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Critiques de Jurica Pavicic (267)
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L'Eau rouge

Suite au « Miracle à la Combe aux Aspics » je suis toujours en Croatie, mais cette fois-ci dans un lieu moins pommé et avec des gens plus civilisés, le 23 septembre 1989 à Misto, une bourgade côtière non loin de Split.

Vesna, Jakob Vela et leurs jumeaux Silva et Mate de dix-sept ans dînent ensemble. Ils ne savent pas encore que c'est la dernière soirée de leur vie normale. Après le dîner, Silva habillée pour sortir leur lance « J'y vais....Allez salut. » Elle dit se rendre à une fête dans la baie, c'est la dernière fois qu'ils la verrons.

Ils croyaient jusqu'alors qu'ils menaient une vie normale, la vie d'une famille normale avec des problèmes normaux à deux balles. Ils croyaient que Silva était seulement une fille exubérante dotée d'un sacrée tempérament, qui ne faisait qu'à sa tête. Mais plus l'absence se prolonge, plus l'enquête de la disparition s'approfondit, plus ils se rendent compte que leur fille leur était une étrangère totale. Et le pire une personne disparue dans la nature, la terrible incertitude, morte, vivante ?



Le livre qui semble au premier abord un polar, dans son approche à l'événement et aux personnages liés à la victime est loin d'en être un. L'histoire intime tragique se déroule sur fond du contexte politique du pays qui commencera à chambouler à partir de 1989 avec la chute du mur de Berlin qui signe la fin du monde communiste. le pays connaît une désagrégation violente qui débutera avec l'indépendance de la Croatie le 25 juillet 1991. La famille se désagrège aussi peu à peu, évoluant dans ce paysage de violence et de misère qui s'accentue pour se terminer en guerre. Les délinquants d'hier deviennent des commandants de l'armée croate, et plus tard politiciens, comme si diriger un bataillon de guerre ou faire de la politique nécessitait la même compétence que diriger un réseau de drogues. Quand à Silva déjà majeure depuis 1990 à part sa famille, désormais plus personne ne s'en soucie .....mais nous lecteurs et lectrices , sa mère et son frère, on l'attend....



Alternant les points de vue des divers personnages directement ou indirectement liés au drame, sur fond de trente ans de l'histoire post-communiste croate, l'auteur mêle les histoires personnelles à la grande Histoire, sans jamais perdre le fils de l'intrigue. On va suivre leurs évolutions, de la chute du communisme, passant par la guerre civile puis la mondialisation, jusqu'à l'invasion touristique de la côte dalmate qui profitera largement à la nouvelle mafia capitaliste croate qui soudoie les politiciens, tout en exploitant généreusement les habitants des villes et villages côtières. J'ai aimé la prose nette, claire et sans fioritures qui s'adapte comme un gant au sujet, et la structure de l'histoire et de l'intrigue qui se déploient parallèlement sans ambiguïté, chaque chapitre se référant à un personnage lié à la disparition.

Poignant et Passionnant !
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La Femme du deuxième étage

°°° Rentrée littéraire 2022 # 17°°°



Crime et châtiment.



Dès les premières pages, on sait que Bruna a tué sa belle-mère qui vivait à l'étage en dessous du sien dans une maison de la banlieue de Split. Ce qui compte, c'est le pourquoi et le comment, quel est le point du départ de ce meurtre savamment prémédité. Jurica Pavičić propose une dissection précise de cette tragédie dans laquelle des gens ordinaires et modestes deviennent des acteurs d'un fait divers sordide. A l'affût du moindre détail, le lecteur avance au rythme des indices semés par l'auteur, à la recherche de réponses, enquêtant sur les petits gestes anodins qui ont entrainé l'irréparable.



« Le piège se referma lentement, comme un poisson qui entre dans une nasse et croit encore un moment qu'il nage dans la mer en liberté. »



Bruna n'a pas eu la vie qu'elle avait planifié après son mariage avec Frane, marin absent durant de longues périodes. Délaissée sous la surveillance d'une belle-mère qui se mue en tyran domestique, encore plus lorsqu'elle devient impotente suite à un AVC. C'est Bruna qui en a la totale charge.



Jurica Pavičić décortique brillamment la dynamique des relations familiales et de ses rapports de force, observateur subtil d'une vie décevante et précaire qui bascule progressivement jusqu'à effondrer tout le monde intime de Bruna. L'ironie du destin est que ce soit la famille qui achève cet engrenage meurtrier : Bruna voulait tellement fonder une famille et elle se retrouve dans une maison familiale qui l'étouffe, flanquée d'un mari falot et d'une mère égocentrique qui ne pense qu'à son propre bonheur sans voir que sa fille sombre. La maison à deux étages est d'ailleurs un personnage à part entière, remarquablement décrite, oppressante métaphore de l'incarcération domestique vécue par l'héroïne.



L'auteur excelle également dans la chronique sociale d'une Croatie en pleine transformation post dislocation de la Yougoslavie communiste, ce qui apporte une couche supplémentaire de lecture en replaçant les destinées individuelles dans un ancrage sociétal fort : désindustrialisation et crise économique poussant le mari à partir de plus en plus loin et longtemps, le pays se tertiarisant sous l'impact du mirage touristique. Bruna ne semble qu'un fétu de paille emporté par des événements contextuels qui la dépasse, sentiment renforcé par l'écriture très détachée de l'auteur, quasi tchékovienne, clinique.



Son portrait épouse une psychologie très convaincante, d'autant que l'histoire bifurque vers son passé mais aussi vers son avenir et sa sortie de prison, ce qui permet d'embrasser large ce parcours de vie singulier. Et pourtant, jamais on ne perce totalement les pensées de ce personnage fascinant d'opacité et de solitude au point d'apprécier le calme routinier de la prison à la vie du dehors. On la suit avec tension, en ayant toujours l'impression que quelque chose bouillonne sous la surface, quelque chose de potentiellement violent, inquiétant en tout cas.



