AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Julien Hervieux (264)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Le Petit Théâtre des opérations, tome 4 : Faits..

Autant d’anecdotes surprenantes et héroïques à découvrir dans "Le Petit Théâtre des opérations Tome 4" !
Lien : https://www.actuabd.com/Le-P..
Commenter  J’apprécie          00
Le Petit Théâtre des opérations, tome 4 : Faits..

Je laisse cet avis dans le but de noter les tomes du 1 au 4 qui s'équivalent bien que racontant des anecdotes différentes bien sur.



Chaque tome raconte plusieurs anecdotes sur des personnages mythiques qui se sont illustré lors de guerres (récentes, essentiellement première et seconde) par leur héroïsme, leur extravagance, et bien souvent les deux à la fois.



Ces histoires incroyables (mais vraies !) prennent vie sous la plume de l'Odieux Connard et les crayons de Monsieur le Chien qui forment un superbe duo.



Concernant l'auteur, on est clairement sur le haut du panier de fluide glacial, les gags sont de qualité et très modernes, et les rires (je parle de VRAIS rires, pas de soufflements de nez!) sont au rendez vous à chaque tome.



Concernant le dessin idem, très élaboré et lisible à la fois, les costumes, paysages et personnages sont très bien depeints. Petite mention également pour la coloriste qui fait un superbe travail.



Ces BD sont à mon sens un excellent et très abordable moyen de se cultiver sur ces héros de guerres pour les profanes telle que moi, ou de revivre avec humour et illustrations des histoires déjà connues des spécialistes du sujet.



Petit bonus : l'auteur et l'illustrateur, rencontrés sur un salon, sont des gens absolument adorables (on ne peut pas nier que ça rend la lecture plus agréable encore...)



A lire sans modération !
Commenter  J’apprécie          20
Un jour nous avons été vivants

Avec ce roman, l’auteur ne nous raconte pas une histoire mais une multiplicité d’histoires et de personnages qui embrassent l’intégralité de la première guerre mondiale et plus encore car il débute le 2 août 1914, le jour de la mobilisation générale et se termine en décembre 1919.



Construit comme une lettre infinie, c’est une succession de récits individuels, où chaque narrateur est, d’une façon ou d’une autre, en lien avec le suivant. Ensemble, ils forment une gigantesque mosaïque, qui dessine ce qu’ont vécu des millions de Français pendant ces quatre années de guerre, sur le front, comme à l’arrière.



Des chemins se révèlent en filigrane, des personnages prennent une place plus importante, comme un fil rouge, puis se dérobent. Des émotions cousues main débordent de ces portraits croisés que j’ai adoré d’autant que Julien Hervieux varie les styles en fonction des héros qu’il croque et ça, c’est très bien vu.



C’est l’histoire d’Aimable, un lieutenant idéaliste plongé dans la retraite de 1914. C’est celle de Gustave, un journaliste qui ment par patriotisme. Celle d’Émile, un pilleur de tombes qui voit en la guerre l’occasion de faire fortune. Celle de Marguerite, à qui revient de gérer tout ce que son mari a laissé à son départ. Celle de Didier, isolé entre les lignes avec une blessure mortelle. De Lucette, infirmière au chevet de blessés qui refusent de remonter en ligne. De Louise, qui veut ramener le corps de son mari. Celle du père Boniface qui ne veut pas tuer mais prier pour les vivants comme pour les morts.



Ils sont militaires, civils, religieux, criminels, et parfois un peu de tout cela à la fois. Tour à tour, en partageant leurs récits, ils font naître une grande histoire, et la « Grande Histoire ».



Vous le savez, j’aime beaucoup les romans portant sur cette période et ici j’ai trouvé la construction brillante car en nous donnant à lire cette myriade de témoignages, il nous apprend une foule de choses. Et j’ai adoré le parti-pris de Julien Hervieux qui aborde la grande guerre sous un angle différent, en mettant en lumière des héros singuliers.



Il y a bien entendu des moments dramatiques, qui serrent le coeur comme les fusillés pour l’exemple, des exécutions sommaires, sans réel procès, qui commencent dès septembre 1914 ! Mais aussi les hommes accusés d’espionnage, passés par les armes, sans preuve aucune, l’enrôlement des attardés mentaux et même des prêtres qui doivent combattre, le scandale du rapatriement des corps des défunts si bien raconté aussi par Pierre Lemaitre dans Au revoir là haut.



Mais il y a aussi beaucoup d’humour, avec des situations et des réflexions vraiment drôles. Ce roman est très bien écrit et documenté, c’est un condensé de tout ce qu’il faut savoir sur le quotidien des poilus pendant ces quatre années, l’enfer des tranchées, les gueules cassées, les victimes du stress post-traumatique…



Lire la suite...
Lien : https://deslivresdeslivres.w..
Commenter  J’apprécie          70
Le Petit Théâtre des opérations, tome 4 : Faits..

Le Petit Théâtre des Opérations, c'est comme d'habitude : opération commando, cachée sous mon plaid, à rire de ces histoires abracadabrantesques. Farfelues mais bien réelles !



C'est encore une fois, un pari réussi : d'un chien nommé sergent aux personnalités sans peurs, en passant par le char volant du régime communiste, nous en voyons des vertes et des pas mûres...



Amusant, délirant, et monstrueusement intelligent ! Merci Monsieur le Chien et Julien Hervieux, pour ce nouveau numéro, conçu avec la même recette, et qui mérite, comme les tomes précédents avant lui, une belle médaille !

Commenter  J’apprécie          31
Toujours prêtes !

Le duo semble avoir pris autant de plaisir à restituer ces destins que l’on a à les lire, parsemant l’histoire, la vraie, de quelques anachronismes assumés et de gags discrets mais efficaces. De véritables biographies historiques, oui, mais dans l’esprit Fluide glacial !
Lien : http://www.bodoi.info/toujou..
Commenter  J’apprécie          10
Au service de sa majesté la mort, tome 1 : L'..

Je continue ma quête de livres coupdecoeurisés par la bibliothèque. Si jusqu'ici mes lectures sont plutôt pas mal, là je dois dire que pour ce livre ça pêche. Déjà par un manque flagrant de relecture. Un homme malingre devient un jeune garçon (en deux pages), un petit appartement vétuste dans un petit immeuble devient immense, un personnage promet de rester avec un autre toute la journée et une fois deux trois paroles échangées se casse retourner bosser, tu comprends on m'attend.

Ensuite par des personnages très grossièrement taillés, amis des trames éculées bon jour !

Puis par le manque de descriptions. On est dans un Londres du XIXeme siècle mais bon, l'histoire aurait pu se passer à Vierzon en 2044 pour ce que j'en pense, le lecteur n'aurait pas vu grande différence.



Je vais juste modérer un peu mes râleries. Comme il y a peu de description, on a beau lire une enquête, il n'y a rien de sanglant ou d'emotionnellement difficile. Aussi je pense que ce livre peut se lire sans problème si tu es jeune padawan (et que tu veux de l'action fissa sans entourlourpe).



