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Citations de Julie Ruocco (162)


Nuit après nuit, elle s'était rendue inaccessible à l'insulte. Et chaque aventure la lavait des crachats et mensonges que l'on impose aux femmes. C'était une conquête nécessaire et impérieuse, sans phrase ni remords. Elle était riche du sens gratuit de la chair, forte de la connaissance qui arme contre la boue des mots et des regards.
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Les charniers seront pleins de points d'interrogation et les vivants seront des silhouettes ponctuées de silences et de cicatrices.
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Passé le premier moment de la révélation et du courage, la guerre se faisait puissance d'inversion. Elle transformait les médecins en bourreaux, les vieux en enfants apeurés et les enfants en vieillards nerveux.
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Elle avait gardé de sa formation d'archéologue l'habitude d'établir une relation entre le fragmentaire et le total, de comprendre à quel moment l'anecdote rejoignait l'universel et comment le chemin allait de l'une à l'autre. A la différence qu'aujourd'hui sa matière était vivante.
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Elle avait toujours fui les foules, craint les groupes et leur besoin de chef, leur fureur aussi, contre ceux qui n’en voulaient pas. Elle sentait qu’il y avait dans leur obéissance aveugle quelque chose qui entrouvre les cercueils. Toutes les haines, même les plus anodines, peuvent être transfigurées par le nombre. Le sens de la mesure se dissout dans la masse.
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Nous y arriverons, tu m'entends ? Parce que notre courage n'est pas celui des vainqueurs, il est celui des renaissances.
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La petite avait crayonné des étoiles en plein jour, comme un fond de nuit autour du soleil jaune.
La jeune femme sourit brièvement à la fantaisie.
Les yeux de Bérénice s'attardèrent sur quelques tâches rouges à côté de silhouettes noires.
Des corps allongés.
Au-dessus d'eux, il y avait des têtes sans visage avec, dans les mains des objets lourds.
Un massacre peint par une main d'enfant.
page 258
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Des deux enfants, ce n'avait jamais été lui, le sage. Lui était ne poyr vivre et être heureux. Ses besoins étaient simples. Aider ceux qu'il pouvait lui avait toujours suffi. Elle, en revanche savait penser. Elle voyait loin, pas seulement pour elle, mais pour les autres aussi. Elle avait grandi en fixant un autre horizon, regardé un ciel plus grand,crespure un air plus vaste. Elke savait quand se révolter et pourquoi, elle savait aussi qui consoler et comment.
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Décidément, elle n'avait jamais été une archéologue mais une voleuse. Rien qu'une profanatrice qui déplaçait les objets d'un monde à l'autre.
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Jusqu’où pouvait aller la mémoire humaine ? Où commençait sa part d’oubli ? Y avait-il des limites collectives que l’esprit pouvait faire céder ? A quel prix ? Toutes ces questions n’appelaient plus de réponses. Assim n’en avait plus besoin. Il allait de ruines en ruines avec à la main un cahier défait. Il notait, traçait des chiffres sur les façades des murs écroulés, parfois avec des grosses lettres de cancre, parfois avec une écriture fine et nerveuse.
« Ici a vécu Waël Khalil, il aimait le foot et les chats » Un peu plus loin, il recommençait. « Ici, Fadwa Charaf avec ses enfants Fares et Mouna, ils faisaient du vélo dans la rue et criaient dans la descente. »
Sous le ciel sans tain, Asim gravait des dates, des noms de famille, des lieux de naissance parfois. Comme si, à sa manière, il essayait de poursuivre les travaux de Taym. Le retournement fut complet et monstrueux : après avoir oblitéré pendant longtemps ceux qui étaient partis, il avait fait de la disparition et de la perte l’unique grammaire de sa pensée. Il parlait la langue des morts, des évanescents, et il organisait la réalité autour du trou de leur absence.
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Elle ne comptait plus les fois où elle avait senti ce regard lui labourer les reins, tenter d'y arracher quelque chose. Comme si aucune femme n'avait le droit de se détourner d'eux et de s'appartenir encore. Quel que soit le crime qu'ils pensaient lui faire payer avec la saleté de leur regard, Bérénice ne baissait jamais les yeux. C'était sa force et elle en oubliait d'être une proie. Alors, avec le même mépris attentif qui la détaillait, elle s'attardait sur la masse de leur uniforme, surtout les plis sous le col ou les taches de sueur. Et c'était comme s'ils découvraient pour la première fois qu'ils pouvaient être regardés à leur tour. Ils prenaient conscience de leur ventre mou, des rides et de l'odeur aigre qui flottait autour d'eux. Comme ça devait être désagréable..
