AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Julien Blanc-Gras (425)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Dans le désert

Dans le désert, à mille milles de toute terre habitée, imaginez ma surprise, quand une drôle de petite voix m'a réveillé. Elle disait :

- S'il vous plaît... dessine-moi un vilain petit Qatar!



Un vilain petit Qatar ?( soupçonné de financer le terrorisme " Les salaires des fonctionnaires du Hamas sont financés à hauteur de 30 millions de dollars mensuels par le Qatar »" L'OBS.).Le Qatar en rit:

"Le Qatar est peu pourvoyeur en djihadistes (beaucoup moins que la Belgique, par exemple). Il faut dire que c'est fatigant de faire le djihad', note un diplomate taquin, en faisant allusion au goût modéré des Qataris pour l'effort. Pourquoi aller se terrer dans une grotte même pas climatisée avant de se faire exploser au nom d'Allah quand on vit dans le confort ?"



- S'il te plaît, dessine moi un stade, pour la Coupe du monde 2022 : 17 degrés à l'intérieur alors qu'il en fera 28 dehors!

Il est là ton stade, avec 6500 ouvriers morts ( et enterrés sous la pelouse?) Il est climatisé avec du... pétrole.



"En une génération, on est passé de la piste à l'autoroute, de la tente aux gratte-ciel et du chameau à la Ferrari. Ce ne sont pas des métaphores à 2 pétrodollars : c'est exactement ce qui s'est passé"

Car le chameau est un des 10 animaux qui polluent la planète avec leurs pets, et on l'a troqué contre... des chevaux vapeur et un cheval cabré (Le Ferrari World Abou Dhabi...)



-S'il te plaît, dessine moi un immigré!

-"Ils mentent sur les contrats. le recruteur passe chez nous au village. Il te donne un contrat à 1 200 euros par mois, logé. C'est une bonne opportunité, tu signes. Au bout du compte, c'est 250 euros pour onze heures de travail par jour. On est logés dans des baraquements à huit dans une chambre où il n'y a pas la place de mettre une table. Pourtant, on est des humains, non ?"

Bon, jetons un voile... là-dessus?



Ici, ce n'est pas du Maghreb de canard...

"Les Qataris nous trouvent souvent ingrats et sont blessés par le "Qatar bashing", sur l'air de « on investit votre argent chez vous et vous nous pourrissez, on fait la guerre à vos côtés en Libye et vous nous traitez de terroristes ".
Commenter  J’apprécie          11644
Briser la glace

"Le choix de quelques uns dans un bureau occidental

Bouleverse des millions de destins surtout si le bureau est ovale

Il n'y a que l'ours blanc qui s'étonne que sa banquise fonde

Ça ne surprend plus personne de notre côté du monde"

L'effet papillon, Bénabar.





Julien Blanc-Gras doit briser la glace en ... croquant le foie de phoque!

"Le chasseur attend. Je tergiverse.

Je pourrais tenter « Ho regarde, derrière toi, un ours polaire. » avant de partir en courant, mais cette ruse est éculée chez les Inuits. Fuir à la nage ? Mort assurée.

Non, je suis bel et bien coincé. Acceptons notre destin.

Mâche prudemment. La matière est spongieuse, gluante, salée, dégueulasse. Déglutition. Mon ami semble heureux.

‘’Mamaq’’ (qu’on peut traduire par "miam") en levant le pouce, bien que mon for intérieur hurle "beurrrghk "(bruit de vomi).

La beauté de l’échange culturel vaut bien un petit sacrifice stomacal. Il ne faut pas refuser l’hospitalité des locaux. "





Les mains encore sur les attelages de chiens de traîneaux et les pieds dans les kayaks, les esquimaux pas encore fondus ... dans la mondialisation?





L'esquimau au Groenland? Constat glaçant: un pêcheur, devenu un éléphant de mer dans un clapier à lapin, avec une télévision, pour en faire un chômeur. Multipliez par des milliers avec les conséquences sociales qui vont avec...

C'est la "glace noire", matière transparente, presque invisible!





Un blizzard bizarre... alors que l'adaptation est synonyme de survie. À croire que la modernité eut raison, en une bourrasque, des traditions ancestrales. C'est un pays malade, peut-être relativement stable dans ses 3 "grandes" villes, mais gangrené par l'alcoolisme, la délinquance et l'inceste . Sans parler de l'extrême pauvreté dans le reste du pays...