Moi, Yoda un peu je suis déjà, je regrette ce roman "jeunesse de base". Surtout si, comme le dit Babelio, l'auteur est l'odieux connard. Je pensais qu'il serait plus exigeant dans son scénario et son écriture.
Commenter  J’apprécie          109
Au service de sa majesté la mort, tome 1 : L'..

il est génial et la suite aussi même si l'héroïne (Elizabeth) est morte l'aventure est très bien j'ai vraiment aimer ce roman dans ce que j'ai lu ces un de mes préférer roman pour ce qui sont vite toucher par la mort des personnage il ne seront pas dessus et ne seront moi toucher parce que
Commenter  J’apprécie          10
Toujours prêtes !

Pour lire cette bande dessinée, un paquet de mouchoirs est toujours utile. Elle nous retrace le destin de huit femmes qui se sont illustrées pendant les deux conflits mondiaux, huit femmes qui sont tombées dans l'oubli - le plus souvent, parce qu'elles sont des femmes, c'est aussi simple que cela.

Chacun de ses huit récits est complété par une page qui retrace la vie de ses huit femmes, qui ne se sont pas préoccupées de ce que la société attendait qu'elles fassent, et qui ont fait ce qu'elles estimaient être bien, être juste. C'est Marie Marvingt, la "fiancée du danger" qui ouvre cette bande dessinée, elle qui a battu tous les records sportifs possibles, et qui fut infirmière pendant la première guerre mondiale. Son tort pour être si peu reconnue ? L'une des causes est sans doute d'être morte à l'âge de 88 ans, de "mort naturelle" - c'est ce qui s'appelle une vie bien remplie.

Je ne les présenterai pas toutes, parce que ce livre vaut la peine d'être découvert, lu et partagé. Je pense cependant à Marie Depage et Edith Cavell, qui clôturent ce recueil, parce que je n'oublie pas que, dans les années 80, cette dernière était présentée comme "une espionne" (oui, je suis un peu  bloquée là-dessus) alors qu'elle était une femme qui sauvaient des soldats, sans se préoccuper de leur nationalité.

Alors oui, ces récits font preuve d'humour, et j'ai bien reconnu là la patte de Julien Hervieux (je pense, par exemple, au clin d'oeil au film Titanic, p. 54) mais ne cache rien des réalités des deux guerres (voir p. 12 et 15 pour Nancy Wake, p. 22 pour Miluna Savic). Je garde pour la fin "Une histoire de sorcières" parce que je lis actuellement un roman qui parle des "sorcières de la nuit" dont l'unité fut dissoute après la guerre, quand ces "sorcières" russes ne connurent pas un sort très proche de celui que l'on réservait à celles qui furent nommées sorcières des siècles plus tôt.

Vivement le tome 2.
Commenter  J’apprécie          132
Toujours prêtes !

La bande dessinée #lepetittheatredesopérations est un filon qui marche bien et à juste titre. Après trois tomes consacrés à des combattants d'exception, #lodieuxconnard revient avec un tome décliné au féminin. Beaucoup d'humour, de l'ironie et des planches parfaitement exécutées.Et bien sûr, tout est vrai. Vivement le tome 2 car, à n'en pas douter, il reste encore de « grandes » femmes méconnues dans l'ombre des combattants de tous les conflits.
Commenter  J’apprécie          30
Toujours prêtes !

Toutes deux s’étaient dévouées à une mission aussi simple que grande : aider les autres.

-

Le titre en deux parties de ce tome indique qu’il peut être considéré comme une série dérivée de Le petit théâtre des opérations, tome 1 : Faits d'armes impensables mais bien réels... (trois tomes de parus en 2022), toutefois il peut se lire indépendamment, sans avoir lu les autres. Sa première édition date de 2023. Il a été réalisé par Julien Hervieux (alias l’odieux C., également scénariste de la série initiale) pour le scénario, et par Virginie Augustin pour les dessins et les couleurs. Il comporte huit récits, chacun complété par une page de texte développant un pan des circonstances afférentes.



Marie Marvingt : la fiancée du danger. En Lorraine, en 1885, deux garçons sont en train de courir de toutes leurs forces, ils s’arrêtent à bout de souffle, demandant d’arrêter à Marie, 10 ans. Depuis toute petite, Marie Marvingt a une passion le sport. Pas un. Non, tous les sports. Forcément elle finit dans un cirque : écuyère, funambule, etc. Bon, en fait, Marie est le cirque à elle seule. Marie décroche même son permis de conduire, le brevet de pilotage de ballon aérien. Et est même la première femme à piloter un avion seule. Elle tente la traversée de la Manche en ballon avec un autre pilote. Elle le fait. Elle s’écrase à l’arrivée. Elle a aimé ça. Marie apprécie aussi le cyclisme, à la pratique duquel elle s’adonne en pantalon, ce qui lui vaut d’être arrêtée par la maréchaussée car le port des pantalons est interdit aux femmes par un arrêté de 1800. Elle invente la jupe-culotte. En 1908, elle tente de prendre le départ du tour de France. Le règlement lui interdit de prendre le départ avec du tour avec les hommes. Marie part donc après les hommes. Sur les 114 coureurs au départ, seuls 36 bouclent le tour… dont Marie. En 1910, Marie est aussi devenue une alpiniste de renommée internationale, patineuse, skieuse. Elle reçoit des médailles d’or pour quantité de sports. Elle en a en fait plus d’une vingtaine. Et puis arrive la première guerre mondiale. Elle s’engage dans l’armée en se faisant passer pour un homme.



Nancy Wake : une souris et des hommes. En 1935, Nancy Wake, une jeune journaliste australienne travaillant pour un journal parisien, est parvenue à décrocher une interview d’Adolf Hitler. Peu après elle assiste à un lynchage de juifs dans la rue, ce qui la révolte. En 1939, Nancy, mariée à un millionnaire en France, apprend que la guerre est là. Elle décide de s’engager comme ambulancière pour s’opposer aux nazis. Après l’armistice, elle s’engage dans la résistance et, sous le nom de la souris blanche, elle aide les soldats étrangers à sortir de la zone occupée. Milunka Savić : Mulan en Serbie. 1913, en Macédoine : la deuxième guerre des Balkans oppose serbes et Bulgares. Le soldat Milun est touché et opéré dans un hôpital militaire de campagne : c’est une femme. À la sortie de l’hôpital, son supérieur lui fait comprendre qu’il ne peut lui proposer qu’une petite place d’infirmière. Elle insiste : elle est promue sergent et lorsque la première guerre mondiale éclate, elle est en première ligne pour combattre les austro-hongrois à coup de grenades.



