à des échelons supérieurs de la criminalité organisée. Les fonds internationaux sont détournés, des programmes de développement se révèlent être des coquilles vides, mais bien entendu aux différents niveaux de la strate sociétale et gouvernementale certains en profitent. L’auteur à travers cette fiction noire fort bien ancrée dans le réel dénonce la réalité du terrain et d’un pays qui alterne entre la gauche radicale et l’extrême droite sans véritable logique si ce n’est celle du plus offrant. Les scandales qui ont émaillé ces deux décennies servent de trame de fond à l’intrigue policière.

Brazilian Psycho est un roman dense et noir, un portrait d’une société à la dérive où tout semble permis, où le respect des différences (sexuelles) et le droit des femmes (à l’avortement) sont menacés voire bafoués.

Voilà, je vous ai donc parlé de Brazilian Psycho de Joe Thomas paru aux éditions du Seuil.


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Brazilian Psycho

Ce premier roman de l’auteur anglais traduit en français n’est pas exempt de quelques défauts : manque de concision du récit, trop de personnages qu’on a du mal à suivre, un style trop journalistique. Pour autant, il a le mérite de nous plonger sans aucun filtre dans la réalité du Brésil de 2003 à 2018.

Collusion entre pouvoir politique et économique, corruption à tous les étages de la société brésilienne et notamment dans la police qu’elle soit civile ou militaire, misère sociale des plus pauvres qui n’ont que la débrouille pour s’en sortir et survivre à toutes les brimades qui leurs sont imposées par les différentes factions policières comme la mafia locale.

Le récit se déroule à Sao Paulo, capitale économique du pays entre la première mandature de Lula jusqu’à l’arrivée au pouvoir de Bolsonaro.

On va faire connaissance avec deux jeunes de la favéla, Rafa et Petit Poulet, qui vont gravir peu à peu les échelons de l’organisation mafieuse, deux inspecteurs de police, Leme et Lisboa, en charge d’une enquête sur l’assassinat du Directeur d’un établissement scolaire réservé aux plus riches, un ancien membre de la CIA, Ray Marx, venu au Brésil pour se remplir les poches grâce à ses réseaux politico-économiques et grâce à quelques ingénieuses magouilles qu’il pourra mettre en place avec la coopération volontaire de l’administration Lula et de leurs actions envers les plus pauvres.



Des personnages que l’on va donc suivre pendant ces quinze années. Que ce soient dans leurs actions quotidiennes, dans leurs réflexions personnelles ou dans leur intimité. Des protagonistes plus vrais que nature, témoins de leur temps et du climat social, politique et économique qui les entourent, dont certains vont bénéficier mais à quel prix : de nombreuses victimes collatérales coupables de vivre dans cette faune humaine cible d’une guérilla permanente entre la police militaire et les trafiquants.



Avec ce roman, l’auteur nous livre un récit protéiforme où la fiction se transforme en cruelle réalité d’une société en pleine perdition où les repères habituels proposés par l’Etat sont tellement viciés qu’ils sont remplacés par un système de survie au jour le jour où la solidarité des plus pauvres comme le système D priment avant tout.

En parallèle les plus riches profitent eux du système quel que soit le régime en place.

Une règle qui prévaut aujourd’hui dans beaucoup de pays. Une fatalité ou l’effet d’un hyper capitalisme à marche forcée qui a depuis bien longtemps oublié les valeurs essentielles de moralité et d’humanité ?

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Brazilian Psycho

Un livre intéressant par les sujets qu’il aborde mais complexe à lire, puisque l’on s’intéresse à la corruption et que certaines magouilles méritent que l’on s’accroche.

La ville de Sao Paulo, où l’auteur a vécu dix ans, est un personnage à elle seule. Une sorte d’état dans l’Etat, où l’on passe sans transition des résidences nanties et étroitement surveillées aux favelas, où les semblants de maisons semblent vomis du cratère d’un volcan. Une partie du récit se passe aux côtés de Franghino et Rafa, des petites mains qui aimeraient grimper dans la hiérarchie des voyous, ce qui permet d’entrer dans le cœur de cette favela.

Nous sommes en 2018, le soir de la victoire de Bolsonaro, populiste d’extrême droite, qualifié de psychopathe et homophobe notoire. Ce n’est pas un hasard si le livre s’ouvre sur le meurtre d’un gay par des partisans du nouveau président. Mais il faudra revenir en arrière, sous la présidence de Lula, puis de Delma Roussef, pour comprendre comment on en est arrivé là (et à mon avis l’auteur ne répond pas complètement à la question) de Joe Thomas, qui s’est longuement documenté, révèle que le Brésil et particulièrement Sao Paulo, sont des terrains propices aux crimes homophobes visant particulièrement les trans. Triste record.

Un autre angle principal est la corruption qui entoure des programmes de logements sociaux, censés désengorger les favelas qui entourent la ville. Politique, banquiers, polices diverses, entrepreneurs et mafias pactisent pour se partager la manne financière de ces fonds sociaux, gardant les meilleurs matériaux pour d’autres projets plus luxueux, et bâtissant de rares immeubles sociaux prêts à s’effondrer comme des châteaux de cartes.

Une foule de personnages navigue entre ces divers points, dont deux inspecteurs pugnaces, un Texan facilitateur de corruption, une sorte d’assistante sociale qui œuvre pour une favela, d’autres femmes dont les objectifs sont plus nébuleux, une police militaire qui pratique l’exécution sommaire, et ceux qui sont les rouages de la favela. Tout cela sur un peu moins de 600 pages, ce qui nécessite cinq pages d’index pour s’y repérer entre les différents personnages. C’est finalement ce manque de clarté qui me gêne, malgré une belle écriture, alors que dans la même veine Don Winslow est d’une limpidité redoutable.