Ce n'est pas un personnage facile, trop insaisissable pour être immédiatement aimable mais l'empathie finit par naître malgré tout, notamment dans la deuxième partie qui distille une mélancolie existentialiste puissante sans pour autant proposer une rédemption mièvre à Bruna.

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La Femme du deuxième étage

Je peux vous dire que je viens de prendre une véritable claque. Ce livre est époustouflant. Un univers d'une extrême noirceur, pesant, oppressant, suffocant, malsain. Une certaine lenteur dans la lecture chose essentielle , pour mieux nous imprégner des personnages et de l'environnement. L'auteur utilise les mots avec dextérité., il sait où les placer, il ne laisse rien hasard, tout est calculé, tout à son importance. Il capte ses lecteurs, d'une maniere hypnotisante du début jusqu'au dénouement final, un fin représentative du roman. Un rythme qui monte crescendo, d'où se sentiment de malaise., de mal être. la psychologie des personnages est travaillée en profondeur, principalement celui de Bruna. Une femme qui c'est perdue , elle ne se reconnait plus, où est passée la véritable Bruna.

Elle est la protagoniste centrale et la narratrice. Une histoire qui s'annonçait être dans la normalité , dans la banalité de tout couple. Suite à une invitation, elle rejoint sa meilleure amie à un anniversaire. Son regard est attiré par Frane, un coup de foudre immédiat. Une relation intense qui se termine par un mariage. Ce dernier est souvent absent, il est marin, et se donne entièrement à son travail, pour pouvoir assurer , mener une vie normale. Bruna est secrétaire, et adore son métier.

Le couple emménage au deuxième étage, de la maison familiale de Frane. le premier est l'appartement de sa mère .Bruna va devoir supporter sa belle mère, qui s'avère être une véritable mégère, ayant l'art et la manière de manipuler les gens, Frane en premier, il adule sa mère. le conte de fée de Bruna se transforme en véritable enfer, suite à un accident cérébrale, elle doit s'occuper de tout , toute seule, son métier est sa bouée de sauvetage, un moyen de s'extérioriser. Comment pourra t'elle se délivrer de cette emprise. Comment pourra t'elle vivre une vie normale avec son époux aimant. , sans commettre l'impensable. Pourquoi sera t-elle incarcérée?

La construction de récit est extraordinaire, l'auteur alterne la vie de Bruna , de femme libre, et sa vie en prison. Elle dégage une véritable empathie, un sentiment de pitié, une envie de la sauver. Un livre qui nous met dans le questionnement, un remise en cause et une quête de soi. Comprendre le pourquoi du comment ,peut-on trouver les véritables réponses.

La plume de l'auteur est subtile, sensible, un brin philosophique. La lecture est captivante, bouleversante. Ce roman m'a totalement chamboulé il est impossible de sortir indemne d'une telle lecture.

Un gros coup de coeur.

Je vous recommande ce roman, un polar ficelé d'une manière remarquable.
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La Femme du deuxième étage

La cuisinière invisible



C’est l’histoire peu banale d’une femme banale. Un homme rencontré lors d’une soirée, la passion, le mariage, l’emménagement dans la maison familiale du mari, par commodités. Les repas partagés avec sa belle-mère veuve, par commodités. La cuisine faite par Bruna, la belle-fille, parce qu’elle aime ça. Et la mort aux rats, qu’elle distille petit à petit dans la nourriture de son aînée.



Du drame, il n’en est pas fait ombrage. On le sait dès les premières pages. C’est dans l’étude de son personnage que l’auteur de L’Eau rouge se fait le plus impressionnant.



Sa plume doucement mélancolique décortique au scalpel la conscience d'une femme qui ne s'appartient plus et va commettre l'irréparable. Un rythme lent ponctué de circonstances troublantes comme autant de points d'interrogations qui élèvent l'attention et nous entraînent

irrémédiablement jusqu'à la dernière page.



Combien de fois me suis-je dit qu’elle pouvait faire autrement, et pourtant...

Pour moi, ma plus belle lecture de cette rentrée littéraire. Parce que marquante, bluffante d’intensité dans un cadre d’une grande simplicité. Un personnage que vous n’arrivez pas à oublier, et cette tension tranquille et sereine qui vous oblige à ne pas le lâcher. Une vraie réussite.
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L'Eau rouge

« Je ne souhaiterais cela à personne, pense Gorki »





En cet instant de septembre 1989, à Misto, près de Split, Vesna et Jakov sont encore heureux. Jakov est assis à table, plongé dans ses mots fléchès. Vesna s’emploie à essuyer les assiettes.



Et voilà l’instant où Silva, 17 ans, est près de la porte, dans sa robe à fleurs, ses baskets aux pieds. Elle se tient debout, comme si elle attendait qu’on l’applaudisse et prononce trois mots brefs. Elle dit « j’y vais ».



Personne ne lève la tête, personne ne répond au salut de Silva qui d’une voix joyeuse, leur signifie partir à la fête. Parce que, alors, personne ne pouvait savoir, personne ne pouvait imaginer.



Au petit matin, Silva n’est pas rentrée. Mate, son frère jumeau, se réveille avec la gueule de bois. Il est allé lui aussi à la fête des pêcheurs tout comme elle. Rien de mal n’a pu arriver. Personne n’est réellement inquiet.



Le tragique de l’attente démarre et notre imaginaire fait le reste. Le film défile devant nous. Chaque seconde, chaque minute, les faits et gestes des parents sont décomposés devant nos yeux, l’expectative se fait de plus en plus poignante et l’angoisse monte !



On assiste à la déflagration qui va dynamiter jour après jour une famille concomitamment avec la Yougoslavie. C’est terrible, comment poursuivre des recherches quand tout s’écroule autour de vous et pourtant, Mate, va tenter de mener sa propre enquête malgré l’effondrement des structures autour de lui.



