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Critiques de Karine Silla (76)
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Aline et les hommes de guerre

°°° rentrée littéraire 2020 # 33 °°°



D'abord, il y a cette photographie incroyable qui explose de la couverture : une jeune femme noire, torse nu, port de tête insolent, pipe à la bouche, gri-gri autour du bras, si féminine, presque féministe avant l'heure. C'est celle d'Aline Sitoé Diatta. Quasi inconnue en France et Europe, une icône de la résistance à la colonisation au Sénégal dans les pas non-violents d'un Gandhi.



Dès les premières pages, on sent l'investissement de l'auteure à faire voler en éclat cette invisibilisation d'une figure majeure de l'histoire sénégalaise, on sent sa volonté à faire connaître le combat de cette jeune femme, née en 1920, un combat qui résonne aujourd'hui. Ce devoir de mémoire, elle le revendique aussi comme un hommage à son père, docteur en sociologie et diplomate à l'ONU, appartenant à l'ethnie diola de Casamance, comme Aline.



L'écriture de Karine Silla est immédiatement passionnée pour raconter le parcours d'Aline dont le destin relève d'un romanesque fabuleux à décrire pour un écrivain : orpheline, docker à peine adolescente sur les quais de Ziguinchor, bonne dans une famille de colons français, entendant des voix comme Jeanne d'Arc l'enjoignant à mener la lutte contre le colonialisme, sacrée reine diola à 19 ans avant de mourir à 25 dans dans les geôles françaises. Les plus beaux passages du livre sont ceux qui la font parler à la 1ère personne, en empathie totale avec la magnétique Aline. Ils sont d'une poésie et d'un lyrisme rare et qui font aimer cette guerrière pacifique à l'énergie peu commune qui entraina avec elle tout un peuple et fit trembler l'ordre établi.



Tout cela pourrait aisément basculer l'hagiographie, ça le fait sans doute parfois mais Karine Silla a l'intelligence d'ensorceler son récit en le transformant en légende universelle, à l'image du titre qui sonne comme un récit mythique. Surtout, elle ne verse jamais dans le manichéisme primaire, donnant largement la parole aux colons pour questionner le colonialisme dans une palette très large : Jean, l'intellectuel anticolonialiste ; Martin, arrivé au Sénégal dans l'idée de civiliser des sauvages et qui, tombé amoureux du pays, voit sa conception de la colonisation évoluer ; l'épouse de Jean pleine de peur et de préjugés ; le gouverneur Buisson brutal et obtus.



Et le cadre historique achève de rendre passionnant ce roman. Car la lutte d'Aline se déroule en 1943, en pleine Deuxième guerre mondiale : les colonies deviennent un enjeu entre le gouvernement de Vichy et la France libre du général De Gaulle qui tenta de prendre Dakar, sans que l'enrôlement forcé des jeunes Sénégalais ne cesse avec des promesses d'émancipation qui ne seront pas tenues.



Très inspiré et inspirant.
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Aline et les hommes de guerre

Aline Sitoé Diatta naît en 1920 en Casamance, cette région du sud du Sénégal majoritairement peuplée par les Diolas, de tout temps réputés pour leur attachement à la liberté et pour leur refus de toute domination étrangère. Menée par des voix intérieures lui intimant de libérer son pays de la colonisation, prônant la désobéissance civile non violente, Aline est consacrée reine par son peuple et devient l’icône d’une résistance que l’administration française de 1942, affaiblie par la seconde guerre mondiale, décide aussitôt de mater. Arrêtée et déportée, la jeune femme meurt à vingt-quatre ans, devenant à jamais l’héroïne de la résistance sénégalaise à la colonisation.





Franco-sénégalaise, Karine Silla rend un splendide hommage à cette femme d’exception, sorte de version africaine de Jeanne d’Arc et de Gandhi, qui reste totalement méconnue en dehors du Sénégal. Ce roman biographique nous fait découvrir son étonnant portrait, en même temps qu’un grand pan d’histoire du Sénégal, depuis l’arrivée des premiers Portugais puis le début de la colonisation française entre les 15ème et 17ème siècles, jusqu’à la seconde guerre mondiale. On y assiste à la bataille de Dakar, qui oppose De Gaulle aux Alliés et à la France de Vichy en 1940. On y voit partir pour la France des dizaines de milliers d’engagés, pendant que la discrimination raciale du régime pétainiste, les confiscations et l’arrêt des importations françaises ne cessent de dégrader les conditions de vie des autochtones.