S’il n’a pas mis le nez dans la série-mère Le petit théâtre des opérations (il est encore temps de le faire, et cette lecture lui en donnera l’envie irrépressible), le lecteur commence par éprouver un choc déstabilisant. Les auteurs ne se prennent pas au sérieux, et ils ne chantent pas les louanges de l’âme patriotique, ni les exploits militaires de ces dames, comme des exemples de bravoure et de virilité (ah oui, pour ce dernier point, c’est compréhensible). Le scénariste adopte un ton entre sarcasme et raillerie, alimentant un fond de dérision dont il ne se départit jamais. Les cyclistes du tour de France s’exhortent les uns les autres à aller plus vite parce que Marie Marvingt se rapproche derrière eux. Lorsque Nancy Wake l’interviewe, l’explication d’Adolf Hitler est commentée par C’est pour ça qu’il a arrêté la peinture, évoquant son échec à intégrer les Beaux-Arts par deux fois. Concernant Milunka Savić, le scénariste écrit : Comme elle est dangereuse, de près, les Autrichiens décident de l’avoir de loin avec l’artillerie. Pour le combat de la Rougemare et des Flamants, il tourne ridicule les Français incapables de reconnaitre l’uniforme militaire allemand. Il n’hésite pas à faire revêtir un bonnet d’âne par Yoshiko Kawashima. Avec ses mots, Marie Curie fait observer à son époux qu’avec deux prix Nobel, révolutionner les soins en temps de guerre, elle n’est plus à ça près. Etc. la narration visuelle est tout aussi enlevée, avec de nombreux gags purement visuels : des Lego pour réaliser un prototype de skis pour avion, un foyer de cheminée avec un parachute pour accompagner la descente d’un parachutiste britannique, un passage au noir & blanc avec une imitation de manga shojo pour Yosjiko Kawashima, un portrait de Staline avec un petit arc-en-ciel et des petits cœurs dans le bureau d’un gradé militaire, Donald Trump au milieu d’une foule américaine lors d’un colloque. Etc.



Une fois qu’il s’est adapté au ton persifleur des auteurs, le lecteur peut apprécier chaque récit, chaque héroïne et ses accomplissements. En effet, l’humour ne vient jamais diminuer ou ridiculiser lesdits accomplissements. Marie Marvingt (1875-1963) place la barre très haut avec ses exploits sportifs, ses inventions pour améliorer l’évacuation des blessés, l’invention également d’un type de suture plus efficace, et après la guerre le pilotage d’hélicoptère à quatre-vingts ans passés. Le scénariste a ainsi retenu huit femmes s’étant impliquées dans les deux guerres mondiales (cinq pour la première, trois pour la seconde) : Marie Marvingt, Nancy Wake (1912-2011), Milunka Savić (1890-1973), Octavie Delacour (1858-1937), Yoshiko Kawashima (1907-1948), Marie Curie (1867-1937), Sofiya Ozerkova (1912-?) et Marie Depage (1872-1915). En fonction de sa culture, le lecteur peut être familier de l’histoire de l’une ou plusieurs d’entre elles, peut-être pas de tous leurs accomplissements (quand même, Marie Curie avec deux prix Nobel à son actif). Il découvre ainsi leurs réalisations pour la plupart dans la société civile, et pour toutes dans une guerre mondiale, que ce soit pour un fait spécifique (Octavie Delacour) ou tout du long du conflit. Chaque histoire compte entre cinq et sept pages ce qui oblige le scénariste à se montrer sélectif, et pour autant leurs exploits ressortent avec force. Ils peuvent être complétés dans la page de texte qui se trouve après chaque bande dessinée.



La narration visuelle reprend les codes de la série-mère : des dessins dans un registre humoristique avec des personnages qui sourient, et des exagérations. Là encore, une fois passé le nécessaire moment d’adaptation, ces choix conduisent le lecteur à se focaliser sur le caractère extraordinaire des actions accomplies, et la force vitale intense de chacune de ces femmes. Le lecteur sourit en voyant Marie se retourner vers les trois garçons à bout de force, en faisant l’écuyère équilibriste debout sur le dos d’un cheval, en sautant du ballon qui s’écrase au sol, en accueillant un alpiniste sur un sommet qu’elle a atteint bien avant lui, blasée dans son fauteuil avec son chat sur les genoux, et ses médailles d’or et trophées accrochés au mur, s’amusant de la surprise de son cousin découvrant qu’elle se fait passer pour un soldat homme, s’amusant avec un hydravion en Lego, rayonnant de plaisir en pilotant un hélicoptère. L’une après l’autre, leur énergie et leur bonne humeur emportent la conviction du lecteur : Nancy Wake avec le visage tuméfié raillant le manque de force physique de son tortionnaire, Milunka Savić s’élançant vers l’ennemi avec une grenade dégoupillée dans chaque main, Octavie Delacour balançant une charentaise sur le maire qui ne la croit pas, Yoshiko Kawashima enjôleuse en femme fatale, Marie Curie se mettant du cambouis sur le visage en s’essuyant, Sofiya Ozerkova manquant de place sur son uniforme pour accrocher encore une nouvelle médaille, Marie Depage arrivant avec ses valises à la main pour sauver une nouvelle situation.



La narration visuelle s’avère pleine d’entrain, irrésistible, avec un petit degré de simplification dans les personnages et les objets, rendant immédiate la lecture de chaque case. La dessinatrice arrondit un peu plus ses contours que Monsieur Chien pour Le petit théâtre des opérations, rendant chaque case agréable à l’œil. Comme lui, elle dose avec soin le niveau de densité d’informations visuelles. Elle peut aussi bien investir le temps nécessaire pour représenter les nombreux éléments d’un unique décor, que réaliser une bande de cases à fond vide. Elle sait trouver le bon dosage pour que le lecteur n’éprouve pas de doute sur l’endroit où se déroule l’action, et sur l’époque concernée. Ses dessins portent la preuve de ses recherches de référence, que ce soient pour les vêtements civils, les uniformes, les armes, les véhicules militaires et les lieux divers. Elle n’opte pas pour un degré photographique de représentation, pour autant l’attention du lecteur se maintient sans solution de continuité car il voit tout le temps où se trouvent les personnages, la continuité dans leur action, les marqueurs temporels qui permettent de savoir quand se déroule récit. Comme le scénariste, elle choisit de ne pas s’appesantir sur les horreurs de la guerre, sur les blessés et leurs souffrances, sur les privations et les brutalités. Ces récits n’abordent pas la dimension meurtrière des conflits, les conséquences pour les civils, et les syndromes de stress post-traumatique pour les combattants.



Cette anthologie consacrée à des femmes combattantes permet de réparer l’oubli dont elles ont été victimes, une forme de féminisme relativisé par le fait que les hommes évoqués dans la série mère n’ont pas tous bénéficié non plus d’une reconnaissance à la hauteur de leurs exploits que ce soit par l’institution militaire ou la société civile. Une narration gentiment moqueuse, que ce soient les dialogues ou les dessins, sans rien retirer de la valeur et de l’héroïsme de ces femmes. Le lecteur sourit tout du long, tout en éprouvant un sentiment de respect et d’admiration pour leur courage et leur humanité.
Commenter  J’apprécie          220
Le Petit Théâtre des opérations, tome 3 : Faits..

Alors, exagère-t-on la réputation des Gurkhas ?

