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Citations de Joseph Peyré (96)


Les grandes aventures peuvent changer de but, d'armes et de tenues, leur moteur reste toujours l'esprit de l'homme, leur but la recherche d'un Graal.
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Marches forcées par des des fonds d'oueds transformés en torrents par les orages, cheminement dans des gorges et des cluses menacées par des éboulis et des falaises rouges, approches à travers des chaos de rochers, escalades de pitons et de crêtes coupés d'embuscades, d'affûts, de combats au couteau, Saïd avait le sentiment de forcer un monde interdit, une montagne sombre, et défendue par des démons. Mais ces démons portaient encore des noms de Berbères, noms étranges et jamais entendus.
p100
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Ce n'est pas le moindre paradoxe de cette guerre que d'y avoir vu une cavalerie berbère charger les redoutes allemandes à la place des chars enlisés dans la boue de neige, et les enlever à la mitraillette.
p215
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Ce garçon, désaxé, exilé dans le Sud, au lieu de le mépriser, n'aurait-il pas dû le soutenir, lui apprendre son métier, le faire accepter par les Chaamba ? la règle des Sahariens ordonne la confiance entre camarades.
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Adghar s'était vidé. Le Kabyle lui-même avait fermé son café maure pour venir assister aux préparatifs de la grande course. La foule inutile des sédentaires, à l'odeur si grasse qu'elle stagne entre les murs de terre comme une huile lourde, des femmes en costumes de fête, raidies par leurs bijoux pesants et leurs volants superposés de soie orange, rose et verte, et laissant derrière elles des pistes de musc et de parfumeries confites, des négresses drapées de bleu, les cheveux tressés sur la nuque en paillassons piqués de coraux et de coquillages, refluait sur la place où le soleil et le fer rouge du sable auraient à pareille heure dû chasser toute vie.
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Comment diriger sa marche épuisée ? Où l'Azdjer pillard et ses hommes avaient-ils pu fuir ? Les pâturages étaient abandonnés au feu du ciel. Pas un berger n'apparaissait au bord des oueds. Chaque soir, le Hoggar perdu s'arrêtait et creusait pour la nuit son trou de sable, comme une bête se terre. Bientôt il désespéra de retrouver, sur cette terre où il lui semblait tourner ses pas, l'Iklane qui était la moitié de son corps, celle qui endure les routes infinies. Le nomade vit à la grâce du miracle. Or les eaux se tarissaient. Chaque soir une fatigue grandissante couchait Khyar dans sa fosse, toute pareille aux tombeaux qui boursoufflent ce sol funéraire, et le fantôme de la soif commença à hanter ses nuits.
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Le père ne pouvait pas entendre l'escadron des Hoggars qui entonnait son chant de route, voir le peuple qu'il avait rêvé de convertir à la vie familiale et rustique, obéir à l'appel de l'esprit guerrier, et renouveler les chevauchées des cavaliers numides, comme si les siècles n'avaient point passé. Le désert n'était-il pas le même, vierge et cravaché par le vent barbare ?
L'auteur évoque le père Charles de Foucauld.
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Khyar se tut. Les morts se succédaient. Il imaginait le corps doux de Tinirt déchiré par le couteau, souillé de sang noir comme celui de Ben Ahmed sous la clarté de la lune. Et les nuits du jardin d'été d'Adjahil lui apparaissaient aussi mortes que sa jeunesse.
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Le vainqueur ne recevait-il donc plus le prix du sang ? Le Hoggar en exil se sentit victime d'une injustice qu'aucune réparation ne pourrait racheter. Tinirt même, dont il avait pourtant servi sans marchander les volontés, lui manquait au moment où il aurait dû avoir, au moins d'elle, sa récompense. Elle était bien du sang des marchands, des sédentaires avilis. Alors, pour la première fois Khyar regretta de s'être séparé de son peuple, et d'avoir cherché un autre destin. Celui qui a la malheur de s'éloigner de ses tentes languit comme le rameau coupé du figuier et finit par tomber en poussière.
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Le lendemain, le sort était jeté : Khyar entrait dans la guerre. Par quelles promesses la jeune fille l’avait-elle gagné ? Les femmes n’ont jamais laissé un Hoggar insensible. Khyar sellait joyeusement l’Iklane, en fredonnant une vieille chanson de guerre de son clan :
« Filles des tentes, »
« C’est à cause de toi que je pars vers l’Est. »
Il y trouvait un sens nouveau, qui ne s’adressait qu’à lui. Car la fatigue du plaisir courait encore ses os.
