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Citations de Joseph Peyré (96)


Marches forcées par des des fonds d'oueds transformés en torrents par les orages, cheminement dans des gorges et des cluses menacées par des éboulis et des falaises rouges, approches à travers des chaos de rochers, escalades de pitons et de crêtes coupés d'embuscades, d'affûts, de combats au couteau, Saïd avait le sentiment de forcer un monde interdit, une montagne sombre, et défendue par des démons. Mais ces démons portaient encore des noms de Berbères, noms étranges et jamais entendus.
p100
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Ce n'est pas le moindre paradoxe de cette guerre que d'y avoir vu une cavalerie berbère charger les redoutes allemandes à la place des chars enlisés dans la boue de neige, et les enlever à la mitraillette.
p215
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Ce garçon, désaxé, exilé dans le Sud, au lieu de le mépriser, n'aurait-il pas dû le soutenir, lui apprendre son métier, le faire accepter par les Chaamba ? la règle des Sahariens ordonne la confiance entre camarades.
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Adghar s'était vidé. Le Kabyle lui-même avait fermé son café maure pour venir assister aux préparatifs de la grande course. La foule inutile des sédentaires, à l'odeur si grasse qu'elle stagne entre les murs de terre comme une huile lourde, des femmes en costumes de fête, raidies par leurs bijoux pesants et leurs volants superposés de soie orange, rose et verte, et laissant derrière elles des pistes de musc et de parfumeries confites, des négresses drapées de bleu, les cheveux tressés sur la nuque en paillassons piqués de coraux et de coquillages, refluait sur la place où le soleil et le fer rouge du sable auraient à pareille heure dû chasser toute vie.
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Le cas d’Henri Troyat est comparable à celui de Joseph Peyré : l’un et l’autre n’ont jamais pratiqué l’alpinisme, mais l’un et l’autre ont écrit des œuvres qui comptent parmi les meilleures de la littérature alpine romanesque.
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Le Matterhorn qui, par-dessus la forêt de mélèzes et d'aroles, l'herbe de l'alpe et les labours gris des glaciers, les avait suivis à distance, surgissant de tant de sites, de tant de lacs jaloux de le capter et d'en garder l'image, la stèle vertigineuse qui commande à la vie et à l'amour des hommes, et aux mouvements des troupeaux, pesait maintenant sur leurs fronts. Le lac Noir en possédait l'ombre. Noire sur le champ éblouissant du couchant, avec sa pureté de gemme froide des soirs de gel où les pierres elles-mêmes se suspendent, saisies, et respectent son silence de nef, la Montagne sacrée, dépouillée de la présence humaine, redevenait le temple de la nuit. Car les cordées attachées tout le long du jour à son flanc, et qu'elle avait voulu souffrir dans la patience, étaient redescendues, retombées autour d'elle comme poussière.
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Taureau noir. Taureau noir,
une Mort à chaque corne,
une Peine dans chaque goutte
de son sang tourmenté.
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Celui qui a connu l'amitié espagnol ne peut plus se passer de sa tendre et rude chaleur.
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S'il n'avait pas plu, le vent aurait eu vite fait de sécher la sueur de fièvre qui se mêlait à la chaleur épanchée de la plaie, la sueur de sang. De sa main gauche, déjà paralysée à demi, le blessé défit la guinée déchirée de son vêtement, afin d'exposer sa chair au souffle de vie. Mais seul, il le savait, le vent natal aurait pu faire le miracle. Le vent des vallées radieuses de sa montagne, des forêts de tamarix, des prairies violettes de krom, des aguilles roses de l'Atakor, de son pays qui ne connaissait pas cette pluie grise, cet étouffement, ces pleurs, et où les bruits du soir étaient des bruits de joie : le coup de feu du chasseur de mouflons, le chant du chamelier, les cloches des troupeaux.
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Jamais l'Ourane n'avait manifesté sa haine pour le marabout. Ainsi les signes qui se multipliaient, présageant les malheurs qui allaient frapper pêle-mêle les éléments disparates et les esprits ennemis de l'Armée, faisaient éclater au jour les hostilités secrètes, les rivalités passionnées qui divisaient ce corps difforme, replâtré par l'apparente unité d'un Djehad sur le sens duquel les hommes n'étaient pas d'accord, et qui allait du pillage à l'acheminement mystique.
