Citations de Karel Capek (256)
Je chevaucherai, les morceaux de chair auront déjà commencé à tomber de mon corps… il ne me restera que les yeux, mais j'avancerai encore à la tête de mes soldats, un squelette sur un cheval blanc… Et les gens crieront : «Vive le Maréchal ! Vive Son Excellence la Mort !»
Je préfère subir une défaite que tolérer… [des] chantages utopiques ! Je laisserai le monde entier périr de la maladie blanche, plutôt que de laisser… un seul instant… se répandre ici votre peste pacifiste !
- La guerre ? fit Povandra Père. Il faut une guerre mondiale pour que les États puissent se partager l'Océan. Mais nous nous resterons neutres. Il faut bien qu'il y ait des neutres pour livrer des armes et tout le reste aux autres. C'est comme ça, décida M Povondra, mais c'est des choses que les femmes sont incapables de comprendre.
p.270
Hélène : J'ai vu des robots pour la première fois chez nous. La commune les a achetés, je veux dire engagés.
Domin : achetés chère mademoiselle. On achète les robots.
DOMIN
[…] Que pensez-vous, quel est le meilleur ouvrier possible ?
HÉLÈNE
Le meilleur ? Probablement celui qui… qui… est honnête… et dévoué ?
DOMIN
Non. Celui qui coûte le moins cher. Celui qui exige le moins. Le jeune Rossum a mis au point l’ouvrier qui a le minimum d’exigences. Il l’a simplifié. Il l’a débarrassé de tout ce qui n’est pas absolument nécessaire pour qu’il travaille. Ainsi, à force de simplifier l’homme, il a créé le robot. Chère mademoiselle, les robots ne sont pas des hommes. Du point de vue mécanique, ils sont plus parfaits que nous, ils ont une étonnante intelligence rationnelle mais ils n’ont pas d’âme. Vous voyez, mademoiselle, le produit de Rossum est techniquement supérieur au produit de la nature. (p. 31)
“Vous comprenez, il est quand même plus agréable de donner des ordres que de travailler.”
« Je pense qu’il vaut mieux poser une brique que de dessiner de grands plans. »
Enfin, il arriva ce qui devait arriver : chaque pays se fit l'avocat d'une langue universelle différente.
Elles n'ont certainement pas d'âme. En quoi elles sont comme les hommes.
Votre,
BERNARD SHAW.
[.....]
Elles n'ont pas d'âme. Si elles en avaient une, il faudrait reconnaitre leur égalité économique avec l' homme. Ce qui serait absurde.
HENRI BOND.
Elles n'ont aucun sex-appeal, elles n'ont donc pas d'âme.
MAE WEST.
... elle pourrait être un excellent animal de guerre, presque indestructible. Cela n'est malheureusement pas possible à cause de son caractère pacifique et de son naturel sans défense.
... vous êtes un homme bien et comme on dit un gentleman ça ne vous répugne donc pas de servir quelque chose qui n'est au fond qu'un ignoble esclavage ?
Bellamy haussa les épaules :
"Les salamandres sont des salamandres dit-il d'un ton évasif.
_ Il y a cent deux ans on disait :les nègres sont des nègres.
_Et ce n'était pas vrai ? dit Bellamy. Echec ! 45
Cette partie-là, je l'ai perdue. Il me semblait tout à coup, que chaque mouvement sur l'échiquier était périmé et avait déjà été joué un jour par quelqu'un d'autre.
[......... ] Bellamy ne croit jamais faire de mal. C'est pourquoi, il est incorrigible.
_ Les noirs ont perdu, dit Bellamy, satisfait..... .
Quoi qu'il en soit, concluait l'article du savant professeur, dans cette résurrection évolutive de la salamandre miocène, nous voyons avec respect et émerveillement que le Génie de l'Evolution sur notre planète est encore loin d'avoir achevé son oeuvre créatrice. (livre I, p. 147).