Roman policier très bien construit qui parfois se met en retrait au profit de l’histoire de ces trente dernières années, de 1989 à 2017, en ex Yougoslavie. C’est un polar à plusieurs niveaux de lecture qui sonde à la fois, la détresse des parents, leur réaction face à leur malheur, leur sentiment de culpabilité, les prises de conscience. Chacun dans ce village doit faire face à ce drame comme il doit faire face au drame qui se joue entre les peuples de l’ex Yougoslavie.



L’auteur nous donne à assister au désastre et à la reconstruction de la Croatie tout en consacrant un chapitre à chacun des intervenants qui ne peut sortir indemne d’une telle épreuve : la disparition d’un enfant. Mais Jakov et Vesna, tout comme Mate, connaissaient-ils réellement Silva ?



Le récit est doté d’une construction intelligente. Chaque chapitre est consacré à un acteur du drame. Chacun de ces passages analyse l’impact psychologique qu’occasionne la disparition de Silva sur chaque membre de la famille, des amis, des connaissances, sans oublier la police. L’auteur par le truchement de la destinée des uns et des autres, nous dresse un diagnostic de trente années qui ont vu la fin du règne de Tito, la guerre des Balkans, la crise économique, le libéralisme économique qui n’échappe pas à la corruption ni à l’urbanisation effrénée propice aux malversations, sans oublier ceux qui se sont achetés une virginité grâce à la guerre. Il y a un avant et un après même lorsque l’on est descendant des partisans de la première heure, l’élite rouge, au prénom évocateur comme Gorki.



Ce roman intimiste décortique minutieusement, avec lenteur, les états d’âme de toute la famille mais aussi de tous les intervenants. Un tel drame engendre, de manière sournoise, des incidences sur les comportements d’autant qu’il ne faut pas sous estimer les êtres humains. Le roman évolue dans une ambiance nimbée de rancœur, de jalousie, de frustration, de regret, de souffrance mais aussi d’amour et d’espoir.



C’est le deuxième roman policier que je lis et qui sort de l’ordinaire. Terra Alta de Javier Cercas comme celui-ci de Jurica Pavicic. A mes yeux, celui-ci souffre de quelques passages un peu longs, dus à la lenteur de la narration et à la minutie avec laquelle l’auteur analyse la psychologie et la destinée de chacun mais il est à découvrir sans hésitation, c’est un excellent roman.

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L'Eau rouge

Un remarquable roman qui ne laisse pas indifférent , en témoignent toutes les belles critiques qui lui ont été consacrées .Ca se passe en 1989 , à Misto , en Croatie .C'est la fête des pêcheurs et quoi de plus naturel , pour des jeunes gens , d'aller s'y amuser ? La porte se referme sur Silvia , aprés un souriant " au revoir " ...Et puis , le silence . Pas d'inquiétude , la fête , ça peut durer , durer , jusqu'à ce que ...Rapt ? Assassinat ? Fugue ? Bref , disparition et les vies basculent .Silence ...Ou plutôt bruit et atrocités de la guerre , pas assez de place pour les recherches , trop à faire , l'atrocité personnelle cède la place à l'atrocité collective ....

L'auteur emprunte alors un chemin original et particulièrement émouvant .En donnant la parole à " la garde rapprochée " de Silvia , il nous fait enquêter sur la disparition de Silva dans un monde en totale perdition .La " petite histoire "croise la Grande . Un livre d'histoire , histoire traversée par un fil rouge de toute beauté .

L'écriture (la traduction) est maitrisée au point de " faire mouche " , d'émouvoir , de faire réfléchir sur le monde en marche à ce moment -là . Un roman difficilement oubliable .

Un seul regret pour moi , ne pas l'avoir ouvert un jour de pluie , j'aurais pu le lire d'une traite et il l'aurait bien mérité .

Hélas , l'emploi du temps surchargé des retraités ne permet pas toujours d'accorder de telles largesses ...C'est dommage ...mais c'est ainsi .Vous qui travaillez et avez donc du temps libre ...laissez vous tenter .

Mais non , je ne vous provoque pas , je ne me moque pas de vous , c'est du second degré , pas la peine de " m'incendier " , en même temps , demain , vous avez la chance d'être en " week - end ...pas moi . Mais je l'ai lu , et si j'étais à votre place...Bon , je sens qu'il faut que j'arrête .Bonne nuit , les amies et amis....
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Le Collectionneur de serpents

Après le bignami sentimental soutenu par une prose plate,sans intérêt de Postorino alors que je m’apprêtais à lire un auteur sud américain, par pur hasard m’arrive entre les mains le dernier livre de l’écrivain croate Jurica Pavicic , des nouvelles. Et devinez le sujet ? Toujours la guerre en l’ex-Yougoslavie (1991-2001). Bien qu’une seule nouvelle soit entièrement consacrée à la guerre, c’est elle qui y donne le ton. Entre Pavicic et Postorino , un abysse littéraire et historique.Là où Pavicic en quelques phrases brosse avec brio et concision un portrait , une atmosphère, un événement…l’autre se noie dans détails et clichés arrosés de larmes de crocodiles.



Dans ce recueil en cinq actes , Pavicic attaque avec la nouvelle portant le nom du titre, et nous plonge illico dans l’horreur d’une guerre où les valeurs courantes de l’existence changent de donnes. Le problème une fois l’horreur accomplie aucune chance de «  rewind »,”Il aurait mieux valu que ce ne soit pas ainsi. Il aurait mieux valu pour lui que la vie puisse faire marche arrière, comme pour une cassette avec la touche rewind, qu’il puisse revenir à ce matin où il est sorti du Puch, pâle comme un protée, recroquevillé, avec ses bras fins et blancs comme ceux d’un violoniste. Mais il n’y a pas de touche rewind dans la vie. Toni ne peut plus ne pas être un meurtrier. Et moi, je ne peux pas ne pas être son complice.”

