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Citations de John E. Williams (188)


"Je suis arrivé ici il y a quatre ans, continua Miller, la même année que McDonald. Bon Dieu ! T'aurais dû voir la région à l'époque. Au printemps, la terre grouillait de bisons, une masse noire dense comme de l'herbe, à des kilomètres à la ronde. On était qu'une poignée à l'époque, et une équipe ramenait facilement mille à mille cinq cents têtes en deux semaines de chasse. Des peaux de printemps, en plus, avec une fourrure tout ce qu'il y a de plus correct. Maintenant on les a presque tous chassés. Leurs troupeaux sont plus petits et on a de la chance si on rapporte deux à trois cents têtes par expédition. Dans un an ou deux, y aura plus rien à chasser dans le Kansas."
Andrews but une autre gorgée de whisky.
"Que ferez-vous ensuite ?
— Je me remettrai à poser des pièges, je travaillerai dans les mines, ou je chasserai autre chose", dit Miller en haussant les épaules.
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Même à cette distance, s'il plissait des yeux, il pouvait apercevoir l'étendue constellée de carcasses sombres de bisons.
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- Tu sais bien qu'il vaut mieux éviter de penser aux femmes ici. Penser à ce que tu peux pas avoir te fera perdre les pédales.
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(...) le gazon avait troqué son vieux paletot roux de l'hiver dernier contre un léger trench vert tendre.
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[Horace Bostwick] À l'instar de beaucoup d'hommes ainsi frustrés, il était extraordinairement fat et imbu de sa personne. Tous les quarts d'heure à peu près, il tirait une montre-gousset de sa poche, la consultait et secouait la tête d'un air douloureux.
(p. 83)
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Toi aussi tu es taillé pour l'échec... Si toutefois tu avais eu l'idée de t'y frotter, tu laisserais le monde te gober puis te recracher et tu resterais sur le carreau à te demander ce qui a bien pu aller de travers. Et tout ça parce que tu as toujours attendu du monde qu'il soit quelque chose qu'il n'était pas et qu'il n'avait pas envie d'être.
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Il ne savait pas où il allait ; sa destination lui viendrait à l’esprit plus tard dans la journée. Dans son dos, il sentit le soleil se lever lentement et l’air devenir palpable.
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Son père l’avait encouragé à lire Emerson, mais pour autant qu’il s’en souvienne, il n’avait pas insisté pour qu’il lise la Bible.
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Eh bien! Il n'y a rien à découvrir. Vous naissez, vous tétez votre lait sur fond de mensonges, vous vous sevrez sur fond de mensonges et vous apprenez des mensonges encore plus élaborés à l'école. Vous passez toute votre vie avec des mensonges et quand vous êtes sur le point de mourir, vous avez une révélation - il n'y a rien, rien que vous et ce que vous auriez pu accomplir. sauf que vous n'avez rien accompli, parce qu'on vous a assuré qu'il y avait autre chose, après. Alors vous vous dites que vous auriez pu devenir le maître du monde, parce que vous seul connaissez ce secret. Mais trop tard. Vous êtes trop vieux.
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Une brise légère frémissait entre les branches, et les aiguilles de pin chuchotaient, frottées les unes contre les autres. De l’herbe s’élevait le bourdonnement d’innombrables insectes qui s’affairaient en secret à des tâches invisibles. Tout au fond de la forêt, une brindille craqua sous le coussinet d’un animal. Andrews inspira profondément l’air parfumé, épicé de l’odeur d’aiguilles de pins écrasées, musqué par la lente décomposition qui remontait de la terre, à l’ombre des grands arbres.
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Il eut l'impression vague de laisser quelque chose derrière lui, quelque chose qui aurait pu lui être précieux si seulement il avait su de quoi il s'agissait.
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C'était devenu un lieu commun chez ces collègues- et surtout parmi les plus jeunes - de parler de lui comme d'une sorte de moine. Un professeur absolument "dévoué". Mot qu'ils prononçaient un peu envieux, mais non sans une pointe de mépris dans la mesure où ce dévouement était tel qu'il l'empêchait de voir beaucoup plus loin que le fond de sa salle de classe ou, à la rigueur, du perron de Jesse Hall. Des petites boutades aigres-douces couraient à son sujet...À la suite d'une réunion du département de littérature où il s'était emporté à propos de nouvelles expérimentations quant à l'enseignement de la grammaire, un jeune prof avait fait remarquer que "pour le professeur Stoner le verbe copuler n'existait qu'en linguistique dans la mesure où l'auxiliaire être, quand il reliait un sujet à son prédicat était une copule". Ce dernier s'était ensuite étonné d'entendre des petits ricanements monter du cercle de ses collègues les plus âgés qui se lançaient des regards entendus. Un autre avait dit une fois que "le vieux Stoner pensait que SOS voulait dire Shakespeare Ô Shakespeare" et fut bien aise d'apprendre que son trait d'esprit avait fait mouche.(page 299)
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- Vous ne devez pas perdre de vue qui vous êtes et ce que vous avez choisi de devenir...Vous ne devez pas perdre de vue l'importance de ce que vous faites aujourd'hui...Il est des guerres, des défaites et des victoires de l'humanité qui ne sont pas militaires et qui ne seront jamais consignées dans les annales de l'Histoire...
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Cette année là, et surtout pendant les mois d'hiver, il se surprit à retourner se perdre de plus en plus souvent dans cet étrange état d'apesanteur. Sitôt qu'il en ressentait l'envie ou le besoin, il pouvait dessertir sa conscience du corps qui l'enchâssait et il observait alors, d'assez loin, cet homme, cet étranger curieusement familier en train de vaquer à des activités étranges et familières. C'était un dissociation qu'il n'avait jamais connue auparavant et il savait qu'il devait s'en inquiéter. Seulement, il était trop engourdi et ne parvenait plus à se convaincre que cela pouvait avoir la moindre importance.
Il avait quarante-deux ans. Il n'y avait rien devant qui le motivât encore et si peu derrière dont il aimait se souvenir......
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Au cours de sa quarante-troisième année, William Stoner apprit ce que d'autres, bien plus jeunes, avaient compris avant lui : que la personne que l'on aime en premier n'est pas celle que l'on aime en dernier et que l'amour n'est pas une fin en soi, mais un cheminement grâce auquel un être humain apprend à en connaître un autre.
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Il comprit qu'il n'avait pas fui parce qu'il était écœuré par le sang, la puanteur et les entrailles visqueuses. Il comprit que ce qui l'avait rendu malade, c'était le choc de voir le bison, si fier et noble quelques moments auparavant, désormais nu et impuissant, morceau de viande inerte, qui se balançait, grotesque et moqueur devant ses yeux, dépouillé de son identité, ou plutôt de l'identité qu'Andrews lui avait prêté.
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Tout cela n'était, et ne serait jamais rien d'autre, qu'un long moment à endurer...
... et il savait qu'il devait s'en inquiéter. Seulement il était trop engourdi et ne parvenait plus à se convaincre que cela pouvait avoir la moindre importance. [...]