Au travers de personnages travaillés en profondeur, notamment l’ambivalent Martin, amené peu à peu à reconsidérer les convictions héritées de son éducation occidentale, s’expriment tour à tour les points de vue des Sénégalais, de plus en plus pressurés et réduits à la famine alors que l’arachide est venue remplacer le riz des cultures vivrières, et celui des colons qui, majoritairement abrités derrière leurs préjugés de supériorité blanche, convaincus d’apporter la « civilisation » aux « sauvages », mettent tout en place pour asseoir leur pouvoir sur ce territoire et en exploiter les ressources au seul bénéfice de la métropole.





Un puissant souffle romanesque traverse cette fresque aussi vivante que passionnante qui, en ressuscitant une figure historique injustement oubliée hors de son pays, nous rappelle avec réalisme les méfaits de la colonisation en Afrique. Coup de coeur.


Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Aline et les hommes de guerre

Les bords du fleuve de la Casamance, la mangrove et les rizières, c'est le pays Diola. C'est aussi le berceau de naissance d'Aline Sitoé Diatta née en 1920 dont je ne savais rien avant de lire l'hommage vibrant que lui consacre Karine Silla dans ce très beau roman.

Aline Sitoé Diata aurait eu 100 ans cette année où l'on célèbre aussi les 60 ans de l'indépendance du Sénégal.

Elue prophetesse et reine parce qu'elle a su faire venir la pluie par ses prières dans son village de Cabrousse, Aline Sitoé Diatta devient la porte parole légitime, combattante non violente et résistante aux lois coloniales françaises de l'époque qui appauvrissent et humilient son peuple.



Le roman commence avec un souffle épique que j'ai beaucoup aimé à la manière d'un roman de Laurent Gaudé faisant cheminer ensemble le débarquement des premiers colons portugais au 19 ième siècle et la danse rituelle d'un village Diola avant la chasse.

Dans ces premières pages, la nature est peinte de manière luxuriante et magnifique, elle n'est pas encore asservie par l'huile de caoutchouc.



La figure d'Aline Sitoé Diatta arrive dans le roman par petites touches dans le contexte historique du colonialisme qui écrase tout. J'ai vu plutôt comme personnage principal dans ce roman la machine monstrueuse d' un système institutionnel qui s'installait et prenait pouvoir en édictant des lois raciales comme le code de l'indigénat ou nommait des chefs locaux comme Benjamin Diatta, le cousin d'Aline pour assurer la paix sociale.



Aline Sitoé Diatta apparaît pleinement dans sa personne quand le « je »est utilisé mais là aussi, la jeune femme reste mystérieuse dans ses sentiments et ses émotions. Aline Sitoé Diatta est vivante par tout ce qu'elle endure de terrible, son travail forcené de docker puis de bonne dans la maison du colon français Martin dont on suit également une partie de sa vie depuis son départ de Bordeaux.

Jusqu'à son sacrifice final.

Karine Silla, écrivaine talentueuse m'a ouvert les yeux sur cette figure féminine résistante et pacifiste qui ne s'effacera pas de ma mémoire quand je longerai lors d'une visite à Paris le musée de la Porte Dorée.



Je remercie infiniment Babelio et les éditions de l'Observatoire pour ce moment de lecture instructif et beau.
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Aline et les hommes de guerre

Mais quel livre !

À la fois légende universelle , histoire et musique d'un pays , résistance aux colonisateurs, cadre historique , au coeur de la deuxième guerre mondiale qui met en lumière les rituels , coutumes , offrandes , sorciers, bénédiction des ancêtres mais aussi et surtout le destin de cette femme née en 1920, morte en 1944 , dans les geôles des colonisateurs français , Aline , courageuse et déterminée…



Elle quitte son village de Cabroussa pour travailler comme docker à Zinguichor puis comme gouvernante chez une famille de colons à Dakar .



Puis elle rentre chez elle pour libérer son peuple .



Pendant deux ans , elle sillonne le Sénégal , appelant les Diolas à la résistance contre le colonisateur, les sommant de ne pas payer l'impôt qui les aliène ….

C'est une histoire de résistance aux références historiques et sociologiques parfaitement étayées avec la figure de la France Libre et du général de Gaulle.

Un livre passionnant , cela ressemble aussi à une légende ensorcelante tel le titre et la photo de couverture qui sonnent comme autant de références mythiques et universelles : Aline devient Reine …

«  Les gars de son village la reconnaissent à peine , son nouveau visage se dessine en celui d'une femme volontaire et déterminée qu'on regarde et qu'on dévisage .Qui est cette enfant touchée par la main de Dieu ?

