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Citations de Jules Champfleury (48)


Qui veut connaître les Turcs? Les voici bien différents de l’idée qu’on s’en est faite. C’est un peuple d’antithèses : braves et poltrons, actifs et paresseux, libertins et dévots, sensuels et durs, recherchés et grossiers sales et propres, conservant dans la même chambre des roses et un chat mort.
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J’ai attendu quinze ans avant d’essayer de donner corps à des notes recueillies lentement ; l’âge et la réflexion m’ont permis d’entreprendre une besogne que je me suis efforcé de rendre aussi scientifique que possible.
De même que les savants archéologues italiens qui prêtaient leur concours à la publication de l’ancien Musée secret du roi de Naples, j’ai jugé indispensable, comme dans mes précédentes publications historiques, d’y joindre un certain nombre d’images.
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La Tour ne manqua pas de panégyristes de son vivant ; mais certains étaient intéressés à faire parade de leur enthousiasme dans ce champ clos où se débattait la réputation du peintre. Un témoignage posthume plus réservé a permis, un siècle après la mort de La Tour, de contrôler jusqu'à un certain point son caractère, sa façon d'agir à la cour et à la ville. En ce sens, ils offrent un réel intérêt les documents manuscrits laissés sur l'artiste par Mariette. Sans doute ces notes sont un peu longues, quelque peu séniles et de mauvaise humeur; mais à la suite d'une instruction, alors que le tribunal attend la vérité d'un débat contradictoire, un témoin disert et prolixe n'apporte pas moins sa part de faits intéressants s'il a été en relations suivies avec l'accusé dont on veut connaître le passé; aussi les écrits de Mariette, considéré comme témoin, restent-ils d'une utilité indéniable dans ce qu'on pourrait appeler la cause La Tour.
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Entre tous les maîtres du XVIIIe siècle, La Tour est particulièrement intéressant en raison des nombreux personnages en vue dont il a reproduit les traits. La Tour a peint les souverains, les financiers, les philosophes de son temps ; il s'est plu surtout à représenter les femmes de la cour, de la bourgeoisie, les femmes de théâtre sous Louis XV, et par là ses crayons sont restés infiniment précieux, l'élément féminin jouant un grand rôle même en histoire.
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Un petit groupe de la nation accuse sans cesse les vingt-cinq millions de Français de ne pas croire au beau ; mais le groupe est trop intelligent pour se faire comprendre des masses, trop restreint pour empêcher et détruire la bande nombreuse des faux artistes, faux savants, faux poètes, faux philosophes, qui passe son temps à distiller du poison et à le faire boire au peuple.
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Pour ces raisons et bien d'autres le pauvre théâtre des Champs-Elysées était presque mort. Une femme cul-de-jatte vint le ranimer un peu. Elle dansait la polka à la porte sur un tabouret, ce qui fût une séduction de curiosité pour les moins curieux.
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J'ai trouvé La Tour payant un tribut à la mémoire de Restout dont il peignait le portrait d'après un autre de lui dont il n'était pas satisfait. Oh ! le beau jeu que je joue à me dit-il, je ne saurai que gagner. Si je réussis, j'aurai l'éloge d'un artiste ; si je ne réussis pas, il me restera celui d'un bon ami. » Il m'avoua qu'il devait infiniment aux conseils de Restout, le seul homme du même talent qui lui ait paru vraiment communicatif; que c'était le peintre qui lui avait appris à faire tourner une tête et à faire circuler l'air entre la figure et le fond, en reflétant le côté éclairé sur le fond et le fond sur le côté ombré ; que soit la faute de Restout, soit la sienne, il avait eu toutes les peines du monde à saisir ce principe malgré sa simplicité : que lorsque le reflet est trop fort ou trop faible, en général, vous ne rendez pas la nature, que vous êtes faible ou dur, et que vous n'êtes plus ni vrai ni harmonieux .
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C'est au bord de la rivière que j'ai surpris un matin mademoiselle Émelina, devant la vieille maison de la marquise, écrivant sur un album qu'elle n'a pas eu le temps de dissimuler à mon arrivée. Je regardais fixement cet album. Mademoiselle Émelina, un peu troublée, se disait qu'à propos de l'album, nous allions livrer un petit combat, et elle n'y était sans doute pas suffisamment préparée, car ele s'est levée subitement, s'est emparée de mon bras, et m'a fait remonter lentement les bords de l'Allier, comme pour nous éloigner des baigneurs qui descendent les sentiers rapides de l'ancien Vichy et ne dépassent guère le tir au pistolet.
A partir de là, les promeneurs deviennent rares, quoique la campagne soit belle et fertile. De grandes prairies vertes, animées par des troupeaux de vaches, conduisent à un endroit solitaire planté de vieux saules tordus, dont les troncs fantasques sont recouverts de chevelures d'un vert pâle. Pour rompre le silence :
- Me permettrez-vous, mademoiselle, de lire dans votre coeur ?
Mademoiselle Émelina m'a regardé d'un singulier regard, à la fois aimable et défiant.
- Mon coeur ! s'est-elle écriée.
