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Citations de Julie Ewa (90)


Depuis des millénaires, les Chinois pensent que les hommes ont plus de valeur que les femmes. Surtout, un fils perpétue la lignée, il restera auprès de ses parents et prendra en charge leurs vieux jours . A l'inverse, les filles mariées s'en vont vivre avec leur belle-famille.
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Mais aux yeux de Pan-Pan Gong, Zhen avait brisé ce bonheur. Elle avait martyrisé Xia, au point de la pousser au suicide. Tous les jours elle l'insultait, tous les jours elle l'enfonçait plus bas que terre. Elle clamait qu'une bonne épouse devait mettre au monde un fils, sinon elle ne méritait pas de vivre. Xia était fragile et très influençable. Elle n'avait pas eu de chance : cinq petites filles étaient sorties de son ventre. Zhen en avait vendu deux, et elle avait tué les trois autres.
Rongée par la culpabilité, elle s'était mise à bercer d'invisibles bébés qui lui torturaient l'esprit. Un matin du mois de janvier 1996, Xia s'était donné la mort.
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Maître Yao-Shi dit qu'en chacun de nous, il y a un Bouddha qui dort … Il est plein de joie et plein d'amour mais il se cache à l'intérieur de notre cœur.
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Un fatras d'émotions [l']envahit. Il n'y croyait pas. [Elle] était jeune, si jeune. Pourquoi s'en aller maintenant ?
Après des années de pratique bouddhiste, le moine était convaincu que la mort n'était pas une fin. Tout était impermanent. Nous venions de quelque part et nous y retournions. Une simple continuation. Entre deux renaissances, la vie était un voyage, une aventure, avec pour unique bagage le fruit de notre karma. Celui qui comprenait ce processus n'avait pas de raison de s'inquiéter. Dans ce cas, pourquoi souffrait-il ?
(p. 425)
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« Il vaut mieux un fils infirme que huit filles valides », prônait le dicton. Des sottises... Avec [son fils] Pan-Pan, ni descendance ni 'assurance-vie'. Personne ne veillerait sur ce qui lui restait de vieux jours.
« Tout est de la faute des Occidentaux ! Maudits 'yangguizi' ! »
Elle en avait fait les boucs émissaires de ses nombreux malheurs. Pan-Pan serait-il malade s'il n'avait pas fabriqué des jeans pour ces satanés Américains ? Quand son épouse était décédée, Pan-Pan était devenu 'mingong' (1). Pendant seize ans, le pauvre homme avait dormi dans un piteux dortoir avec d'autres migrants et trimé plus de soixante-dix heures par semaine pour une paye mensuelle de mille yuans (2). Certes, c'était dix fois plus qu'un salaire de paysan, dans les années 1990... Mais pour une telle somme, il avait inhalé des nuages de poussière, ravageant peu à peu les alvéoles de ses poumons. Le sablage industriel l'avait rendu malade.
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(1) 'Paysan-ouvrier'. En Chine, beaucoup de paysans désertent la campagne et partent chercher une emploi d'ouvrier, souvent en usine, afin de nourri leurs proches, restés au village.
(2) Environ 120 euros.
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(p. 308-309)
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Les rêves de Dea étaient peuplés de brebis, ce qui était plutôt étrange dans la mesure où elle n'en avait jamais vu de sa vie. Sur un fond d'arc-en-ciel étincelant comme une étoile, les petits êtres chétifs gambadaient sur des nuages, encouragés par les chants bibliques d'une poignée d'anges à plumes. Sans doute que la bonne soeur avait une part de responsabilité dans ces songes farfelus. A longueur de journée, elle ne cessait de répéter que les brebis égarées seraient sauvées par le Seigneur, car "Jésus est un agneau de Dieu qui enlève le péché du monde". Le plus surprenant était cette manie cannibale consistant à manger son "corps" à la messe. Si Jésus était le sauveur de l'humanité, Dea n'avait pas envie de manger un bout de lui.
( Dea vient d'être conduite dans un orphelinat catholique...)
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Le cœur de Yao-Shi se serra en pensant aux râvages de la Révolution culturelle. Au milieu des années 60 Mao Zedong avait semé les prémisses de la fameuse indifférence chinoise. Pourquoi aider les autres? Les autres ne nous aideront jamais.
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-Madame Dai, où est le bébé?
...
-Ce n'était pas un bébé, juste une fille.
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Pour se débarrasser rapidement du bidonville, la municipalité avait suspendu la collecte des déchets afin que l'hygiène se dégrade et menace la sécurité des occupants. Dans ces conditions, le maire était en droit de planifier une expulsion sans l'accord du tribunal, pour « mettre fin à l'imminence du péril ». En d'autres mots, il s'agissait d'un habile stratagème pour court-circuiter la justice.
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[Ils] avaient posé leurs valises sur un 'platz' en marge de la ville spécialement conçu pour les Roms. Les 'gadjé' l'appelaient 'village d'insertion' mais ce n'était pas vraiment un village : un grillage enclavait les lieux gardés 24h/24 par un vigile. Malgré tout, Simona et sa famille avaient un toit : la tôle brûlante du container aménagé de 14 m2 comme on en trouve sur certains chantiers de construction. Comparé aux belles maisons que construisaient certains Roms en Roumanie, le confort était sommaire, mais Simona vivait pour la première fois dans un logement avec une kitchenette et des sanitaires, le tout pour une participation financière symbolique de trente euros par mois.
(...)
Tous les matins avait lieu le même rituel : Cristi et d'autres Roms du platz s'en allaient en centre-ville pour construire quelque chose qui s'appelait 'le projet professionnel'. Pendant ce temps, les enfants du terrain s'adonnaient à des activités 'pédagogiques' avec des 'éducateurs'. L'après-midi, c'était au tour de Simona de remplir sa part du contrat en suivant les cours intensifs de français dispensés par une formatrice roumaine.