La chrysalide est devenue papillon …. »



Le récit donne aussi la parole aux amis tel Diacomoune , à Jean, anti colonialiste et bienveillant , ouvert , et aux colonisateurs.



Je n'ai pas de mots assez forts pour décrire les émotions qui m'ont envahies à la lecture de ce chant à la terre , aux hommes, aux ancêtres , à la nature ,à la pluie , aux offrandes, aux rituels , aux combattants et à leur courage ,à la force singulière de cette guerrière pacifique qui croyait aveuglément à la victoire de son peuple , à la résolution de cette adolescente au combat !



La plume est infiniment belle, l'écriture est dense , riche, chaque mot , chaque phrase sont bien travaillés .

Un ouvrage fort , marquant ! À relire plus tard , d'ailleurs …

Un récit biographique magistral, envoûtant et touffu , inspirant , dont on sort ébloui !

Merci à Marie - Laure !
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Monsieur est mort

« Ton père est mort il y a deux jours», ces quatre mots Vincent les reçoit dans la chaleur de Calcutta, son refuge du bout du monde.

Parti quinze ans plus tôt de la maison familiale, Vincent croit déceler dans le coup de téléphone maternel un appel au secours. Les milliers de kilomètres de distance, les années écoulées n’ont plus d’importance. Vincent décide de rentrer à Paris. Il sait que le retour sera difficile, le temps du voyage est propice à la réflexion, les souvenirs affluent, douloureux, insupportables. Le suicide de son frère ainé, l’indifférence et la cruauté du père qui obligeait ses enfants à l’appeler « Monsieur » et ne vivait que pour sa collection de tableaux ont fait de Vincent un être révolté cherchant l’apaisement dans les paradis artificiels, jusqu’au départ définitif.

Par petites touches, Karine Silla nous fait découvrir cette famille, le père ignoble dans ses certitudes, la mère froide et indifférente qui ne supporte pas que ses enfants la touchent, et les quatre frères qui essaient désespérément de trouver une place dans cet appartement où tout est trop vaste, sauf l’amour.

« Vivre dans un espace trop grand empêche d’aimer. »

Karine Silla nous propose une histoire cruelle et douloureuse sur la culpabilité, le pardon et le deuil.

J’ai été bouleversée, happée, dès la première phrase par l’ambiance lourde et pesante de ce magnifique roman.

Un coup de cœur.









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L'absente de Noël

Voici un livre inspiré de faits réels , une saga sur fond de recomposition familiale et de secrets enfouis , de haine froide et inquiétante entre deux femmes , de remise en question, de complexité des sentiments et d'idéaux mis à mal .......

Sophie, vingt ans ,partie faire de l'humanitaire à Dakar doit rentrer fêter Noël en famille .

La table est mise, le dîner de réveillon est fin prêt , chacun attend sa venue .

Mais elle ne rentre pas . Fugue ? Enlèvement ? Accident ? Attentat ? Piège de "l'autre" ?

À partir de de là , cette étrange famille "décomposée", même le grand- père René, à la personnalité très attachante, dont la participation au voyage l'enchante et voyager loin....., (un de ses rêves inaccomplis) , la mère de Sophie: Virginie,sa demi- soeur : Chloé, et même son père Antoine et Fanny , son épouse, tous partent à sa recherche au Sénégal ......



Au cours de leur périple en Afrique, riche en anecdotes surprenantes et cocasses, ils doivent s'adapter aux croyances, aux rythmes différents, aux us et coutumes de là- bas, tout remonte à la surface , entre adultes meurtris et enfants " Chacun sa soiltude " .

Otages du destin au Sénégal ils roulent vers l'inconnu qui les lie malgré tout .

L'auteur analyse au fil des pages les rapports compliqués ,ambigus entre les personnages,les non- dits anciens , les frustrations et les tensions, entre classes sociales, les sentiments inavoués qui se font jour , les idées reçues à propos de l'Afrique , les positions caricaturales, les mensonges grossiers, les promesses annulées.

Elle dresse le portrait physique et psychologique des membres de cette famille recomposée, sans pathos , avec vivacité ,.

Elle porte un regard honnête, très chaleureux, éclairé et bienveillant sur l'Afrique .

En fait les personnages pricipaux de cette fresque sont l'Afrique et la famille ( qui pourrait figurer un scénario en plusieurs épisodes à la télévision ) ..........