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Comment diriger sa marche épuisée ? Où l'Azdjer pillard et ses hommes avaient-ils pu fuir ? Les pâturages étaient abandonnés au feu du ciel. Pas un berger n'apparaissait au bord des oueds. Chaque soir, le Hoggar perdu s'arrêtait et creusait pour la nuit son trou de sable, comme une bête se terre. Bientôt il désespéra de retrouver, sur cette terre où il lui semblait tourner ses pas, l'Iklane qui était la moitié de son corps, celle qui endure les routes infinies. Le nomade vit à la grâce du miracle. Or les eaux se tarissaient. Chaque soir une fatigue grandissante couchait Khyar dans sa fosse, toute pareille aux tombeaux qui boursoufflent ce sol funéraire, et le fantôme de la soif commença à hanter ses nuits.
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Vous êtes plus nombreux que les étoiles de la nuit. Vous n'aurez qu'à paraître devant Djanet. Les deux Français sont seuls comme deux lépreux. Je les ai vus sur la terrasse du Fort, hier matin. Le brigadier a du rentrer. Avec ses yeux perdus, il ne pouvait même plus supporter la lumière. Vous les prendrez sans perdre un homme.
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Le jeune officier se baissa, afin de rattraper les papiers. Mais le commandant l'arrêta de la main. Un Brécourt n'était pas fait pour se plier. Et, à pareil moment, entre eux, les états et les circulaires pouvaient bien filer au vent du diable.
- Laissez-les.
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Qu'on ne se trompe pas sur un Brécourt. S'il est apparu comme un insensé, un homme qui ne voyait pas, et si sa vocation, dans l'autre temps, a fait sourire, c'est que nul ne l'avait compris, sauf celle qui lui est resté vouée.
En vérité, Brécourt, Saharien, a aimé le Sahara comme sa vie. Il n'avait pas besoin qu'on lui ouvrît les yeux. Une lucidité amère l'éclairait, bien avant l'avertissement des hommes. Il n'a ignoré du Sud, ni réalités, ni misères. Mais il avait choisi, décidé de vivre sous sa Croix.
Il a préféré à tout autre pays cette terre de solitude, où il devait, à travers les déceptions, trouver le tête-à-tête avec lui-même, la liberté et la grandeur pour lesquelles il était fait.
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- Et toi, Khyar, pourquoi es-tu parti ? Pourquoi ?… Il faudra que tu me l'expliques… Tu n'expédies pas tes chameaux, toi, chaque nuit, avec tes charges de butin. Et tu sais que tu ne les verras jamais, le Soudan, les méhara, les femmes qu'on t'avait promises. Alors ?
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Le père ne pouvait pas entendre l'escadron des Hoggars qui entonnait son chant de route, voir le peuple qu'il avait rêvé de convertir à la vie familiale et rustique, obéir à l'appel de l'esprit guerrier, et renouveler les chevauchées des cavaliers numides, comme si les siècles n'avaient point passé. Le désert n'était-il pas le même, vierge et cravaché par le vent barbare ?
L'auteur évoque le père Charles de Foucauld.
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Khyar se tut. Les morts se succédaient. Il imaginait le corps doux de Tinirt déchiré par le couteau, souillé de sang noir comme celui de Ben Ahmed sous la clarté de la lune. Et les nuits du jardin d'été d'Adjahil lui apparaissaient aussi mortes que sa jeunesse.
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Le vainqueur ne recevait-il donc plus le prix du sang ? Le Hoggar en exil se sentit victime d'une injustice qu'aucune réparation ne pourrait racheter. Tinirt même, dont il avait pourtant servi sans marchander les volontés, lui manquait au moment où il aurait dû avoir, au moins d'elle, sa récompense. Elle était bien du sang des marchands, des sédentaires avilis. Alors, pour la première fois Khyar regretta de s'être séparé de son peuple, et d'avoir cherché un autre destin. Celui qui a la malheur de s'éloigner de ses tentes languit comme le rameau coupé du figuier et finit par tomber en poussière.
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Le lendemain, le sort était jeté : Khyar entrait dans la guerre. Par quelles promesses la jeune fille l’avait-elle gagné ? Les femmes n’ont jamais laissé un Hoggar insensible. Khyar sellait joyeusement l’Iklane, en fredonnant une vieille chanson de guerre de son clan :
« Filles des tentes, »
« C’est à cause de toi que je pars vers l’Est. »
Il y trouvait un sens nouveau, qui ne s’adressait qu’à lui. Car la fatigue du plaisir courait encore ses os.
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Imitant les mouvements du garde, Khyar fit jouer la baïonnette dépliante, avec la religieuse admiration du Hoggar pour les armes. Au désert, un fusil fait le cœur d’un homme. Il peut être payé le prix d’une vie.
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