Les habitants y sont laissés à eux-mêmes, méprisés ou ignorés, quand les têtes pensantes des autres continents, rêvent à un futur pour ce sol riche et fertile.

Du haut des fjords, ce ne sont plus les dieux de la mythologie inuite qui toisent le peuple. Oubliez "Nanook, le dieu des ours polaires" et "Nanouk l'esquimau", le film de 1922. Attendons la prochaine aurore boréale?

Commenter  J’apprécie          811
Nous sommes Charlie : 60 écrivains unis pour ..

Tout juste un mois après les terribles événements qui ont changé la France et ont insufflé un élan citoyen incroyable, Le livre de poche sort ce recueil de textes. 60 écrivains unis avec la même volonté de défendre la liberté d’expression.



L’ensemble des acteurs du livre a donné de son temps et de son argent pour que vive cette belle initiative dont les bénéfices seront reversés à Charlie Hebdo. 5 euros, ce n’est rien pour un tel recueil.



Dans un délai incroyablement court, l’éditeur a réussi à rassembler cette meute d’auteurs, regroupés sous une même bannière et brandissant leurs stylos comme arme. Leur intelligence et leur liberté de penser aussi.



60 textes forcément inégaux, certains se contentant d’une ou deux maigres lignes, d’autres de plusieurs pages. De l’analyse au cri de ralliement, du souvenir au texte très personnel… il y a de tout dans ce recueil.



L’éditeur a eu la bonne idée d’entrecouper les textes des auteurs actuels, d’extraits de Voltaire, Diderot ou encore Hugo. Pour prouver que le sujet de la liberté d’expression n’est pas neuf et qu’il faut défendre cette liberté jour après jour contre l’obscurantisme.



Sans vouloir détailler tous les textes proposés, j’ai une pensée plus particulière pour les mots de Maxime Chattam qui résonnent cruellement par rapport à son roman en cours d’écriture, pour Ian Manook et son texte si touchant, pour Frédérique Deghelt qui pense à la mère de ces terroristes, pour Dominique Fernandez et Marc Lambron qui nous font prendre conscience à quel point cet événement a touché le monde entier, pour Fabrice Humbert et Romain Puértolas avec leur belle idée de parler du sujet à travers une fiction (grave ou drôle), pour Katherine Pancol et son poème enjoué, pour BHL et son texte très juste, pour Eric-Emmanuel Schmitt et son mordant manuel du fanatique…



Quoi que vous cherchiez, et même si vous ne cherchez rien, vous en trouverez un bout dans ce livre. Une lumière contre l’obscurité qui tente de nous éteindre. Voilà ce qu’est ce recueil. Continuons à allumer de telles lumières.
Lien : https://gruznamur.wordpress...
Commenter  J’apprécie          570
Touriste BD

Très tôt, Julien s'est intéressé à la géographie. Le premier livre qu'il a ouvert était un atlas et il dormait même avec un globe terrestre. Aussi, dès qu'il en a eu l'occasion, il est parti vérifier si tout ce qui était écrit sur l'atlas était vrai. Il a passé plusieurs mois sur un même continent et en est revenu avec cette certitude : il allait voyager. Aussi souvent et aussi longtemps que possible. Ni baroudeur, ni explorateur, ni conquérant des terres vierges ou des sommets vertigineux. Un simple touriste qui veut découvrir le monde. Première étape : la Colombie. Et tant qu'on y est, la ville de Medellín, l'ancien fief de Pablo Escobar..





Adapté du roman éponyme de Julien Blanc-Gras, ces carnets de voyage se croquent à l'envi. De la Colombie au Mozambique en passant par le Maroc, la Chine ou le Brésil, l'auteur nous livre des anecdotes, croustillantes ou rocambolesques, sur ces différents périples. Mais aussi sur les gens croisés ici et là, que ce soient les autochtones ou les touristes dont il aime parfois se moquer. Un album bercé tantôt de désillusions tantôt de lucidité tantôt d'humanité. Cet album est plus une leçon de vie qu'un carnet de voyage. En effet, Julien Blanc-Gras s'attarde peu sur les paysages environnants (sauf quelques planches muettes ici et là) mais bien sur ses impressions, ses rencontres. Mademoiselle Caroline, de son trait vif et de ses couleurs pétillantes, illustre parfaitement ces voyages dépaysants.

