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Citations de Jules Michelet (228)


Assis au bord de ce grand fleuve poétique du moyen âge, j'y distingue deux sources diverses à la couleur de leurs eaux. Le torrent épique, échappé jadis des profondeurs de la nature païenne, pour traverser l'héroïsme grec et romain, roule mêlé et trouble des eaux du monde confondues. À côté coule plus pur le flot chrétien qui jaillit du pied de la croix.   Deux poésies, deux littératures : l'une chevaleresque, guerrière, amoureuse ; celle-ci est de bonne heure aristocratique, l'autre religieuse et populaire.
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Le caractère commun de toute la race gallique, dit Strabon d'après le philosophe Posidonius, c'est qu'elle est irritable et folle de guerre, prompte au combat ; du reste, simple et sans malignité. Si on les irrite, ils marchent ensemble droit à l'ennemi, et l'attaquent de front, sans s'informer d'autre chose. Aussi, par la ruse, on en vient aisément à bout ; on les attire au combat quand on veut, où l'on veut, peu importent les motifs ; ils sont toujours prêts, n'eussent-ils d'autre arme que leur force et leur audace. Toutefois, par la persuasion, ils se laissent amener sans peine aux choses utiles ; ils sont susceptibles de culture et d'instruction littéraire. Forts de leur haute taille et de leur nombre, ils s'assemblent aisément en grande foule, simples qu'ils sont et spontanés, prenant volontiers en main la cause de celui qu'on opprime. » Tel est le premier regard de la philosophie sur la plus sympathique et la plus perfectible des races humaines.
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Je définis la Révolution, l'avènement de la Loi, la résurrection du Droit, la réaction de la Justice.
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Si l'on voulait entasser ce que chaque nation a dépensé de sang, et d'or, et d'efforts de toute sorte, pour les choses désintéressées qui ne devaient profiter qu'au monde, la pyramide de la France irait montant jusqu'au ciel... et la vôtre, ô nations, toutes tant que vous êtes ici, ah ! La vôtre, l'entassement de vos sacrifices, irait au genou d'un enfant.
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Par devant l'Europe, la France, sachez-le, n'aura jamais qu'un seul nom, inexpiable, qui est son vrai nom éternel: La Révolution.
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" Mesdames, si vous avez un mari, un chat et un amant, le plus sage est de se débarrasser du chat!"
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La politique est l'art d'obtenir de l'argent des riches et des suffrages des pauvres, sous prétexte de les protéger les uns des autres.
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Les plus lointains voyages étaient dès lors faciles. (...) L'homme ailé, devenu condor, aigle, frégate, planant sur la terre ! Ne rions pas trop de nos pères.
[NB : après l'invention de la montgolfière, réjouissance des contemporains et regard critique de Michelet un siècle plus tard.]
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CREDO du XVIII °siècle pp. 501 - 510
L'action universelle. — Diderot.
L’ouvrier naît au XVIIIe siècle, et la machine au XIXe. Notable différence. Les œuvres industrielles, l'ameublement surtout, les arts de décoration intérieure, portent alors l'empreinte vive de la main de l'homme, souvent exquise et délicate, parfois quelque peu indécise, avec certains légers défauts qui ne sont pas sans grâce, indiquant que la vie a passé là, l'émotion, et que l'œuvre en palpite encore.
Les formes convenues du siècle de Louis XIV s'étaient imposées à l'Europe, mais pour les choses qu'on peut dire extérieures : architecture, jardins, costumes officiels. Des arts nouveaux se créent sous la Régence, qui atteignent bien plus le dedans. Ils pénètrent, se glissent, semblent des confidents d'amour et d'amitié. Ils ne méprisent rien, donnent aux menus détails d'intérieur, à cent choses d'utilité (fort grossières sous Louis le Grand) un charme singulier. Toute la vie en est ennoblie. Au plus caché boudoir des princesses étrangères, l'ameublement intime, le négligé d'amour, la vie mystérieuse, tout est création de la France. Ce génie d'industrie, qui sent et prévoit tout, sert les raffinements solitaires et la coquetterie sociale, les goûts de l'intérieur et l'aimable vie de salon.
