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Citations de John E. Williams (188)


Il avait l’impression d’être devenu une espèce de légume et espérait de tout son cœur que quelque chose, n’importe quoi, une douleur même, le saignât et le ramenât à la vie.
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Ces étudiants, si singuliers de par leur maturité, étaient extrêmement sérieux et méprisaient tout ce qui ne les élevait pas intellectuellement. Ils se fichaient des modes, des ragots et des codes. Ils venaient étudier comme Stoner avait rêvé toute sa vie qu'un étudiant le fit. Ils se fichaient des notes, des cursus et des examens. Ils venaient en cours comme si le seul fait d'apprendre était la vie en soi et non pas un moyen de parvenir à des fins plus triviales.
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Il se détourna et observa ce lopin désolé et privé d'arbres qui tenait en son sein des hommes et des femmes semblables à ses parents. Puis son regard se perdit au loin, au-delà de cette vaste étendue de plaines, en direction de la ferme qui l'avait vu naître et où son père et sa mère avaient passé toute leur vie. Il songea au prix que tous ces gens avaient dû payer, année après année, pour faire fructifier un sol ingrat que leur sueur n'avait jamais rendu meilleur. Rien. Rien n'avait changé. Peut-être même était-il encore un peu plus pauvre et plus avare qu'autrefois...
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Bien qu'il lui était arrivé, à certaines grandes occasions, degoûter un peu de vin chez ses parents, Edith n'avait jamais eu l'occasion de boire du champagne et pendant qu'ils dînaient autour d'une petite table de bridge dressée dans leur salon privé, elle ne pouvait s'empêcher de lancer des coups d'oeil nerveux vers cette étrange bouteille qui les attendait dans son seau plein de glace. Deux bougies blanches plantées dans des chandeleurs en cuivre vacillaient dans la pénombre. William avait éteint toutes les autres lumières. Les flammes éclairaient leurs visages, carressaient leurs courbes de la grosse bouteille sombre et faisaient scintiller les glaçons. Tous deux étaient aussi nerveux et gais que possible. Il fallut un moment pour la déboucher. Edith sursauta quand le bouchon sauta. La main de William fut couverte de mousse. Ils rient de sa maladresse, burent un verre et William crut percevoir une sorte de langueur lui monter au visage tandis que ses yeux devenaient plus sombres et plus intenses. Il se leva, vint s'asseoir derrrière elle, posa ses mains sur ses épaules et fut troublé par la vision de ses gros doigts sur sa peau soyeuse. Elle se raidit à son contact. Il remonta lentement le long de sa nuque pour lui caresser les cheveux. Elle était tendue comme un arc, prête à rompre. Il passa ses mains sous ses avsnts-bras, la souleva de sa chaise, puis la tourna par devers lui. Dans la clarté des bougies, ses yeux étaient immenses, pâles, presque translucides. Mais toujours aussi éteints... Silencieusement, comme s'il avait eu peur de la réveille, Stoner se déshabilla et vint s'allonger auprès d'elle. Pendant quelques instants, il demeura ainsi, immobile, avec son désir qui était devenu quelque chose de triste et solitaire. Il lui pala tendrement dans l'espoir de retrouver une sorte de refuge où abriter ses sentiments.
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Cet amour de la littérature, de la langue, du verbe, tous ces grands mystères de l'esprit et du cœur qui jaillissaient soudain au détour d'une page, ces combinaisons mystérieuses et toujours surprenantes de lettres et de mots enchâssés là, dans la plus froide et la plus noire des encres, et pourtant si vivants, cette passion dont il s'était toujours défendu comme si elle était illicite et dangereuse, il commença à l'afficher, prudemment d'abord, ensuite avec un peu plus d'audace et enfin... fièrement.
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- Monsieur Stoner, monsieur Shakespeare s'adresse à vous à travers trois siècles. L'entendez-vous ?
William Stoner réalisa qu'il avait cessé de respirer. Il expira lentement et sentit, à mesure que ses poumons se vidaient, le frôlement de ses vêtements sur sa peau. Il quitta Sloane des yeux et se mit à regarder tout autour de lui. Depuis les fenêtres, des rais de lumière descendaient en biais sur les visages de ses camarades et cette clarté semblait émaner d'eux pour s'en aller contrer les ténèbres. Un étudiant clignait des yeux... Une ombre légère s'était posé sur la joue d'un autre dont le duvet était encore tout emmiellé de soleil... Il prit conscience que ses mains, toujours cramponnées à son bureau, étaient en train de relâcher leur étau. Il les tourna, les observa, s'émerveilla de les découvrir si hâlée et admira la façon parfaite qu'avaient les ongles de s'ajuster au bout de ses doigts pourtant si grossier. Enfin, il réalisa qu'il pouvait sentir, sans jamais le voir, son sang irriguer ses milliers de veines et infimes vaisseaux avant de s'élancer – course incertaine, délicate – du bout de ses phalange à l'ensemble de son corps.
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William Stoner est entré à l'université du Missouri en 1910. Il avait dix-neuf ans. Huit ans plus tard, alors que la Première Guerre mondiale faisait rage, il obtient son doctorat et accepte un poste d'assistant dans cette même université où il continuera d'enseigner jusqu'à sa mort en 1956. Il ne s'est jamais hissé plus haut que le rang de maître de conférences et parmi ses élèves, rares sont ceux qui auront gardé un souvenir précis de lui après la fin de leurs études.