Commenter  J’apprécie          523
Briser la glace

« Etre perméable à l’émerveillement ».

Que j’adore cette phrase de Julien Blanc-Gras !

Il l’a fait sienne, totalement, en se rendant au Groenland durant quelques jours, dans un bateau qui a frôlé les icebergs, qui a glissé sur ces mers luisantes, qui a côtoyé les phoques et qui s’est arrêté pour faire la conversation aux Inuits.





Il nous raconte ce voyage au bout du monde en compagnie du « Peintre » et des deux marins expérimentés, le « Capitaine » et le « Second ».

Il nous raconte les paysages fantastiques, les petits villages étonnants et les villes décevantes.

Il nous raconte les rencontres.

Il nous raconte l’Histoire, le commerce, la civilisation, la déglingue, l’adaptation, malgré tout, envers et contre tout.

Il nous confronte à notre imagination. Les Esquimaux, ça a la vie dure dans nos petites têtes d’Européens !

Il nous raconte l’émerveillement, et tout cela avec humour. Et quel humour ! Quel phrasé ! Quelle poésie !





Oui, je suis émerveillée, moi aussi, pas du Groenland qui à vrai dire ne me tente guère, mais de la capacité de cet écrivain à nous happer, à nous faire voir ce qu’il raconte, à nous tenir éveillés, le sourire en coin, complices.

Merci à mes amis de Babelio de m’avoir communiqué leur émerveillement, et notamment à Ziliz.

Commenter  J’apprécie          5014
Touriste

Embarquée pour un tour du monde avec Julien Blanc-Gras qui me propose dans l'ordre :

L'Angleterre ,la Colombie, le Guatemala, l'Inde, le Maroc, le Brésil, la Chine, la Polynésie et Madagascar.



J'ai dis ouuuuuuuuuuuuiiii à toutes ces destinations sans réfléchir !



Cela faisait une éternité que je n'avais pas passé des moments aussi agréable à rire comme une midinette face à un grand et beau explorateur (pas vérifié… mais envie de le croire )^^

Et d'abord … j'ai le droit de m'imaginer la tête que je veux ^^et que pourrai avoir le personnage principal^^



C'est l'avantage de la lecture sur un film ^^



L'avantage de partir avec lui c'est qu'il a évité toutes les destinations cartes postales ^^

Choix de sa part de nous éviter le plus possible de croiser les troupeaux de voyageurs qui se contentaient de destinations formatées !

Il n'arrêtait pas de dire qu'il n'était pas un explorateur mais un touriste… mais moi je vous certifie que au fil et à mesure des pays que j'ai parcouru avec lui j'ai l'intime conviction que:

-ce n'est pas un touriste habituel et normal^^



C'est un homme exceptionnel avec beaucoup de sagesse ,de recul ,de courage, de lucidité, et surtout un humour que j'ai adoooooooorééé.

Je n'ai pas arrêté de m'esclaffer comme une gamine pendant tout le voyage !

Courageux, intelligent, joyeux ;un compagnon de voyage rêvé !

Du bonheur à l'état pur.

C'était surprenant ,inattendu mais aussi parfois grave et dangereux !!

Mais j'ai vécu intensément chacun de ces voyages !

Dès le départ il m'a évidemment fait rêver avec la couverture de son livre et ce pingouin prenant l'avion

Déjà c'était décalé et j'aime le décalage

Y compris le décalage horaire ^^

J'aurai voulu continuer encore et encore à découvrir avec lui de nouveaux pays.

Ps :Vais me précipiter sur ses autres livres pour ne pas perdre la magie de cette première découverte de cet auteur qui m'a conquise complètement !

1001 étoiles pour ce livre comme celles qu'on voit dans le désert marocain ^^

Commenter  J’apprécie          509
Comme à la guerre

Depuis les attentats terroristes en France revendiqués par Daech, peut-on dire que nous vivons dans un pays en guerre ? Que Paris est une ville dangereuse ?



Pour répondre à cette question, Julien Blanc-Gras a relu les carnets de guerre de ses deux grand-pères, qui ont 'fait' la seconde Guerre mondiale. Il en livre de nombreux extraits dans cet ouvrage.