En ouvrant les recueils des hommes sortis de la Régence, Oppenord, Meissonier, de Cotte 1, etc., on voit qu'ils entrevirent, tentèrent une grande chose : féconder l'art par la nature, marier avec charme les formes si diverses de la végétation et de la vie marine, les feuilles, oiseaux, coquilles ; exploiter mille espèces de fleurs, de coraux (autres fleurs) ; sortir de la pauvreté sèche des trois ou quatre types maussades où s'est tenu le Moyen Âge. Ils en firent des essais, allèrent (on peut le dire) au bord de la Nature. Ils y seraient entrés avec bien plus d'audace si l'Histoire naturelle, maîtrisée par Buffon, n'eût été immobile dans ses descriptions solennelles, si déjà elle eût eu le génie des transformations qui doit un jour changer les arts. Lamarck, Geoffroy, Darwin 2, s'ils étaient nés déjà, auraient ouvert un champ immense au génie de nos Oppenord.
L'art était jusque-là chose d'église, se répétant toujours, ou ridiculement bouffi, aux apothéoses royales, aux plafonds de Versailles. Mais tout à coup voilà qu'il est partout. Il devient social. Il crée une société. Il n'est plus une école ou une académie ; il est un peuple. Un grand peuple sans nom a poussé sous la terre, de fine main, par qui le métier devient art. Il est même juste de dire que le sculpteur, le peintre, ne sont pas alors en progrès. C'est bien plus en ces arts appelés des métiers, que le siècle fleurit de grâce et d'invention.
Notez qu'ici l'ouvrier seul est tout. Il conçoit, exécute. Ce n'est ni Vanloo, ni Boucher qui lui enseignent ces merveilles. Dans son cinquième étage, il est un créateur. Sans secours, sans machine et presque sans outil, il est forcé d'avoir du génie dans les doigts. Que d'efforts, de pensées, de combinaisons solitaires, avant que le chef-d’œuvre aille au bout de l'Europe faire admirer les arts français !
Mais cet ermite du travail, par moments, voit monter à lui un Esprit, qui aime et sent tout, qui pénètre ses habiletés, ses procédés, qui lui trouve une langue pour cent choses innommées, lui explique son art à lui-même. C'est le pantophile Diderot.
Voltaire l'appelle Panto-phile, amant de toute la nature, ou plutôt amoureux de tout.
Il n'est pas moins Pan-urge, l'universel faiseur. C'est un fils d'ouvrier (comme Rousseau, Beaumarchais et tant d'autres). Langres, sa ville, fabrique de bons couteaux et de mauvais tableaux, l'inspire aux métiers et aux arts.
De son troisième nom qui lui va mieux encore, c'est le vrai Prométhée. Il fit plus que des œuvres. Il fit surtout des hommes. Il souffla sur la France, souffla sur l'Allemagne. Celle-ci l'adopta plus que la France encore, par la voix solennelle de Goethe.
Grand spectacle de voir le siècle autour de lui. Tous venaient à la file puiser au puits de feu. Ils y venaient d'argile, ils en sortaient de flamme. Et, chose merveilleuse, c'était la libre flamme de la nature propre à chacun. Il fit jusqu'à ses ennemis, les grandit, les arma de ce qu'ils tournèrent contre lui.
Il faut le voir à l'œuvre, et travaillant pour tous. Aux timides chercheurs, il donnait l'étincelle, et souvent la première idée. Mais l'idée grandiose les effrayait ? Ils avaient peu d'haleine ? Il leur donnait le souffle, l'âme chaude et la vie par torrents. Comment réaliser ! S'il les voyait en peine, de sibylle et prophète, il était tout à coup, pour les tirer de là, ouvrier, maçon, forgeron ; il ne s'arrêtait pas que l'œuvre ne surgît, brusquement ébauchée, devant son auteur stupéfait.