Au second acte , «  Le Tabernacle » , à travers un appartement récupéré par son propriétaire d’origine à la mort du locataire , on entrevoie en quelques pages un aperçu de l’Histoire croate de 1946 à nos jours, avec toujours le suspens en bonus qu’il poursuit dans les trois nouvelles suivantes . Deux frères , l’un policier l’autre qui tourne mal, deux sœurs séparées par la guerre et des frontières qui se disputent un héritage et le dernier génial, un géomètre qui débarque à la frontière Croatie -Bosnie Herzégovine pour mission de mesurer la frontière pour l’emplacement d’un nouveau post- frontière, seront prétextes pour vous emmener dans les dédales de l’Histoire complexe de l’ex- Yougoslavie et de ses habitants.



J’avais beaucoup aimé son premier livre « L’eau rouge », sa prose , son goût pour le suspens qui sous couvert de fiction lui permet superbement de relater la réalité sociale de son pays m’ont encore une fois éblouie. Je le recommande même aux ennemis (es)des nouvelles 😁!
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La Femme du deuxième étage

Ca y est , le " Père Noël "a frappé , et fort .Pas à dire , non seulement il connaît mes goûts mais lui même en a beaucoup , de goût .En m'apportant cette " femme du second étage " il m'a fait plonger dans un univers et une situation sordides à souhait , m' a installé dans un délicieux inconfort , une sorte de savoureuse nausée .

Bon , de Jurica Pavici , j'avais lu et beaucoup apprécié " L'eau rouge " , je n'étais pas totalement , donc , en territoire étranger en ouvrant ce livre .Tout de même , le choc a été rude .

Elle s'appelle Bruna , elle habite Split , en Croatie et , telle Cendrillon , elle se rend , un soir , par hasard , à une soirée où....Je n'insiste pas , vous m'avez compris .Il s'appelle Frane et il est beau (moi , je ne sais pas mais c'est écrit sur la quatrième , donc ). Un début original , non ? On a tous et toutes connu ça pas de quoi en faire une histoire , même si ça n'a pas toujours marché ...Allez , on fonce , Frane , il est marin au long cours et est souvent absent ....Bon , là , déjà , on est moins .....Et durant ses absences , Bruna , par souci d'économies , loge au deuxième chez ....Mais non , pas son amant , vous avez vraiment l'esprit coquin , voire plus , en ces fêtes . Non , elle loge chez ...sa belle -mère !!! ( Si , si , je vous l'assure ).Et comme vous avez voulu me diriger vers une voie un peu " olé olé ", et bien vous ne saurez plus rien sinon que , petit à petit , Pavicic va vous pousser à faire corps avec Bruna , l'héroîne , à pénétrer ses pensées , à suivre l'évolution de son personnage dans un monde en mutation .Je n'aborderai pas les lieux qu'elle va fréquenter au cours du roman , ils ont une similitude bien facile à définir et y voir évoluer Bruna va s'avére être une épreuve poignante , étouffante , voire envoûtante . Il y a de la magie dans ce roman , une langueur exaspérante m incroyablement crispante , gluante .Happé dés les premières pages de cette histoire au demeurant assez (faussement ) banale , je me suis vu contraint de tourner les pages avec une avidité bien différente du rythme lent , un peu monotone du récit . C'est pour moi un livre brillant qui a cette particularité de pouvoir enthousiasmer ou ...ennuyer , chacun d'entre nous ayant sa propre sensibilité .Attention , pas de sourires , encore moins de rires , c'est noir , dramatique sans être insupportable , au contraire .

C'est l'histoire d'un destin , d'un hasard , d'une vie qui aurait pu être la nôtre qui va sans cesse rebondir sur ces détails qui font que ce sera " comme ça " et non " comme ça ", ces détails qui transforment un innocent en coupable , un coupable en innocent , un lâche en héros....

J'ai beaucoup apprécié cette nouvelle rencontre avec le monde de Jurica Pavicic . Je n'hésite pas à conseiller cette lecture mais je n'ai pas toujours raison , loin de là , alors , méfiance , méfiance ....A bientôt .
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La Femme du deuxième étage

Très beau coup de coeur pour ce roman croate. Il fait partie de la rentrée littéraire de septembre 2022 mais il n'a pas eu beaucoup de retentissement et pourtant, il le mérite. Ce roman est un polar bien ficelé mais pas de façon classique. On y sent une certaine tension qui va aller crescendo. C'est l'histoire de Bruna qui se rend à un anniversaire avec sa copine Suzana. A cette soirée, elle rencontre un beau marin, nommé Frane. Ils tombent amoureux l'un de l'autre et se marient rapidement. Ils vont vivre chez Anka, la mère de Frane. Trois ans plus tard, Bruna est en prison et purge une peine de 13 ans. Que s'est-il passé ? Très vite, on comprend que Bruna à été arrêtée pour le meurtre de sa belle-mère. Petit à petit, on rentre dans l'univers familial et carcéral de Bruna. Je ne vous en dirait pas plus sur ce récit.

Sur fond de polar, l'auteur nous critique sur treize années la réalité de la vie croate. L'arrivée de ce tourisme flambant neuf et les quartiers délabrés qui jouxtent.