Sophie figure.......dans l'ombre , reste la confrontation avec une autre culture , le fait certain que cette famille est confrontée à des souffrances lointaines ,le dépassement forcé malgré eux , de leurs préjugés ........ des regrets , des vies construites sur des rêves abîmés , le rôle du beau- père , de la mère, la fragilité de l'adolescence, la versatilité des êtres, la violence des sentiments , au sein d'une famille recomposée....... Pas facile !

J'ai été gênée par par les digressions qui rendent l'histoire immobile et difficile à suivre au début , les explications et les prises de parole incongrues sans que l'on sache qui parle .......et les réflexions politiques parfois mal venues !



Un honnête moment de lecture ,malgré tout !

Une belle première de couverture , un ouvrage publié aux éditions de "l'Observatoire" .

Ce n'est que mon avis , bien sûr !
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Aline et les hommes de guerre

C'est la triste hisoire d'Aline, la 'Jeanne d'Arc' sénégalaise, source du légitime rébellion contre les exactions des colons français, le travail forcé pour payer le trop lourd impôt, le bétail et les champs confisqués, les villages brûlés.



Karine Silla y interpose intelligemment le colon Martin, sa désillusion et quelques faits historiques tels que l'assaut franco-français de De Gaulle.



J'ai malheureusement difficilement accroché à cette histoire romancée.



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Aline et les hommes de guerre

Petite déception pour moi....

Mon mari a choisi ce livre en lisant le 4e de couverture. Pour le coup si le livre avait été en adéquation avec ce 4e, il aurait été parfait !



Aline Diatta née en Casamance (française) en 1920, morte dans une prison des colonies en 1944. Inconnue en France. Une courte vie qui l'associe à Jeanne d'Arc (pour les voix, la féminité, la mort trop tôt sous torture...) et Gandhi. Gandhi ? Oui oui.... de façon incroyable cette jeune femme va mettre en place une lutte pacifique, une désobéissance civile contre les colons français. Elle va encourager le refus de la conscription des hommes (on est pendant la 2e Guerre Mondiale), le refus de la culture de l'arachide (pour la France) au profit au retour des cultures vivrières, le refus du paiement de l'impôt, du travail forcé.... Un destin bref, incroyable qui mériterait d'être aussi connu que le Mahatma ! Et pourtant son nom n'a pas franchi les frontières de son Sénégal natal....



Ce livre aurait pu corriger cette erreur.

Mais voilà.... C'est un peu raté.

On commence par la colonisation. Certes une piqûre de rappel c'est pas mal.

Naissance d'Aline, ça y est on est dans le sujet ! Tout ça pour partir à Bordeaux rencontrer Martin, petit garçon enthousiasmé par les récits d'Afrique de son grand père. Et Aline dans tout ça ? Rien.... Ensuite Martin rencontre Marguerite, ils s'aiment se marient... Quid d'Aline ? Toujours rien.... Puis c'est l'installation de Martin en Casamance, ses lettres énamourées à sa bien aimée restée en France.... Mince alors et Aline ? Je vous passe le récit de la Débâcle, de l'arrivée de Pétain, de de Gaulle à Londres... Bref un peu hors sujet à mon goût.....



En fait son histoire commence vraiment vers la page 200 (sur 300). le rythme est enfin le bon à la fin, lors du procès. Là on touche enfin l'épique, l'incroyable d'une telle destinée. Mais à ce moment il ne reste qu'une poignée de pages.

Je pense qu'il aurait fallu plus de souffle dans l'écriture et se centrer sur cette jeune fille, sa vision des choses, sa philosophie, trop légèrement abordées pour moi. Elle a qd mm réussi l'exploit d'accorder musulmans, catholiques et animistes !!! Elle a été la première étape qui a rendu envisageable l'indépendance du Sénégal !

Un "dommage" pour moi.......
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Aline et les hommes de guerre

****



Aline Sitoé Diatta est la reine de Casamance. Messager de Dieu, elle entend sa voix qui lui demande de sauver son peuple. Elle ne veut que paix et liberté pour les Diolas, ce peuple d'Afrique que les colons portugais puis français ont cherché à faire plier. Elle n'est pourtant qu'une toute jeune fille, aux lourdes responsabilités, porteuse de force et d'espoir...



On ne peut qu'être à la fois touché et transporté par le récit lyrique, poétique et fluide de Karine Silla.



Au coeur d'une Afrique tournée vers la terre, la communication avec les esprits et le respect de la nature, on ressent toute l'injustice que combat Aline.