Les plus divers esprits sortirent de Diderot ; d'un de ses essais, Condillac ; d'un mot, Rousseau dans ses premiers débuts. Grimm le suça vingt ans. De son labeur immense et de sa richesse incroyable coula le fleuve trouble, plein de pierres, de graviers, qu'on appelle du nom de Raynal'.
Un torrent révolutionnaire. On peut dire davantage. La Révolution même, son âme, son génie, fût en lui. Si de Rousseau vint Robespierre, « de Diderot jaillit Danton ». (Aug. Comte.)
« Ce qui me reste, c'est ce que j'ai donné. » Ce mot que le Romain généreux dit en expirant, Diderot aussi pouvait le dire. Nul monument achevé n'en reste, mais cet esprit commun, la grande vie qu'il a mise en ce monde, et qui flotte orageuse en ses livres incomplets. Source immense et sans fond. On y puisa cent ans. L'infini reste encore.
Dans l'année même (1746) où Vauvenargues publia ses Essais, ses vues sur l'action, Diderot publia ses Pensées, où il dit un mot admirable. Il demande que Dieu ait sa libre action, qu'il sorte de la captivité des temples et des dogmes, et qu'il se mêle à tout, remette en tout la vie divine :
« Élargissez Dieu !
Combien à ce moment on l'avait étouffé ! Combien indignement on l'avait remplacé, ce Dieu de vie, par la Mort même ! Comme on s'en servait hardiment pour sacrer toute tyrannie, arrêter la science, la recherche des causes, au nom de la Cause première ! On voulait qu'on s'en tînt à ce mot : « Dieu le veut. »
« Qu'est-ce que la Nature ? Adorez, ignorez ! Comprendre, c'est impie. — Qu'est-ce que l'industrie ? la témérité de créer et de faire concurrence à Dieu. — Et la médecine ? Défiance et défaut de résignation, l'acharnement de vivre. Guérir est un péché. »
Ainsi, à chaque pas, obstacle et inertie, un monde obscur, épais, coagulé ; rien ne se meut. Pour y ramener le mouvement, la circulation de la vie, le fluide de la Nature, et ses transformations à travers l'espace et le temps, il fallait écarter le Dieu faux d'inertie — affranchir le Dieu mouvement.
Après la longue mort des trente années dernières du règne de Louis XIV, il y eut un réveil violent de toutes les énergies cachées. Dieu s'élargit, on peut le dire, il s'échappa. La vie parut partout. Des lettres aux arts, des arts à la Nature tout s'anima, tout devint force vive. Il n'y eut plus personne de mort. Tous les êtres voulurent monter.
Du plus profond abîme, les madrépores eux-mêmes, les coraux réclamèrent, dirent qu'ils n'étaient pas simples fleurs, mais de vrais animaux. Les plantes à leur tour, autant que l'animal, dirent aimer et avoir des sexes.
Les insectes (par Réaumur 3) prouvèrent qu'ils étaient ouvriers, de merveilleux industriels, qui se faisaient chacun des outils pour son art.
Ainsi la nature tout entière, devant l'Industrie qui naissait, dit qu'elle aussi elle était industrie, un créateur laborieux. Notre Maillet`*, qui vécut en Égypte, vit, dans la matrice du Nil, surgir l'animal (non oisif), mais persévérant ouvrier, qui va se fabriquant, va montant dans l'échelle de la métamorphose, se diversifiant, tendant vers chaque espèce, selon qu'il développe tel organe ou telle fonction.
Pure machine au temps de Descartes, l'animal s'émancipe au XVIII e siècle, devient animal vrai, une force animée et active, qui se crée, et qui a sa part du Créateur... Et Dieu n'en rougit pas. Animer tous ces simples, ces innocents, pour lui, c'est s'élargir, reprendre sa libre action et rentrer dans la vie divine dont les prêtres et les sophistes, ces impies, l'avaient exilé.
Le vertige me vient à regarder la scène prodigieuse de tant d'êtres, hier morts, aujourd'hui si vivants, créateurs... Cela est beau, grand ! Dieu partout !