-

Ce tome est le deuxième d’une série de trois, ayant donné lieu à la série dérivée Toujours prêtes !, tome 1 (2023), par Virginie Augustin & Julien Hervieux. Cette bande dessinée a été réalisée par Monsieur le Chien pour les dessins, Julien Hervieux (alias l’Odieux C.) pour le scénario, et des couleurs réalisées par Olivier Trocklé. Il fait suite à Le petit théâtre des opérations, tome 2 : Faits d'armes incroyables mais bien réels... (2022) qu’il n’est pas indispensable d’avoir lu avant. La parution initiale date de 2022. L’album prend la forme d’une anthologie, regroupant sept histoires indépendantes, comprenant entre cinq et dix pages, chacune consacrée à un individu ou un groupe d’individus différent. Chaque chapitre comprend une page supplémentaire avec deux photographies d’époque, et un court texte complétant la réalité historique de ce qui a été raconté. Entre chaque histoire se trouve un intermède d’une page en bande dessinée consacrée à une anecdote militaire. Par exemple : un sous-marin coulé par un dysfonctionnement de chasse d’eau, l’utilisation de l’art contemporain pour torturer psychologiquement des prisonniers.



Jean de Selys Longchamps : le baron belge, cinq pages. Mai 1940, le baron Jean de Selys Longchamps, jeune officier belge, défend son pays face à l’invasion allemande. Il est repoussé à Dunkerque, mais il faut évacuer. Il retourne se battre en France, mais le pays est évacué. Ce qui n’arrête pas le baron. Hélas, après avoir traversé la France occupée, gagné Gibraltar, puis le Maroc, il est capturé et envoyé dans une prison près de Montpellier. Oui le baron s’est échappé ; ils ne le reprendront pas. Le baron parvient à rejoindre l’Angleterre. Sur la base aérienne où il s’est présenté, le commandant peut lui proposer un poste de pilote pour attaquer les trains allemands. Et pour ça, il lui confie un Typhoon : quatre canons de 20mm pour découper des locomotives, un emplacement pour roquettes pour plus d’amour. Après avoir reçu une lettre de ses copains belges évoquant les rafles de la Gestapo à Bruxelles, le baron décide d’attaquer cette ville, seul.



L’attaque des ballons intercontinentaux, une page. Monsieur Chien voit passer un ballon dans le ciel et le scénariste lui enjoint de prendre garde car le ballon est la toute première arme de destruction intercontinentale de l’histoire. Il évoque la tentative de les utiliser par l’armée japonaise en 1944, contre les États-Unis. USS William D. Porter, le destroyer de tous les dangers, six pages. Norfolk, aux États-Unis en novembre 1943. Le commandant monte sur le pont du destroyer USS William D. Porter. Il s’adresse à l’équipage : c’est la première grande mission de leur bâtiment, escorter le navire du président Roosevelt lui-même, jusqu’en Afrique. La manœuvre de départ commence et le commandant entend un grand bruit : le navire a un peu percuté les navires d’à côté. La traversée doit s’effectuer dans la plus grande discrétion. Peu de temps après le départ, un marin maladroit fait sauter une charge anti-sous-marine par accident, bruit qui s’entend à des kilomètres à la ronde.



Avec le premier tome, les auteurs avaient établi leur mode narratif : raconter des hauts faits sur un mode humoristique, neutralisant toute velléité de patriotisme, toute crainte d’exaltation de la valeur guerrière, de la haine de l’ennemi, un ton déstabilisant de prime abord. Le scénariste a fait la preuve de sa capacité à choisir des faits de guerre variés, et le dessinateur à trouver le bon dosage entre reconstitution historique plausible et assez consistante, et narration fluide et humoristique. Il en va de même pour ce tome qui reprend à l’identique la construction du précédent : un fait de guerre, une page de texte pour l’étoffer, une anecdote en une page de BD. Ce tome compte un récit de moins que le précédent, et un récit avec une plus forte pagination, le dernier. Cette fois-ci, le lecteur peut découvrir un pilote belge détruisant tout seul l’immeuble de la Gestapo à Bruxelles avec son avion, un équipage de Destroyer avec les deux pieds dans le même sabot (ils parviennent à tirer une torpille sur le navire dont ils assurent la protection et qui transporte le président des États-Unis), un avion civil servant à effectuer des bombardements, des Népalais au combat dans l’armée britannique, des Russes gazés chargeant l’armée allemande, un as de l’aviation, un soldat québécois terriblement efficace. Cinq récits se déroulent pendant la seconde guerre mondiale et deux pendant la première guerre mondiale.



Ces sept récits varient les plaisirs avec un pilote belge, puis un équipage de destroyer américain, un capitaine de corvette français, un Népalais, des soldats russes, un pilote français, et un sergent québécois. Comme dans les tomes précédents, le scénariste se tient à l’écart du camp allemand, tout en présentant un éventail multinational, mettant en avant cinq individus, et des soldats anonymes, un équipage, les différentes armes, avec trois récits pour l’armée de l’air, un pour la marine et un pour l’armée de terre. Le lecteur découvre une diversité à l’avenant pour les anecdotes : une tentative par les Japonais d’utiliser des ballons intercontinentaux en 1944, un cheval fusillé par les Allemands en 1940, un sous-marin Allemand coulé par un problème de chasse d’eau en 1945, une cellule avec art moderne en 1936, la production d’un char américain d’après des plans français en 1917, un pigeon décoré de la légion d’honneur en 1916. Comme à son habitude, le scénariste adopte un ton narquois. D’un côté, il se montre rusé et habile : le baron belge apparaît plus insubordonné et téméraire que raisonné et courageux. Le commandant Henri-Laurent Daillière navigue entre inconscience et irresponsabilité. Lachhiman Gurung est mis en scène comme une force de la nature, un individu refusant l’évidence de ses blessures, plutôt qu’un homme dur à la douleur. Charles Nungesser agit de manière quasi irresponsable par pure bravache. Leo Major se conduit comme une tête brûlée convaincu de sa quasi-invincibilité, et de l’infériorité des ennemis. Il reste toutefois possible de lire ces récits au premier degré en faisant fi de ce ton moqueur, et d’y voir une forme de ruse : les hauts faits (sauf pour l’équipage du destroyer) transparaissent bien, de l’attaque en solo sur le quartier général de la Gestapo à Bruxelles, aux opérations commando également en solo contre les troupes allemandes. Le lecteur peut y voir une forme d’admiration teintée d’incrédulité à posteriori pour les exploits accomplis, conforté dans cette idée par la dédicace du scénariste : À tous ceux qui y sont allés. À tous ceux qui y sont encore. Merci.



Au fil des pages, le lecteur se dit qu’artiste et scénariste se sont bien trouvés, totalement en phase sur le mode narratif humoristique qui n’exclut pas l’admiration. Impossible de résister aux gags visuels : les yeux en forme de cœur quand de Selys Longchamps découvre le Typhoon qu’il va piloter, les yeux en forme de crâne quand la fureur lui dicte d’attaquer la Gestapo à Bruxelles, la présence de Popeye parmi l’équipage de l’USS William D. Porter, le teint cadavérique de son commandant en comprenant que son équipage a tiré sur la navire du président, le langage corporel exagéré pour mieux montrer l’agacement, la colère, l’exaspération, les simulacres d’installation d’art moderne, l’inscription Cadeau pour Adolf à l’extrémité d’une bombe, etc.