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Imitant les mouvements du garde, Khyar fit jouer la baïonnette dépliante, avec la religieuse admiration du Hoggar pour les armes. Au désert, un fusil fait le cœur d’un homme. Il peut être payé le prix d’une vie.
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Que ceux qui auront cru que le destin d'un Brécourt allait, au dernier jour, s'accomplir, sachent que ce temps de sa solitude fut au contraire l'achèvement, la perfection de sa vie. Ils doivent le savoir, afin qu'une vocation saharienne soit, encore aujourd'hui, justifiée. Un Brécourt était né pour l'exaltation du désert. Le désert accueille toujours l'âme consumée par le désir, lui accorde son épreuve. Il n'y faut ni la grâce d'une circonstance héroïque, ni même celle de l'oraison.
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Mais Brécourt pensait à présent que la valeur militaire ne se mesure pas à la grâce du combat. Les âmes des anciens qui l'avaient appelé et mené jusque-là, il ne demandait plus à relever leurs traces, à les accompagner dans la gloire du feu. C'était sans doute pourquoi, et sans s'en rendre compte encore, il avait pu lutter contre les argumentaires du désespoir, résister, continuer à croire. Dès son premier séjour au désert, il avait en effet entrevu la vérité de la vie saharienne dans l'effort, la responsabilité d'un chef seul. L'exil avait mûri dans le même sens ses pensées, tandis que le regret, un amour déjà confirmé, le rappelaient aux lieux de ses premières solitudes. Il lui restait encore, lorsqu'il était reparti de Djanet, et arrivé au Bordj, à s'assurer par une épreuve quotidienne de la possession de sa nouvelle vérité, et à connaître la grandeur du soldat sans armes.
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Une fois de plus, le Tassili avait ouvert au voyageur ses solitudes. Qui avait dit que le Sahara était fini ? Il ne l'était pas plus que le soir du combat de l'Escadron Blanc, lorsque Marçay laissait tomber son mousqueton. Le désert ne mesure pas aux combats son éternité. Il suffit de la marche de trois nomades faisant dégringoler les pierres, et réveillant dans les rochers des tentes invisibles.
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Un Brécourt, au contraire, était porté en sens inverse par son entêtement, sa précoce misanthropie, et par un amour qui, ne fût-il resté aucune solitude pour lui répondre et le justifier, l'eût poussé à des extrêmes insensés pour tâcher de faire la preuve que la foi a toujours le dernier mot contre le doute.
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Était-ce vrai que vient un jour où l'homme avance en âge et, malgré tout son amour, renonce ?
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— C'est ta femme ? lui demande Attalah. Emerveillement pour une vie, Anne-Marie entendit Brécourt dire oui.
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Pourquoi l'histoire d'Attalah ben Cheick, qui allait à l'aube reprendre le désert, emmenant son fils coupable, possédait-elle à ce point l'esprit de Brécourt ? Était-ce, avec la clarté blanche qui glaçait les cimetières mozabites, l'effet de l'approche de l'heure où le nomade sellerait ses montures, l'appel de l'étoile qui le conduirait ? Était-ce la faute de la lettre de Chavannes, et de sa plainte de dépossédé ? Brécourt parlait du cœur d'un Attalah, des anciennes fiertés.
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C'était la fin du Sahara, des deux côtés. les Touaregs d'autrefois avaient oublié les chemins du Hank, faute de guides. Dans ce combat, les Berabers venaient de perdre l'un de leurs deux ou trois derniers guides. Bientôt ils oublieraient la route du Sud, eux aussi, faute d'hommes pour les conduire.
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Marçay fit un effort pour penser à la bataille. La situation était aussi claire qu'au soleil. Sur le cif de la grande dune, à sept kilomètres environ, les éclaireurs du rezzou. Sur les puits de Tadjenout, sur les oglat, le camps des pillards, avec ses sentinelles doubles, son carré d'abris hérissés de carabines à tir rapide.
Sept autres de leur méharas forcés, les Berabers n'avaient pas pu aller plus loin. Mais savaient-ils qu'ils auraient à combattre contre des hommes traqués par la soif ? Contre des hommes, qui, même après la mort de tous leurs chefs, ne fuiraient pas, qu'il faudrait, s'ils étaient vaincus, finir de tuer l'un après l'autre, et qui feraient leurs derniers pas vers les trous d'eau ?
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