Cet exercice a un sens complémentaire pour ce jeune papa : en s'interrogeant sur l'héritage familial, il s'ancre dans une filiation, et son fils avec : « Pour rendre hommage à [l'histoire] de mes aïeux, je ne peux qu'offrir ce petit mausolée de papier, qui sera remis à la génération suivante. »



Ce livre est également prétexte à évoquer les premières années de son petit garçon. Les anecdotes sont amusantes, et le regard paternel est touchant, entre les moments magiques et l'épuisement, les progrès de l'enfant, sa curiosité qui s'éveille et sa crise du non – « Mon fils, ce bipolaire. »



Le résultat est donc aussi personnel qu'universel.

Je l'ai trouvé moins acéré et moins drôle que les précédents textes de l'auteur (ses carnets de voyage, et 'In Utero', le récit sur la grossesse de sa compagne).

Après avoir lu les autobiographies familiales de Marie-Aude Murail ('En nous beaucoup d'hommes respirent') et de Tardi ('Stalag IIB, tome 3'), il est possible que ce genre de récit introspectif me paraisse redondant, notamment les épisodes sur la guerre...



• merci à Apik pour ce choix de MC ! 😉
Commenter  J’apprécie          481
Briser la glace

Banquise, igloos, kayaks, chiens de traîneaux, pêche au harpon, tenue complète en peau de phoque... Pour ces images du Groenland d'un autre temps, revoyez 'Nanouk l'esquimau' (film de Robert Flaherty, 1922).

Pour celles du XXIe siècle, accompagnez Julien Blanc-Gras à bord de l'Atka, faites escale avec lui à Aasiaat, Godha, Saqqaq, découvrez les populations locales, leur quotidien d'occidentaux dans des petites maisons ou des barres d'immeubles, leurs burgers au boeuf musqué, leurs écrans géants et leurs doudounes made in China, la pauvreté, le chômage, l'importance de la pêche malgré une pollution marine telle que l'allaitement maternel est fortement déconseillé...

« Ici vit un peuple ancien, au présent confus, qui tente de s'inventer un futur. » (p. 179)

.

Si on a lu (et aimé) d'autres récits de voyage de Julien Blanc-Gras, on retrouve sa patte avec délice - moins de déconne que dans 'Gringoland', l'auteur a mûri, le propos s'y prête moins. On découvre les paysages, le gigantisme et la magnificence des lieux (icebergs, aurores boréales...) mais aussi l'histoire du pays, ses caractéristiques politiques et socio-économiques.

L'auteur constate, décrit, rencontre les habitants, échange avec eux. A partir de réflexions lucides, ironiques, sages et respectueuses, il rappelle les dégâts de la colonisation, l'acculturation qui l'accompagne et détruit une société, un écosystème. Il évoque bien sûr aussi le changement climatique, la fonte inquiétante des glaciers.

.

Cet écrivain-voyageur met toujours en perspective l'intérêt des populations locales, et la vision effarouchée et bien-pensante qu'on peut avoir de loin. Il bouscule ainsi des idées reçues, sans édulcorer pour autant les problèmes, avec l'humour et le sens de la mesure qu'on lui connaît - lire notamment 'Paradis avant liquidation'.

.

Grâce à cet excellent ouvrage, à la fois riche et simple, mon année 2017 s'ouvre sur un coup de coeur ! 😍

On peut bien sûr déplorer l'absence de photos, je suis allée m'en mettre plein les yeux grâce à Internet à chaque escale.
Commenter  J’apprécie          477
Dans le désert

Après un voyage périlleux dans le grand Nord ('Briser la Glace', janvier 2017), l'auteur nous invite dans les pétromonarchies du Golfe – Qatar, Dubaï, le Bahrein –, ces pays partagés entre modernité et tradition depuis la découverte d'importants gisements de pétrole dans les années 70. Les modes de vie de ces populations (autrefois pêcheurs de perles sur les côtes et bédouins dans les terres) ont été bouleversés en une trentaine d'années.



La glace avec les habitants n'a pas été facile à briser, cette fois, en raison du choc culturel certainement, mais aussi à cause de la méfiance à l'égard du regard occidental : « Vous n'écrirez pas n'importe quoi, n'est-ce pas ? On a déjà eu de mauvaises expériences avec des journalistes européens qui ont donné de nous une image déformée. »

On a effectivement en tête quelques clichés réducteurs (gigantisme, gaspillage, exploitation de main d'oeuvre étrangère pour réaliser ces caprices de nouveaux riches...).

Mais on peut compter sur Julien Blanc-Gras pour aller au-delà, et nous en apprendre beaucoup sans jamais nous ennuyer.

