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Citations de Julie Ruocco (162)


Cet horizon de gravats avait permis à d’étranges drapeaux de pousser dans la nuit. Comme si, à force de labourer la terre pour y planter des cadavres, le régime de Bachar avait fait de son pays un terreau parfait pour la fin du monde. C’est là que les hommes en noir, pour beaucoup avec des accents étrangers, étaient arrivés. En plus de leurs armes flambant neuves et de leur barbe sale, ils avaient emmené un dieu sauvage que l’on connaissait mal. Rapidement, ils s’étaient approprié tout ce qu’il restait. Leurs pensées cannibales avaient été édictées en lois et comme si l’horreur passée ne suffisait pas, ils avaient recouvert les crimes de l’État avec les leurs.
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Peu à peu, la révolution s’était faite résistance. La résistance s’était armée. Quand il y repensait, c’était logique. Celles et ceux qui avaient milité pour des actions symboliques et pacifiques avaient été les premiers exécutés.
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Elle aimait creuser. En tant que déracinée, elle nourrissait une étrange rancune à l'égard de la terre.
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«  Elle était restée figée. Ce n’était pas seulement une ville qui tombait , des cohortes fanatiques se dressaient du fond des âges pour en finir avec la civilisation, pour anéantir tout ce en quoi elle et son père croyaient. Les scènes tournaient en boucle … »
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Elle avait toujours fui les foules, craint les groupes et leur besoin de chef, leur fureur aussi, contre ceux qui n’en voulaient pas. Elle sentait qu’il y avait dans leur obéissance aveugle quelque chose qui entrouvre les cercueils. Toutes les haines, même les plus anodines, peuvent être transfigurées par le nombre. Le sens de la mesure se dissout dans la masse. C’était peut-être ce qu’ils recherchaient au fond, celles et ceux qui avaient quitté leur pays pour un territoire en guerre ? Il n’y avait pas de dieu là-bas, seulement la soumission avide et la fascination pour l’ordre donné. Quoi de plus pratique qu’un commandement divin pour abdiquer sa volonté ? Il y en avait toujours pour qui le joug de la liberté était trop lourd. Alors ils venaient grossir les foules qui rêvent d’exécutions et jouissent derrière leurs dogmes trop serrés. Ils étaient heureux d’obéir à nouveau, les discours des prédicateurs devaient avoir pour eux le parfum des fleurs volées dans les cimetières. Bérénice se disait que la barbarie n’exigeait rien de plus. C’était pour cela que le vivier des tueurs, passifs ou volontaires, était sans fond. Il ne fallait que la participation de quelques-uns et la peur de tous les autres.
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Est-ce que l'on pouvait faire une moyenne de tous les corps calcinés, battus, écrasés, fusillés, égorgés, pendus ? Combien de morts par minute ? Pendant combien de temps ? Combien fallait-il de jours pour venir à bout d'un peuple ? D'un pays ? Cinq ans ? Dix ans ? Une, deux générations ? Encore combien de morts jusqu'à la fin ?
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- C'est faux de penser que la guerre est un moment que l'on peut saisir entre deux dates et défaire par un traité. En tant que femmes, nous sommes bien placées pour savoir qu'elle n'a jamais cessé. On a cru parfois avoir refermé ses portes, enterré ses armes mais elle a continué de se perpétuer au-delà de nous, chaque heure, chaque minute. Car même si les hommes peuvent promulguer la paix et le commerce entre eux, pour les femmes et la nature, il n'y a jamais eu de trêve.
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Le bruit de la terre que l'on jette sur les corps. De tous les bruits de la guerre, c'est celui qui lui semblait le plus irréel. Peut-être parce qu'enterrer les morts, c'était la seule chose qui restait à faire quand tout se taisait autour d'eux.
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Entre deux catastrophes, ceux avec qui il travaillait encore se réunissaient pour parler. Ils parlaient comme ils avaient appris à le faire ici, par déviation, par images. Ils parlaient de la périphérie des choses, du vide avec toujours les mêmes mots, même silences codifiés.
( p.68)
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Après tout, l'école nous enseigne le langage de l'histoire mais le monde parle le jargon de l'entreprise. On se rêve sauveur, le temps passe, on grandit et on n'est rien. Alors on change, on sent la flamme vaciller. On a peur qu'elle étouffe, on a peur de se perdre. Les rêves sont restés les mêmes, il n'y a que leurs contours qui se durcissent.