- J'entends votre album. L'album d'une femme ne contient-il pas l'expression la plus secrète de son coeur ?
J'essayai de me montrer plus empressé que de coutume.
- Vous êtes si impitoyable pour les femmes ! a répondu mademoiselle Émelina.
- Moi, mademoiselle ! ai-je dit avec le ton de l'étonnement.
- Si j'étais certaine de votre discrétion !
- Pouvez-vous en douter, mademoiselle ?
- Vous me promettez de n'en pas parler à Christine ?
- Faut-il un serment, mademoiselle ?
- Tenez, monsieur, a-t-elle dit en me présentant l'album et en détournant la tête.
C'est avec une sorte de pudeur que mademoiselle Émelina m'a remis la clef de ses pensées. Elle s'était éloignée à quelques pas de moi, paraissant attendre non sans anxiété le jugement que j'allais porter sur ses confidences intimes.
Plein de curiosité, j'ai ouvert l'album à un endroit où trois lignes seules s'étalaient au milieu d'une page blanche :
"L'Amour et l'Amitié qui s'accouplent sont comme deux chevaux attelés en sens inverse; il en naît un sentiment écartelé."
Mademoiselle Émelina me regardait. J'ai pousé un "Ah !" peu compromettant et je suis arrivé à la seconde pensée :
"FEMME doit être le dernier mot d'un mourant et d'un livre."
"Femme"était écrit en gros caractères. La bizarre littérature que celle des Pensées ! Au premier coup d'oeil, ces Pensées paraissent avoir été pensées : en les relisant, on s'aperçoit qu'un certain assemblage de mots est la règle unique qui a présidé à une phrase creuse. Pourquoi "femme" doit être le dernier mot d'un livre ? Il y a plus d'un livre plein d'intérêt où la femme n'apparait pas. Pourquoi encore "femme" doit être le dernier mot d'un mourant ? Les êtres vraiment malades pensent peu aux femmes : j'ai vu mourir quelques hommes dans les hôpitaux, aucun n'avait à la bouche le mot de "femme".
La troisième pensée m'échappe absolument :
"Le Saule est l'Oeil et l'Eau la Larme"
L'oeil de qui ? La larme de quoi ? Il y à là-dessous quelque symbole auquel mademoiselle Émelina doit attacher un sens particulier, à voir les majuscules dont elle s'est plue à décorer ce "Saule", cet "Oeil", cette "Eau", cette "Larme".
J'ai donc passé à une autre pensée :
"Il y a autant de lettres dans Pomme que dans Amour"
- C'est juste, me suis-je écrié en comptant machinalement les lettres sur mes doigts; mais où mène cette belle découverte, qui produirait peut-être quelque effet à la fin d'une comédie du Gymnase ? En disséquant cette pensée et celles qui suivent, toutes sonnent creux, surtout une, touffue et si compliquée, que de la main, j'ai un instant voilé mes yeux pour la méditer attentivement :
"Pas de plus grand vent que l'Amour; pas de feuille plus sèche que le Coeur. L'un souffle sans cesse sur l'autre qui vole toujours."
En feuilletant cet album, où les mots "Amour", "Coeur", "Soupir", "Larme", "Souffrir", Aimer" reviennent dix fois par page, je me suis tenu à quatre pour ne pas écrire une grosse facétie à la suite de ces fadeurs; mais mademoiselle Émelina m'étudiait, cherchant à surprendre les traces de mes impressions. Avec la froideur d'un greffier entrant dans le cachot d'un condamné pour lui lire son arrêt, je suis revenu vers elle. La pauvre fille semblait décontenancée, et j'ai eu pitié d'elle, malgré ses travers de "penseure". Je lui ai même adressé quelques vagues compliments, afin d'obtenir la permission d'emporter l'album.
Si mademoiselle Émelina croit sérieusement à de pareilles billevesées, je tremble pour son avenir. Une femme qui se gargarise l'esprit avec le mot "amour" et le verbe "aimer" est sur une pente dangereuse. A Longpont, mademoiselle Émelina ne se soucie guère de la vie domestique; elle pense tout le jour, hélas ! à ce terrible "amour" qu'elle a analysé tellement sous toutes ses faces qu'elle en est arrivée, Ô la belle découverte, à reconnaître que cinq lettres président à sa formation.
Peut-on guérir mademoiselle Émelina de ces folies, et ne serait-ce pas inutilement tracasser Michel que de lui en parler ? Voilà ce que plus tard je me demandais en feuilletant l'album, qui m'irritait de telle sorte, qu'il me prenait envie de le jeter dans la rivière.
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Quelle prudence ai-je ainsi dépensée depuis mon arrivée pour ne pas me mettre en état d'hostilité permanente avec des femmes de caractères si différents ! A tout propos, les deux soeurs m'appellent comme arbitre dans leurs querelles; mais je me suis réglé sur la conduite de M. Tourangeau, peu soucieux des idées de ses filles. Quand il est présent, un silence absolu de la part des demoiselles règne à table, non pas que le père de Michel soit un tyran domestique, mais il aura fait savoir que les tendances religieuses de mademoiselle Christine le fatiguaient autant que les idées romanesques de mademoiselle Émelina.