Ils faisaient l'amour, parlaient et s'aimaient de nouveau. Ils étaient comme ces enfants que leurs jeux ne lassent ni n'épuisent jamais.
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Son long visage s'était adoucit avec les années. Sa peau avait toujours cet aspect de cuir tanné, mais elle n'était plus si douloureusement tendue à la saillie des pommettes. Les milliers de virgules, de guillemets et de parenthèses que le temps avait imprimé autour de ses yeux et de sa bouche avait fini par l'assouplir... Ses yeux gris toujours aussi vifs et lumineux s'étaient enfoncés dans leur orbite de sorte que leur diligence, sans avoir rien perdu de sa perspicacité, était devenue plus discrète. Ses cheveux autrefois châtains avaient foncés avec l'âge, même si les tempes commençaient à grisonner un peu. Le sablier du temps lui était indifférent et il ne lui serait pas venu à l'idée de s'en plaindre, mais quand il se croisait dans un miroir ou qu'il apercevait son reflet sur les portes vitrées devant Jesse Hall, il ne pouvait s'empêcher de ressentir un léger choc.
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Bien qu'il fût censé apprendre des bases de grammaire et de composition écrite à un groupe de jeunes étudiants des plus hétérogènes qui soit, il était impatient et enthousiaste de s'atteler à cette mission qu'il abordait avec le plus grand sérieux. Il prépara ses cours pendant la semaine qui précédait la rentrée et ce premier travail de déchiffrage entrabâilla la porte du monde infini qui s'offrait à lui. Il comprenant le rôle de la grammaire et percevait comment, par sa logique même, elle permettait, en structurant un langage, de servir la pensée humaine. De même, en préparant de simples exercices de rédaction, il était frappé par le pouvoir des mots, par leur beauté, et avait hâte de se lancer enfin pour pouvoir partager toutes ces découvertes avec ses étudiants.