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Brazilian Psycho

"Le haut de la colline. Les gros bonnets ont tendance à se tenir à l'écart, dans le coeur du labyrinthe de la favela. C'est pour cela qu'au ras du sol, il faut des Rafa et des Franginho. La hiérarchie, réalise Rafa, va littéralement vers le haut."(P. 60)

Difficile de repousser à plus tard une telle lecture…quand on vous tend ce pavé.

Difficile oui, car d'une part, il est écrit par un auteur qui m'est inconnu et que je vais donc découvrir, un auteur qui évoque un pays, l'un des plus grands sans aucun doute de notre petite boule…Et malgré tout, un pays peu évoqué dans notre littérature…..juste un vague souvenir, ce ce qui me concerne, de « Rouge Brésil » de Jean-Christophe Ruffin, lu il ya bien longtemps, alors que je ne tenais pas de fiche de lecture. Donc peu de mémoire.

Situons le contexte historiques : Bolsonaro est en tête du premier tour et va, selon toute vraisemblance devenir le futur Président, succédant ainsi à Lula da Silva et Dilma Rousseff.

Ce livre m'est tombé par hasard entre les mais… »Dites-nous ce que vous en pensez… » me dit l'animatrice du groupe lecture, au cours duquel nous échangeons nos coups de coeur…ou nos déceptions.

Cadeau qui me plaira ou cadeau empoisonné ?

Bien sincèrement, je ne l'aurais sans doute pas lu, si cette proposition ne n'avait pas été faite….la liste des personnages du roman insérée en tout début fait 5 pages…! « je vais m'y perdre…! » fut ma toute première réaction…et je m'y suis en partie perdu, parfois…Non pas en ce qui concerne les principaux personnages, mais ces personnages secondaires arrivant à l'improviste, faisant un petit tour et reparaissant plus tard, bien plus tard, voire jamais plus après leur « coucou, c'est moi! ». C'est troublant…

Difficile de se souvenir de plus de 100 noms….., de la personnalité de chacun, des relations qui les unissent aux autres….en tout cas en ce qui me concerne !

Alors il faut mettre une marque dans les premières pages où sont présentées les « Dramatis personae »…5 pages de noms ! Tout faire pour y venir et y revenir rapidement. Sans aucune hésitation, mais c'est parfois lassant, de couper la lecture en s'interrogeant « qui c'est lui? »

Le trouble…et l'intérêt malgré tout se poursuivent dans la note de l'auteur qui nous rappelle que ce titre « achève une tétralogie de São Paulo (Paradise City, Gringa, Playboy)« , livres que je n'ai pas lus et pour lesquels je n'ai trouvé aucune information, livres qui, comme le précise l'auteur « conversent entre eux : il y a des répétitions et des échos »..

Cette impression de commencer par la fin, est assez désagréable et dérangeante. Ne vais-je pas rater quelque chose.? je ne suis pas un grand amateur de puzzle sans image à reconstituer.

Bref…. »dans quoi suis-je parti..? N'est-ce pas un cadeau en partie empoisonné que j'ai entre les mains? »

D'autant plus que l'auteur me prévient : « Un certain nombre d'articles, de documents et de transcriptions sont inclus dans le texte, certains réels et d'autres non »….comment une poule pourrait y retrouver ses petits ?

Cerise sur le gateau : Dans sa note de début d'ouvrage l'auteur rappelle cette phrase d'Hillary Mantel extrait de Revolution « Au lecteur qui voudrait savoir comment distinguer les faits de la fiction, je fournirai cette indication approximative : ce qui paraît particulièrement invraisemblable a toute chance d'être vrai. »

L'impression de me lancer dans un 1000 mètres en brasse coulée ! Tant pis, je nage !

Le cadre : São Paulo « culturellement riche, débordante de pognon, minée par une corruption endémique, marquée par une disparité entre les riches et les pauvres qui alimente le désespoir et et une criminalité qui n'accorde aucune valeur à la vie » le cadre est posé…

Alors je vais croiser les patrons de la pègre, qui se planquent dans les favelas, ordonnent les exécutions, les morts sur ordre parmi lesquels les flics…Il leur en faut du courage !

Ah ! J'oubliais L'Eglise !

Oui, j'ai eu et lu un roman noir volumineux, dense et dérangeant. L'auteur nous transporte dans ce pays, qui n'est pas le plus petit du monde…mais sans doute du fait de sa taille et sa situation géographique un grand pays d'avenir. Découverte des particularités urbaine des lois brésiliennes, bien éloignées des nôtres parfois.

Un pays certes déchiré par la politique,

Je pars au sein d'une enquête pour meurtre, enquête menée par un petit flic, Mario Leme, inspecteur de police.

Un flic qui doit enquêter sur la mort d'un homosexuel. Mort après que ses assassins lui aient gravé au couteau, sur le torse, le V pour victoire et une croix gammée…

Le genre d'homme et de citoyen que Bolsonaro rejette et vomit! Comme ses supporters qui se sentent, ce soir, pousser des ailes pour chasser ces homos.

Mais ce soir du 7 octobre 2018, est la date du premier tour des élections présidentielles. Jair Bolsonaro est en tête. Ce soir-là, à São Paulo comme partout ailleurs au Brésil, les partisans du leader populiste sont galvanisés par ses propos haineux. Ils n'ont pas attaqué un banal petit homo. Non il s'agit de Paddy Lockwood, directeur de la British School.

Début de Brazilian Psycho. Puis retour quinze ans en arrière, en 2003. Alors que Lula vient d'être investi en qualité de président du Brésil pour la première fois.

Un homme bien différent, qui incarne l'espoir d'un renouveau, l'espoir d'une plus grande égalité. Bref tout le contraire de Bolsonaro.

Que s'est-il passé entre ces deux dates ? Joe Thomas raconte le Brésil celui qu'il a connu pendant 10 ans à Sao Paulo, plus grande ville brésilienne mais aussi ses différences, le luxe côtoyant les favelas, ses inégalités, ses crimes.