Pour ma part, une belle découverte que je vous conseille.
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L'Eau rouge

Misto, petite ville sur la côte dalmate. Ce soir-là de septembre, toute la famille Vela dîne ensemble, la télé allumée dans un coin de la cuisine. Après le repas, Vesna s'attelle à la vaisselle, son fils, Mate, balaie les miettes tandis que son mari, Jakov, est absorbé dans ses mots fléchés. Quant à sa fille, Silva, jumelle de Mate, elle s'en va dans sa chambre. Et c'est tout apprêtée qu'elle en sort, prévient ses parents qu'elle file à la fête des pêcheurs qui se tient dans la baie. C'est la dernière fois que ses parents et son frère la verront... Le lendemain, ce n'est qu'en début d'après-midi qu'ils commencent à s'inquiéter. Mate parcourt alors les rues de Misto, s'en va quérir des informations auprès de Brane Rokov, le petit ami de Silva. Mais celui-ci ne peut, malheureusement, pas l'aider puisqu'il est rentré au petit matin de Rijeka. La police prévenue, ce sont trois hommes qui se présentent au domicile des Vela, à sa tête, Gorki Šain. S'ils questionnent les habitants, découvrent, à la grande surprise de Vesna et Jokov, de la drogue cachée dans une conduite d'eau au fond du jardin, puis se rendent à Split, où étudie la jeune fille, l'enquête n'avance malheureusement pas. Les jours passent, Silva reste introuvable, pour autant, Jakov et Mate ne désespèrent pas et vont tout tenter pour la retrouver...



Le 23 septembre 1989, Silva Vela disparaît mystérieusement. Après une soirée passée à la fête des pêcheurs, au cours de laquelle elle a bu, dansé et flirté avec Adrijan, elle ne donnera plus aucun signe de vie. A-t-elle eu un accident ? A-t-elle été tuée ? A-t-elle fui la petite ville de Misto, puisqu'un témoin l'a vu acheter un billet à la gare ? Est-elle retenue prisonnière, elle qui semble trafiquer un peu de drogue ? L'enquête, menée par Gorki Šain, petit-fils d'un héros national de la Yougoslavie, ne connaît guère d'avancées probantes, même si celui-ci découvre que la jeune fille ne menait pas une vie aussi bien rangée qu'elle le laissait croire. Dans ce pays en pleine mutation, qui sera marqué par la fin d'un régime, une guerre civile, l'intégration à l'Europe, le développement et l'ouverture au tourisme, les parents et le frère de Silva, qui parcourra de nombreux pays, vont mener leurs propre enquête. Une enquête longue, désespérante qui durera trente ans. Alliant habilement histoire, enquête policière et drame social, Jurica Pavičić nous plonge, avec intelligence et force, dans cette quête qui semble vaine. Si le pays, lui, connaît de grands changements, Misto, elle, semble figée dans le temps et dans l'attente d'un retour inespéré. Un roman singulier et entêtant, de par l'omniprésence de Silva malgré son absence, de par cette ambiance mélancolique et suspendue et de par ces silences assourdissants...

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L'Eau rouge

J'aime bien lire un bon polar de temps en temps et l'eau rouge est une très bonne pioche.

Très sensible également à la toile de fond de ce roman . l'histoire se passe dans la Yougoslavie de la fin déjà consommée du règne de Tito, elle va couvrir la période de la guerre qui éclatera ce pays en sept états.

L'intrigue du roman apparaît toute simple et banale: une jeune fille disparaît au cours d'une soirée, mais ce "fait divers" pour quiconque devient le drame pour une famille simple, unie, heureuse.

Silva laisse son frère jumeau : Mate et ses parents dans une détresse profonde.

Le roman est très bien ficelé, il va laisser parler plusieurs voix à tour de rôle sur les 27 ans que dure la recherche de cette jeune fille.

Le destin des uns s'entremêle imbriquant le sort des uns et des autres d'une façon inédite et originale.

L'écriture est fluide, empreinte d'une certaine nostalgie d'un pays perdu, d'un exil contraint pour certains, une belle évocation de la Croatie d'hier .



J'ai beaucoup aimé ce roman tout en douceur, comme l'eau rouge qui clapote au fond d'un tunnel en laissant la part secrète des individus en suspens comme le temps qui s'écoule.

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L'Eau rouge

Une jeune fille a été vue qui prenait un billet pour une destination inconnue. Mais nous sommes en septembre 1989, en Yougoslavie: autant dire que ce n’est pas seulement Silva qui disparaît, mais tout un pays, voire une idéologie longtemps puissante qui manque à l’appel. D’ailleurs, c’est en quittant son village de pêcheurs pour la ville de Split que Silva commence à changer : Split qui, en anglais, signifie scinder, partager, comme va l’être la Yougoslavie et aussi mettre les bouts - ce que veut faire Silva.

Pavicic file la métaphore. Tandis que la Yougoslavie éclate, comme si seul Tito avait eu le pouvoir de la fédérer , la famille de Silva fait de même: son père, sa mère et son frère se regardent désormais comme des étrangers. Le dealer d’autrefois est devenu un homme politique respecté. Le policier, fils d’un héros communiste, le bien nommé Gorki, a été remercié (notamment pour avoir échoué à retrouver Silva) et vend désormais la côte dalmate à de riches étrangers. La guerre de Croatie avait déjà symboliquement commencé dans le village quand l’assassin présumé avait été roué de coups et qu’une lettre anonyme avait dressé des familles les unes contre les autres.

Le roman se termine quand l’amertume commence à se dissiper, que l’horreur de la disparition n’empêche pas un nouvel amour, et que la séparation admet les retrouvailles. Serbes et Croates se sont partiellement réconciliés, les investisseurs étrangers ont accouru et le tourisme engendre 17% du PIB.

Mais si Pavicic file la métaphore, il est moins bourrin que moi: nul besoin de connaître l’histoire de la Yougoslavie pour apprécier cette histoire où l’enquête importe moins que le récit des souffrances engendrées par la disparition d’une adolescente rebelle, avide d’un monde nouveau qui n’aura pas le temps de la décevoir.
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L'Eau rouge

Libraire, c’est un sacré métier ! Ou un métier sacré. L’expression vaut dans les deux sens. Quand j’ai demandé au libraire, de Saint-Pierre d’Oléron de me conseiller un livre qui l’avait agréablement surpris dernièrement, il s’est dirigé vers L’eau rouge.

