Citations de Julia de Funès (64)
Le coaching est à la psychanalyse ce que l'homéopathie est à la médecine.
Si on désir son propre désir, si on veut sa propre volonté, on persévère et on s’accomplit dans son être.
Toute négativité doit impérativement se liquéfier dans une société emplie de moralisation béate. Pour les malheureux, les tristes et les désespérés, inutile de râler, de pleurer, de s'effondrer, de vociférer, de critiquer, de se désolidariser de la masse heureuse, mieux vaut-il se faire… suivre (trop inquiétant et psychiatrique), aider (trop faible et inégalitaire), ou accompagner (plus positif et égalitariste, c’est donc ce mot qu’il conviendra d’adopter aujourd’hui en France)
En réalité, nous pourrions, à l’instar de Spinoza et à l’inverse des chantres du développement personnel, penser que nous ne voulons pas librement, mais que la raison ne fait que justifier certains de nos penchants. Les auteurs en question n’envisagent pas un instant que l’homme puisse être originellement asservi dans ses décisions.
La manipulation consiste à faire croire aux lecteurs ou aux clients qu’il s’agit de se libérer alors même qu’il s’agit de se régler, de se discipliner, volontairement et avec pugnacité. C’est une invitation à la servitude.
Seule la lourdeur des chaînes peut nous enseigner la légèreté du pas. La répétition, le besoin temporaire de se fermer à tout autre intérêt, la nécessité de se soumettre à des règles strictes, arbitraires, et de répéter inlassablement les mêmes procédures, aussi idiotes soient-elles, est la condition de l'excellence.
Apprendre une technique, c'est apprendre à maîtriser les moyens de, à progresser sur la manière de… Toute technique se réduit à la formule « si… alors », « si vous voulez faire ceci, alors employez tel ou tel moyen », peu importent les fins, seule compte la maîtrise des moyens.
"Mon opinion est qu'il faut se prêter à autrui, et ne se donner qu'a soi même" de Montaigne
Trop souvent nous confondons l’identité avec notre manière de nous vêtir,de posséder des objets, de nous accessoiriser. Les objets agiraient comme des assises identitaires en nous procurant un style. […] L’erreur n’est pas de vouloir posséder des objets, mais de croire que notre identité dépend d’eux.
Stendhal oppose le " naturel " à la " vanité ". Il y a les " vaniteux " pour qui priment les conventions sociales et les " authentiques " pour qui prime la passion. Passion pour un être, passion pour une activité : peu importe l'objet ou le sujet de la passion. La vanité revient à privilégier l'image de soi plutôt que son être véritable, l'apparence plutôt que l'essence, et pousse à vivre en fonction du regard, des attentes et des opinions d'autrui. ( p 148 / 149 )
Si je vous parle du Selfie, qui peut sembler une réalité moins liée à l'entreprise, moisn managériale que sociale, c'est qu'il est devenu un outil de communication interne à part entière.
Si les hommes peuvent volontairement s’aliéner, c’est que leur esprit a été dénaturé. Ils ont perdu la lucidité et la raison qui étaient les privilèges de l’esprit. Si l’esprit des individus peut se dénaturer, c’est parce qu’ils se sont laissé « abâtardir2 » et « abêtir3 ».
Mieux vaut rompre avec les habitudes consistant à extérioriser et séquencer le flux des états de conscience, car le plus grand malheur de l’homme ne vient pas des souffrances, qu’on peut toujours soulager par un médicament ou par le temps, mais provient du malheur d’être coupé de soi-même.
Est-ce qu’une prise de conscience du négatif amène nécessairement au positif ? Est-ce qu’il suffit de voir le bien pour le faire ou de voir le mal pour l’éviter ? Ces raisonnements le présupposent, mais ce présupposé reste contestable. En effet, les auteurs et les coachs font de la volonté une flèche de causalité qui irait des éléments mentaux aux éléments physiques. En posant la volonté comme pouvoir absolu et solution au problème de l’épanouissement, ils ne prennent pas en considération la question de l’agent et celle de l’écologie de l’action.
Le développement personnel et sa horde de desservants épanouis ont évincé Hegel et Freud. Nous devons nager dans une harmonie radieuse. La béatitude est sur pilotage automatique. Nous voilà propulsés dans la « pensée positive », qui positive plus qu’elle ne pense. C’est le non-esprit du temps.
L'identité que la selfeuse se construit selon un idéal esthétique est certes celui de son imaginaire, mais un imaginaire standardisé : la femme glamour, la maman épanouie à la campagne, la mère comblée, toute la panoplie des grands standards.
Vivre le présent de telle sorte qu'on souhaite son éternel retour, permet de s'assurer de le vivre de manière affirmative, choisie, voulue, libre. Choisir c'est affirmer, et affirmer c'est devenir la cause adéquate de sa vie et de ses choix.
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Nous partons tous de cette condition biologique première, mais les directions qui s’offrent à chacun d’entre nous sont multiples et toutes possibles. Le sexe biologique pensé comme une identité en fait un déterminisme sexiste. Le sexe biologique pensé sans identité ouvre les possibles et autorise les libertés.
- j'aurai voulu être quelqu'un d'autre, j'aurai voulu être moi-même. (Émile Ajar)
Passer du temps mathématique, stressant et anxiogène à quelques gouttes apaisantes de liqueur d'éternité suppose moins de "gérer" son temps que de l'apprivoiser, moins de l'intellectualiser que de le vivre pleinement, moins de le compter que de compter sur lui.