Un personnage important dans le roman, Mario Leme, ce flic féru de justice recherche la vérité, alors que d'autres sont beaucoup plus rapides à tirer des conclusions…..et avec leurs armes. Surtout avec leurs armes. Une enquête dangereuse comme toutes……c'est si banal de tuer un flic !

Bref un titre dérangeant, exigeant, pas toujours facile…un voyage dans la violence, bien loin des images de carnaval qu'on nous vend. Une image sans aucun doute qui est celle de le vérité, d'une vérité qui contredit les belles images destinées aux touristes, une image du fric qui côtoie la pauvreté, des malversations et des trafics en tout genre, notamment sur les matériaux de construction…image de ces villas et appartements luxueux, de ce contre-pouvoir des patrons de la pègre, de l'Eglise..

Mais pas seulement.

Bref, l'image de ce Brésil n'est pas celle du Carnaval de Rio….un Brésil qui n'est pas celui des cartes postales…Une image repoussoir presque, mais oh combien nécessaire, éprouvante et noire !

Un très gros travail ! Une lecture pas toujours limpide, exigeante.

Á chacun de se faire son idée!
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Brazilian Psycho

Un roman très dense, noir, intriguant, assez finement construit pour garder le lecteur dans un fait précis tout en dessinant la fresque qui raconte un pays.
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Brazilian Psycho

Mêlant fiction et réalité, cet impressionnant roman noir la raconte en faisant notamment la part belle à l’ex-président, Jair Bolsonaro.
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Brazilian Psycho

"Un chef-d’œuvre explosif", disait le bandeau-titre. Une fois de plus, je viens d’être victime du bandeau-titre et des chroniques élogieuses pour ce roman noir qui me faisait de l’œil.



Comme quoi, rien n’est jamais garanti, en littérature (et ailleurs non plus) et le maraboutage recommence, vu mes nombreuses déceptions littéraires, rien que durant le mois de mai (ok, j’ai lu beaucoup).



Direction São Paulo, a plus grande ville du Brésil, de l’Amérique du Sud ! Des jeunes ont assassiné un homosexuel, lui gravant une svastika sur le torse. Nous sommes en 2018 et Bolsonaro est candidat à la présidence du Brésil. Les inspecteurs Mario Leme et Ricardo Lisboa vont mener l’enquête, dans une ville corrompue jusqu’au trognon.



Après, le récit va revenir sur les années 2003 à 2018, pour tenter d’expliquer comment on en est arrivé là. Autrement dit, le récit va explorer, notamment, la présidence de Lula et Dilma Rousseff. Mais pas que, puisque l’auteur va aussi nous plonger dans l’histoire de la favela Paraisopolis, à l’aide de nombreux personnages.



Cette lecture avait bien commencé, malgré les 4 pages de présentation des différents personnages, en début d’ouvrage. J’étais bien installée dans ce roman noir, dans cette fresque sociale qui mêlait faits réels et fiction. Bref, tous les indicateurs étaient au vert et si les conditions météo avaient continué de la sorte, cela aurait dû se terminer par une super lecture.



Hélas, les nuages noirs sont apparus, me faisant dérailler du récit et ensuite, j’ai passé mon temps à courir derrière le train, sans jamais le rattraper. Trop de personnages, récit trop décousu, style de narration trop haché, comme si l’auteur avait cherché, en vain, un style d’écriture durant tout son récit, ou alors, qu’ils étaient nombreux à écrire ce roman noir.



Anybref, c’est un rendez-vous manqué avec ce roman noir qui dresse un état des lieux de la société brésilienne et de ses différentes politiques.


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Brazilian Psycho

"Brazilian psycho" aurait aussi pu être intitulé "Le quatuor de São Paulo". Déjà parce que c'est un livre qui doit à la fois ouvrir et clore une tétralogie, et aussi parce que l'influence d'un James Ellroy transposé au Brésil contemporain y est tout à fait perceptible. Voilà qui est donc bien prometteur, et les promesses sont tenues malgré une traduction qui laisse parfois à désirer.

Ecrit par un auteur anglais qui a longtemps vécu au Brésil et connaît donc bien son sujet, ce roman noir comme du café brésilien décrit la ville de São Paulo entre 2003 et 2018, donc de l'accession au pouvoir de Lula à la chute du Parti des Travailleurs et l'arrivée du populiste Jaïr Bolsonaro. São Paulo est une mégapole tentaculaire. Plus grande ville du Brésil et d'Amérique du Sud, c'en est également le poumon économique. Les ultra riches y côtoient les désoeuvrés des favelas, et les mafias locales y prolifèrent. Les inégalités et la corruption y étant extrêmes, les conditions de vie et le crime le sont aussi.

Ca commence en 2018 avec trois adolescents paumés et surexcités par le discours d'extrême droite de Bolsonaro qui agressent un homosexuel et lui gravent au couteau, sur le torse, le V de la victoire et une croix gammée.

En 2003. Les inspecteurs Mario Leme et Ricardo Lisboa, de la police civile, enquêtent sur la mort du directeur de l'école anglais de São Paulo. Leur hiérarchie souhaite une conclusion rapide : un cambriolage qui aurait mal tourné sera la version officielle. La police militaire prend le relais, fait une descente dans une favela et arrête un coupable bien commode.

"Brazilian psycho" relate ce qui s'est passé entre ces deux crimes, dans cet intervalle de quinze années. Comme dans du Ellroy, la ville (Los Angeles chez ce dernier, São Paulo ici, sachant que ces deux villes ne manquent pas de similitudes) et une multitude de personnages interagissent entre eux, certains actes ayant des conséquences importantes sur d'autres. Comme chez Ellroy, l'atmosphère est noire au possible. L'aspect politique a encore plus d'importance ici. En tout cas, c'est une belle chronique du Brésil du XXIe siècle, bien loin des clichés du foot, de la samba et des belles plages.