A la fois bienveillant et critique, les yeux et l'esprit grand ouverts, il fait part de ses observations et de ses rencontres avec humour et autodérision, toujours.



De mon lit et de mon transat, je l'ai suivi au bout du monde et j'espère le suivre encore longtemps. Je l'ai même accompagné toute émue et souriante dans son quotidien de futur papa.



Merci L. 😊 pour le rab de vacances & d'anniv ! 🎁🎂
Commenter  J’apprécie          465
In utero

Globe-trotter curieux, écrivain-voyageur, Julien Blanc-Gras a posé cette fois-ci ses valises pour une durée de 9 mois. Soit exactement (ou à peu près) le temps qu'il faudra à l'enfant pour se développer dans le ventre de sa mère. Enfant pourtant désiré et espéré, des milliers de questions se bousculent dans la tête de ce futur père dès lors que tout se concrétise. Était-ce réellement une bonne idée de concevoir un enfant maintenant alors que la terre est déjà suffisamment peuplée? Sera-t-il un bon père? Que fera-t-il si son enfant est moche?



Julien Blanc-Gras se raconte et livre ses émotions, ses sensations et ses sentiments tout au long de ces 9 mois. A l'instar d'un journal intime, l'on suit l'auteur dans ses questionnements, ses doutes et ses joies, ne manquant pas de pimenter son récit d'anecdotes de voyages. Voilà un petit roman qui se veut à la fois tendre, drôle et enjoué. Véritable déclaration d'amour à la Femme et à son enfant, portée par une écriture à la fois piquante et touchante. A mettre évidemment entre les mains des futurs pères et mères et de tous ceux tentés par l'aventure.
Commenter  J’apprécie          450
Paradis (avant liquidation)

Il était une fois un archipel paradisiaque d'Océanie : les Kiribati. Paradisiaque sur photo, de loin, pour qui rêve de mer bleu turquoise, de plage de sable fin, de cocotiers.

"Il était", verbe à l'imparfait, parce que ces îles sont condamnées à être englouties. La faute au réchauffement climatique, mais aussi au manque de moyens, à l'impuissance des ONG, à l'inertie internationale...

Même au présent, cet archipel est loin d'être paradisiaque, d'ailleurs : les plages et la mer (utilisées comme toilettes, égouts, déchetterie faute d'équipements adaptés) sont dangereusement polluées, l'eau douce se salinise. La misère règne - une des conséquences néfastes de la colonisation au XIXe siècle. Pas de travail, la pêche est désormais réservée à la consommation locale, pas de tourisme comme source de revenus, insalubrité, dégâts de l'alcool, maladies...



Journaliste globe-trotter, Julien Blanc-Gras a vécu quelques semaines à Tawara, l'île capitale de cette république, partageant le quotidien de ses habitants, rencontrant également des étrangers venus en renfort. Ce témoignage est passionnant, entre réflexions et anecdotes personnelles, observations et explications socio-économico-écologico-politiques des faits. On retrouve l'humour cynique de 'Touriste' - plus sobre ici - ni moqueur ni condescendant. Mais aussi un mélange de fausse naïveté et de sérieux qui permettent à l'auteur d'exposer une situation alarmante, sans larmoiement ni hystérie apocalyptique moralisatrice.



Témoignage-documentaire simple d'accès, très intéressant, forcément instructif.



--- Comme le fait remarquer un lecteur (sur Am@zon), on peut déplorer l'absence de cartes et de photos.
Commenter  J’apprécie          420
Nous sommes Charlie : 60 écrivains unis pour ..

J'ai enfin lu Nous sommes Charlie, après (déjà!) Toutes ces années.

Je me souviens...

Ces soixante textes, certains brefs et d'autres plus longs, me ramènent encore à ce jour funeste, cette matinée maudite du 07 janvier 2015. Matinée de mort, cauchemar éveillé, et ce chagrin, ce chagrin!

Philippe Lançon, Chloé Verlhac, Riss et Patrick Pelloux sont passé avant.

J'avais laissé ce poche collectif noir sur l'étagère huit années entières avant d'enfin, tout de même, de l'ouvrir et de l'enfin lire.

Toute la sidération, l'incompréhension, la colère et la réaction me sont revenues intactes car à peines enfouies et toujours prêtes à ressurgir.

Ces soixante-là ont unis leurs voix, leurs mots, leurs cœurs pour parler et dire... Dire NON à la peur et à l'indicible. Tous.