Dans le même temps, le dessinateur raconte fidèlement l’action, avec des éléments historiques comme les uniformes, les armes, les avions, les navires, le sous-marin, les fusils à baïonnette, le char, etc. Il emmène le lecteur dans des lieux variés : une base aérienne, la pleine mer, un destroyer, le plein ciel, une stalle d’un centre équestre, la jungle birmane, une grande plaine, un sommet du Népal, des salles de commandement, un sentier en crête, etc. Il se montre très clair dans la mise en scène des combats : le vol incroyable de l’avion du baron entre les immeubles de Bruxelles, les positions respectives de navire de la flotte escortant le président, les tirs de barrage anti-aérien, la charge des soldats ayant souffert une attaque au gaz, l’infiltration du Rambo québécois dans les lignes ennemies, etc. Il suffit que le lecteur marque un bref temps de pause quelle qu’en soit la raison, pour que le recul provoque en lui une déconnexion d’avec le mode humoristique, et la mesure de l’action militaire qu’il est en train de découvrir, y compris les morts occasionnés par cette action. C’est tout le paradoxe de cette narration irrespectueuse : faire découvrir des faits d’arme sans les valoriser, tout en présentant des faits étonnants et des actions remarquables. Une étrange image de la guerre et des combats. Le dessinateur a également rédigé une dédicace mise en exergue : il indique qu’il est un clown, un artisan du pouêt-pouêt, et il sait reconnaître les gens qui lui sont supérieurs. […] Humblement, très humblement, ces pages leur sont dédiées.



Qu’il ait lu les deux premiers tomes ou non, le lecteur en redemande. Il découvre des faits d’arme authentiques, semblant être tournés en dérision, mais en fait racontés avec rigueur. Il sourit devant le comportement parfois emporté des militaires, tout en mesurant bien le caractère extraordinaire de ce qui est raconté, même par temps de guerre. Scénariste et dessinateur semblent un peu désinvoltes dans leur manière d’aborder ces récits, au moins en apparence. À la lecture, leur implication et une forme inattendue de respect deviennent apparents.
Commenter  J’apprécie          210
Sur les rails

Certes, le style volontairement provocateur a du succès dans son format de blog (sans condescendance aucune, c'est un format tout à fait respectable), dans un roman cela ne suffit malheureusement pas. J'ai levé les yeux au ciel plusieurs fois en lisant les dialogues. S'il est un très bon odieux connard, les autres personnages ne convainquent pas et frisent souvent le ridicule. Si on ne sait vraiment rien, on apprend quelques choses sur l'organisation du trafic de drogue, l'ensemble est donc passable. Je suis quand même contente de voir les recommendations faites sur les autres avis pour de meilleures lectures.
Commenter  J’apprécie          00
Le petit théâtre des opérations, tome 2 : Faits..

Cependant, le cheval a un problème : il est vivant.

-

Ce tome est le deuxième d’une série de trois, ayant donné lieu à la série dérivée Toujours prêtes !, tome 1 (2023), par Virginie Augustin & Julien Hervieux. Cette bande dessinée a été réalisée par Monsieur le Chien pour les dessins, Julien Hervieux (alias l’Odieux C.) pour le scénario, et des couleurs réalisées par Olivier Trocklé. Il fait suite à Le petit théâtre des opérations, tome 1 : Faits d'armes impensables mais bien réels... (2021) qu’il n’est pas indispensable d’avoir lu avant. La parution initiale date de 2022. L’album prend la forme d’une anthologie, regroupant huit histoires indépendantes, comprenant entre quatre et six pages, chacune consacrée à un individu ou un groupe d’individus différent. Chaque chapitre comprend une page supplémentaire avec deux photographies d’époque, et un court texte complétant la réalité historique de ce qui a été raconté. Entre chaque histoire se trouve un intermède d’une page en bande dessinée consacrée répondant à une question de culture militaire. Par exemple : Pourquoi monte-t-on dans les avions par la gauche ? Qui est Mariya Oktyabrskkaya, la veuve vengeresse ?



Stonne et Ardennes, cinq pages : village de Stonne dans les Ardennes, le seize mai 1940. Les armées allemandes et françaises sont au contact. Le village n’arrête pas de changer de main. Le capitaine sort de la tente d’état-major et indique à ses soldats que c’est à eux de jouer. Il leur ordonne de rejoindre leur B1 bis, c’est-à-dire un char équipé d’une mitrailleuse, d’une antenne pour recevoir RTL, d’un canon de 47mm, d’un canon de 75mm, avec le nom du char pour faire peur à l’ennemi (Corinne Masiero), soit trente-et-une tonnes et demi d’amour. Treize chars allemands attendent les Français dans la rue principale. Mais ils les attendent en file indienne, ce qui les empêche de manœuvrer. Le char français remonte la colonne et c’est un véritable tir au pigeon. Mon char, ma bataille, une page de texte : La bataille de Stonne aura été particulièrement marquante durant la campagne de France de 1940. Elle est pourtant quasiment oubliée ! Alors que celle qui fut parfois qualifiée de Verdun de 1940, tant les combats y furent rudes, a de quoi faire parler d’elle : du 15 au 25 mai 1940, le village de Stonne va changer de main… 17 fois.



Pourquoi monte-t-on dans les avions par la gauche ? Julien Hervieux bien calé dans un profond fauteuil explique à monsieur Chien assis sur une chaise inconfortable pour enfant que La première guerre mondiale n’est pas faite pour la cavalerie. Aussi les cavaliers sont envoyés en nombre dans une nouvelle arme : l’aviation. Et comme les cavaliers portent le sabre à gauche, pour grimper sur un cheval, ils le font par la gauche. Ils ont donc gardé le même principe pour grimper dans leur avion. Douglas Bader, quatre pages : en 1939, l’Angleterre a besoin de tous ses pilotes. Douglas Bader, pilote sans jambes, parvient à convaincre la hiérarchie de lui confier un avion de chasse.



S’il a lu le premier tome (et il aurait tort de ne pas le faire), le lecteur sait à quoi s’attendre : des histoires courtes de hauts faits pendant la première ou la seconde guerre mondiale, suivis par une page de texte venant apportant des éléments d’information supplémentaire, et une narration visuelle entre faits et parodie comique. Il relève tout de suite que le scénariste a opté pour son vrai nom pour ce deuxième tome ; Julien Hervieux, plutôt que pour son surnom qui limite fortement la possibilité de le citer explicitement du fait de sa nature grossière. Pour autant, il n’a rien perdu de son mordant, se montrant tout aussi sarcastique que le dessinateur dans sa narration. Pour le présent tome, il a opté pour quatre récits situés pendant la première guerre mondiale, et quatre pendant la seconde. Le lecteur découvre vraisemblablement des faits et des militaires dont il n’a jamais entendu parler, sauf s’il est déjà féru de l’histoire de ces deux conflits. Avec une exception, l’histoire consacrée à Mata Hari, Margaretha Geertruida Zelle (surnommée Grietje Zelle, 1876-1917), fusillée à Vincennes. En fonction de ce qu’il sait de cette espionne, il peut être très surpris de la version des faits qu’en donne les auteurs, ou conforté dans son jugement sur leur façon d’insuffler du caractère et de la personnalité à chaque combattant, le dessinateur n’étant pas en reste pour donner sa propre interprétation. Pour autant, la page de texte exposant des faits historiques vient conforter cette interprétation.