A lire !
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Brazilian Psycho

très bon polar, très bon sujet politique. Une plume parfois un peu confuse et, pour qui ne connait pas São Paulo, ce n'est pas toujours facile à suivre. C'est plus un pense-bête sur les lieux qu'une liste de personnages qu'il aurait fallu ajouter en tête de bouquin.

Cela dit, je suis curieux de lire les deux autres volumes de cette trilogie
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Brazilian Psycho

C'est dans le cadre d'une Masse Critique Privilégiée que j'ai été amenée à lire « Brazilian Psycho ». Ne connaissant pratiquement rien du Brésil, la quatrième de couverture m'a séduite. Je suis sortie de ma zone de confort plus que je ne pensais. En effet, en feuilletant le livre, j'ai pu constater que quatre pages étaient consacrées à la liste des personnages. Je me suis souvent perdue dans cette lecture riche en histoire politico-policière et en personnages fictifs et réels. Ma lecture a été laborieuse, néanmoins je ne suis pas mécontente d'être arrivée au bout car si elle n'a pas été une lecture-plaisir, elle a été sans contestation une lecture enrichissante et instructive. Il va d'ailleurs m'être difficile de faire un résumé de ce roman noir tant il est imbriqué avec des faits réels, je vous parlerai donc plus de mes impressions.



Dans « Brazilian Psycho », l'auteur Joe Thomas dresse un portrait du Brésil durant les vingt dernières années (de 2003 à 2019). Il y raconte sa violence, notamment celle contre les femmes et la communauté LGBTQ, les crimes organisés, la corruption systémique et de l'arrivée au pouvoir de Jair Bolsonaro.

La ville de Sao Paulo et plus particulièrement le quartier Paraisopolis est le théâtre de ce roman. Avec ses multiples personnages, il touche toutes les couches de la société, des quartiers huppés aux favelas. Qu'ils soient de la police civile ou militaire, avocat, ancien agent de la CIA, enfant des rues, gangster, journaliste, prostitué, trafiquant, homme politique ou femme de ménage, tous ont leur place et un rôle principal.

En ce début d'année 2003, Mario Leme, inspecteur débutant dans la police civile et son collègue Ricardo Lisboa enquêtent sur le meurtre du proviseur de l’École internationale britannique Paddy Lockwood. Ils ne se doutent pas que cet homicide leur prendra plusieurs années à élucider. C'est avec cette investigation que s'ouvre le roman, comme un prétexte pour nous conter la ville de Sao-Paulo au début du XXIème siècle.



Tout au long de ma lecture, j'ai consulté Internet pour combler mes lacunes et comprendre ce qu'étaient La Bolsa Familia, le quartier de Paraisopolis, l'organisation mafieuse PCC (Premier Commando de la Capitale), l'échec du projet immobilier Singapour, la rébellion du week-end de la fête des mères en 2006 mais aussi les personnages réels de Marta Suplicy (ancienne maire de Sao-Paulo), du célèbre tueur en série brésilien « Le Maniaque du Parc », de la militante féministe Marielle Franco assassinée en 2018, de l'artiste Tatiana Blass avec sa performance « Pénélope » et des quatre derniers présidents brésiliens Dilma Roussef, Michel Temer, Jair Bolsonaro et Lula da Silva.



Je remercie les éditions du Seuil, Babelio et l'auteur Joe Thomas.
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Brazilian Psycho

7 octobre 2018, Sao Paulo. Les premiers résultats du premier tour de l'élection présidentielle brésilienne commencent à tomber, laissant penser que Jair Bolsonaro va l'emporter. Grisés par la victoire qui s'annonce de leur favori, trois jeunes hommes agressent jusqu'à la mort, gratuitement, un homosexuel, dans un parc de la ville.



Voici qui donne le ton de ce riche roman noir, écrit par un Américain ayant vécu pendant de nombreuses années au Brésil, avec cette première scène, d'une terrible violence, qui semble terriblement banale en ce jour où le pays va basculer politiquement à l'extrême. Mais, alors que l'on pourrait s'attendre, dans la suite, à une enquête qui chercherait à résoudre cette mort violente, l'on remonte plutôt le temps à partir d'une autre élection, celle de Lula, en 2003, et à partir d'un autre meurtre, celui du directeur de la British School. Entre les deux, peu de rapport, semble-t-il.



Et bien si, puisque, en un brillant panorama de la ville la plus dynamique du pays, panorama tant politique, qu'économique, social, ou encore culturel, Joe Thomas nous dresse le portrait d'un univers à la géographie tentaculaire, où l'on se perd entre les favelas en voie de réhabilitation et les grandes zones de construction express qui voient leurs immeubles ne pas résister au temps, à la corruption tout aussi tentaculaire, qui gangrène tous les niveaux sociaux, ou presque, du petit délinquant qui participe à des arnaques aux aides proposées par l’État, jusqu'à la Mairie, royaume de l'opportunisme, en passant par la police militaire, sans foi ni loi pour parvenir à ses fins.



Portrait chirurgical d'un univers, d'une ville, à l'image même du pays, qui permet, finalement, de manière assez implacable et pertinente, en mêlant avec intelligence réalité historique et fiction, polar et roman social, de comprendre comment l'on a pu passer, en une quinzaine d'années, de Lula à Bolsonaro, pour le résultat que l'on connaît.



Je remercie les éditions du Seuil et Babelio de m'en avoir permis la découverte.
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Brazilian Psycho

Un titre qui tend vers Easton Ellis et un style d'écriture qui rappelle un peu Ellroy... le tout à la sauce brésilienne. Voici pour planter le décor de ce "Brazilian Psycho".



Je n'ai pas l'habitude de lire des romans se déroulant au Brésil, le dépaysement était donc garanti. Je dis Brésil, mais en fait je devrais parler de Sao Paulo, puisque cette ville est au centre de l'histoire.