Un titre, et un auteur (Jurica Pavičić, croate de nationalité) que je ne connaissais en rien. Mais ce qu’il m’en a dit a fait son chemin dans ma tête et une petite lumière s’est éclairée : un polar qui n’en est pas vraiment un, mais un roman qui traverse les années et l’histoire de la Croatie en même temps, même si celui-ci n’est en rien un roman historique.

Donc vous voilà prévenus, et comme aurait dit Magritte « ceci n’est pas une pipe ».



Intriguée que je suis, et intrigués vous serez. Du moins, je l’espère…



Donc tout commence en 1989, à Misto près de Split où une jeune fille disparaît soudainement. Dès les premières enquêtes, on se rend compte que sous des dehors proprets, cette jeune demoiselle cachait son jeu. Mais les parents, Jakov et Vesna, ainsi que son frère jumeau Mate, refusent les conclusions de la police et continuent de chercher Silva, d’autant plus qu’un témoin affirme l’avoir croisée au départ de la gare internationale. Mais alors pourquoi ne donne-t-elle pas signe de vie ? Et pendant des années, Mate remuera ciel et terre pour la retrouver.



C’est un incroyable parcours que le lecteur va entreprendre en compagnie de Mate, à travers l’Europe, mais aussi à travers le temps, car ses recherches vont durer plus de vingt ans. Et ce sera l’occasion d’être confronté à l’histoire et aux événements terribles qui ont traversé le pays (conflit contre Slobodan Milošević par exemple).

Ce sera aussi l’observation de bouleversements au sein de plusieurs familles, de bouleversements politiques, aussi dans le paysage architectural du pays, de la montée en puissance de la corruption. Mais en plus de tout cela, il faut aussi noter le rôle tenu par le policier, Gorki Sain, qui tient les rênes de l’enquête, les relâche puis les reprend avec maestria pour conclure l’affaire.



Un roman époustouflant !

Un auteur brillant, qui a raflé de nombreux prix, brillamment secondé par Olivier Lannuzel le traducteur.
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L'Eau rouge

Misto, septembre 1989.

Alors que le bourg, proche de Split, s’apprête à fêter les pêcheurs, chez les Vela, on dîne en famille. Silva et Mate, les jumeaux de dix-sept ans, ont prévu de participer à la fête. Silva part la première. Robe à fleurs, baskets aux pieds, l’adolescente lance un ‘’J’y vais’’ et précise ‘’Ne m’attendez pas, je rentrerai tard’’. Oui mais voilà…Les heures passent et Silva ne revient pas.

Et si dans un premier temps, la police mène l’enquête et découvre les secrets bien gardés de Silva, ensuite, l’absence de pistes et la chute de l’URSS vont bouleverser le pays et cette disparition deviendra secondaire. Mais les Vela ne se résignent pas. La Yougoslavie vole en éclats, leur famille suit le même chemin et Mate continue de chercher sa jumelle envolée un soir de fête.



Une famille unie, paisible, ‘’normale’’, comme métaphore de la Yougoslavie où cohabitaient différents peuples à l’ombre du rideau de fer. Et puis soudain, on s’aperçoit que la normalité n’était qu’apparente. Ce pays n’en était pas un, cette famille qui semblait heureuse cachait des secrets.

A travers les vies bouleversées des Vela, de leurs proches, du policier qui a mené l’enquête, Jurica Pavičić brosse le portrait de la Yougoslavie, de la mainmise de Moscou jusqu’à l’arrivée des spéculateurs immobiliers. Une famille brisée, un pays démantelé. Des rapports de force qui s’inversent. Les maîtres d’hier sont chassés, les voyous deviennent des politiques, les corrompus se refont une virginité en devenant des héros de la guerre d’indépendance.

Jurica Pavičić nous montre un pays entre gris clair et gris foncé où les petites gens doivent survivre…au communisme, à la guerre, à l’effondrement économique, au capitalisme. A cette liberté enfin retrouvée mais à quel prix ?

Et alors que tous subissent les soubresauts de l’Histoire, le mystère de la disparition de Silva reste entier…

Entre aigreur et espoir, L’eau rouge est un roman captivant et émouvant. Plus qu’un polar, c’est un roman à l’atmosphère lourde, prenante, qui s’offre aussi des incursions du côté du roman historique. Excellent !

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L'Eau rouge

En 1989, à Misto, une petite ville de la côte dalmate en Croatie, une jeune fille de dix-sept ans, Silva, disparaît pendant une nuit de fête. La police est alertée et l'inspecteur Gorki Sain, saisi de l'affaire, n'est pas inquiet, pensant qu'il s'agit d'une simple fugue. Mais Silva ne réapparaît pas. Son père Jakov, sa mère Vesna et son frère jumeau Mate se dépensent sans compter pour la retrouver, pensant que la police, ayant d'autres préoccupations, plus politiques, est loin de faire son maximum. La dislocation de la Yougoslavie, la guerre en Croatie au début des années quatre-vingt-dix, vont contribuer à laisser tomber l'affaire. Seule la famille va poursuivre ses recherches, inlassablement, pendant plusieurs décennies, avec en toile de fond la métamorphose du pays, anciemmenent communiste, ou du moins titiste, et maintenant offert aux appétits dévorants des groupes capitalistes, notamment, mais pas seulement, en matière de tourisme. ● Je vais aller à l'encontre de l'avis dominant sur Babelio, surtout parce que ce livre n'est pas ce qu'il prétend être, ou du moins ce pour quoi on l'a récompensé et pour quoi j'ai eu envie de le lire : un roman policier. ● Aucun suspense, pratiquement pas d'enquête, des policiers aux abonnés absents… le récit ne progresse qu'à coups de hasard, souvent déceptif. ● le rythme est d'une exaspérante lenteur, le récit se trouvant entrelardé par de multiples descriptions et détails ne le faisant pas avancer d'un iota, sans compter une linéarité que le changement de point de vue ne compense pas vraiment. ● Alors, bien sûr, on pourra s'extasier sur le fait que le macrocosme de la déflagration yougoslave se retrouve en miroir dans le microcosme de l'éclatement d'une famille, on pourra louer l'auteur de mettre en parallèle le totalitarisme communiste et l'aliénation capitaliste qui, soi-disant, ne vaut pas mieux, on pourra aussi apprécier la façon qu'ont les guerres de rebattre les cartes, faisant par exemple d'un ancien dealer un préfet, on pourra aimer la psychologie des personnages, notamment la famille de Silva, etc., mais tout cela, à mes yeux, ne fait pas une dynamique narrative et donc un bon roman.
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La Femme du deuxième étage

Je viens de tourner la dernière page de la femme du deuxième étage, mon tout premier roman d'un auteur croate et peut-être le dernier, je ne sais pas trop.