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- Ces enfoirés, ils se concentrent sur des étudiants qui offrent des fleurs aux soldats. Ceux qui lancent des ponts entre les groupes sont les menaces les plus tangibles pour ce système. Assad et ses chabiha* se savent impuissants si la violence disparaît. C'est pour ça qu'ils veulent nous emmener sur leur terrain. Si on cède, il n'y aura plus de retour. On se fera écraser de l'intérieur.
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C'était comme si la barbarie et l'aveuglement des hommes devaient les punir de leur espoir, purger la terre des générations qui avaient osé se révolter. Pour les régimes meurtriers, l'homme qui a goûté à la liberté est plus dangereux que le chien qui a goûté au sang. C'était la vieille loi. Et du fond de leur folie, les aniciennes puissances avaient pressenti qu'il n'y avait pas de retour possible. Les replonger dans le sommeil de la peur ne suffisait plus, il fallait les exterminer. Noyer dans le sang la beauté de ces heures. Enterrer les images de tout un peuple qui se relève et fait de l'avenir son combat. Asim gardait en lui le souvenir des premiers rassemblements : un rêve, la trace à la fois nette et lointaine s'un miracle interdit. L'histoire est amère pensait-il, elle a ses sursauts, son ironie. Mais elle avait aussi son insolence et ses moments de grâce.
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Les nuits étaient de plus en plus longues. Elles le seraient toujours, pensait-il. C'est ce qui arrive quand le ciel est vide et que l'Enfer déborde. Les hommes n'étaient plus l'échelle de leur propre malheur et lui-même avait perdu le compte des morts à force de les enterrer.
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Ce sentiment curieux pour un homme d'avoir une soeur, Asim en était rempli. La joie presque animale qu'il prenait à reconnaître le sang qui palpitait bien vivant dans ses veines, de savoir qu'il le partageait, qu'il était sien sans qu'il le possède. Toutes ces années, il s'était contenter de la veiller. Pas comme les autres. Ceux qui enferment, chiffrent les réputations et négocient l'honneur. Ceux-là n'ont pas de soeurs, à peine des servantes. Asim, lui, tenait de son père la sagesse secrète, la certitude que ceux qui réclament l'obéissance des femmes ne mériteraient jamais leur amour. C'était le seul cadeau qu'il lui avait fait avant de disparaître et il lui en était reconnaissant. Grâce à cela, il était libre. Libre de veiller Taym simplement parce qu'il l'aimait. Ce lien s'était développé en même temps qu'eux. Petits déjà, ils avaient eu l'instinct de s'apprivoiser au-delà de leur différence. Asim ne s'était plus jamais senti seul. Il avait eu quelqu'un pour porter ses espérance et partager ses secrets. Plus que tout, il était heureux de la savoir à sa place dans une époque qui exigeait que l'on se batte pour la faire advenir.
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D'abord, elle n'avait pas réagi, c'était comme rater une marche dans le noir ou rêver que l'on se réveille. On essaie de se reprendre, sauf qu'à cet instant, la chute n'a pas de fin. On ne saisit pas, on n'entend plus rien. Les noms et les parfums vous parviennent comme à travers une brume. C'était la couleur de son deuil. Celui d'un homme qu'elle avait aimé sans le connaître. Celui d'un pays qu'il avait porté en lui comme une blessure. Était-il kurde, turc, ou syrien ? Son père ne lui avait jamais rien dit et il était mort sans qu'elle puisse le lui demander vraiment. Qui était-il , ce passionné d'art et d'histoire qui avait si bien tu la sienne ? Un simple immigré ? Un amoureux des Lumières et de la littérature française ? À la fin, il était devenu professeur de français. Remplaçant. C'était sa fierté, lui qui récitait des alexandrins avec un accent improbable.
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Les langues se mélangeaient, l'horreur aussi. Le plus atroce, c'était qu'à mesure qu'elle creusait dans les mots, elle y retrouvait des hommes, des hommes qui se plaignaient d'allergies, du froid et de ne pas manger comme à la maison...
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Du berceau aux champs de bataille, nous venons d'un peuple qui n'en finit pas de mourir et nous avons même accepté le risque de notre propre anéantissement. Mais aujourd'hui, on nous demande de rendre une justice à la place des autres, de devenir les geôliers d'enfants qu'ils ne reconnaissent plus. Je m'y refuse. Nous n'avons pas sacrifié tant de vies pour devenir vos bourreaux !
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Nous dirons avec Victor Hugo que "s'il existe un gouvernement bête fauve, il doit être traité en bête fauve". Qu'il n'y a qu'une espèce humaine, que celui qui meurt aujourd'hui est un homme, et que celui qui tiendra le couteau demain en est un aussi et que c'est cela qui est horrible. Nous dirons que ceux qui tuent en ce moment ne sont que des serviteurs effroyables mais que les nations qui les contemplent avec une incrédulité gênée comme s'il s'agissait d'une règle naturelle sont des lâches
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Ils avaient appelé le monde et le monde n'avait pas répondu.
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