Alors que son peuple meurt, écrasé par la volonté des colons, elle se lève et fait entendre sa voix. Pacifique, elle ne veut que la paix et vivre de nouveau avec leur croyance et leur rite.



Oubliée de l'Histoire, cette jeune femme courageuse et charismatique ouvrira le chemin vers une indépendance et une liberté méritées...



Un très bon et beau roman qui devrait pouvoir bénéficier de toute la chaleur et la foi d'Aline, une lumière parmi les ombres...
Lien : https://lire-et-vous.fr/2020..
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Aline et les hommes de guerre

Je vais vous parler d'un livre.

Je vous entends ricaner, mais là, c'est sérieux, ce roman, j'aimerais vraiment vous le faire découvrir, parce que celui-là, vous n'en avez peut-être jamais entendu parler, il ne fait pas le buzz chez les lecteurs, on n'en voit pas de la pub partout et son auteure n'alimente pas les têtes de gondoles de nos libraires préférés.

Moi, je vous le dis, peut-être pas bankable Karine Silla, mais là elle saura toucher son lectorat.

Ça pourrait commencer par : Il était une fois...

Parce que les histoires de reine c'est comme ça que ça commence, mais Aline, n'est pas une reine comme les autres.

D'abord, elle est née en Casamance, en 1920, elle deviendra reine de son peuple vingt ans plus tard, sans trône, sans diadème, sans carrosse et surtout sans richesse.

Reine du peuple Diola, qui vit dans cette partie du Sénégal.

La Casamance a été une colonie portugaise avant de devenir française.

La France qui est venue y chercher l'arachide, le riz et... des tirailleurs pour l'aider dans ses guerres.

D'ailleurs, quand Aline vient au monde, les survivants des tranchées viennent à peine de rentrer dans leurs villages africains.

Ce que Karine Silla nous décrit dans son livre, c'est la colonisation à la française. L'esclavage est aboli définitivement depuis 1848, pourtant à lire cet ouvrage on s'aperçoit qu'on est bien loin de la liberté des peuples, on continue leur exploitation, on pille leurs ressources, on contrôle leurs faits et gestes, on les affame,  on les maltraite, on les emprisonne, on met le feu à leur village, on les tue...

Devant la souffrance d'une population accablée par la famine, la sécheresse, les impôts et l'enrôlement contraint dans l'armée française, Aline Siloe Diatta deviendra donc Reine. Mi Jeanne d'arc, mi Gandhi, elle pousse les diolas, peuple non violent, à l'insoumission et à une révolte pacifique.

Elle sera malheureusement une reine éphémère.

La France, qui a pourtant d'autres chats à fouetter, l'Allemagne ayant pris possession du pays, veut mater la rébellion. On enferme donc Aline.

On cherche à la faire oublier.

Torturée, privée de soins, mal nourrie, malade, déplacée régulièrement, elle finira sa vie au fond d'une geôle.

Karine Silla a choisi de réhabiliter ce personnage méconnu de notre histoire au travers d'un roman.

Si nous devions raconter l'histoire de nos ancêtres, sans doute cacherions-nous certains faits dont il est peu de fierté à tirer. La romancière nous fait revivre ici l'un de ces épisodes peu glorieux.

Quand une auteure allie, avec talent, réalité et fiction et redonne vie à un personnage au destin hors du commun, ça donne Aline et les hommes de guerre et c'est bouleversant...





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Monsieur est mort

Il aura suffi d’un coup de fil pour que les souvenirs de Vincent, enfouis depuis quinze ans, ressurgissent. Il avait pourtant réussi à mettre de la distance entre lui et les siens, fuyant Paris pour s’installer à l’autre bout du monde, à Calcutta. Jusqu’au jour où il reçoit un appel de sa mère pour lui annoncer la mort de son père et son désir de l’avoir à ses côtés pour affronter cette épreuve. Sans réfléchir, Vincent monte dans le premier avion pour la France. Mais après tant d’années d’absence, les retrouvailles avec une mère fragilisée et deux jeunes frères qu’il n’a presque pas connus s’annoncent difficiles… Alors Vincent repousse l’échéance, errant dans les rue de Paris, laissant les souvenirs du drame rejaillir en flots incontrôlables et dévoilant un passé et des secrets de familles qui auraient peut-être mieux fait de rester enterrés à jamais…