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«  S’il existe un gouvernement bête fauve, il doit être traité en bête fauve » …

VICTOR HUGO ‘
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À Idlib, l'armée avait torturé des étudiants qui avaient lancé des balles de ping-pong avec le mot liberté écrit dessus. Les balles avaient roulé jusqu'au palais présidentiel et les gardes avaient passé la journée pliés en deux pour toutes les récupérer. Le ridicule, il n'y a pas pire pour une armée. Les représailles avaient été terribles.
(p. 49-50)
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«  Ceux qui avaient grandi à l’ombre des absents et des humiliations découvraient des mots «  inconnus » .
Les mots «  Justice et Dignité » .
Et les rues s’étaient remplies de voix nouvelles . Des décennies de forces inemployées déferlaient sur les places à la recherche d’un horizon neuf » …
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Il se souvenait. Partout ça avait été une grande clameur. Une énergie foudroyante et contagieuse à la fois s'était emparée de tout le pays. Comme un feu qui prend dans une forêt que l'on a asséchée trop longtemps. Toutes les consciences s'étaient réveillées n même temps. Femmes et hommes avaient relevé la tête au son de la même musique. Un rythme imperceptible d'abord, comme un froissement d'ailes, un murmure d'enfant perdu dans la foule. Et puis, ça avait enflé comme une vague, claqué dans l'air comme un tambour. Pour la première fois, ils avaient osé se regarder et ils étaient sorties pour laver une vie d'injures et de crachats.(p45)
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Il parlait de leur combat avec des mots forts et oubliés. Des mots comme "camarade" ou "égalité '. Des mots que Bérénice avait lu autrefois mais n'avait jamais entendu prononcer avec autant de force et d'urgence.
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«  «  On vit dans un monde de coïncidences . Un homme et une balle qui se rencontrent , c’est une coïncidence » …
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La jeune femme pressentait seulement que l’amour de son père lui avait donné l’instinct de la lumière et de l’estime pour tout ce qui vit. Elle avait toujours fui les foules, craint les groupes et leur besoin de chef, leur fureur aussi contre ceux qui n’en voulaient pas. Elle sentait qu’il y avait dans leur obéissance aveugle quelque chose qui entrouvre les cercueils. Toutes les haines, même les plus anodines, peuvent être transfigurées par le nombre. C’était peut-être ce qu’ils recherchaient au fond, celles et ceux qui avaient quitté leur pays pour un territoire en guerre ? Il n’y avait pas de dieu là-bas, la soumission avide et la fascination pour l’ordre donné. Quoi de plus pratique qu’un commandement divin pour abdiquer sa volonté ? Il y en avait toujours pour qui le joug de la liberté était trop lourd. Alors ils venaient grossir les foules qui rêvent d’exécutions et jouissent derrière leurs dogmes trop serrés. Ils étaient heureux d’obéir à nouveau, les discours des prédicateurs devaient avoir pour eux le parfum des fleurs volées dans les cimetières. Bérénice se disait que la barbarie n’exigeait rien de plus. C’était pour cela que le vivier des tueurs, passifs ou volontaires, était sans fond. Il ne fallait que la participation de quelques-uns et la peur de tous les autres.
(p. 193)
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Ce sentiment curieux pour un homme d'avoir une soeur, Asim en était rempli. La joie presque animale qu'il prenait à reconnaître le sang qui palpitait bien vivant dans ses veines, de savoir qu'il le partageait, qu'il était sien sans qu'il le possède. Toutes ces années, il s'était contenté de la veiller. Pas comme les autres. Ceux qui enferment, chiffrent les réputations et négocient l'honneur. Ceux-là n'ont pas de soeurs, à peine des servantes. Asim, lui, tenait de son père la sagesse secrète, la certitude que ceux qui réclament l'obéissance des femmes ne mériteraient jamais leur amour. C'était le seul cadeau qu'il lui avait fait avant de disparaître et il lui en était reconnaissant.
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si les Syriens ont des raisons de se révolter contre la dictature,
sois certain que les Syriennes en ont dix fois plus !
Nous marcherons dans la rue avec ou sans vous.
Et elles avaient marché
p 66
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Mais il avait fallu que la ville entière pue la charogne et que les égorgements soient mis en scène et filmés pour que les Occidentaux s'intéressent de nouveau à la région. À causée des morts chez eux et des attentats en Europe, c'était un collègue qui lui avait dit ça.
- Ils sont venus pour voir notre sang mais où étaient-ils quand ils pouvaient partager notre joie, empêcher l'enfer de se déchaîner ?
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