Le scénariste a choisi une variété de combattants : un char français face à des chars allemands, un pilote d’avion sans jambe, un fermier finlandais résistant à l’envahisseur soviétique, le rôle de la cavalerie en 14/18, une espionne, le sens du devoir chez un tirailleur dans une tourelle, le combat à coups de poing pendant la première guerre mondiale, et le sort d’un soldat afro-américain engagé dans la légion étrangère française. Comme dans le premier tome, il se tient à l’écart de toute fierté nationale, ou toute glorification des faits d’armes. Toutefois, il laisse le lecteur libre d’apprécier l’héroïsme des combattants, ou leur inconscience, ou leur dévouement, ou leur acharnement. Il brouille les cartes en adoptant un ton moqueur, ou au contraire il désacralise ces individus au comportement sortant de l’ordinaire, neutralisant ainsi les a priori du lecteur qui peut les considérer sans avoir le sentiment d’être obligé de les admirer. Que penser en définitive de Douglas Bader qui parvient à convaincre ses officiers de le laisser piloter alors qu’il n’a pas de jambes et qui ne s’avoue jamais vaincu, tentant évasion après évasion une fois capturé par l’ennemi ? D’un côté, la narration se garde bien de montrer les ennemis qu’il abat ; de l’autre côté, elle adopte un ton jovial et plusieurs fois irrévérencieux pour évoquer le courage et les prouesses de ce militaire.



Dans la troisième histoire consacrée au fermier finlandais, le scénariste se monstre tout aussi caustique et moqueur. Simo Hähyä se met en route pour lutter contre l’union soviétique parce que des chars russes sont passés sur son champ de navets. Dans la deuxième page, le texte d’un court cartouche demande : Mais quel est le secret de Simo Häyhä ? Dans la case suivante, un officier dans une salle, débout avec ses mains posées à plat sur la table répond : Eh bien, c’est très simple, avec une pancarte au-dessus de lui portant l’inscription Les tutos de Simo, aussi anachronique qu’ironique. Dans le texte qui suit, il s’en donne à cœur joie : Car le Finlandais est taquin. En effet, ne pouvant manger l’ogre soviétique en une fois avec leur petite armée, Ils utilisent une stratégie locale : celle du bûcheron. Si l’arbre est trop gros, fais-en des tronçons. […] Mais les Finlandais poussent le folklore plus loin. Ainsi, pour se déplacer dans la neige, ils sortent les skis. Certes, comme d’autres armées. Mais toutes les armées ne font pas tracter leurs skieurs pas des rennes pour aller plus vite encore ! […] Oui, une autoroute de mecs tirés par des rennes. Ainsi à chaque page de texte de faits après l’histoire, le lecteur se régale de cette dérision maniée avec humour.



Comme dans le premier tome, le dessinateur a savamment dosé la précision de sa reconstitution historique. Il reproduit l’apparence des uniformes, des armes, des véhicules de guerre, avec un niveau de détails suffisant pour que ces représentations ne soient pas génériques, tout en restant très loin d’un niveau photographique. Il manie l’humour visuel de différentes façons, la plus prégnante et la plus régulière se lisant sur les expressions de visages des combattants, souvent exagérées pour un effet comique. Il lui arrive de glisser des détails anachroniques et saugrenus comme une figurine de Goldorak parmi des décombres dans la première histoire, ou une bouée canard (ou plutôt aigle) dans la sixième. Il joue également sur les postures et le langage corporel. Impossible de résister à Douglas Bader assis sur un banc dans un camp de prisonnier et agitant sa prothèse de jambe en direction de ses geôliers pour les remercier. Impossible également de résister aux piètres talents d’actrice de Mata Hari tentant d’extorquer des renseignements secrets à des officiers allemands ou des responsables britanniques.



Monsieur Chien sait donner à voir les nombreux environnements qui défilent au fur et à mesure des histoires : une rue ravagée de la ville de Stonne, des combats aériens, des soldats progressant difficilement dans un champ de neige, des officiers dans un état-major sentant l’effroi les gagner en comprenant l’étendue des pertes en soldats, des tranchées, un spectacle de lancer de couteaux dans un music-hall, des enterrements militaires, etc. Il peut encore plus se lâcher en termes de mise en scène et d’humour visuel dans les intermèdes en une page : déjà en montrant une relation de dominé pour son avatar entièrement soumis au comportement condescendant, voire méprisant, de l’odieux C. dans des endroits inattendus, avec un chien suant sang et eau en essayant de réfléchir, ou pigeon tout aussi paniqué, ou en parvenant à glisser une maquette d’un transport blindé tout-terrain (TB-TT) sorti tout droit de L’empire contre-attaque. Le lecteur sourit de bonne grâce à ces facéties qui participe également à cette forme de présentation décalée qui peut déconcerter au départ.



Un pilote de chasse sans jambe ? Pourquoi on monte dans les avions par leur côté gauche ? Quelle fut la réalité des renseignements dérobés par l’espionne Mata Hari ? Le lecteur tombe vite sous le charme de la verve amusante et improbable des auteurs, pour un sujet aussi grave que des faits de guerre. Loin de se formaliser de ce manque de respect vis-à-vis de morts patriotes, il constate que l’humour visuel et la dérision en mots lui permettent de prendre un salutaire recul, sans pour autant obérer ou neutraliser la singularité de ces faits de guerre.
Commenter  J’apprécie          263
Sur les rails

Sam, ancien directeur marketing, approche Malik, petit dealer de la cité des Deux-Chênes. Son but : allier leurs deux profils complémentaires pour monter un trafic de cocaïne version "haut de gamme". Un thriller complètement amoral et cynique. Deux univers que tout oppose vont devoir cohabiter pour mener à bien leur "entreprise". Un récit entrecoupé des points de vue caustiques de Sam et Malik pour notre plus grand régal.

Commenter  J’apprécie          00
Le petit théâtre des opérations, tome 1 : Faits..

Aux soldats inconnus, aux soldats oubliés.

-

Ce tome est le premier d’une série de trois, ayant donné lieu à la série dérivée Toujours prêtes !, tome 1 (2023), par Virginie Augustin & Julien Hervieux. Cette bande dessinée a été réalisée par Monsieur le Chien pour les dessins, L’Odieux C. (pour son nom complet, se reporter à la couverture) pour le scénario, et des couleurs réalisées par Olivier Trocklé. La parution initiale date de 2021. L’album prend la forme d’une anthologie, regroupant huit histoires indépendantes, comprenant entre quatre et neuf pages, chacune consacrée à un individu ou un groupe d’individus différent. Chaque chapitre comprend une page supplémentaire avec deux photographies d’époque, et un court texte complétant la réalité historique de ce qui a été raconté.