Soixante voix qui, au final, n'en font qu'une riche et variée dans une cantate à la Liberté.

Horusfonck est Charlie, encore et toujours, à jamais.
Commenter  J’apprécie          400
Touriste

Outre que son livre est plutôt marrant, Julien Blanc-Gras fait preuve d'une honnêteté intellectuelle qui nous change de la prose plus affectée d'autres voyageurs professionnels. Déjà, le titre prend la juste mesure de l'entreprise: non l'auteur ne se prend pas pour un explorateur, ni pour un aventurier, ni pour le dernier romantique n'oubliant pas d'empaqueter son mal de vivre entre son couteau suisse et sa couverture de survie. Non, Blanc-Gras l'avoue sans détours (pour le coup): ce qu'il aime, c'est l'ailleurs, le dépaysement, le truc qu'il n'a pas encore vu; chaque nouveau pays lui procure le même plaisir enfantin que la vignette Panini au gamin qui va pouvoir enrichir son album. D'où l'intérêt d'aller à Hull, "une localité dont peu de gens soupçonnent l’existence. Un port où le soleil n’est qu’un concept lointain, une cité prolétaire où Margaret Thatcher est Satan et Tony Blair, Judas. Une riante bourgade ravagée par la crise post industrielle, où l’on repère les étrangers à leur absence de tatouages et de cirrhose.", plutôt qu'à Londres dont les traders manquent cruellement d'originalité.

Et si Blanc-Gras voyage seul, ce n'est pas par volonté de faire le vide (existentiel) autour de lui: c'est au contraire parce qu'il sait que le voyageur solitaire ne le reste jamais très longtemps. D'ailleurs, il ne répugne pas aux voyages organisés, prêt à louer un chameau et son chamelier pour quelques jours, ou à tester l'agence sud-américaine "Dont be a gringo" pour visiter une favela brésilienne.

Petite déception: le récit se termine sur une épiphanie un peu convenue où le voyageur, époustouflé d'avoir gravi à l'autre bout du monde un tertre rarement foulé, entonne une profession de foi dont le seul intérêt est de fournir une vague conclusion: "Chaque pas que je pose est le premier à fouler cette terre. Chaque seconde est un trésor. Je n’ai plus d’appareil photo pour immortaliser mes traces. Mort d’un touriste. Je ne suis pas allé dans tous les pays du monde mais je suis venu ici."

Oui, bon. On oubliera donc miséricordieusement cette tentative lourdingue de donner un Sens à la Vie et on appréciera le livre pour ce qu'il est presque jusqu'à la fin: honnête et pas chichiteux.
Commenter  J’apprécie          370
Envoyé un peu spécial

« Il faut sortir de sa bulle, plus que jamais, à l’heure des confinements mentaux et de l’atomisation identitaire. C’est un principe élémentaire d’hygiène intellectuelle, un geste barrière contre les biais de confirmation et la polarisation qui contamine les consciences. Sortir de chez soi, c’est sortir de soi. En s’éloignant de ses bases, on se rapproche de l’universel.

Faute d’horizon, la myopie guette. L’expérience physique du déplacement, elle, offre une vision panoramique. Elle contraint à exercer son empathie et prodigue des enseignements salvateurs. On comprend que, vu de près, le monde n’est pas aussi moche qu’il en a l’air. Que l’inconnu n’est pas l’ennemi. »



Cette déclaration d’intention, en forme de justification, est placée en préambule aux nombreux « papiers » pour divers journaux et revues ici rassemblés. Effectivement le bilan carbone de Julien Blanc-Gras ne doit pas être brillant mais on lui pardonne volontiers ce péché devenu mortel car sa nouvelle contribution à la littérature du voyage est vraiment réussie.



Le ton général est léger. La palette des lieux visités est sidérante : pas un continent n’est laissé de côté. Les chapitres se suivent et ne se ressemblent pas forcément. Parfois l’objet de l’article est de décrire les impressions d’un touriste lambda face aux décalages sociétaux, aux particularités locales. A plusieurs reprises, c’est d’une aventure très sportive qu’il s’agit (parapente au Népal, notamment), sorte de trek en Indonésie, au milieu des varans…). Enfin ce recueil propose aussi des reportages un peu plus étoffés sur des sujets divers : industrie du cinéma au Nigeria (j’ignorais jusqu’alors que l’Afrique a son Hollywood nigérian : Nollywood), sommet de Davos.