Au travers d'une intrigue courant sur une quinzaine d'années, ponctuée de plusieurs meurtres, le roman (un beau pavé !) trace le portrait d'une cité dans laquelle la plus grande richesse côtoie l'extrême pauvreté, celle que l'on retrouve notamment dans les favelas. Une société contrastée, violente et brutale, traits amplifiés lorsque le pouvoir politique tend vers l'autoritarisme et le populisme avec l'arrivée de Bolsanaro. Une société où règne également la corruption.



J'ai apprécié suivre les trajectoires des différents protagonistes et découvrir un pays finalement plutôt méconnu. Je retiendrai surtout ceci, plus que la partie enquête proprement dite, qui ne m'a pas semblé centrale dans le récit.



Je remercie Babelio et les éditions du Seuil de m'avoir permis de découvrir ce roman et cet auteur dans le cadre d'une récente opération masse critique.





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Brazilian Psycho

2018, Sào Paulo

Un homosexuel est découvert mort, un svastika gravé sur la poitrine ainsi que le V de victoire. Ce dernier concernant, certainement Jair Bolsonaro, alors candidat à la présidence du Brésil.

La police enquête.



Ce livre, outre ce début en 2018, conte une histoire de la ville de Sào Paulo, état de Sào Paulo, plus grande ville du Brésil, de 2003 à 2018 soit durant la présidence de quatre personnes : Lula, Dilma Rousseff, Temer en intérim et le début de Bolsonaro.



Mais la véritable héroïne du récit c'est, indubitablement, la favela Paraisopolis, la ville du paradis, enfin le paradis elle n'en a que le nom.

Il y a bon nombre d'autres favelas ici ou là dans la ville mais ce ne doit pas être loin de celle-ci.



Fleurant bon les lignes du livre, l'argent ce veau d'or, cet objet du désir universel est omni présent, autre héros, si pas le principal, de l'histoire.

Car pourquoi se haïr et se faire la guerre si c'est pour des clopinettes quand l'argent qui soigne tout ou presque est à portée de main.



Chaque président(e) pour son élection promet d'éradiquer la corruption, ce qui en fait rire plus d'un! Certes cela part d'un bon sentiment et si l'on vote c'est que l'on y croit. Bolsonaro également sauf que lui il y ajoute l'éradication des LGBTQ.



C'est donc des tranches de vie de différents personnages, tous n'ayant qu'un seul but : le profit, excepté deux flics incorruptibles bien disposés à trouver le ou les responsable du meurtre d'un professeur. Il faut dire que tout est détourné y compris l'argent des constructions, les matériaux de construction...le beurre et l'argent du beurre, tout!



L'auteur Joe Thomas dans un style rappelant fort celui de James Ellroy, nous conte une histoire de la favela Paraisopolis à l'aide de nombreux personnages mafieux, ex de la Cia grand amateur de drogue et de femmes, politiciens corrompus, policiers véreux de la police militaire mais aussi honnêtes de la police civile, jeunes caïds etc.

Certes je pense que le but est, quand même, la ville de Sào Paulo qui, comme New York, ne dort jamais.

J'ai trouvé des longueurs dans ce roman mêlant fiction et réalité. A vrai dire je trouve que l'on s'y perd un peu sans pour autant que le récit soit inintéressant mais le fait qu'il ne se passe que des faits divers liés au fric lasse le lecteur que je suis. Je m'imagine bien, m'intéressant à la géopolitique, que tout cela peut être tristement bien réel, mais bon 580 pages cela fait beaucoup.



J'ai compté dans la "Dramatis personae" plus de 100 personnes, certes sur 4 romans dont seul celui-ci, le dernier, a été traduit. Même si, apparemment, chacun peut être lu indépendamment des autres, je trouve un peu dommage de ne pas les lire dans l'ordre.



Pour finir Marielle Franco, à qui le livre est dédié nous dit :

"La favela n'est pas le problème. La favela est la ville. La favela est la solution."

Alors...



Je remercie Babelio de m'avoir choisi pour cette masse critique et les éditions du Seuil Cadre Noir de m'avoir offert ce livre.


Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Brazilian Psycho

SOUS INFLUENCE



Dans les remerciements clôturant le pavé dense, impressionnant, qu’est Brazilian Psycho, Joe Thomas écrit : « La phrase qu’emploie Anna, Il faut savoir sucer utile, est adaptée d’un roman de James Ellroy. Je lui dois bien plus que cette citation. »



Tout est dit. L’ombre du Mad Dog porte sur les presque 600 pages de cette fresque hallucinée, névrotique du Brésil des années Lula à l’avènement de Bolsonaro. Cela étant, deux choses. Il vaut mieux s’inspirer de James Ellroy que de Bruno Lemaire. Joe Thomas a de la personnalité.



Oui, Brazilian psycho fait irrésistiblement songer à du Chacal version American Death Trip, avec une spécificité : nous sommes à Sao Paulo. Ellroy à Los Angeles, David Peace Leeds ou Tokyo, Joe Thomas Sao Paulo.

Plus que le Brésil, c’est en cette mégalopole monstrueuse, mutante, viciée et prodigieuse que nous plonge Joe. Un centre d’affaire rutilant de verre et d’angles coupants, des propriétés prospères où de riches connards s’ébrouent, protégés par des clôtures et des gardiens. Gardiens qui retournent dormir dans les favelas qui cernent les peaux liftées et les corps sculptés. La Favela est LE personnage de ce livre.



Thomas pour approcher au plus près du réacteur nucléaire, adopte un récit kaléidoscopique, complexe où il faut accepter de se perdre. Les personnages sont nombreux mais quelques-uns et quelques-unes (surtout) se détachent. Le flic cherchant à préserver une goutte d’intégrité dans un océan de corruption, une avocate faisant le bien en lançant les dés qu’elle sait pipés...



