Citations de Jonathan Coe (1352)
Mais lorsque je parvins au métro et descendis l'escalier mécanique, je m'aperçus que le quai était bondé. C'était un incident de service et il n'avait pas dû y avoir de rame depuis près d'un quart d'heure. Quoique la station de Sloane Square ne soit pas très profonde, j'eus l'impression, sur l'escalator, d'être Orphée pénétrant lentement dans les Enfers, prêt à affronter une triste et pâle peuplade pour qui la lumière du jour que je venais de quitter n'était déjà plus qu'un lointain souvenir.
Un long silence a suivi, ce qui a permis à ces mots de résonner.
Qu'est-ce qu'elle avait ma génération ? Pourquoi mettait-elle si longtemps à grandir ? pour nous, la petite enfance s'étirait jusque vers l'âge de vingt-cinq ans, et à quarante ans nous n'étions pas encore sortis de l'adolescence.
Tu comprends, ça n'existe pas la pluie, avant qu'elle tombe. Il faut qu'elle tombe, sinon ça n'est pas la pluie. C'était un peu ridicule de vouloir expliquer ça à une enfant, et je regrettais de m'être lancée là-dedans. Mais Théa ne semblait avoir aucun mal à saisir le concept - bien au contraire: au bout d'un instant, elle m'a regardée avec pitié en secouant la tête, comme si c'était éprouvant pour elle de discuter de ces matières avec quelqu'un d'aussi obtus. "Bien sûr que ça n'existe pas, elle a dit. C'est bien pour ça que c'est ma préférée. Une chose n'a pas besoin d'exister pour rendre les gens heureux, pas vrai?"
Que c’est difficile de t’expliquer tout ça dans le bon ordre ! Comme d’habitude, je suis censée te décrire une photo, et je te raconte tout pèle-mêle. Mais peut-être qu’il n’y a pas d’ordre, après tout. Peut-être que l’ordre naturel des choses, c’est le chaos et l’aléatoire. Je ne suis pas loin d’en être convaincue.
Page 184: "...Maria, un point dans l'imperceptible, sur le chemin du retour, seule, et indifférente, indifférente jusque face à la mort qui, sait-on jamais, est peut-être la prochaine surprise que le hasard lui réserve."
On dit que dans les moments d’émotion intense une fraction de seconde équivaut à une éternité.
Il y a une raison à tout, au cas où tu ne l’aurais pas encore appris dans ta courte vie.
Comme c’est étrange : la plupart de nos souvenirs les plus vifs ne sont pas visuels.
Livre qui ne restera pas dans l'histoire mais j'ai passé un bon moment
Des amis? "
J'ai pensé à mes soixante-dix amis Facebook. L'honnêteté m'a obligé à dire : "pas vraiment,non.
La viande (comme les oeufs de caille) venaient de chez Dorothy : son chauffeur l'avait apportée en voiture dans l'après-midi et elle avait donné au chef des instructions détaillées pour la préparer. Elle gardait, dans un enclos derrière sa ferme, un petit troupeau de porcs élevés en plein air, pour son usage personnel. Comme Hilary (qui ne regardait jamais ses propres programmes), Dorothy n'avait jamais eu la moindre intention de consommer les produits qu'elle était trop heureuse d'imposer à un public résigné.
A chaque Noël, par exemple, elle m'envoyait, enveloppés dans un papier-cadeau, ses livres préférés parmi les parutions de l'année. Ce fut ainsi que ma bibliothèque se trouva ornée d'ouvrages de choix comme "Les grands plombiers d'Albanie" ; "La mauvaise haleine à travers les âges" ; l'essai novateur du révérend J.W. Pottage : "Il était une fois les plinthes" ; et des mémoires franchement inoubliables - bien que le nom de leur auteur m'échappe - titrés "Une vie dans l'emballage, fragments autobiographiques ; volume IX : les années polystyrène."
Je lui ai dit:tu te rends compte que s'il y a une chose qui insupporte les gens de mon âge, c'est bien que des gens du votre leur fassent des sermons.
Les voitures, c'est comme les gens. On va, on vient dans le grouillement du quotidien, on passe à deux doigts les uns des autres, mais le vrai contact est très rare. Tous ces ratages de peu, tous ces possibles irréalisés, c'est effrayant quand on y pense. Mieux vaut éviter soigneusement d'y penser.
Vous vous rappelez où vous étiez, vous, le jour où John Smith est mort? Je doute fort que ce soit le cas de la plupart des gens. Je soupçonne même que la plupart des gens ne se rappellent pas qui était John Smith.
Nombreux étaient les secrets que Maria avait confiés à Sefton, sachant qu'ils ne signifieraient rien pour lui, et nombreuses étaient les petites révélations qu'elle avait testées sur lui, pour puiser de la force dans l'incroyable nonchalance avec laquelle il les entendait et les ignorait. Voilà pourquoi chaque famille devrait avoir un chat.
D'abord un lac. Un ciel bleu limpide, sans un nuage. D'un bleu azuré et intense tout en haut de la photo, puis qui va en palissant jusqu'à en devenir presque blanc à l'endroit où il effleure le sommet des montagnes. Oui des montagnes à l'horizon : des pics jumeaux, qui encadrent la photo , reliés par une longue crête qui s'infléchit doucement en son milieu.
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Il s'agit du Lac Chambon, dans le sud de l'Auvergne. L'eau est absolument immobile et reflète le contour des montagnes avec une symétrie exacte et immuable, à tel point que si on fixe assez longtemps l'image, on a l'impression de voir un motif géométrique abstrait.
Je revois Thea fronçant les sourcils en méditant ces paroles, et puis elle a proclamé : « Eh bien moi, j’aime la pluie avant qu’elle tombe. » (p.164)
- Alors... je n'ai guère besoin de vous dire que nous avons un sérieux problème avec ce livre, Michael. Il est franchement diffamatoire.
- Ce n'est pas un problème, répliquai-je. Je peux tout changer : les noms, les faits, les lieux, les époques. C'est seulement une esquisse, voyez-vous, c'est seulement une base. Je peux effacer mes pistes. Rendre l'ensemble pratiquement méconnaissable. Ce n'est qu'un début.
- Hum, fit pensivement Patrick en se tapotant la bouche avec les doigts. Et alors, qu'est qu'il en restera, exactement ? Il en restera un livre à scandale, au ton fielleux et vindicatif, manifestement écrit dans un esprit de malveillance, et même parfois... vous me permettrez de le dire... empreint de futilité. »
Je poussais un soupir de soulagement. « Donc, vous allez le publier ? »
- Je pense. A condition que vous y apportiez les changements nécessaires et, bien sûr, quelque chose qui ai l'air d'un dénouement.