« Monsieur est mort » est le premier roman de Karine Silla dans lequel elle dresse le portrait corrosif d’une famille bourgeoise complètement névrosée. Derrière l’image d’un bonheur sans nuages (ou presque !) se cache des maux profonds, nés de l’argent facile, de la perversion, de la drogue et des non-dits. Autant de troubles qui ont eu raison de l’équilibre fragile de ses membres, entretenant entre eux des rancœurs et des haines longtemps dissimulées au profit des apparences. En revenant en France, le narrateur se retrouve confronté à son passé et obligé d’affronter la vérité en face, notamment celle qui entoure le suicide de son frère aîné, Gabriel. Les souvenirs rejaillissent par bribes, libérant avec eux la colère et l’incompréhension de Vincent. Un retour qui va tourner au règlement de compte, libérant un à un les tabous longtemps ensevelis. Un roman familial certes déjà vu, mais efficace, qui joue habilement sur la tension dramatique existant entre les différents personnages. Un premier roman classique donc mais plaisant.
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L'absente de Noël

En pleins préparatifs de Noël, Virginie apprend que sa fille Sophie, vingt ans, partie faire du bénévolat au Sénégal, n’est pas rentrée avec sa compagne de voyage. Celle-ci tente de les rassurer, mais semble leur cacher quelque chose. Virginie décide de partir à sa recherche à Dakar, et toute la famille recomposée se retrouve du voyage : père, beau-père, belle-mère, grand-père, demi-frère, demie-soeur… Il faut dire que le père de Sophie a mené longtemps une double vie où son épouse ignorait jusqu’à l’existence d’une fille. Situation inconfortable pour Virginie comme pour sa fille, dont on soupçonne assez vite qu’elle a peut-être disparu volontairement, une fois les thèses de l’enlèvement ou de l’accident écartées.

Dès lors, le roman se focalise surtout sur l’évolution des personnages confrontés à un univers inconnu d’eux et à des circonstances exceptionnelles. Chacun va se révéler, pas forcément de la meilleure manière. Je pense notamment au père de Sophie, qui ne brille ni par sa patience, ni par son ouverture d’esprit, ou à Virginie, qui se voit en mère parfaite, mais qui prend conscience qu’elle a surtout passé sa vie à essayer d’esquiver les problèmes.



J’ai gagné ce roman lors d’un concours il y a deux ou trois mois, et j’étais très heureuse de découvrir, de ce fait, une nouvelle maison d’édition tout à fait prometteuse.

Une fois habituée à la narration, tantôt c’est Virginie qui raconte, tantôt un narrateur omniscient qui se place alors du point de vue d’un autre membre de la famille, une fois adopté donc ce mode de narration, la lecture est fluide. L’histoire ne manque pas d’intérêt, et la crise d’adolescence un peu tardive de Sophie est tout à fait vraisemblable. Ce roman ferait un très bon scénario de film dans le genre comédie dramatique, pour peu que l’on ne choisisse pas (non, par pitié !) Christian Clavier dans le rôle du père un peu rustre et vaguement raciste. L’auteure est également scénariste, cela explique peut-être pourquoi les scènes comiques ne le sont pas à la lecture, mais apparaissent drôles après coup, et de manière plutôt visuelle. Les réflexions émanant de la patronne du petit hôtel où la famille s’est réfugiée, ou d’autres personnages sénégalais, concernant les différences d’éducation des enfants, sont très intéressantes, et on y sent du vécu. Quant au bouillonnement et à l’ambiance de Dakar, c’est très bien rendu, très vivant.

Finalement, si je n’ai pas été tout à fait convaincue par le style qui appuie un peu trop les caractères, alors que j’aurais préféré qu’il se concentre sur les actes, j’ai été touchée par certains personnages et ma lecture a été tout à fait agréable.
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Monsieur est mort

Voilà quinze ans que Vincent a fui son passé et sa famille pour l'Inde, il avait alors une vingtaine d'années. A l'appel de sa mère l'informant du décès de son père, il n'hésite pas et saute dans le premier avion pour Paris. Mais durant le trajet, tous les souvenirs traumatisants de son enfance vont lui faire retarder le moment de la confrontation avec les siens.

Peu à peu, le lecteur va découvrir à l'aide de flashbacks ce qui se cache derrière les apparences très convenables de cette riche famille bourgeoise et qui est responsable du mal-être de Vincent. Est-ce la faute du père, rentier, qui se fait appeler "Monsieur" par les siens, pour qui le travail est un déshonneur et dont Vincent a découvert la perversité quand il avait 10 ans ? Ou celle de la mère tant adorée, beauté glacée qui aurait voulu des filles à la place de ses 4 garçons, et qui ne sait pas montrer le moindre geste d'affection ? Aura-t-il le courage d'affronter ce passé où plane le fantôme de Gabriel, son frère ainé, qui s'est suicidé en se jetant sous les rames du métro ?