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Mais William Stoner connaissait la vie. Et d’une façon que bien peu de ces jeunes freluquets auraient été en peine de comprendre. Quelque chose de très profond demeurait tapi en lui, presque en deçà de sa mémoire : l’adversité, l’endurance, la douleur et la faim. Même s’il ne repensait pratiquement jamais à son enfance, la ferme de Booneville ne l’avait jamais quitté. Elle coulait dans son sang et la misère de ses ancêtres était son héritage. Ces vies obscures, dures, stoïques dont le seul credo avait été de présenter au monde qui les opprimait des visages également durs, inexpressifs et butés.
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John E. Williams
Les heures qu'ils passaient ensemble, pour avoir été si durement gagnées, n'en étaient que plus belles. Ils essayèrent de se convaincre et de convaincre l'autre qu'ils ne s'étaient jamais sentis aussi proches et finirent par réaliser, ô éblouissement, que c'était la vérité. Que tous les mots auxquels ils avaient eu recours pour se réconforter mutuellement n'étaient pas que des mots.
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John E. Williams
Un jour, elle lui dit :
- Plaisir du corps et vie de l'esprit... Finalement il n'y a que ça qui compte, n'est-ce pas ?
Et il sembla à Stoner que oui, c'était tout à fait ça, et que c'était là une des choses qu'il avait apprises auprès d'elle.
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John E. Williams
Plus tard encore, il comprit enfin, pour l'avoir éprouvé, qu'il n'avait jamais connu intiment un être humain avec lequel il se soit ainsi senti en confiance, ce qui revenait à dire qu'il n'avait jamais connu personne.
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John E. Williams
Les écailles de pudeur qui les protégeaient tombèrent une à une de sorte qu'à la fin, ils se retrouvèrent, comme tous les grands timides, nus, offerts l'un à l'autre, et parfaitement en confiance.
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John E. Williams
Au cours de sa quarante-troisième année, William Stoner apprit ce que d'autres, bien plus jeunes, avaient compris avant lui : que la personne que l'on aime en premier n'est pas la personne que l'on aime en dernier et que l'amour n'est pas une fin en soi, mais un cheminement grâce auquel un être humain apprend en connaître un autre.
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John E. Williams
- D'une certaine manière et même de toutes les manières possibles, je crois... je suis un ignorant. C'est moi qui suit stupide, pas vous. Je ne venais plus parce que je pensais... ou plutôt j'avais l'impression que je commençais à lui peser... Mais peut-être n'était'ce pas le cas...
- Non, répondit-elle, non. Ce n'était pas le cas.
- Et je ne voulais pas vous mettre dans la situation embarrassante d'avoir à … de... d'être confrontée à mes sentiments à votre égard, lesquels seraient tôt ou tard devenus évidents si j'avais continué à venir vous...
Elle ne bougea pas. Deux grosses larmes s'échappèrent de ces cils et roulèrent le long de ses joues.
- Peut-être ai-je été égoïste... Il me semblait que tout cela ne mènerait à rien si ce n'est une gêne pénible pour vous, et, pour moi, la certitude de... du malheur... Vous connaissez mes... ma situation familiale et il ne me semblait pas envisageable que vous puissiez... Que vous n'ayez pour moi rien d'autre qu'une sorte de...
- Tais-toi, lui ordonna-t-elle d'une voix douce. Oh, mon cœur, tais-toi et viens par ici...
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Comme tu le sais, beaucoup de choses ont été dites au sujet de ces yeux, le plus souvent en mauvais mètre et en prose pire encore ; je crois que, depuis le temps, il doit être las de ces métaphores et des autres figures de styles utilisées pour les décrire, bien qu’autrefois il en ait tiré quelque vanité. Mais ces yeux étaient, même à l’époque, extraordinairement clairs, perçants et vifs – plus bleus que gris, sans doute, mais évoquant la lumière et non la couleur… Et voilà, tu vois ? Voilà que je m’y mets aussi ; j’ai lu trop des poèmes de mes amis.
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Les empereurs se détachent de leurs souvenirs encore plus aisément que les poètes ou les historiens.
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Rien ne semble me soulager, ni les abominables remèdes dont on me gave, ni même l’abstinence de ces plaisirs que, tu le sais bien, j’appréciais autrefois. La goutte m’empêche depuis quelques jours de tenir mon calame ; je sais pourtant avec quelle assiduité tu poursuis ton travail et combien tu as besoin de mon aide au sujet de ce dont tu m’as parlé. En plus de mes autres infirmités, j’ai ces dernières semaines été frappé d’insomnie, si bien que mes journées s’écoulent dans la fatigue et la lassitude. Cependant, mes amis ne me désertent pas, la vie continue, et de cela je suis reconnaissant.
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Tout le troupeau ? Quelle connerie. Qu’est ce que tu cherches à prouver ? Tu ne peux pas flinguer tout les bisons du pays, bordel.
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Avec le temps, on perd un tas d'habitudes. Allez, on y va
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