Démocratie immense !... Plus la compression monarchique du Dieu de fer du Moyen Âge fut exagérée jusqu'ici, plus aussi elles brûlent, ces forces délivrées, d'avoir tout leur ressort, de se détendre enfin, de vivre de la vie républicaine. Diderot, leur organe, a un respect si tendre des moindres libertés, des petites activités, qu'il craint de les gêner par un cadre trop fort. Il les relie sans les serrer, les laisse vigoureusement s'épandre en ses systèmes. Il ne les contraint pas, s'efface. — ,Au système du monde, il agit tout à fait de même. Le grand Auteur à peine y paraît. Il n'est pas nié, mais écarté, ajourné ou voilé.
Ah ! l'amour contredit l'amour, et il a en lui son obstacle !
Qui aime à ce point toute chose — par l'amour de la vie locale — perdra le sentiment de l'Unité centrale.
En douant chaque être d'une âme et d'un esprit divin, y mettant Dieu, on a peine à garder l'harmonie supérieure et la haute Unité d'amour qui liait toute chose.
Cela est triste... Le monde en devient sombre. Quel éparpillement de la vie !...
Si l'animal s'élève dans l'échelle des êtres, selon qu'il est centralisé, en montant des mollusques à l'homme — hélas ! L’animal monde, s'il n'est centralisé dans l'unité divine, de quelle chute profonde va-t-il tomber, cher Diderot !
Ses Pensées sont brûlées (1746). — Sa Lettre sur les aveugles (1749) le fait mettre à Vincennes. Regardons-le sur ce donjon.
De là la vue est grande sur la plaine, la Seine et Paris, sur Notre-Dame et la Bastille. Que d'hommes ont regardé du haut de cette tour, malgré la hauteur ! Retz, Condé,
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D'où date la Sorcière ? je dis sans hésiter : « Des temps du désespoir. »
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Au bord, on voit l'arolle, dans sa plus grande taille, dans sa complète vie, intacte, inaltérée. Aux pentes abritées, on l'a vu languissant, surchargé de lichens. Ici au grand combat et sous les vents terribles, il quitte ce triste vêtement. Nu, comme un bon lutteur, empoignant le roc nu des ses fortes racines, il attend l'avalanche, indomptable et superbe, dressant ses bras vainqueurs, et dans ces lieux de mort, protestant, témoignant de l'éternelle vie.
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Trois petits lacs très verts, encadrés de mélèzes et réfléchissant leur image, semblaient gais au soleil, malgré le sérieux des sommets qui les dominent.
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Entre tous les chemins, je préfère les grandes voies historiques où l'humanité a passé.
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L'amour est obscurité, surtout aux moments créateurs. Même en ses rêves les plus doux, il est mêlé constamment de deux éléments qui se croisent, alternent ou se confondent, le fatal et le volontaire.
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Dans le sable, c'est le bouleau, le tremble, toujours en mouvement, dont le pâle feuillage nuance de sa mélancolie l'uniforme gaieté du hêtre.
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L'action, pour qui a gardé l'âme entière, est un besoin croissant, pressant, impérieux.
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Les austères Pyrénées ne sourient qu'une fois, au point central d'où part l'aimable fleuve, un peu fantasque, la Garonne, c'est un fleuve à surprises.
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Les Pyrénées, filles du feu, n'ont pas la jeunesse des Alpes, n'ont pas leurs abondantes eaux. Elles sont riches de métaux, de marbres, d'eaux chaudes, vivantes, vivifiantes. Elles sont riches surtout de lumière.
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Entre les belles choses du monde, deux sont accomplies, sans pair. Au lac de Genève, le beau, la noble et grande harmonie. Le sublime au lac de Lucerne.
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Les lourds nuages de l'âme s'envolent sur ces hauteurs, ils s'en vont à la grande mer flottante de ceux que je vois errer sur notre vis-à-vis, sur ces cirques fantastiques qui simulent des personnes, aux aiguilles de Varens, sur les pointes du Montjoye.
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