Flingue sur fond musical de
Jonathan Lethem
Elle était là quand je me suis réveillé, je le jure. L’intuition.
C’était deux semaines après que j’eus laissé tomber ma dernière affaire, un boulot pour Maynard Stanhunt. L’intuition était là avant que je ne branche ma radio de chevet sur l’interprétation musicale des nouvelles, mais les nouvelles musicales la confirmèrent : j’allais reprendre du service. Il y aurait bientôt une affaire pour moi. Les violons zigzaguaient entre les choeurs en une cohorte d’accords ascendants qui ne se résolvaient jamais, ne culminaient jamais, s’estompaient simplement pour être remplacés par d’autres accords semblables. La mélodie des coups durs, mais un coup dur privé, tragique, quelque chose comme un suicide ou un meurtre, pas un événement politique.
Ce genre de musique me fait toujours dresser l’oreille. Le meurtre n’est plus une information, de nos jours. C’est un truc qui se murmure dans les bars, la nuit, entre deux verres – ou qu’on rencontre par hasard dans le cadre d’une enquête et qu’on raconte sur un coin de comptoir à des gens qui ont peur de vous croire.
Mais ces violons-là me turlupinaient. Ils me disaient de me lever et de foncer à mon bureau. Ils me disaient qu’il y avait du boulot dans l’air, et ça me démangeait au niveau du portefeuille.
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