Kate Morton

Ces derniers temps, pourtant, elle avait beaucoup réfléchi aux secrets de famille. Tôt ou tard, ils se mettaient à ramper sous la surface des existences, avant de surgir par une brèche dans les remparts qu'avaient dressés leurs gardiens.

- J'ai commis tant d'erreurs... tant d'erreurs, poursuivit Dorothy.
Ses joues étaient baignées de larmes
- L'amour, Laurel... il ne faut pas se marier pour une autre raison.

Les infirmières le lui avaient dit: l'esprit de sa mère s'éga- rait parfois, quittant le temps présent pour y revenir I'instant d'après, comme un modulateur de fréquence oui ne cesse de perdre la station.

Et je peux t’assurer, ma chérie, que tout ce que qui m’ est arrivé de bon, je l ‘ ai obtenu en agissant malgré mes craintes.

Marcher c'était penser, penser c'était respirer, respirer c'était rester en vie

La perte de cet homme qui était jadis une institution lui apparaissait soudain comme la métaphore de l'impermanence de toutes choses. Les après-midi ensoleillées, le bonheur, la vie d'un être humain, tout cela était si fugace.

"Tu es amoureuse, me dit-il, car c'est exactement le type de sensations que donne l'amour. C'est un masque que l'on ôte, c'est la révélation d'une âme sincère à une autre, et l'acceptation bien malgré soi, la terrible crainte que celui ou celle qu'on aime pourrait bien ne pas éprouver la même passion."

Home, she’d realized, wasn’t a place or a time or a person, though it could be any and all of those things: home was a feeling, a sense of being complete. The opposite of ‘home’ wasn’t ‘away’, it was ‘lonely’. When someone said, ‘I want to go home’, what they really meant was that they didn’t want to feel lonely anymore.

Le paysage de l'enfance était celui qui vous habitait avec le plus de force. Peu importaient ses caractéristiques réelles, sa beauté ; les visions et les sons qu'il avait gravés dans votre esprit étaient indélébiles. Ils devenaient une partie de soi; on ne pouvait plus les en détacher.

M. Churchill devrait se souvenir de temps en temps que les guerres ne se gagnent pas uniquement par les armes, et qu’il serait bon de distinguer ceux qui font tout pour préserver la beauté alors que partout ailleurs règne la destruction.

Ce n'est pas que son visage soit laid... Mais l'espace qui sépare ses deux oreilles est un immense néant."

Parents, enfants. La relation la plus simple du monde, et la plus compliquée. Chaque génération transmet à la suivante une valise pleine de pièces prises à d'innombrables puzzles accumulés depuis des siècles, avec cette prière : "Eh bien, à vous d'en faire quelque chose, maintenant."

Impossible de revenir en arrière. Le temps ne connaît qu'une direction. Le temps ne s'arrête jamais. Il coule, fleuve inlassable, et ne laisse à personne le temps de réfléchir. La seule manière de le remonter est de se souvenir.

quand on prend de l'âge, tous les souvenirs deviennent pesants, même les plus joyeux.

Mais j'ai vécu assez longtemps pour apprendre que l'on doit parfois s'accorder à soi-même un pardon, de peur que le chemin qui reste à parcourir ne soit un long supplice.

L'être humain est un conservateur. Chacun, chacune prend soin de ses souvenirs préférés et les assemble afin de créer un récit susceptible de plaire. Certains évènements sont réparés et astiqués, pour qu'on puisse les mettre en vitrine ; d'autres, jugés sans valeur, sont laissés de côté et croupissent dans les profondeurs des entrepôts bondés de l'esprit. Avec un peu de chance, on les y oublie rapidement. Le procédé ne relève pas de la malhonnêteté : c'est la seule façon dont on peut vivre avec soi-même, avec le fardeau de ses expériences.

La sentimentalité était mièvre, écœurante ; la nostalgie, aiguë et douloureuse. La nostalgie, c'était le plus profond des désirs, la conscience du caractère inexorable du passé, du temps. Impossible de le remonter pour retrouver un moment, un individu ; impossible de réparer ses erreurs.

Les évènements cruciaux de l'existence ont le don de nous ramener au passé.

Elle était avide d’apprendre et furieuse de sa lenteur à assimiler certaines lectures. Le monde était si incroyablement riche! Pour chaque livre lu, chaque hypothèse scientifique qu’elle avait pu appréhender, il s’en offrait dix qu’elle ne pouvait pas aborder. Parfois, la nuit, elle se demandait comment tirer le meilleur profit de son temps; il n’y en avait tout simplement pas assez pour lui garantir qu’elle pourrait apprendre tout ce qu’elle voulait savoir.

Impossible de revenir en arrière. Le temps ne connaît qu'une direction. Le temps ne s'arrête jamais. Il coule, fleuve inlassable, et ne laisse à personne le temps de réfléchir. La seule manière de le remonter est de se souvenir.