Pour un premier livre, l'écriture fine de Karine Silla traduit admirablement bien les batailles intérieures de Vincent, mais cela reste un roman psychologique très noir et finalement assez classique qui parle du deuil, évènement propice au déballage des secrets de famille. Le début m'en laissait espérer beaucoup. Après toute cette tension, j'attendais comme le narrateur, la délivrance finale, la confrontation, l'explosion ou pourquoi pas l'apaisement mais rien n'est venu mettre un terme à cette lourdeur ambiante. Pour moi, la fin n'a pas vraiment été à la hauteur.

J'accorde un 11/20 à ce livre qui démontre une fois de plus que le silence et le manque d'amour dans une famille sont les poisons les plus sûrs pour détruire une existence, mais qui manque cruellement d'espoir.
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Monsieur est mort

Déjà séduite par la couverture et la quatrième de couverture, j' ai été emportée dès le début par l'ambiance de ce livre qui est lourde et pesante, on sent le poids du passé sur les épaules du héros, de tout les secrets qui sont restés cachés.

Nous suivons un homme qui rentre en France après quinze ans en Inde, répondant à un appel de sa mère lui demandant son aide après la mort de son père. Petit à petit on découvre les raisons de son départ, jusqu'au bout on se demande s'il va réussir à faire face aux démons de son passé et dans quel état il va en sortir.

Même si je n'aime pas beaucoup les livres lents où il ne se passe pas grand chose celui-ci m'a emmené dès les premières pages : je voulais découvrir les raisons de son départ, savoir s'il allait oser affronter les fantômes de son passé.

Le point faible de ce livre est pour moi sa fin, qui n'en est pas vraiment une, j'aimerais savoir ce qui se passe ensuite.

Quelques jours plus tard, je n'arrive toujours pas à mettre des mots sur mes émotions, ce livre n'est pas de ceux que j'ai l'habitude de lire. Je dirais même qu'il a tous les éléments pour me déplaire (la lenteur, le manque d'action, le héros qui passe son temps à hésiter …) et pourtant ce livre m'a marqué par son univers, j'ai très envie de retrouver le héros et sa famille bancale, ses rencontres très émouvantes. Bref, un livre qui m'a surprise et que je vous conseille.
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Autour du soleil

Il n’est pas forcément facile de parler de ce roman, puisqu’il repose avant tout sur des non-dits et sur des transmissions pas ou mal effectuées. Il comporte d’ailleurs peu de dialogues, et encore, surtout dans les deux dernières parties du roman. Ceux-ci sont rarement là pour dire les choses importantes. Joutes verbales et intellectuelles, les paroles osent rarement révéler les sentiments, voire les douleurs des personnages. Est-ce parce que les personnages ont appris à s’oublier pour le bonheur de l’autre ? Est-ce parce qu’à force de retenir des secrets, les personnages vivent avec la crainte de trop en dire ? Il est finalement peu question de mensonges : on ne peut guère mentir quand on parle peu.

Mais revenons à ces personnages que je ne vous ai pas présentés. Le livre se divise en trois parties : Louise, Marie et Jean. Louise est la mère de Marie, qu’elle abandonna enfant. Dans la seconde partie, nous retrouvons Marie, qui a construit sa vie : un bon métier, un bon mari, deux filles, elle voulait être une bonne mère et est sûre d’y être parvenue. Des vacances chez le mentor de Samuel, son mari, créent le lien avec la troisième partie : Jean est le fils biologique de ce mentor, alors que Samuel est le fils spirituel, préféré.

La filiation est l’un des thèmes central de ce roman, qui pose des questions et a l’intelligence de laisser le lecteur y répondre. Comment être mère quand on ne l’a pas souhaité, ou quand on a été privé d’affection maternelle ? Être parent, et seulement parent, est-ce une fin en soi ? Faut-il choisir entre être parents et être en couple ? Comment parvenir à être les deux ? Et l’amour, dans tout cela ? Filial, maternel, amour conjugal… Fait-il s’oublier soi-même pour former un couple – et lequel sacrifie-on dans ce cas ? Il semble presque impossible de concilier plusieurs affections à la fois. Il semble aussi impossible de réaliser ses rêves, encore moins ceux des autres, et l’horizon dans lequel évoluent les personnages semble parfois très étriqué.