Et l’ensemble fait corps. La cohésion se crée sous nos yeux comme nous tournons les pages frénétiquement, effarés de découvrir l’étendue de la gangrène. Une subornation galopante, un pourrissement généralisé.



Un roman Ellroyen dans sa construction mais du Ellroy humaniste, presque. Joe Thomas sait où sont les victimes et les gagnants et ne les fond pas dans un même brouet misanthrope et cynique comme le fait (un peu trop) souvent le grand chauve aux chemises hawaïennes.



Un voyage phénoménal. Sans valise. On voyage léger. Enfin léger...



Traduction : Jacques Collin



Reçu dans le cadre d'une Masse critique, merci à Babelio et aux Editions du Seuil.


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Brazilian Psycho

A travers ce roman, tout à la fois sociétal, politique, noir, c'est une longue plongée dans le Brésil de ses vingt dernières années que nous offre Joe Thomas. Comme d'autres lecteurs l'ont dit, on pense à Don Winslow ou à James Ellroy tant la profondeur du récit est immense. Le récit est passionnant, très addictif, on se prend rapidement au jeu. Corruptions, manigances, meurtres, violences policières, racisme, homophobie, paupérisation du peuple pendant que l'élite se gave, le livre aborde tous ces thèmes pour nous dévoiler un Brésil bien malade. Le roman montre aussi comment l’infâme Jair Bolsonaro est parvenu au pouvoir, pas seulement sur un programme sécuritaire mais aussi en mettant en lumière la corruption endémique régnant sous la gouvernance des partis de gauche. "Brazilian Psycho" nous fait découvrir un sacré bon auteur.

Un grand merci aux Éditions du Seuil et à Babelio pour cet envoi.
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Brazilian Psycho

Ce livre m’est tombé des mains à plusieurs reprises. La profusion de personnages, de situations, d’allers retour temporels, mêlant fictions et réalité le rendent difficile à lire, le fil conducteur peine à exister. Personnellement j’ai vraiment eu du mal à accrocher.

L’écriture adopte plusieurs styles (phrase courtes hachées « choc », tournure classique, voire trop verbeuse) selon les chapitres, ce qui fait plus exercice d’écriture, chacun étant adapté à la scène du moment , on a du coup l’impression que l’auteur se cherche. Les dialogues sont systématiquement émaillés de mots portugais (entendeu, filho, menina, querida ….) et finissent par lasser.

Le roman livre un état des lieux de la société brésilienne, centré sur la ville de Sao Paulo et une grande panoplie de personnages - assez stéréotypés - mais la dispersion narrative (meurtres, enquête, description favela, histoire des personnages, histoire politique … ) fait que l’on se demande ce que l’auteur a vraiment voulu faire.
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Brazilian Psycho

Cette ville pousse à boire, ma première réflexion, ou celle d'un auteur connaissant parfaitement ce coin-là, São Paulo. La plus grande ville de l'Amérique du Sud, de hauts buildings, richesse d'une économie florissante, quartier d'affaires et de magouilles. Juste à côté, la favela, immense bidonville où survivent un peuple aux origines diverses. Entre les deux, du trafic, de drogue, de sexe, de dollars. Pour encadrer ce marché florissant, des gouvernements qui se succèdent. Lula, Dilma, Temer, et pour finir Bolsonaro. 2003 - 2018, une grande épopée brésilienne au cœur de São Paulo.



Je suis au début ou à une fin, peu importe l'ordre comme le dit l'auteur ou l'éditeur, au cœur d'un grand Quartet, dans la lignée du L.A. de James Ellroy, voilà le São Paulo, version I ou version IV de Joe Thomas. Un roman, passionnant et riche, foisonnant de personnages, des types biens, flics dépassés par des crimes de haine, des femmes bonnes, aides sociales dépassées par les magouilles financières et autres pots-de-vins, jusqu'à l'exécrabilité en la personne de son dernier président, misogyne, homophobe et raciste pour ses principales qualités.



A São Paulo, je n'y suis pas pour danser la samba. A São Paulo, je n'y vais pas pour me prélasser sur la plage de Copacabana. A São Paulo, non, je ne rencontre pas la fille d'Ipanema. A São Paulo, j'observe les maux d'une société brésilienne florissante et en pleine expansion, autour d'une, mais là tu ne me crois pas, donc de plusieurs bières, fraîches et parfois glacées - peu importe la marque d'ailleurs. Un grand moment littéraire, qui demande certes du courage, certes de l'attention, mais d'une telle richesse que j'y étais, dans la place, favela fever. Saúde ! São Paulo !
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Brazilian Psycho

Livre reçu dans le cadre de l'opération Masse Critique.



Le roman s'ouvre sur un crime odieux. Haineux aussi, pourrait-on dire, car la victime a acquis ce triste statut à cause, d'une part, de sa supposée orientation sexuelle, d'autre part à cause du sentiment d'impunité qui a soudainement gonflé la poitrine de ses bourreaux, en ce soir d'élection. Pas n'importe laquelle, du reste : celle de Jair Bolsonaro à la présidence de la république du Brésil, celle, en somme, d'un conservateur résolument opposé aux droits des minorités sexuelles - entre autres - et admirateur affirmé de la dictature militaire des années soixante et soixante-dix. D'autres meurtres, encore, agitent les pages du livre : celle d'un directeur d'école, britannique de nationalité, celles de jeunes gens transsexuels, affreusement mutilés, comme de tristes imitations des victimes de Francisco Assis de Pereira, mieux connu comme le Maniaque du Parc. Brazilian psycho, cependant, malgré ce titre, et malgré ces morts qui parsèment ses pages, n'est pas un polar. Plutôt, il faut y voir un roman noir, une chronique violente de l'histoire récente du Brésil, des années Lula puis Rousseff, une tentative narrative pour expliquer l'arrivée au pouvoir d'un homme d'extrême-droite comme Bolsonaro sur fond de misère sociale et de crise morale de la société brésilienne. Pour écrire cette chronique, Joe Thomas a disposé des personnages comme des marqueurs forts de la société brésilienne, ou de ceux qui l'influencent : Leme et Lisboa, les deux flics qui représentent la droiture morale, la quête de vérité ; Renata, Anna, Fernanda, de jeunes femmes qui œuvrent pour améliorer le quotidien des classes les plus modestes, usant néanmoins de moyens à la limite de la légalité ; Ray Marx, un Américain au rôle obscur qui facilite les financements occultes ; Rafa et Franginho, deux amis issus de la favela de Paraisopolis - la cité-paradis - à laquelle, malgré leurs efforts, ils restent attachés de manière irrémédiable. Malgré ses qualités, à commencer par cet état des lieux de la situation politique, sociale et morale de la société brésilienne, le roman souffre de défauts tenaces, que ce soit son style d'écriture ou les choix narratifs que l'on peine à comprendre.