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Dans ces villages miséreux, ne pas avoir de fils ou de petits-fils était plus grave que de ne pas avoir de maison ou de terre.
Xinran
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Le vide l'aspirait et il lui prenait l'envie de se jeter dans les airs pour survoler les rizières. "Le syndrome de Mary Poppins", s'amusa-t-elle en poursuivant sa route.
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Depuis qu'il avait réalisé que les Roms d'ici [en France] n'avaient ni travail ni maison, il était en proie au désagréable sentiment qu'il s'était nourri d'illusions au sujet de ce pays.
Il savait qui l'avait trompé… A Fara Vitor [en Roumanie], le Camatar* racontait à qui voulait l'entendre que les Roms étaient plus heureux en France. […] Par contre, Djino avait du mal à comprendre pourquoi sa sœur avait manqué d'honnêteté. Les rares fois où il lui avait parlé au téléphone, elle avait toujours mis en avant les bons côtés de leur nouvelle vie, en omettant de décrire dans quelles conditions sa famille vivait. Était-ce par honte ou essayait-elle de se convaincre qu'elle avait eu raison de quitter la Roumanie ?
(p. 33)

* prêteur pour le paiement des trajets vers d'autres pays
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(…) la population tsigane ne constituait pas un groupe homogène. Elle s'était fragmentée au fil de ses déplacements puis recomposée en différents lieux et à différentes périodes. Par conséquent, il existait d'énormes différences culturelles et plus d'une quinzaine de variantes de la langue romani. A Romano Pero cohabitaient plusieurs communautés issues de diverses nationalités : des Kosovars, des Serbes, des Roumains, des Bulgares, des Hongrois. Parmi eux, certains se détestaient sans même essayer d'apprendre à se connaître.
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Il avait de très beaux yeux, gris avec des reflets marron. En ville, Sun avait entendu dire qu'il existait des yeux encore plus beaux en Occident : des bleus, des verts, aussi ronds que des soleils. Une dame lui avait raconté que beaucoup d'Européens avaient les cheveux jaunes... Sun n'en avait jamais vu, mais elle se méfiait des 'da bizi'*. Personne n'aimait leurs bras poilus et leurs longs nez.
(p. 45)
* en mandarin, ce mot désigne les étrangers, mais signifie littéralement 'long nez'.
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[…] Ses parents avaient passé leur jeunesse à parcourir les routes de la Roumanie dans une roulotte qu'ils avaient eux-mêmes rénovée. Pour subvenir à leurs besoins, sa mère 'drabarni' lisait l'avenir aux gadjé et son père jouait de l'accordéon sur les places du village. L'arrivée de Ceaușescu [1965] avait bouleversé leur quotidien : 90% des Roms nomades avaient été sédentarisés de force, poussés à adopter le même mode de vie que les Roumains. Ainsi sa mère avait cessé de dire la bonne aventure et son père avait été enrôlé dans un kolkhoze.
La suite, Lina l'avait déjà lue sur internet : les tentatives d'assimilation avaient en grande partie échoué et le racisme comme le chômage étaient montés en flèche à la fin de la dictature [1990]. Libérés de la censure étatique, les médias avaient diabolisé les Tsiganes en brandissant la notion de 'communauté racialement criminogène'.
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Pourtant, 'expulser' les Roms ne faisait pas partie de ses attributions. Au contraire : sa fiche de poste mettait en avant un travail d'intégration et d'aide sociale. Claudette [adjointe du maire] s'en serait bien contentée si un tournant n'avait pas eu lieu en 2007, quand la Bulgarie et la Roumanie avaient rejoint l'Union européenne. En France, les Roms issus de ces pays avaient changé de statut. Ils étaient passés du rang de migrants illégaux à celui de citoyens européens autorisés à circuler librement en Europe. Depuis le 1er janvier 2007, les autorités n'étaient plus en mesure de les reconduire à la frontière pour les réexpédier dans leur pays…
Pour les pouvoirs publics, ce changement avait été problématique. Les bidonvilles, la mendicité, cette misère qui s'exhibe aux quatre coins des rues nuisait gravement à l'image d'une ville, surtout pendant la saison touristique. Pour éviter de perdre de potentiels vacanciers - ainsi que les voix électorales les plus à droite - il fallait donc limiter la présence des Roms tout en préservant une bonne réputation.
A Bugrassot, c'était Claudette Bourdon qui s'était vu attribuer le mauvais rôle. Aidée de la police municipale, elle sélectionnait les familles 'à intégrer' et celles qui n'auraient pas de place ici. Or un des moyens les plus simples quand on ne peut pas renvoyer légalement quelqu'un dans son pays est de l'inciter à partir… Le harcèlement et l'intimidation étaient assez efficaces.
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Parmi cette pléthore d’images capitalistes se glissaient de temps en temps la faucille et le marteau, comme un sceau d’approbation à ce qu’on surnommait ici l’« économie socialiste de marché ». Le pays s’enrichissait à défaut de se démocratiser. Les Chinois avaient le goût des paradoxes.
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Lorsque le coeur saignait de détresse, la mémoire offrait un doux baume pour cautériser les plaies. Pourtant, dans les périodes les plus sombres, rares étaient les souvenirs qui stoppaient l'hémorragie.
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Le but du jeu est de le réveiller ! Nous devons réveiller notre Bouddha ! Maître Yao-Shi m’a donné le secret : à chaque fois que nous rencontrons un obstacle, nous devons écouter notre cœur, car alors il bat plus fort, et Bouddha est tiré de son sommeil.
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