Dixmude, la naissance d’un bataillon, sept pages. TGV 8042, le Troyes-Paris de 15h27. Deux jeunes garçons braillent à tue-tête pour défendre l’un que le plus grand prédateur marin c’est le requin, et l’autre que c’est l’orque. Un homme en costume-cravate se lève après avoir revêtu un masque de Mickey, et il abat la crosse de son pistolet sur les enfants pour les faire taire. Le plus grand prédateur marin, c’est le breton. La mère arrive et s’arrache les cheveux en voyant le carnage, pendant que l’homme brise le quatrième mur et s’adresse au lecteur pour lui raconter une histoire vraie, l’histoire de Dixmude. 1914, la guerre vient d’éclater et ça va visiblement surtout se jouer à terre. L’état-major confie donc au contre-amiral Pierre-Alexis Ronar’ch de rassembler tous les marins qui glandent sur les bateaux. Et sur les bateaux, il y a de tout : les cuistos, les électriciens, les mousses, etc., environ 6.500 hommes. Peu après, l’état-major leur trouve une affectation : ces fusiliers marins vont aller défendre Paris, et les Parisiens leur donnent le surnom de Les demoiselles de la marine. Pour d’évidentes raisons, le nom n’est pas resté. Cependant, le destin des marins va se jouer dans un bureau, leur nouvelle affectation : rejoindre les Belges pour la bataille de l’Yser à Dixmude. Ce bataillon se révèle être bien différent de la vision d’unité pourrie qu’avait l’état-major.



Mad Jack Churchill, le soldat à l’arc, cinq pages. Campagne de France en 1940, des soldats allemands avancent précautionneusement dans les rues désertées d’un village. Soudain, un léger sifflement, et un des soldats tombe mort, une flèche fichée dans la joue droite. L’armée allemande vient de rencontrer une légende : Mad Jack Churchill. Le lieutenant-colonel donne l’ordre à ses soldats de charger. Lui-même s’élance l’épée à la main, de type Broadsword. Il est ensuite nommé dans les Commandos. Lors d’une attaque, il marche seul vers une unité allemande avec comme tactique : avancer vers l’ennemi au son de la cornemuse, jeter la première grenade, attaquer à l’épée en hurlant. Ça marche. Plus tard en Italie, il attend la nuit pour que cesse les tirs de canon, et utilise la même tactique : la cornemuse et l’épée. Avec cinquante hommes, Mad Jack vient de capturer la position ennemie et cent-trente-six Allemands qui n’ont rien compris. La bataille de Menton, David et Goliath dans les Alpes, cinq pages. Le 18 juin 1940, la guerre ne se présente pas bien pour la France. Forcément, ça donne des idées à un certain Benito Mussolini : envahir la France. À Menton, dans les Alpes, l’alerte est donnée. Le pont Saint-Louis qui relie la France à l’Italie est verrouillé.



Voilà une série aux caractéristiques peu communes : une anthologie dont toutes les histoires sont réalisées par la même équipe créatrice, des récits de guerre narrés avec un ton persifleur, la bravoure au combat sans exalter le sentiment patriotique ou l’agressivité virile, des dessins dans un registre réaliste mais avec des exagérations entre humour et maladresse, sans même parler du patronyme du scénariste que la bienséance proscrit d’écrire en entier. Le premier fait d’armes se déroule pendant la première guerre mondiale et met en scène la naissance d’un bataillon fait de jeunes bretons de tout juste dix-sept ans dont il ne revint que la moitié. Le lecteur se retrouve d’entrée de jeu, déstabilisé par le ton persifleur de la narration, tant par les dialogues et les cartouches de texte que par les dessins. Le massacre des deux enfants à coups de crosse par un monsieur avec un masque de Mickey annonce pourtant la couleur : humour noir et politiquement incorrect, exagération, sans glorification de cette réaction qui apparaît anormale. Le lecteur voit bien que le dessinateur apporte beaucoup dans cette veine : les grands yeux bleus des enfants, leur mère s’arrachant les cheveux dans une réaction hystérique, l’étrange badge Smiley ornant le revers de veste du monsieur. Ça continue dans la même veine parodique, moqueuse et irrespectueuse avec le récit de guerre en lui-même.



L’artiste représente tous les fusiliers marins bretons comme des hommes de petite taille, environ un mètre trente. Beaucoup se déplacent pied nu. Ils présentent une morphologie très tassée : court sur patte, un torse de barrique, une largeur d’épaule de gorille, des membres très épais. Des exagérations comiques dans les expressions de visage. Un fusilier qui distribue des baffes à un soldat allemand comme Obélix le ferait à un soldat romain. Après l’ouverture des écluses, la mer du Nord a envahi Dixmude, et du fait de leur petite taille seul le calot à pompon des marins dépasse de la surface de l’eau. Sans oublier d’énormes pansements sur la tête et sur les membres de soldats après un combat. Cette veine visuelle humoristique se retrouve dans chacun des huit récits : des lapins et des taupes qui regardent les soldats en manœuvre, Jack Churchill qui attaque des nazis en sautant d’un toit avec son épée écossaise ancienne dans une main et sa cornemuse dans l’autre, une grenade dégoupillée portant l’inscription Cadeau de France, des tentacules dépassant de la petite ouverture d’une porte de cellule, un dessin de chauve-souris avec un bandana aux couleurs de l’Union Jack et une ceinture d’explosifs, un pirate évoquant Jack Sparrow avec un perroquet muni d’un casque à pointe, la grande faucheuse accueillant toute tremblante Albert Roche dans les cieux, etc. L’artiste n’hésite pas à servir de l’humour bien noir, bien macabre, comme cette case avec uniquement les deux pieds, chevilles et la moitié des tibias, le reste du corps du soldat ayant été emporté par un obus. Ces choix dans la narration visuelle désamorcent et neutralisent toute forme de glorification de la bravoure au combat, mais sans pour autant ridiculiser les militaires, un équilibre subtil parfaitement tenu tout du long.



Au premier coup d’œil, les dessins présentent des caractéristiques peu engageantes sur le plan esthétique : visages parfois caricaturaux pas très bien finis (même si le lecteur éprouve la surprise de voir passer Tintin en page vingt-huit pour servir la soupe à Anna Iegorova ; il se fait sévèrement maraver), traits de contour très fins parfois comme mal assurés donnant une sensation de manque de consistance, niveau de détails de la reconstitution historique très variable et sujets à caution par endroit. Pour autant, la lecture génère une impression très différente. Cet équilibre à se trouver toujours sur le fil, entre dérision et respect. Cette inventivité dans les gags visuels, et la capacité à les intégrer dans le fil de la narration. La facilité avec laquelle chaque dessin permet de comprendre immédiatement où se situe l’action, quelle manœuvre est en train de se dérouler, quelles armées sont en présence. Et toujours ce dosage incroyable entre l’exagération qui donne à voir ces hauts faits tellement improbables (Ah ben si, s’avancer sur le champ de bataille avec sa cornemuse !) et les éléments historiques qui nourrissent comme il faut la reconstitution et le récit.