Le roman déroule son action entre 2003 et le début de l'année 2019. C'est le temps qu'il faudra pour résoudre un meurtre, celui de Paddy Lockwood, directeur d'une école de prestige pour classes aisées. Deux enquêteurs, Lisboa et Leme, tentent d'abord d'en trouver le coupable, avant que leur chef ne leur intime l'ordre de bâcler l'enquête : certains secrets doivent être emportés dans la tombe. Lors d'une descente dans la favela de Paraisopolis, le fils de la bonne de Lockwood, Sergio Nascimento, est arrêté, puis jugé coupable. Les années passent. Lula, avec la création de la Bolsa Familia, permet d'améliorer le quotidien de milliers de favelados ... et génèrent un juteux business dont profitent aussi bien des multinationales comme Capital SP que les organisations criminelles qui gèrent la favela. Les flux d'argent circulent par des biais plus ou moins légaux, comme cette association à but philanthropique que mène Renata (devenue l'épouse de Leme), qui intervient pour les démarches administratives des favelados et blanchit également un grand nombre de fausses cartes nécessaires pour toucher la fameuse bourse familiale. Parallèlement, la police militaire - issue de la dictature militaire - continue ses descentes dans la favela, y réprimant sans discernement et avec violence la délinquance usuelle, et y générant son trafic utile à ses membres pour vivre décemment. Lors de la fête des Mères de 2006, les détenus des prisons sont libérés en masse, et le PCC - Premier Commando de la Capitale, principal gang à l'échelle du Brésil - en profite pour régler ses comptes, notamment avec la police. Le père de Rafa, Sergio Nascimento, décède durant ces événements. 2011 : Rafa et Franginho ont pris du galon dans la favela. Ils gèrent leur business, rencontrent Carolina, fille de bonne famille, militante de gauche. Rafa et Carolina tombent amoureux. De nouveaux meurtres de jeunes homosexuels ou transsexuels sont commis, laissant Leme et Lisboa démunis. Puis Dilma Rousseff arrive au pouvoir. La gauche continue son programme progressiste, mais au prix de distribution massive d'argent. Les choses dérapent pour tout le monde. Ceux qui peuvent partir - tels Rafa et Carolina, ou Ray Marx - partent, ceux qui restent essaient de survivre, et parfois n'y parviennent pas.



L'intérêt principal de ce Brazilian psycho réside donc, probablement, dans la chronique qu'il établit sur les quinze ans de pouvoir du PT (Parti des Travailleurs) brésilien. Marqué par des inégalités criantes, et géographiquement visibles - la photo de couverture les illustre, avec la favela bordant littéralement ce qui semble être un quartier résidentiel pour classes moyennes -, le Brésil connaît un miracle économique sous Lula. Mais cette guerre menée à la misère a un coût, le clientélisme, décrypté ici avec finesse. La circulation massive d'argent public conduit des acteurs institutionnels, des grands groupes internationaux et des acteurs interlopes à chercher à mettre la main sur le magot, ou tout du moins à détourner une partie de ce grand ruissellement d'argent. Ce clientélisme, exploité politiquement, conduit à une impression générale de corruption, qui agace l'opinion publique. Il n'y a pas que cela. La violence quotidienne que connaît la société brésilienne - le jour de la fête des mères 2006 en est un exemple glaçant, l'exemple de la mort de Renata aussi - encourage aussi un retour au conservatisme - qu'on pourrait assimiler, au Brésil, à la période historique de la dictature. Pourtant, la violence n'est pas que le fait des favelados ; la police militaire, toute-puissante dans ces zones, n'hésite pas à tirer avant et réfléchir après. Carlos, l'un des personnages, proche de Lisboa qui voit en lui un militar plutôt intègre, en est l'exemple-type, qui magouille pour son propre compte et celui de ses supérieurs, torture et tue les favelados gênants. Enfin, cette aspiration au conservatisme s'explique probablement par un aspect moral, qui divise la société brésilienne. D'un côte, l'aspiration à une forte liberté individuelle, qui passe notamment par une liberté physique et sexuelle. Bocão, "Grande Bouche", amant de Paddy Lockwood, en est un exemple. Ce rapport très libre au corps - d'un point de vue de la sexualité ou de la transformation corporelle, et notamment sexuelle - rencontre l'opposition morale d'une partie de la population, laquelle fêtera, un soir de novembre 2018, l'accession au pouvoir de Jair Bolsonaro. Et, entre ces dissensions morales, ces manœuvres politiques, ces accès de violences extrêmes, des personnages sont en quête de tranquillité et de bonheur, de vérité aussi, tels Renata, Leme, Lisboa, Rafa aussi. Hélas pour eux, la société les englobe, les broie, les avale. La société brésilienne apparaît comme un monstre dont l'apaisement, probablement, n'est pas pour tout de suite.