Le style de Julien Blanc-Gras est vraiment plaisant et efficace. L’humour et l’ironie n’en sont pas absents. Il n’a rien à envier aux auteurs anglo-saxons qui boxent dans la même catégorie. J’ai apprécié cette lecture, d’autant plus que je suis terriblement casanier, sans la moindre intention d’aller voir ailleurs si j’y suis…

Commenter  J’apprécie          370
Envoyé un peu spécial

Avant, Julien Blanc-Gras voyageait. A ses frais d'abord, quand il était jeune et baroudeur. Puis pour des journaux et revues. Il en a donc fait son métier : 'écrivain-voyageur'.

.

Depuis le Covid, les confinements, la restriction des déplacements hors frontière, il voyage moins.

Le fait d'être papa d'un petit garçon (cf. In Utero et Comme à la guerre) y est peut-être pour quelque chose aussi ? Est-il également touché par le flygskam, cette honte de prendre l'avion, en tant qu'écolo et citoyen engagé ? Et tant pis si madame travaille pour Canal, on a tous nos petites contradictions entre convictions socio-éco-politiques et mode de vie perso...

.

Pour continuer à écrire, et vendre des livres pour faire bouillir la marmite, il racle les fonds de tiroir de ses souvenirs.

Le résultat : ce recueil.

Il est allé partout, aux X coins du monde (pas 4, la terre n'est pas plate), et raconte des anecdotes. Les chapitres sont très inégaux, certains trop longs, d'autres très brefs (il a promis des 'cartes postales'), plus ou moins intéressants, parfois à peine plus personnalisés qu'un article de Wikipedia. Heureusement qu'il peut parler de ses cuites, ça alimente un livre.

Et qu'il garde ce talent pour approcher les gens, les écouter, et nous raconter leurs singularités avec finesse, sensibilité et humour.

.

Avis mitigé, cette fois, avec cet auteur.

J'ai préféré 'Paradis avant liquidation', 'Briser la glace', 'In utero'...
Commenter  J’apprécie          363
Envoyé un peu spécial

Un recueil d'articles parus dans différentes revues, écrits par le plus drôle de nos auteurs voyageurs, itinérants, globe trotters, comme on voudra... C'est du Tesson, du Cédric Gras, l'humour en plus. A l'écart du tourisme de masse (qu'il a aussi testé, pour s'en échapper fissa), Lisez JBG !
Commenter  J’apprécie          360
Paradis (avant liquidation)

J'ai dit :

Oui au paradis,

Oui au voyage au bout du monde avec Julien Blanc Gras,

Oui à ce palmier planté sur un ilot de sable blanc

avec une vue imprenable sur lagon turquoise ^^

Oui pour l'accompagner sur les iles Kiribati.



Rêver de ces iles,

rêver de cette barrière de corail

rever le bonheur^^



Et puis,et puis...

une fois sur place j'ai découvert l'enfer.



Ces iles sont menacés par la hausse du niveau de la mer, causée par le réchauffement climatique.

En plein milieu du Pacifique des iles risquent de disparaitre.

La mer s'octroie une avancée inexorable sur ces terres amenées à disparaitre



Liquidation du paradis...

Ce liquide invasif,

inéluctable,

Cette érosion costale,

cette submersion marine

Qui fait disparaitre un pays...



Les effets du changement climatique

anéantissent ses iles:

Isolées, dispersées, minuscules…



Un constat sans retour qui me blesse...

Incapacité de la communauté internationale pour trouver une solution pour bloquer cette montée des eaux inéluctables !!



Et pourtant sur place les sacs de ciment

s'entassent...

maigres et frêles remparts à la montée des eaux...



Que faire d'un paradis qui se noient dans l'indifférence générale ?

Que faire d'un engloutissement de nos inconsciences... qui comme un déluge s'abat sur des contrées lointaines au milieu du Pacifique?

Commenter  J’apprécie          363
In utero

Julien Blanc-Gras est un baroudeur. Les chaussons, son canapé et la routine, il est capable de faire une croix dessus pendant quelques semaines, même pas peur. Et pourtant... On peut vivre une aventure aussi perturbante qu'une expédition à l'autre bout du monde sans bouger de chez soi : la grossesse de sa compagne et l'arrivée du premier bébé. Que de découvertes, de doutes, d'angoisses !