L’Odieux C. a choisi les faits d’armes comme suit : deux pendant la première guerre mondiale six pendant la seconde. Il évoque l’armée française avec les fusiliers marins bretons à Dixmude, les neuf soldats de l’équipage d’une casemate défendant un pont dans la région de Menton, l’incroyable carrière militaire de René Fonck (1894-1953) pendant la seconde guerre mondiale (et l’adoration des foules avec cette femme portant un teeshirt avec l’inscription Fonck me !), et celle tout aussi incroyable et fougueuse d’Albert Roche (1895-1939), blessé neuf fois, ayant capturé 1.180 soldats allemands, et surnommé le premier soldat de France par le maréchal Ferdinand Foch (le scénariste le surnommant le Captain America français). Il évoque également d’autres armées : le britannique Jack Churchill (1906-1996) avec son épée et sa cornemuse, l’aviatrice russe Anna Iegorova (1919-2009), le dentiste américain Adams, une idée de camouflage d’un navire de l’armée allemande. Chaque récit permet de comprendre le haut fait militaire remarquable et laisse le lecteur se représenter la personnalité de l’homme ou de la femme, ou des hommes qui les ont accomplis. Les dialogues et les cartouches de texte utilisent des phrases courtes et simples, avec un ton persifleur à sa manière, différente de celle de la narration visuelle. La quatrième de couverture fait état d’un ton décalé mais toujours documenté, et le lecteur effectue le même constat. Au cours de sa lecture, il fait l’expérience que ce mode narratif permet aux auteurs de se focaliser sur le caractère extraordinaire de ce qu’ils racontent, sans critique ou louange des combattants. Pour autant, sont présents un certain nombre de jugements de valeur, par exemple le fait qu’Anna Ierogova ait été aussi bien torturée par les ennemis que par son propre camp.



Le petit théâtre des opérations : une façon de dire que cette bande dessinée évoque des opérations militaires en mettant en scène une petite poignée d’individus à chaque fois. Le lecteur ne s’attend pas forcément au ton sarcastique de la narration, tout en se rendant compte que le scénariste sait de quoi il parle et que le dessinateur parvient à un savant dosage entre persiflage et montrer les faits. Il découvre, ou retrouve en fonction de sa culture en la matière, des hauts faits militaires peu communs, sous l’angle de leur caractère extraordinaire, tout en respectant la réalité historique, l’humour évitant toute forme de caution des conflits, tout en apportant la touche d’humanité nécessaire.
Commenter  J’apprécie          334
Toujours prêtes !

Cette BD est destinée à réparer une injustice dans le cadre de l’égalité homme-femme. Je sais que ce débat est assez stigmatisant mais parfois nécessaire pour pouvoir avancer dans le bon sens. On peut y voir en effet du féminisme racoleur surtout avec un tel titre qui fait slogan de campagne. Cela ne sera pas mon cas.



En effet, il s’agit de réhabiliter des figures féminines qui ont été oublié par l’Histoire alors qu’elles ont accomplies de véritables exploits que cela soit dans la découverte scientifique ou sur un champ de bataille.



On verra divers exemples très variés mais qui se consacre au destin de femmes durant les deux guerres mondiales. La place de la femme n’a jamais été véritablement reconnue. Il s’agit de raconter de petites histoires pour montrer qu’elles ont joué un rôle non négligeable tout en étant très courageuses. En même temps, cela rétablit des vérités historiques.



J’ai évidemment aimé cette BD non seulement pour son objectif mais également sur la forme. Le dessin est en tous les cas assez avenant et dynamique. Le propos va droit à l’essentiel également. C’est d’une grande simplicité ce qui concourt à la fluidité de lecture de l’ensemble. Par ailleurs, l’humour est présent pour nous présenter ces femmes remarquables.



Au final, on ressort plutôt ravi de cette BD qui met les femmes à l’honneur dans un rôle d’héroïnes combattantes. J’aurais juste un petit bémol lié au fait que je n’aime pas trop les femmes soldats faisant la guerre. Oui, je préfère une autre image de la femme dans sa grâce, dans sa douceur et sa tendresse. Bien évidemment, cela n’engage que moi. Libre au monde d’avoir des Margaret Thatcher ou des Elisabeth Borne. Moi, ce n’est pas ce que je préfère.



Une BD à offrir à tous les hommes un peu macho. Cependant, je ne suis pas certain qu’ils vont la lire.
Commenter  J’apprécie          592
Le Petit Théâtre des opérations, tome 3 : Faits..

3ème tome de la série sur des faits d'armes impensables mais bien réels. Je ne boude pas mon plaisir de découvrir ces héros méconnus et ces faits improbables. Mises en dessins et colorisées avec talent, ces histoires sont servies sur un plateau d'argent avec un humour corrosif et jubilatoire. J'en redemande bien sûr !
Commenter  J’apprécie          10
Toujours prêtes !

Une bande dessinée riche en humour et en histoire que demander de plus!



Cette bd m'a permis de découvrir de très beaux portraits de femmes dont on ne parle jamais et qui ont pourtant marqué l'histoire.



On admire leur courage, leur ténacité, leur audace.



Le tout servit par une plume très drôle.



Je recommande cette lecture.
Commenter  J’apprécie          10
Toujours prêtes !

Je l'ai dévoré puis prêté et je ne l'ai pas encore récupéré pour rediger ma critique (d'où mon retard). Je modifierai cette dernière dès qu'on me rendra la BD.

Je l'ai lu avec en tête la petite musique des vidéos de l'Odieux Connard, que je regarde parfois (c'est mon mari qui n'en loupe pas une).

On y decouvre 5 destins incroyables de femmes héroïques en temps de guerre, toutes méconnues (à l'exception de Marie Curie connue pour d'autres faits, et des Sorcieres de la Nuit, dont j'ai lu les avebtures à mes enfants dans la collection jeunesse Quelle histoire !)

Promis je donne plus de details sur mes ressentis dès que je récupère ma BD !
Commenter  J’apprécie          10
L'école des Mini-garous

La collection "Mini pouple" regorge de courts et sympathiques petits romans, dont "L'école des mini-garous". L'auteur s'amuse à imaginer ce que deviennent les enfants mordus un soir de pleine lune par des loup-garous. Dans une école forestière, on leur apprend à devenir des terreurs. Un programme qui ne plaît pas plus que ça à nos héros ! L'histoire est amusante et réserve une petite surprise à la fin. Les illustrations sont très jolies et rendent le texte moins impressionnant pour de jeunes lecteurs.
Commenter  J’apprécie          20




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Julien Hervieux (569)Voir plus

Quiz Voir plus

Le faucon déniché de Jean-Côme Noguès

Comment se prénomme le jeune héros ?

Martin
Jacquou
Brichot
Guilhem

20 questions
858 lecteurs ont répondu
Thème : Le faucon déniché de Jean-Côme NoguèsCréer un quiz sur cet auteur

{* *}