On pourrait donc tenir là, dans ce Brazilian psycho, le grand roman noir de la société brésilienne contemporaine, une mise en lumière sans concession de la façon dont fonctionne intimement ce grand pays, fascinant en bien des aspects - le sexe et la violence sont des ingrédients qui font mouche, de nos jours -, et d'une certaine manière, Joe Thomas touche juste. Pourtant, on peine à être embarqué dans ce pavé de presque six cents pages. Le style, d'abord, gêne. Trop verbeux, ou pas assez, on se trouve dans un entre-deux inconfortable : d'un côté, l'exigence de l'action qui voudrait des phrases concises, des dialogues percutants ; de l'autre, la volonté de décrire, d'expliquer au lecteur ce qu'est ce Brésil géant et inquiétant, de détailler donc les mécanismes de tel ou tel phénomène politique ou social. Las, Joe Thomas hésite, ne se jette ni dans une voie ni dans l'autre, place des longueurs où il faudrait de l'action, survole ou parle de façon sibylline - notamment dans la bouche de Ray Marx, dont la position n’est pas clairement établie - lorsqu'il faudrait détailler, expliquer, en un mot se montrer clair. De ce fait, le lecteur croit comprendre, sans en avoir l'assurance, se raccroche à des concepts rassurants mais flous, tels que "corruption", "magouille", "procédés illégaux". N'en demandez pas plus, le lecteur ne saura vous les expliquer. On passera sur les termes brésiliens laissés çà et là, entendeu, querida, sabe, façon artificielle de faire local, d'assurer le lecteur que, oui, nous sommes bien au Brésil, mais qui en doutait, puisque cela se passe à São Paulo, que le lecteur reconnaîtra - et c'est positif - de réels personnages, le plus souvent issu de cette classe politique dont le roman démontre la faillite morale. Au-delà de cet aspect purement stylistique, ce sont les choix narratifs qui interrogent. Là aussi, Joe Thomas semble hésiter. Ce Brazilian psycho du titre est-il une référence au tueur que pourchassent Leme et Lisboa, ou bien est-ce une façon de qualifier la société brésilienne, psychotique comme le sont probablement toutes nos sociétés contemporaines ? Mais l'enquête n'est pas du tout au centre du roman ; elle est évoquée au début, puis à la fin, elle en détermine donc le cadre chronologique, mais les huiles de la police ont dit que le coupable était ailleurs, alors Leme et Lisboa en ont pris leur parti, et Joe Thomas aussi, qui laisse là l'enquête, garde tout de même un fil rouge avec le journal intime de Bocão, donnant au lecteur cette intuition que ce crime vil n'est que l'expression bien triste d'une jalousie amoureuse. Enfin, il y a ces personnages, dont le caractère peut virer du tout au tout. On pourrait penser que cela fait partie de cette façon de décrire ce Brésil contemporain, que rien n'est vraiment sûr, que les personnages évoluent, que la société s'impose à eux. On pourrait aussi penser que la narration n'est pas maîtrisée, que Leme, finalement, n'est pas le personnage central du roman, parce qu'il meurt, que Renata se découvre une fibre philanthropique alors qu'elle semblait être, au début, parfaitement à l'aise avec les activités de Capital SP, que Carlos est décidément un bel enfoiré quand Leme le présente comme un bon militar. Explosif, promettait le bandeau. Pas faux. Brazilian psycho part dans tous les sens.
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Brazilian Psycho

Pendant le premier tiers, j’ai trouvé que c’était très touffu et désordonné . Plusieurs phrases me semblaient même avoir de sérieux problèmes de sens. Je commençais à perdre les fils des histoires pour me focaliser sur ces fameuses phrases . Tout en lisant je moulinais sur ces fameuses phrases avec une question : est-ce le choix de l’auteur ou est-ce la faiblesse du traducteur ? Par exemple retro-pédaler au football : je ne vois pas bien la métaphore. Et des phrases comme celle-là il y en suffisamment pour gâcher une lecture déjà rendue ardue par la multiplicité des personnages . En plus on passe de l’un à l’autre sans transition avec, en outre, des bascules spatio-temporelles .



Soit je me suis habitué, soit l’écriture est devenue plus fluide mais j’ai repris intérêt au livre pour le fond qui le mérite assurément. L’auteur a été « biberonné « aux livres de James Ellroy et sa trilogie sur L.A. C’est très louable mais l’élève n’est pas au niveau du maître.

Le titre fait également songer à American psycho et ça , pour moi , c’est une pioche qui m’intéresse beaucoup moins. Embarqué avec cette inflexion « easton-ellisienne » du livre, on y trouve le personnage de Ray qui est une vraie caricature. Pour être honnête je déteste tellement cet auteur que je suis d’une mauvaise foi insondable des que je le sens rôder dans un livre.



La dernière partie du roman est la meilleure, sans doute aussi parce que le code du thriller impose des dénouements aux histoires personnelles dont on nous a livré des bribes tout le long du livre. Journalistes, flics plus ou moins véreux , un bad boy américain tout droit sorti d’un bouquin d’Easton-Ellis, un duo de favelistas, un prostitué très malheureux trahi par un professeur anglais etc..

A mon goût les récits des favelistas et des flics sont les plus intéressants . Ils illustrent et éclairent au mieux les différents aspects de la corruption . Sur les magouilles financières , j’avoue ne pas en avoir saisi toutes les subtilités.

Le versant historique, à savoir la vie frénétique dans le São Paulo de la fin des années 90 jusqu’à l’élection de Bolsonaro était une matière très riche en elle-même. Y rajouter quelques personnages pour aborder des sujets sociétaux m’est apparu superflu par rapport au projet général du livre expliqué dans la postface : la corruption gangrenant une ville: São Paulo et un pays : le Brésil.



Bref un roman plus court, plus resserré sur son sujet aurait fait un très bon livre au lieu d'avoir ici seulement un bon thriller qui s’est un peu éparpillé et sur le fond et sur la forme. On n’a pas d’opéra ici mais un quatuor à cordes : ce n’est déjà pas si mal quand on se frotte à Ellroy.
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