SIGELIUS : Eh bien, je songe... aux préparatifs de cette guerre, qui désormais paraît, Dieu soit loué, inévitable. Diriger les établissements Krug en un tel moment n'est pas une mince affaire.
LE BARON KRUG : C'est bien vrai, oui. Et bien, voilà, mon cher Sigelius. J'ai pensé que je pourrais vous confier une certaine somme pour la recherche contre la maladie blanche.
SIGELIUS : Ha, je reocnnais bien là le baron Krug. Se préoccuper des projets scientifiques en un tel moment de tension ! Toujours aussi généreux et spontané ! Nous acceptons avec plaisir, monsieur le baron, et vous pouvez être assuré que nous utiliserons cet argent pour continuer nos recherches tant que nous en aurons la force.
LE BARON KRUG: J'en suis convaincu. (Il pose une grosse enveloppe sur le bureau.)
SIGELIUS : Dois-je faire un reçu ?
LE BARON KRUG : Pas nécessaire. Et comment se présente la situation, mon cher Sigelius ?
SIGELIUS : De la maladie blanche ? Et bien, cela continue à se propager... Par bonheur, les gens pensent maintenant davantage à la prochaine guerre qu'à la maladie blanche. Les perspectives sont très optimistes, n'est-ce-pas, monsieur le baron ? La confiance est totale. (p. 86)
LE JOURNALISTE : Une ?
SIGELIUS : Pandémie. Une maladie qui gagne le monde entier comme un raz-de-marée. Oui, en Chine, presque chaque année, on voit surgir une maladie nouvelle et intéressante - c'est la pauvreté qui fait ça -, mais jusqu'à présent aucune n'a eu le succès de la maladie de Tcheng, c'est vraiment la maladie du moment. (pp. 21-22)
LE JOURNALISTE : Monsieur le conseiller d’État, notre journal souhaiterait donner au public des informations de la voix la plus autorisée...
SIGELIUS : ... à propos de la maladie blanche ou lèpre de Pékin, je sais. Malheureusement, on écrit déjà beaucoup trop à ce sujet. Et de façon trop peu scientifique. Mon opinion est qu'il faut laisser la médecine aux médecins. Si vous parlez de cette maladie dans la presse, la majorité des lecteurs va soudain se découvrir tous les symptômes afférents, pas vrai ? (p. 18)
Le voilà chez lui tout à coup, il lui a suffi de faire un pas au-delà de ce ravin pierreux pour être inondé de sensations familières (..) voilà le rocher paré de mousse de gentiane et de genévrier, voilà la lisière du bois, les bouses de vache durcies et le chalet abandonné. L’Amérique est oubliée, et les huit années se sont évanouies. Le scarabée luit comme jadis sur la tête du charbon, et comme jadis voilà l’herbe glissante et les tintements lointains des clochettes des bêtes, ce renflement de collines au-dessus de Kriva, les pointes brunes du carex et la route qui mène chez soi. Et c’est la route accueillante aux pieds tendres et aux sandales, qui sent bon la vache et les arbres, la route tiède comme un four à pain, la route de la vallée et des troupeaux, semée de pierres, mouillée par les sources fantasques.
François Leroi ne jouissait pas d’une très bonne réputation et il n’était, en vérité, rien d’autre qu’un vagabond ; il ne volait que le temps du Bon Dieu
(or le Bon Dieu en a tant, du temps, qu’il n’en a rien à faire). Pour le reste il ne pouvait que « danser devant le buffet ». Vous savez ce que ça veut dire,
« danser devant le buffet » ? Cela veut dire qu’on a l’estomac vide le matin, l’estomac creux à midi, et l’estomac dans les talons le soir. Et quand on passe devant des maisons prospères, on aperçoit un buffet bien garni, l’estomac gargouille, et on n’a plus qu’à danser sur cette musique. A ce compte, François Leroi aurait dansé tout un ballet. Sinon, c’était la bonté jusqu’à la moëlle des os -des os sur lesquels il n’avait hélas que la peau. Quand on lui donnait un morceau de pain, il l’avalait, et quand on le servait d’une injure, il l’avalait aussi. Tant il avait faim ! Et si personne ne lui donnait rien, il s’allongeait derrière une clôture, se recroquevillait dans la nuit et priait les étoiles de veiller à ce qu’on ne lui vole pas sa casquette.