Autour du soleil , malgré un titre lumineux, est un roman sombre et mélancolique, non dénué d’amertume.
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Monsieur est mort

Vincent quitte l'Inde, où il vit depuis 15 ans, suite à la mort de son père. Il s'était promis de ne jamais remettre les pieds en France, de fuir son passé de toxico, ce père méchant, la douleur d'un frère mort qu'il adorait et cette mère qui ne donne aucune tendresse. Mais à peine de retour, il n'arrive pas à franchir le seuil du domicile familial car les souvenirs affluent encore et encore et ce sont des regrets qui s'entrecroisent. Le manque d'amour de sa mère et les événements qui ont marqué son enfance vont peu à peu remonter à la surface. Au final, ce retour va lui permettre de trouver certaines réponses...

C'est un premier roman très bien écrit. Les personnages sont vrais et l'on ressent en permanence l'angoisse et la peur de Vincent de se confronter à sa famille et aux traumatismes du passé. Chaque objet de la maison réveille des souvenirs difficiles et cet aspect est très bien décrit de sorte que l'on vit les fragments de vie avec intimité.

On ressent toute la dramaturgie de l'auteur. Petit bémol : on attend peut-être une fin un peu plus explosive, un peu moins contenue dans ce roman qui aborde les secrets familiaux et l'impact dévastateur des non dits dans la bourgeoisie.
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Aline et les hommes de guerre

Dès les premières pages, l'auteure m'a embarqué avec elle et je me suis dit ce livre va être un gros coup de coeur. Une ecriture dense riche où chaque mot est à la bonne place. Quel destin que celui d'Aline. J'ai aimé que l'auteure donne aussi du poids aux autres personnages. Une conteuse pour raconter une histoire douloureuse. Gros coup de coeur.
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Aline et les hommes de guerre

Une héroïne méconnue.

Un livre qui nous fait découvrir l’histoire de cette femme engagée, qui ira jusqu’au bout de ses convictions. Une écriture qui nous donne à rencontrer un peuple et son histoire.

Une magnifique découverte.

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Aline et les hommes de guerre

L'histoire d'Aline Sitoé Diatta prend aux tripes. Le courage et la force d'esprit de cette héroïne est incroyable.

Un récit au cœur de la seconde guerre mondiale, qui dénonce la colonisation et met en lumoere cette jeune résistante sénégalaise qui est un modèle pour son peuple.
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Autour du soleil

Un roman poétique et basé sur les non-dits, les secrets et les regrets familiaux. Louise a toujours subit sa vie, elle s'est mariée sans amour avec le premier qui l'a demandé en mariage, elle a eu une fille mais elle n'a jamais su être proche d'elle, une mère dans son monde. Elle vivote jusqu'au jour où elle fait la rencontre qui va bouleverser sa vie et tout faire basculer. Elle quitte alors mari et fille et suit un homme jusqu'au Vietnam, là tout ce qu'elle avait enfouit au plus profond d'elle-même sort, elle vit enfin pour elle avec ses propres choix et cède à ses désirs.



Il y a trois parties bien distinctes dans ce livre et chacune aborde un aspect différent de la vie de Louise. Le personnage qui m'a le plus touchée est celui de Marie la fille que Louise a laissé et qui a cru que sa mère était morte et s'est construite sans elle sur ce mensonge. Elle a une vie bien tranquille avec son mari et ses enfants jusqu'à ce qu'elle apprenne la vérité. J'ai aimé les questions posées dans ce roman sur la filiation, les liens parents-enfants, le désir d'enfant ou pas, la place du couple, est-ce que l'on peut être parents et couple sans que cela soit problématique, peut-on aimer lorsque l'on a pas été aimé soi-même ? J'ai aimé ce roman car ce sont des thèmes universels qui parlent à tous et toutes. Un beau livre sur la famille, et les secrets qui peuvent briser les familles, les certitudes et un équilibre que l'on croyait solide. Qui ne s'est jamais demandé si on ressemble à sa mère ou son père ?



Il y a donc beaucoup de mélancolie dans ce roman où il y a peu de dialogues mais beaucoup de questions métaphysiques et psychologiques. L'écriture est agréable et l'histoire se laisse suivre. J'ai passé un très bon moment.



VERDICT



Un roman parfait pour qui aime les histoires familiales et la psychologie. Relaxant
Lien : https://revezlivres.wordpres..
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