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Si je n'avais droit qu'à un seul mot pour exprimer ce que je ressens à propos de ce qui se dégage de ce roman et de l'atmosphère qui y règne, je choisirais "oppressant".

Mais je pourrais ajouter lent, anxiogène, et encore pas mal d'autres qualificatifs tout aussi guillerets.

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Suzana propose à son amie Bruna de l'accompagner à une fête pour célébrer l'anniversaire d'une certaine Zorana, et elle accepte.

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Dès le second chapitre, nous retrouvons Bruna en prison, où elle purge une peine de 11 ans.

Durant tout le récit, nous allons alternativement suivre Bruna, ou plutôt décortiquer sa vie aussi bien hors de l'établissement pénitentiaire qu'à l'intérieur.

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Mais revenons à cet anniversaire, où notre héroïne fait la connaissance de Frane. Elle a 23 ans, vit seule avec sa mère, l'avenir ne s'annonce pas forcément radieux, mais toutes les options sont possibles.

Et justement, une série de slows aidant, Bruna et Frane se rapprochent et tombent amoureux.

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Et c'est à partir de cet instant que Bruna va finalement passer les vingt années suivantes de sa vie en prison, si l'on peut dire, la première étant le bloc de béton servant de maison à la mère de Frane, où le couple s'installe.

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Frane est marin, donc très peu présent, et la jeune femme doit vivre avec sa belle-mère. Si je vous dis que c'est l'entente cordiale, vous n'allez pas me croire et vous aurez raison.

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Ce livre m'a laissée perplexe quand même. Si vous avez besoin d'idées de menus, c'est ça qu'il faut lire, parce qu'elle passe son temps à cuisiner, en plus des corvées de ménage, lessive, etc. En gros, c'est Cosette, sauf qu'elle est adulte et a un boulot en plus.

Tous ses faits et gestes sont analysés du matin où elle se lève à l'aube jusqu'au moment où elle peut rejoindre le second étage, où elle est censée habiter.

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L'auteur ne nous épargne aucun détail et c'est d'un lent, et c'est d'un triste... même quand elle évoque la mer ou la plage avec les enfants qui s'amusent, c'est tellement morne et monotone qu'aucune joie ne semble se dégager de nulle part dans cette petite ville côtière.

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La morosité m'a envahie tout au long de ma lecture et j'avais hâte de finir ces 200 pages qui m'ont semblé interminables par moments, surtout la fin, du reste.

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Mais curieusement, je ne peux même pas dire que je me sois ennuyée... pas vraiment, du moins

J'avais envie de connaître la suite et j'ai lu le livre en quelques heures. C'est assez curieux comme sensation, en fait. J'étais comme imperméable à tout ce qui pouvait se passer et arriver aux protagonistes.

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Niveau émotions, ce n'est pas là qu'il faut chercher. Ils sont tous antipathiques. le Frane, petit garçon à sa maman acquiesce à tout ce qu'elle dit et décide, ne se rebelle jamais. Bruna supporte tout sans rien dire non plus. La seule qui l'ouvre, c'est Mirela, sa belle-soeur, mais vu qu'elle est plutôt du côté de sa mère, ça ne change pas grand-chose. Même son propre mari lui est totalement soumis. Personne ne se parle vraiment dans cette famille, au final.

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Je n'ai pas compris pourquoi Bruna avait tout accepté sans broncher. Je n'ai même pas vraiment d'avis sur ce qu'elle a fait par la suite.

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Je suis même incapable de dire si j'ai aimé le livre ou pas. Probablement pas vraiment non plus. Je me suis demandé si ça se passait comme ça en Croatie, je ne connais pas du tout le pays, donc les us et coutumes m'y sont étrangers, mais la mère de Bruna vit tout à fait différemment, donc ma théorie tombe à l'eau, un peu comme mon intérêt pour le roman.

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Ceci étant dit, le style n'est pas mauvais, sans non plus crier au génie. Je dirais assez classique mais fluide.

Aucun conseil de ma part, mes chers amis. Il va vous falloir vous faire votre propre avis.
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Le Collectionneur de serpents

J’ai aimé les deux livres précédent de cet auteur.

Alors lorsque j’ai vu qu’il avait sortie ce recueil de nouvelles je me suis précipité dessus pour l’acheter.

J’ai trouvé ses 5 nouvelles très prenante, touchante et triste.

C’est l’image de la Croatie, pendant et après la guerre de Yougoslavie.

Des récits hors du commun qui vous prends aux tripes.

Et je me suis laissé prendre par l’émotion. Je suis attristé par ses personnages hors norme, à la fois héros, fou et abandonné dans leurs souvenirs…



J’y ai découvert un pays ravagé par la peine et qui malgré cette guerre stupide reste remplis d’espoir…



bonne lecture !
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L'Eau rouge

23 septembre 1989, dans ce qui n'était pas encore la Croatie indépendante. A Misto, village côtier à quelques encablures de Split, c'est le jour de la fête des pêcheurs. Silva et son frère jumeau Mate, 17 ans, s'y rendent séparément. Si le lendemain matin, Mate se réveille dans son lit avec une solide gueule de bois, ce n'est pas le cas de Silva, qui s'est volatilisée.