Alors comme ça, les enfants, vous ne comprenez pas ce que les oiseaux racontent ? (..) Vous savez que certaines nuits on voit filer des étoiles ?
Eh bien, certaines de ces étoiles filantes ne sont pas du tout des étoiles, mais des œufs d’ange, des œufs en or. Et comme ils tombent du haut du ciel, ils s’enflamment dans leur chute et deviennent incandescents et brillent comme le feu. Et c’est la pure vérité, puisque c’est le corbeau du Danemark qui l’a dit.
Seulement les hommes appellent ça différemment, quelque chose comme
« mètre », ou « météo », ou « moto », je ne sais plus.
-Météores, dit monsieur Merle, qui en avait entendu parler sur
Radio Bleu-ciel.
-Précisément, acquiesça l’étourneau. Et donc, à l’époque, les oiseaux ne savaient pas voler, ils courataient par terre, comme les poules. Mais quand ils virent tomber du ciel les œufs d’ange, ils se dirent qu’ils feraient bien de les couver, pour voir ce qui allait éclore (..)
Tous les oiseaux du monde vinrent couver l’œuf. Puis ce fut le tour de la poule. Et la poule protesta : « Faut pas me prendre pour une oie ! » Et elle refusa de couver.
Et à force de couver les uns après les autres, ils virent de l’œuf éclore un ange du Bon Dieu. Et quand il se fut dégagé de sa coquille, au lieu de pépier et gazouiller comme font les autres oiseaux, il s’envola au ciel en chantant
« Alléluia ! Hosanna ! » Et il leur dit : « Chers oiseaux, je vais vous faire un cadeau pour m’avoir couvé. Voici qu’en récompense, vous aurez le pouvoir de voler comme des anges. Vous agiterez des ailes et vous verrez -hop !
hop ! hop ! vous vous retrouverez dans les airs.
A mon commandement : un, deux, trois ! » Et à trois, tous les oiseaux se mirent à voler, ce qu’ils font jusqu’à aujourd’hui. La poule est la seule à ne pas savoir voler, car elle n’a pas voulu couver l’œuf d’ange. Et c’est la vérité pure et dure, car c’est le corbeau qui me l’a dit.
Alors tous les oiseaux ballotèrent de la queue et agitèrent des ailes : et, comme le leur avait appris l’ange, chacun chantant à la recherche du bonheur, ils s’envolèrent.
Domin :
Hélas, Hélène, il n'y a pas de plus grande haine que celle qui existe entre les hommes. Si tu transformes des pierres en hommes, demain nous serons lapidés. (p.154 - Editions de la Différence)
Alquist :
Je vous accuse, Domin ! J'accuse la science ! et je m'accuse moi-même ! Nous tous ! Nous sommes tous coupables ! A cause de notre mégalomanie, à cause de l'argent, à cause du progrès et je ne sais quoi encore, nous sommes devenus les fossoyeurs de l'humanité ! Bravo ! Aucun tyran n'a jamais rêvé d'un monument d'ossements pareil ! (p.149 - Editions de la Différence)
Domin :
Alquist, c'est la dernière heure de notre vie. Nous parlons déjà presque de l'autre monde. Avouez que c'était un beau rêve, de libérer l'homme de l'esclavage. Du travail dégradant et dur, de la sale corvée qui tuait. Alquist, les gens travaillaient trop durement, ils vivaient mal. Et les libérer...
Alquist :
...n'étaient sûrement pas le but des deux Rossum. Le vieux était obsédé par ses inventions monstrueuses et le jeune par ses millions. Et ce n'est pas le but non plus de vos actionnaires. Ils ne rêvent que de dividendes. L'humanité périra à cause de leurs dividendes.
(p.144 - Editions de la Différence)