« On reproche souvent aux écrivains français de se focaliser sur leur propre nombril. Je vais me concentrer sur celui de la Femme. » (p. 40)

Cela revient bien sûr au même, on reste dans l'autobiographie, mais l'exercice est particulièrement réussi ici, grâce au sens de l'autodérision de Julien Banc-Gras, à son honnêteté, et à des réflexions plus générales sur la parentalité. L'auteur ne se limite pas à des considérations personnelles sur son quotidien et ses états d'âme, il livre des réflexions pertinentes sur la grossesse, la maternité, la paternité et la famille à travers les âges, les continents - ceci sans jamais pontifier, et toujours avec humour.



Ce 'voyage au centre de la mère' et du père sonne très juste. Il m'a passionnée, fait sourire et rire, et souvent émue - un brin de nostalgie, sans doute... ♥

Commenter  J’apprécie          362
Gringoland

C'est l'histoire d'un mec… euh… déjà vu il me semble.

Il était une fois… bah non, c'est pas un conte de fée… un compte de faits peut être.



Donc, il était une fois un Valentin (sans Valentine) accompagné dans la vie par Charlotte. Leur unique activité, la télé. Toute la télé consommée sans modération. Lobotomisation à volonté.

Après avoir abusé de substances illicites, Charlotte meurt "pendant que Jacqueline gagne une cuisine Mondial Kit" . La disparition de sa chienne (ah, je vous avais pas dit?) réveille Valentin.



Tout plaquer et partir de l'autre coté de l'horizon (et là on est pas arrivé parce que plus on avance et plus il recule, bref…) qui n'en a pas rêvé ? Valentin l'a fait.

Il vend tout et s'embarque pour… donner un sens à sa vie ? Un voyage en Amérique centrale entre Mexique Guatemala Belize et Cuba dans un premier temps. Un vrai road movie tant le film passe dans la tête au fil des mots et des maux. Rencontres avec des routards, avec des stars , des bandits, des hippies des putes des musiciens des … des Hommes dans tout ce qu'ils ont de bon et (surtout ?) de moins bon.



Il fait bon dans ces pages, il fait chaud, il fait au moins… deuxième degré presque en permanence. En même temps c'est frais et ça fait un bien fou.



Suite du voyage... les Etats Unis … retour à la… civilisation?

Bon, les américains sont… américains, ils ne se rendent pas compte (oui un peu cliché et féroce à souhait) on ne peut pas leur en vouloir complètement (euh…si si on peut). Retour à l'artifice au superficiel au superflu dernier cri (cliché ? pas sur pas sur). Les fêlés en tout genre de la première partie du voyage manquent déjà au lecteur ( enfin à moi).



Valentin fait partie des abusés désabusés faisant le triste constat qu'on tourne en rond autour du destin, quoi qu'on fasse, où que l'on soit. Donner un sens à sa vie, un sens unique, un sens interdit, un sens dessus dessous, quand on commence à se poser des questions ça devient vite le bordel.



C'est acide et c'est doux, c'est sucré salé, c'est dur et tendre à la fois, drôle et triste voir tristement drôle . Une (grosse) pincée d'ironie, un zeste d'amour et un nuage de laid ou de beau (selon les saisons), le tout mijoté en 230 trop courtes pages.



Commenter  J’apprécie          355
In utero

C'est la chronique d'une naissance annoncée. Julien Blanc-Gras nous livre ses réflexions d'homme, de père et de citoyen face à sa future paternité. L'auteur s’engage dans une aventure émaillée de réflexions sociologiques, ethnographiques.

C'est un écrit original sur un sujet pourtant banal car vécu par 50 milliards d'hommes mais le plus souvent raconté du point de vue féminin.



Pétillant comme un vin à bulles, humoristique comme un sketch optimiste de Desproges (s'il y en a!), tendre comme un chamallow, ce livre, dont le pari n'était pas gagné d'avance, comble le vide de la littérature concernant le vécu des futurs pères durant la grossesse.

Commenter  J’apprécie          345




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Julien Blanc-Gras (1736)Voir plus

Quiz Voir plus

Contrefaçon de titres

Roman de Yasmina Khadra

Ce que le jour doit à la nuit
Ce que la nuit doit au jour

15 questions
25 lecteurs ont répondu
Thèmes : roman , films , titres , originauxCréer un quiz sur cet auteur

{* *}