M. Tourangeau parle avec un sourire railleur de la femme en général; cependant Michel me dit que son père a confiance dans l'esprit droit de madame Tourangeau, qu'il l'entretient de ses projets, la consulte au besoin et n'en fait pourtant qu'à sa tête.
Caractère singulier que celui du chef de cette famille : ferme, loyal, bon et ouvert; mais sa façon de vivre est bizarre. il se lève, sort, revient pour déjeuner seul, sort encore, ne reparait qu'au dîner, va faire un tour au café, et rentre se coucher de bonne heure. Ce qui se fait et se dit à l'intérieur ne semble guère l'intéresser, quoiqu'il aime sa femme et ses enfants; mais c'est un cerveau sans cesse en travail qui a besoin de grandes fatigues du corps pour rester équilibré, et jamais il ne prend part aux propos de "ses femmes". On cause avec lui, on croit qu'il écoute; tout à coup, il rompt brusquement la conversation par une exclamation inattendue qui a trait à ses propres affaires. Rarement il entre dans les idées d'autrui; seules le préoccupent des combinaisons intérieures dont on saisit les traces sur sa physionomie mobile.
La famille s'est pliée à ces caprices, et les femmes vivent indépendantes au-dedans, pendant que le père s'agite au dehors. Aussi, la plus grande liberté règne de part et d'autre, et les demoiselles ont été élevées par leur mère, qui n'a pu empêcher la nature de les entraîner dans des sentiers si divers.
Au contraire de ses soeurs, Michel a deux qualités parfaitement équilibrées, quoique opposées. Son père lui a transmis son imagination, sa mère sa rectitude d'esprit. Nature impressionnable et calme à la fois, Michel doit à sa mère la droiture et la volonté si nécessaires dans ses études de droit; mais la flamme de son père a passé en lui et nul doute que Michel ne devienne un jour un orateur éloquent. Il parlera pour les autres, le père parle pour lui-même.
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Le verbe aimer est le verbe le plus délicat ; il est bon de ne le conjuguer qu'avec précaution, car il est fragile et se casse pour un rien. M. Loncle l'avait cassé dès le premier jour, il ne le savait pas, et il se servait des morceaux fêlés, croyant l'avoir en entier.
M. Loncle n'était pas un méchant homme, loin de là. Il avait le tort de trop aimer sa femme et de croire que chaque minute doit entendre un : Je vous aime. Il effeuillait la feuille de marguerite toute la journée, et cette innocence, permise aux enfants dans les champs, aux jeunes amoureux qui courent les bois, le rendait ridicule. Ce gros homme de quarante-cinq ans, qui aurait voulu qu'une femme de vingt-deux ans lui répétât qu'elle l'aimait "beaucoup", et même "passionnément", finit par se faire aimer "pas du tout".
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Les meilleurs livres, dit Pascal, sont ceux que chaque lecteur croit qu'il aurait pu faire.
Je prendrai un exemple dans la musique. Pourquoi Weber est-il compris de tout le monde ? Pourquoi le peuple du boulevard comprend-il Robin des Bois ? Parce que, indépendamment du charme puissant de certaines mélodies, l'harmonie est si naturelle, qu'il semble qu'elle ne peut être autre, et que chacun s'Imagine l'avoir trouvée.
Exemple : l'harmonie du chœur des chasseurs.
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La plupart des critiques sont des catalogueurs, des embaumeurs, des empailleurs, rien de plus.
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Peintre sans relief de la fin du XVIIIe siècle, Berthélemy a usurpé la place des frères Le Nain. Tel est l’esprit bourgeois de s’affoler pour un général Foy ou un Berthélemy et de méconnaître l’éloquence toute française d’un Camille Desmoulins ou l’austère bonhomie de peintres tels que les Le Nain. Et je n’accuse pas seulement la province de cette ingratitude envers les personnalités robustes.
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Chaque artiste dont la vie est inéclaircie fournit une sorte de chasse perpétuelle aux curieux. Les Le Nain partagent l'obscurité biographique des Holbein et des Clouet, qui ont donné trois ou quatre grands peintres du même nom par famille ; mais Molière et Shakspeare, sur lesquels il reste peu de renseignements positifs et qui ont laissé seulement des signatures comme les traces les plus matérielles de leurs actes , ne sont-ils pas plus intéressants que si des correspondances nombreuses éclaircissaient leur vie de chaque jour? Sans assimiler les frères Le Nain à ces grands génies , plus d'un trait leur est commun.
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Les bas employés durent s'en réjouir, mais non pas les titulaires des grades supérieurs. Le jeune homme, qui prenait pied au ministère de la justice, apportait des germes d'esprit satirique et mystificateur qui n'avait qu'à se donner carrière. Les bureaux étaient ouverts.
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Henry Monnier fut de cette race qui retraçait sur les murs des palais de la Restauration le profil des soldats delà vieille garde; et comme la France est une personne sentimentale, offrant un certain nombre de rapports avec la femme, la déportation du général à Sainte-Hélène fit oublier les flots de sang des enfants de la nation prodigués pour d'inutiles et aventureuses conquêtes.
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