La police lance les recherches, interroge et fouille tout le village, Mate et son père collent des affichettes partout. Au fil de l'enquête, il apparaît que Silva, dont tout le monde pensait qu'elle était une fille exubérante au caractère bien trempé mais sans plus, menait en réalité une vie secrète bien plus scabreuse...



Enlèvement, meurtre, accident, fugue, l'enquête aurait pu aboutir.

Si le Mur de Berlin n'était pas tombé, si le communisme ne s'était pas effondré, si la Croatie n'avait pas déclaré son indépendance, si la guerre n'avait pas éclaté en ex-Yougoslavie, si les autorités s'étaient, malgré les circonstances, préoccupées du sort d'une personne (désormais majeure) disparue.



Mais il faudra attendre 27 ans pour que le mystère de la disparition de Silva soit élucidé. 27 ans pendant lesquels Mate a continué à chercher sa soeur, en dépit de tout, alors que sa famille et son pays se disloquaient sans espoir de retour.



Roman choral, « L'eau rouge » est bien plus qu'un roman policier. En plus de l'enquête sur la disparition de Silva, il aborde les questionnements de ses proches, qui croyaient si bien connaître la jeune femme. Il balaie également 30 ans de l'histoire croate, de la chute du régime instauré par Tito au libéralisme effréné en passant par la guerre des années 90, la crise financière de 2008 et le développement du tourisme de masse, avec ce que tout cela a généré de corruption, de reconversions professionnelles douteuses et d'urbanisation galopante.



Le rythme est lent, les descriptions parfois trop minutieuses, mais la construction de ce roman est remarquable, et son écriture sobre et efficace. Un roman très intéressant et captivant où se mêlent la petite et la grande histoires, au milieu des rancoeurs et des jalousies intimes, des souvenirs et des regrets, de la douleur et de l'espoir.
Lien : https://voyagesaufildespages..
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L'Eau rouge

Yougoslavie quand tu nous tiens...



Après Demain la brume de Timothée Demeillers voici L'eau rouge de Jurica Pavicic.



A priori chaque écrivain à sa façon raconte l' effondrement de ce pays. .



Le premier, français, sous la forme d'un roman choral, de la mort de Tito au martyre de Vukovar, raconte les premières fêlures puis l'embrasement de la guerre civile.



Le second, qui vit à Split en Croatie, a choisi la forme d'un roman policier. Mais celui ci commence-est-ce bien un hasard ?-fin septembre 1989, au moment de l'effondrement du communisme en Yougoslavie.



Un soir, Silva, sanglée dans un imper rouge, salue son père, sa mère et son frère jumeau. Elle va boire et danser à la fête du village. C'est la dernière fois qu'ils la voient.



L'eau rouge, c'est l'histoire d'une disparition, d'une enquête qui s'enlise et piétine, d'une quête qui lamine un à un les membres de cette petite famille jusqu'à les séparer tout à fait, et d'une interrogation portée par la fidélité d'un frère et l'obstination d'un inspecteur atypique recyclé dans l'immobilier, quand longtemps après la guerre la côte dalmate, est devenue un haut lieu du tourisme de masse.



Un polar qui s' étiré de 1989 à 2017...on peut faire plus concentré comme intrigue. C'est dire si le suspense n'est pas son ressort premier...



Est ce bien un polar ? L'eau rouge c'est plutôt une enquête sur le phénomène de la disparition..



En toile de fond, discrètement, se déchire et se défait la Yougoslavie. Comme Silva, elle disparaît.



Quand on la revoit c'est une illusion qui se dissipe cruellement. Les protagonistes changent, s'abîment, se distinguent ou s'effacent, leurs étoiles brillent, s'éteignent. Les dealers et les crapules prennent du galon, les profs n'aiment plus leurs élèves, les inspecteurs sont devenus des promoteurs...



Le temps passe, lente machine à meuler les espoirs, à rogner les rêves, à lisser les ombres..



Le temps passe et pourtant il reste quelque chose de la silhouette sanglée dans son imper rouge. Comme une tache de sang. Indélébile.



Un beau récit auquel on se fait prendre même si très vite on en comprend la volonté de distanciation, le parti pris de recul, de lenteur.



Très original et déconcertant. Écrit avec une nonchalance objective qui masque pudiquement une profonde nostalgie.
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La Femme du deuxième étage

Bruna, une jeune femme ordinaire ? Tout porte à le croire… Un boulot, un mari, la guerre est finie, la Croatie se relève… Sauf que Bruna, pourtant excellente cuisinière, a l’idée de glisser de la mort aux rats dans l’en-cas de sa belle-mère Anka. Certes, la belle-doche avait un caractère pouvant justifier cette animosité. Mais, dans les Balkans comme ailleurs, la tyrannie domestique n’est pas un motif légitime d’éradication. La moindre mansuétude serait susceptible d’entraîner des ruptures de stock dans les rayons des drogueries. Hors de question de mettre la marâtre au court-bouillon de onze heures… Et, puis, ce serait ouvrir la boîte de Pandore : quid de ces belles-sœurs qui reproduisent le modèle maternel ? De ces mères ados ? De ces maris marins ?

Bruna est donc incarcérée… Mais a-t-elle un jour été libre ?

L’enfermement est le thème central de ce livre. Maison, prison, île… Comment s’échapper ? A-t-on le choix de son destin ?

Pavicic est un portraitiste hors-pair. Bien plus qu’un polar, ce roman analyse le parcours de Bruna et de son entourage avec précision et clarté en s’attachant à décrire le quotidien, le « canevas banal de piteux destins »… A la manière d’un Mithridate, le pessimisme de Pavicic qui suinte à chaque chapitre, envoûte le lecteur. En refermant le livre, le sortilège a agi, comme un étrange sentiment de quiétude…

Après « L’eau rouge », « La femme du deuxième étage » est un bien agréable poison d’eau douce.
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