[...]

Mais pendant ces semaines loin d'Edith, il lui arrivait, lors de ses cours, de se laisser emporter par son sujet et de s'y perdre si intensément qu'il en oubliait ses doutes, ses faiblesses, qui il était et même les jeunes gens assis devant lui. Oui, il lui arrivait d'être tellement pris par son enthousiasme qu'il en bégayait. Il se mettait à gesticuler et finissait par délaisser complètement ses notes. Au début, il fut décontenancé par ces emportements comme s'il craignait de s'être montré trop familier avec les auteurs ou les textes qu'il vénérait et finissait toujours par s'excuser auprès de ses élèves, mais quand ils commencèrent à venir le voir à la fin des cours et que leurs devoirs manifestèrent enfin quelques lueurs d'imagination ou la révélation d'un amour encore hésitant, cela l'encouragea à continuer de faire ce que personne ne lui avait jamais appris.
Cet amour de la littérature, de la langue, du verbe, tous ces grands mystères de l'esprit et du coeur qui jaillissaient soudain au détour d'une page, ces combinaisons mystérieuses et toujours surprenantes de lettres et de mots enchâssés là, dans la plus froide et la plus noire des encres, et pourtant si vivants, cette passion dont il s'était toujours défendu comme si elle était illicite et dangereuse, il commença à l'afficher, prudemment d'abord, ensuite avec un peu plus d'audace et enfin... fièrement.

[...]

Quand il était très jeune, William Stoner pensait que l'amour était une sorte d'absolu auquel on avait accès si l'on avait de la chance. En vieillissant, il avait décidé que c'était plutôt la terre promise d'une fausse religion qu'il était de bon ton de considérer avec un septicisme amusé ou un mépris indulgent, voire une mélancolie un peu douloureuse. Mais maintenant qu'il était arrivé à mi-parcours, il commençait à comprendre que ce n'était ni une chimère ni un état de grâce, mais un acte humain, humblement humain, par lequel on devenait ce que l'on était. Une disposition de l'esprit, une manière d'être que l'intelligence, le coeur et la volonté ne cessaient de nuancer et de réinventer jour après jour.
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Absorbé par la contemplation des terres uniformes, avec lesquelles il avait le sentiment de se fondre, il s'aperçut que la chasse qu'il avait organisée avec Miller n'était qu'un stratagème, une ruse envers lui-même pour corriger les habitudes enracinées. Rien ne l'obligeait à aller là où il se rendrait. Il partait librement au cœur des grandes plaines dont l'horizon semblait s'étirer sans fin vers le soleil couchant. Il ne trouverait sans doute sur son chemin aucun ville ou aucun village susceptibles de le perturber. Où qu'il vive désormais, il abandonnerait de plus en plus la ville pour se retirer dans la nature. Là était le sens de toute sa vie, comme si tous les évènements de son enfance et de sa jeunesse l'avaient inconsciemment mené à ce point d'équilibre juste avant l'envol.
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